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Je n'avais pas lu de Marquette à Veracruz avant d'aborder ce Retour en terre et peut-être cela m'a-t-il un peu manqué pour situer dès le début les différents personnages d'autant que Jim Harrison fait le lien avec les générations précédentes et l'on peut vite confondre les uns avec les autres et ne pas détecter d'emblée les différents liens de parenté.

Néanmoins, j'ai comme toujours apprécié le style du grand Jim qui sait traiter de sujets sérieux avec un détachement apparent et une désinvolture pouvant choquer ou surprendre ceux qui ne sont pas habitués à ses errements. Personnellement, je les adore et je savoure toujours ces promenades proposées par Jim Harrison aussi bien le long des rivières à truites que dans les arcanes des cerveaux quelquefois bien perturbés de ses héros. Mais ne ressentons-nous pas nous aussi, lecteurs, dans nos existences, dans nos entourages, ces désarrois, ces élans de tendresse ou d'amour, ces désirs qui surviennent, variés, infinis?

C'est pour cette perception que je trouve les romans du grand Jim pleins de saveurs, pas seulement celles des mets dont il évoque la dégustation, pas seulement celle de la beauté féminine qu'il exalte toujours, mais aussi et peut-être surtout, l'ensemble des sentiments que la nature humaine est capable d'exprimer, comme les quatre héros de ce beau roman.

C'est donc un roman à quatre voix, celles de Donald, de K, de David et de Cynthia qui déroulent chacun des tranches de leurs vies où nous pouvons, plus ou moins, identifier aussi nos propres vécus, même si nous, européens, ne sommes pas imprégnés de cette culture indienne qui transpire à travers le personnage de Donald. Il est sans doute le plus attachant de ce roman, condamné par sa maladie, mais déterminé à choisir le moment de son départ. La nature, les animaux, particulièrement l'ours dans lequel l'âme du défunt peut passer pour un temps, sont présents, toujours dépeints avec passion par la plume alerte de Jim Harrison.

Et si quelquefois on s'égare un peu parmi les protagonistes, chacun porte une contribution personnelle qui ne peut que réjouir le lecteur qui les découvre, les aime, s'en sépare avec regret au moment de tourner la dernière page pour retourner vers son quotidien, avant de revenir, le moment venu perçu, vers la prose prenante de Jim Harrison.

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Dans chaque aventure qu'il nous offre, Jim Harrison réussit à se mettre dans la peau de ses personnages, après une observation attentive et aiguë de l'univers qu'il affectionne tant.

Retour en terre est chargé de souvenirs de la terre de son enfance, d'histoires de générations, de l'héritage que l'on porte, de fin de vie, de notre rapport à la mort et de toutes ces choses desquelles on ne peut pas guérir.

La terre comme source de bonheur et d'équilibre lui sert également à dénoncer la violence des hommes et le massacre des indiens américains, thème récurrent dans tous ses romans.

La sagesse assez particulière de l'auteur américain prend tout son sens lorsqu'elle se met au service de son style inimitable de nature writing.
Les grands espaces et la nature sauvage ne sont en fait qu'un décor pour donner corps à des réflexions profondes sur la vraie nature de l'existence et de la manière dont chacun essaye de trouver sa place dans le monde.
Sur un mode un brin plus léger et complètement intégré dans le récit, Jim Harrison s'intéresse à l'épineuse question de la communication dans le couple.

L'introduction de phrases courtes et profondes au milieu de dialogues à première vue banals, leur donne un poids indiscutable de vérité universelle.

Dans un style inégalable et élégant, voici un maximum d'humanité dans un minimum de mots.


