Une somme érudite sur la représentation des émotions dans l'art, passionnante surtout par les (r)évolutions qu'elle montre au fil du temps.
Nous partons du Moyen-Age, où l'expression de l'émotion passe surtout par la posture des corps, à la Renaissance, qui va développer le rôle du visage. Avec le romantisme, on cherche à exprimer l'intériorité de l'individu, la qualité de l'âme; cela passera en particulier par les yeux, qui en sont supposés le reflet.
A l'époque moderne, qui - grâce à la photographie - s'est débarrassée de la nécessité d'être fidèle à la réalité, ce n'est plus le caractère du sujet qui est le support de l'émotion à transmettre au spectateur: il s'agit directement pour l'artiste d'exprimer les siennes. Ce qui se traduira surtout par des usages de la couleur (impressionnisme, fauvisme, expressionnisme, ...) et par l'abstraction. On voit ainsi qu'au fil de l'histoire, on passe du collectif à l'individu, en passant par le dix-huitième siècle, qui mettra en valeur le couple et le foyer.
Le livre montre que de tous temps, les artistes se sont interrogés sur la manière d'exprimer les émotions, et que beaucoup ont cherché à codifier la manière de les représenter. Pour
André Félibien par exemple, une personne dans une grande affliction aura les yeux ouverts et élevés. Les physiognomonistes iront plus loin, eux qui affirmaient que l'on pouvait déduire le caractère d'une personne à partir de son apparence physique.
Petit bémol toutefois, on se limite à l'art occidental. Il eut été intéressant d'analyser la manière dont les Japonais ou les Chinois ont traité le sujet. Sans parler de l'Inde, bien plus libérée dans sa représentation de la sexualité.