ATTENTION, risque de spoiler.
J'ai longuement hésité: 3, ou 4 étoiles? le début m'a tellement emballé que je serais partie, enthousiaste, sur un beau 5! Malheureusement ce mystère qui s'annonçait si prometteur s'effiloche peu à peu pour finir en véritable freak-show, dans toute sa dimension malsaine et voyeuriste. La fin mériterait un petit 2 étoiles, j'ai donc dû faire une moyenne et des concessions. On a la sensation d'avoir basculé dans un autre (et très mauvais) livre! Je comprends alors mieux la citation de
Marie-France Rémond (
Le Nouvel Observateur) en 4ème de couverture: "l'auteur le + DERANGEANT de la planète thriller"... J'ai le coeur bien accroché niveau gore et tripaille, mais je n'ai absolument aucune inclination pour les perversions sexuelles et l'exploitation de celles-ci... Je sais, j'en dis beaucoup, mais au moins vous saurez à quoi vous attendre!
Et puis quoi, cette fin étrange et malsaine n'est pas ce qu'on nous vend dans le résumé! Au début de ma lecture je ne tarissais pas d'éloge sur la plume de
Mo Hayder auprès de mes amis: l'écriture est dynamique, l'utilisation du langage "parlé" instille une certaine proximité entre le narrateur et le lecteur, l'aspect "témoignage" donne un aspect d'histoire "vraie"... Bref, les commentaires élogieux se bousculaient dans ma bouche! Mais ça n'a pas duré... On m'avait prévenu pourtant: on m'avait dit que les fins de livres de cette auteure étaient tout simplement abruptes et ratées. J'ai persévéré quand même, conquise que j'étais par le début de l'intrigue, plein de mystères. Mais cet avertissement s'est malheureusement vérifié. Sincèrement, j'ai eu l'impression qu'il manquait des pages à la fin du livre, c'est dire!
Pendant les 2 premiers tiers du livre j'ai été ravie: mythes, angoisse, ambiance sinistre, questions sans réponses... de nouveaux éléments sont régulièrement divulgués, juste ce qu'il faut pour tenir le lecteur en haleine mais sans trop en dire. Moi j'aime ce style, mais certains pourront dès à présent le trouver trop lent et descriptif. J'ai également apprécié la psychologie fouillée et tordue des personnages, mais ai regretté qu'on n'en apprenne pas + sur les activités des "Ministres de la cure psychogénique"... le personnage de Lexie m'a également déplu: clairement, je ne vois pas ce qu'elle a à faire avec Joe, ils ne vont absolument pas ensemble et elle exècre tout ce qu'il est et représente. Cette petite bourgeoise manipulatrice est terriblement agaçante. Comment en effet ne pas avoir envie de coller une baffe à un personnage qui s'exclame: "Cette pièce est exquise!" Ou qui + loin parle d' "adorables coussins en soie grège abricot"... -_-' Si elle se contentait d'avoir "un balai dans le c**" ça irait encore, mais non! A côté de ça elle est fourbe, prétentieuse, arrogante, élitiste, psychorigide, égoïste et commet des actes sans nom...
L'alternance des points de vue dans les chapitres est par contre un point intéressant. Les différents personnages peuvent avoir un ressenti et des pensées très différentes vis-à-vis d' un même événement, et cette dimension psychologique m'a plu. Par contre, pour le côté "démystification de canulars" j'ai été déçue. On nous annonce: "Mais rien, strictement rien ne se passe comme prévu". Je m'attendais donc à rencontrer de véritables phénomènes paranormaux qui auraient remis en doute toutes les certitudes d'Oakesy, pas à ce que nous propose l'auteure: beaucoup trop facile...
A partir de cette décevante "découverte", tout à été de mal en pis. le livre prend un tour malsain, avec une avalanche de détails déplacés et des scènes particulièrement dérangeantes... Si vous êtes pressés de savoir (ou de sauter ce passage), sachez que la pire scène va de la p349 à la p356... le rythme et le suspense retombent, l'un des personnages principaux se métamorphose pour finir par évoluer dans un milieu qui me dérange profondément. C'est bien de s'assumer, de ne pas avoir honte de soi, mais là je trouve que ça va trop loin. Enfin, d'autres lecteurs apprécieront peut-être... Pour terminer, il n'y a pas de final à proprement parler, l'auteure nous plante pour ainsi dire au milieu d'une phrase. Un ouvrage TRES inégal, donc, malgré une écriture plaisante.