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L'Amérique que j'aime, c'est celle de Jim Harrison. Les grands espaces, les forêts profondes, la vie sauvage, les tourments du coeur, la sensualité, la mort, les choses de l'invisible, celles qui prennent le relais après... Ce sont les thèmes chers à cet écrivain et Retour en Terre n'échappe pas à cette merveilleuse invitation à les revisiter une fois encore.
C'est un roman choral, quatre voix se succèdent qu'on a déjà entendues, qu'on connaît depuis ce magnifique roman dont je vous ai parlé il y a peu : de Marquette à Veracruz. Faut-il avoir lu ce livre pour mieux comprendre l'histoire de Retour en Terre ? Cela aide sans doute. Ou bien ce livre vous aidera à aimer l'autre... Nous retrouvons ici avec plaisir, le Lac Supérieur, la Péninsule Nord du Michigan, sa faune, sa flore...
Quatre voix, quatre récits qui se croisent et se parlent, quatre personnages intimement liés par les liens familiaux et les sentiments : Donald, K le neveu de Donald, David son beau-frère et Cynthia son épouse.
C'est Donald qui ouvre le bal. Donald est gravement malade, souffre d'une sclérose en plaques. Il a quarante-cinq ans. Donald est métis, il descend de colons finlandais et d'Indiens Chippewas. L'âme indienne s'élève alors dans ce récit, les croyances qu'elle amène dans ce rapport entre la nature, la vie et la mort.
Donald ne veut plus souffrir, pour les siens, pour lui, il veut mourir dans la dignité. Retour en Terre, c'est ce voyage intime, ultime vers la mort, partir là-bas accompagné de ses proches, où l'attend une tombe creusée au milieu de la forêt à même l'humus. J'ai trouvé ce premier récit très touchant, de temps en temps son épouse Cynthia reprend la plume, complète ou corrige un propos, apporte une dernière précision qui parfois prend réellement le pas.
L'âme indienne de Donald s'est-elle réincarnée dans ce vieil ours que les corbeaux du ciel guident et alertent avec empathie ? De temps en temps, un rayon de soleil semble se faufiler parmi les pages, soulever un peu de neige qui s'envole dans le vent. Le sens de la vie semble aussi venir dans la respiration du paysage, vivre avec ce que nous savons et ce que nous ignorons.
J'ai aimé ce voyage. Chez Jim Harrison, la nature est toujours présente comme se faufilant dans les racines profondes des peuples indiens. Chez Jim Harrison j'aime aussi le sujet de la transmission, des inégalités, l'Autre Amérique, celle si actuelle, celle qui a mal aussi...
Il y a ces gestes qui portent cette transmission. Brûler du tabac pour libérer l'âme des défunts auxquels les gestes de leurs proches s'accrochent encore un peu, guetter la tanière d'un loup, sentir le souffle d'un ours enfoui dans un trou où il y hiberne. Un ours est-il seulement un ours ? C'est une respiration qui remonte de la terre, plus loin que la terre peut-être.
Et puis de temps, le paysage se restreint, se resserre au bord des gestes intimes, des cœurs, là où la vie commence ou prend fin...
Plus tard, c'est le récit de Cynthia qui clôt le roman, Cynthia réapprenant à vivre, à aimer peut-être, avec et sans Donald, car il est forcément toujours présent, en elle, autour d'elle. La voix de Cynthia est sans doute le récit le plus bouleversant de ce livre, celui qui fait écho à celui de Donald. L'envie de vivre de Cynthia est comme un hymne à la joie. C'est poignant.
La mort est un passage, semble nous dire l'auteur, comme une barque qui file le long du rivage du Lac Supérieur. La branche d'un chêne ondoie, semble bercer quelque chose d'invisible à nos yeux. C'est peut-être l'âme de Jim Harrison qui continue de se poser sur les pages de ses livres.
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C'est toujours un plaisir de remettre les pieds sur cette terre du Nord Michigan. Je ressens une étrange attirance pour ces forêts du Montana, un lieu « mythique » qui attire et bouleverse mes lectures. Je m'y enfonce profondément et avec délectation, tel un vieux bison solitaire à la recherche de sa chaude femelle. Seul ? Plus tout à fait depuis que je sais que les corbeaux et ours peuvent veiller sur moi et mon âme...

Je me tiens donc prêt à vivre quelques grands moments, quelques belles émotions dans ce Nord Michigan en compagnie d'une famille indienne. Je m'attends à découvrir surtout le désespoir d'un monde perdu, d'une génération désenchantée où les souvenirs et honneurs d'antan se sont évanouis au fin fond des bouteilles de whiskys descendus lors de longues veillées au sein de la communauté, un peuple empêtré dans les problèmes de drogue et de chômage qui défigurent et discréditent leurs gloires passées... Mais là où je me trompe, c'est que Jim Harrison en a fait un subtil roman sur leurs traditions qui perdurent au delà du temps et ce malgré tous les obstacles liés à notre vie quotidienne si froide, si distante, si désespérante.

En toute franchise, j'ai eu du mal à rentrer dedans et à m'immiscer dans ces longs discours d'un Jim Harrison fort bavard, et puis au fil du temps, je me suis senti happé par cette nature avec Donald, Cynthia, K. et les autres... comme si je me retrouvais d'un coup avec eux, comme si je comprenais petit à petit les motivations de Donald, comme si cet environnement sauvage avait entrepris de venir me chercher de ma petite conformité bien tranquille. Comme quoi il faut juste un poil de persévérance pour rechercher et trouver l'émotion.

