Commençons par remercier l'auteur,
Thomas Harnois, qui m'a très sympathiquement proposé l'envoi de son roman auto-édité. Il s'agit de sa deuxième production, après «
Firebird », sorti en 2017 et que je n'ai pas lu pour l'instant.
L'intrigue se déroule en 2109, il s'agit d'une dystopie qui nous entraîne dans une France où plusieurs univers se côtoient : les privilégiés vivent dans les ZS (zones de sûreté), des ghettos où tout est régi par des technologies de pointe, où la domotique régule à la perfection tous les besoins humains, et où on se nourrit de gélules dont la couleur varie selon le repas. On est également équipé d'un PICS, sorte de puce Internet implantée à la naissance. C'est ici que vit Marc, chef de projet chez AXXS, où il est chargé de suivre les protocoles de sécurité des systèmes domotiques. Au moment où l'histoire débute, Marc apprend l'hospitalisation de sa mère dans un état critique. A l'hôpital il retrouve sa famille avec laquelle il n'a que des contacts épisodiques, et notamment son frère Sylvain.
Au décès de la mère, Sylvain le rebelle décide de quitter sa femme et la ZS où il vivait grâce à elle, et d'emménager dans l'appartement de sa mère, dans une ZU (zone urbaine) parisienne. C'est là que vivent les classes sociales défavorisées, les laborieux qui vivent encore comme au milieu du XXè siècle. C'est peut-être la misère, mais on y trouve encore des petits commerces, de la vraie nourriture, et parfois de la solidarité. Des amours éphémères aussi, pour Sylvain.
Chacun des frères vit sa vie de son côté, jusqu'au jour où Marc va se permettre une légère entorse à sa routine formatée et surveillée de près...et les choses vont déraper.
Je ne dirai rien de la suite de l'intrigue, sinon qu'une partie se déroulera dans une ZR (Zone rurale), campagne isolée où les moyens de transport modernes ne vont plus, et où on est totalement à l'écart du progrès (mais peut-être faudrait-il dire « à l'abri »?)
Dans ce roman on trouve de l'anticipation, des rivalités fraternelles, de la violence, de la révolte contre une certaine ségrégation, une recherche de spiritualité, de l'amour aussi, bref des ingrédients propres à séduire un vaste lectorat. C'est d'ailleurs l'ambition de l'auteur, qui cherche à attirer tant les amateurs de science-fiction que ceux de thrillers.
Et ce cocktail a plutôt bien fonctionné sur moi, j'ai pris du plaisir à suivre les trajectoires divergentes de Marc et Sylvain, même si je ne me suis pas réellement attachée à eux (le récit est trop distancié pour que j'arrive à entrer en résonance avec eux). le rythme est soutenu, avec un découpage en chapitres assez courts, ce qui m'a très bien convenu. On suit alternativement les deux frères, le récit est fluide et le lecteur ne se perd pas. Quelques personnages secondaires vont prendre de l'importance dans l'histoire, notamment Emy, la grand-mère des garçons, un pivot dans leur vie. A mon avis il s'agit d'un des éléments « autobiographiques » dont l'auteur s'est servi (parmi d'autres semble-t-il) pour donner plus d'émotion à son récit.
Autre point positif, les éléments concernant les nouvelles technologies, bien que nombreux, sont aisément compréhensibles même si l'on n'est pas trop familier de cet univers.
Les (nombreux!) acronymes utilisés sont expliqués dans un glossaire, mais attention il est situé en fin de volume, ce qui peut dérouter, moi-même je ne l'ai vu qu'après avoir bien « pataugé » en essayant de deviner ce qu'ils signifiaient...
Beaucoup d'éléments positifs, donc, mais il y a cependant des choses qui m'ont dérangé et que, pour être objective, je me dois de mentionner. J'ai échangé avec l'auteur sur ces points, et ses réponses m'ont permis d'élargir un peu mon point de vue.
Voici un petit extrait de ces échanges :
Moi : « - Pourquoi avoir situé l'action à dans un siècle, et avoir cependant gardé autant d'éléments contemporains (la ZU et la ZR sont quasiment telles qu'actuellement par bon nombre d'aspects : commerces, véhicules, vie quotidienne...) ?
L'auteur : -
L'idée était de montrer un décalage entre les zones "futuristes" très développées et le fait que les autres zones n'ont pas évolué (voir régressé) en raison de leur abandon depuis l'effondrement. »
Nous avons également discuté de la place du glossaire en fin d'ouvrage
Moi : « - le glossaire des acronymes est-il volontairement placé en fin d'ouvrage ? Selon moi, il serait plus judicieux de le mettre au début.
L'auteur : - Pour les termes spécifiques, j'ai entendu tout et son contraire, certains aiment avoir un lexique, d'autres trouvent cela inutile, certains veulent le voir devant...dans la plupart des livres que j'ai lu le lexique était à la fin alors je l'ai placé à cet endroit. »
Le dernier point concerne un nombre relativement élevé de coquilles et erreurs diverses, qui m'a amenée à poser la question de la relecture/correction. S'agissant d'un ouvrage auto-édité, il n'a pas été possible de faire appel à un professionnel.
Ce sont là des défauts que l'on pardonnera sans doute volontiers à un auteur qui n'en n'est qu'au début de sa carrière, et dont je suivrai très certainement les parutions suivantes.
Je ne peux que vous encourager à le découvrir, d'ailleurs il publie régulièrement des critiques sur Babelio.