Dans cet environnement encore sauvage, au milieu des ours et des corbeaux, la vie simple de trois générations d'indiens défile sous mes yeux. L'espace d'un roman, je vais partager leur vie, leur passion mais aussi leur deuil. Parce que plus qu'un témoignage sur ces premiers habitants, ce roman évoque le droit à mourir et l'après... Quel espoir et envie restent-ils lorsque l'on sait que l'on va bientôt mourir et quitter cette terre ? Alors si le destin en est ainsi, pourquoi ne pas choisir son lieu et son heure... Donald n'est plus que l'ombre de lui-même, sa fierté d'être un indien robuste et gaillard sombre en même temps que ses jambes qui n'arrivent plus à le soutenir. Il doit et il a accepté sa mort. Bien que conscient que cela soit interdit par la loi des blancs, il veut alors se projeter dans la mort et souhaite être enterré à même le sol pour se rapprocher de sa terre.

Je referme ce roman, un peu triste mais aussi avec un peu plus d'espoir. Je comprends Donald, je partage la douleur de ses proches et me sens surtout différent, plus proche de la nature, des ours et des corbeaux.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Alors que le bon vieux Jim vient juste de s'en aller, ce livre, commis il y a dix ans, tombe à point.
Il a une résonance particulière puisqu'il y est question d'un homme de 45 ans (Donald) malade, qui prépare sa mort tout en tentant d'aider ses proches à lui survivre.

C'est donc un livre sur la fin de vie- sur le choix de l'endroit et de l'heure- puis, sur les différentes réactions des êtres face au deuil.
Pour dynamiser son propos, Harrison reprend une trame qui lui sied bien: celle des histoires à plusieurs voix. Mais hélas, la version de K et surtout celle de David m'ont semblées bien longues et anecdotiques.
Heureusement, deux autres sont vraiment touchantes, celles de Donald et de sa femme Cynthia: un couple que la mort va séparer physiquement mais que tout ce qui les entourait refuse.

En effet, à l'image du Donald de ce roman, Jim Harrison est retourné en terre mais on se dit, comme le suggère les croyances Anishinaabes, une des tribus des Grands Lacs, qu'il s'en est allé habiter le corps d'un ours.

Jusqu'où peut aller le deuil, est-on prêt à suivre les corbeaux pour retrouver cet ours?
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Donald n'a que quarante-cinq ans mais, atteint d'une forme très agressive de sclérose en plaques, la mort qui est pour tous une finalité va le prendre, lui, très prochainement.
Pour que ses enfants, faisant actuellement leurs études en Californie, connaissent leurs lointaines origines, il dicte à sa femme Cynthia l'histoire des siens.
Donald est un sang mêlé, en partie finnois, en partie chippewa.
En 1871, un premier ancêtre, Clarence, une poignée de dollars en poche et chevauchant un cheval de trait, a rejoint le Michigan. Il est arrivé dans la ville de Marquette plus de trente ans après, de longues haltes pour travailler l'ayant retenu en chemin.
Comme tous les récits, des digressions viennent s'immiscer dans son déroulé ; l'internement de sa mère et les pleurs qui ont suivi, ses deux mois passés chez sa tante, puis Donald reprend le fil de son histoire. Clarence a trimé sur la construction des quais destinés aux minéraliers, a goûté aux veuves de la guerre de Sécession avant de contempler l'immensité du lac Supérieur.

Cette première partie, à écouter la voix de Donald, est pleine d'émotion, de tristesse aussi de comprendre que ses muscles le quittent rapidement, lui si costaud dès son plus jeune âge. Sa dernière marche, un bosquet de bouleaux, une branche basse pour s'allonger et atteindre la paix. Juste avant le noir diagnostique de sa maladie, son jeûne, à la belle étoile sur le versant d'une montagne de l'Ontario, loin du monde, pour faire corps avec la nature va déterminer sa fin qu'il désire choisir. Les histoires se mélangent, la sienne, celle de ses parents, de ses grands-parents, de la famille de sa femme… C'est également toute sa personnalité tournée vers le profond sentiment d'être un élément comme un autre dans cette nature que j'ai trouvée sublime. D'où son désir de retourner à la terre puisqu'il la ressent en lui.

Par quelques interruptions, les mots de Cynthia montrent son angoisse face à l'inévitable issue et sa voix clôturera ensuite ce roman sur le deuil. Entre-temps, deux autres membres de la famille vont intervenir, K, le neveu, et David, le frère de Cynthia.

La plume vagabonde activement sur les préoccupations, cogitations, émotions et souvenirs de chaque narrateur d'une manière un peu décousue. Tous ces éléments sont denses et partent un peu dans tous les sens pour revenir sur l'acceptation de la mort et le sens que l'on donne à l'existence.
Non loin, les ours et les corbeaux, dans la réalité, dans les rêves, dans l'esprit, ressortent de croyances indiennes qui sont juste esquissées mais ouvrent sur une question que l'auteur fait couler tout du long de ces quatre monologues : Y a-t-il une attitude à adopter face à la mort ? Comme ce qu'il advient après échappe à toute réalité, chacun n'a t-il pas droit d'imaginer et de sentir la présence du disparu dans le cours d'une rivière, dans un ours dont le souffle est perçu du fond de son hibernation ? Ou bien faut-il accepter que la mort prenne, sans laisser dans son sillage un fantôme de celui qui est parti ?

D'une manière un peu surprenante, avec un fil qui se rompt régulièrement, Jim Harrison nous fait emboîter les pas de ceux qui restent, qui se tournent sur leur passé tout en avançant avec l'idée que Donald n'est plus là. Mais est-il réellement absent ou bien continue-t-il son bonhomme de chemin dans l'ours trottinant en contrebas d'une crête de dunes jouxtant le lac Supérieur ?
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Début novembre, j'ai fait un grand voyage.
Seul avec lui, le meilleur guide qui soit, j'ai pris la route pour un périple extraordinaire qui m'a conduit des cimes du Montana aux étendues désertiques d'Arizona, en passant par les forêts du Wyoming et les vallées du Colorado ... le tout en moins de deux heures et sans quitter mon fauteuil douillet !
Prodigieux, hein ?

Pas tant que ça en fait, quand on sait que j'étais confortablement installé dans la jolie salle du Grand Rex et que j'assistais (pour la deuxième fois !) à la projection de "Seule la terre est éternelle", le film que François Busnel consacre à l'immense Jim Harrison.
Deux heures de liberté, d'immensités sauvages, d'humour et de longs silences parsemés de réflexions éclectiques qui m'ont donné envie, dès la sortie du cinéma, de relire Retour en Terre. L'ouvrage m'avait plutôt emballé il y a quelques années mais je ne m'en souvenais pas bien : l'occasion était trop belle de m'y replonger pour vérifier si, vraiment, "on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière".
Et qui de mieux placé que Jim Harrison pour parler de rivières ? Qui d'autre que lui pour s'immiscer ainsi dans la vie de ses personnages, pour nous livrer leurs pensées secrètes, leurs doutes, leurs façons d'être au monde, d'appréhender la nature, le visible, l'invisible et - plus encore ici que d'habitude - la mort ?

Si dans ces pages nous découvrons successivement quatre personnages (Donald, son neveu Kenneth, son beau-frère David et son épouse Cynthia) c'est bien le premier d'entre eux les réunit tous. À tout juste 45 ans, Donald souffre en effet d'une sclérose en plaques en phase terminale et l'idée de sa fin prochaine l'incite à revenir sur les événements marquants de son existence.
C'est l'occasion pour l'auteur de zigzaguer comme il aime tant le faire d'un souvenir à l'autre, d'une partie de pêche à un bivouac en forêt, d'une anecdote familiale au récit d'un rêve récurrent, quitte à perdre un peu son lecteur sous un amoncellement de détails généalogiques et de discontinuités chronologiques.
Qu'importe, une fois encore la magie opère !

Très vite le personnage de Donald nous emporte par son humanité, sa proximité à la terre de ses ancêtres Chippewa, la sagesse de ses réflexions et la dignité de ses dernières volontés : être inhumé en Ontario dans le respect des traditions indiennes, à l'endroit même où il vécut jadis une expérience quasi-mystique ("Nous sommes les lieux où nous avons été, ils font partie de nous.")
Ainsi quand l'heure est venue, c'est avec beaucoup d'émotion que nous assistons aux efforts des uns et des autres (ses enfants, sa femme et leurs proches) afin d'accompagner Donald pour son Retour en Terre. S'ensuivent les témoignages de Kenneth, de David et de Cynthia, qui s'éparpillent un peu sur des sujets annexes mais qui restent tous emprunts d'une grande authenticité et qui participent pleinement de cette belle histoire de deuil, de partage et de transmission.
Là encore on peut déplorer quelques longueurs et l'absence d'une véritable trame narrative, ou au contraire accepter de se laisser porter par l'exquise plume harrisonnienne, toujours sincère et pleine de poésie. Pour peu qu'on soit sensible au ton inimitable de Big Jim, à sa façon de considérer la nature et les grands espaces, à ses multiples digressions et à ses considérations culinaires, on passera à coup sûr un très beau moment avec ce texte chargé en émotions et en spiritualité.

Un roman dense et profond, de vagabondage et d'ensauvagement, qui nous invite à nous méfier des apparences ("Tu crois que peut-être un ours est seulement un ours ?") et à profiter au mieux du temps qui nous est imparti. Jim Harrison l'avait bien compris, lui qui a toujours su savourer l'instant et qui pensait (avec raison ?) que "face à la mort, il n'y a peut-être rien d'autre à faire que d'écrire un poème"...
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Lire Jim Harrisson c'est faire un voyage sur un continent: l'Amérique du Nord, dans une famille métissée de Blancs et d'Indiens, dans une nature sauvage qui est à elle seule un personnage; le voyage nous entraine dans tous les domaines de la vie, c'est à dire, l'amour, la mort, la bonne chère, la maladie, l'adolescence et l'âge adulte, la vieillesse. On navigue entre le présent et les souvenirs de chaque personnage et en partageant ainsi leur vie, on fait partie des leurs.
L'écriture de Jim est unique qui nous parle dans une seule phrase, simple et concise - du temps qu'il fait, du goût de la tarte aux mûres, et de la nostalgie liée à tous ces éléments.
Dans "Retour en terre", on retrouve des caractères bien trempés d'hommes et de femmes qui aiment vivre éperdument, et qui semblent traverser les épreuves en héros. Des héros de tous les jours qui nous ressemblent, en somme...
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Donald va bientôt mourir, sa maladie incapacitante l'oblige déjà à rester coucher une partie de la journée, à manger de la bouillie, à ne plus pouvoir lire ou écrire. Nous connaissons déjà cette famille, rencontrée lors de l'incestueux "De Marquette à Veracruz", Harrison s'empare du deuil pour à nouveau confronter ses personnages : Cynthia, la parfaite femme de Donald, sa fille Clare, une image féminine de son père, Herald, son fils et bien entendu son frère David, quadragénaire excentrique et égocentrique.
Le roman prend la forme de quatre récits, d'abord celui de Donald nous expliquant son histoire, celle de son arrière grand-père, sa relation à la religion indienne, l'amour qu'il porte à sa femme et à ses enfants. Ensuite K, le fils de la première femme de David, prend le relais et nous décrit la preparation au deuil jusqu'à l'acte lui-même. Ces deux récits semblent se répondre directement et Harrion écrit là ses plus belles pages, 150 pages magnifiques, fortes et émouvantes.
Les deux récits, celui de David et de Cynthia sont moins réussis, d'abord parce que Donald est décédé et que finalement, l'histoire du livre aurait du se terminer avec son décés. Mais Harrison, comme avec Dalva dix ans plus tôt, éprouve le esoin d'en finir vraiment avec ses personnages. La mort de Donald confronte inéluctablement Cynthia à la solitude, elle dont la fuite du domicile parentale a toujours été soutenue par Donald, ou même Laurie. Harrison veut voir son personnage faire face et reprendre pied, c'est légitime mais ces pages sont les moins intéressantes du livre de même celles qui voient David retourner à ses tergiversations pour finir par revenir au Mexique y rencontrer Vera.
Magnifique roman sur le deuil et la maladie dans sa première partie, Retour en Terre s'égare sensiblement par la suite ais sans doute Harrison devait-il lui-aussi se préparer au deuil de ses personnages en les accompagnant quelques pages encore.
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Un hymne poignant à la liberté, à la nature et aux grands espaces, mais c'est surtout un grand roman sur la mort, le deuil et la mémoire familiale. L'écriture y est vive, lyrique, et donne un très beau texte mélancolique et spirituel.

L'histoire se déroule sur les bords du Lac Supérieur. Un homme, moitié indien, moitié finnois (et moitié Ours), se sait condamné par une maladie, perd peu à peu le contrôle de son corps et veut abréger ses souffrances. Avant d'en finir, il raconte son passé et la vie de ses aïeux à sa famille proche. le roman porte aussi sur l'après : les conséquences de cette transmission mémorielle et de sa mort sur le quotidien de ses proches.

Outre la grande beauté littéraire et sensuelle des paysages et de la nature en général, j'ai adoré la variété et la profondeur des personnages : leur regard sur le monde, autant que leur manière de survivre au deuil m'ont fasciné. C'est un livre sur la mort, la mémoire, mais aussi sur l'évolution des rapports à la famille, à la nature et aux traditions. Un texte engagé et passionnant sur le monde d'aujourd'hui, sur l'histoire métissée des États-Unis et sur les inégalités, que je vous recommande.
Lien : Https://evanhirtum.wordpress..
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