La Terre, vieille de plusieurs millions d’années, poursuivait le petit trajet qu’elle s’était tracé. Cependant, la nature y était toujours en ébullition. Les orages violents, le tonnerre, les éclairs, l’ouragan et les tremblements de terre étaient son lot quotidien. Une fumée grise s’échappait du sommet du mont Damavand. Dans la nuit, elle se muait en flammes orangées dont le reflet scintillait à la surface du lac voisin. La chaîne de montagnes qui encerclait ce lac était tapissée d’une végétation dense, terrain de prédilection des animaux sauvages, parmi lesquels un groupe de grands singes récemment installés. Relativement évolués, ces singes, qui devaient représenter dans l’évolution le chaînon reliant les mammifères à l’homme, vivaient en communautés familiales, par crainte des grands fauves. Au sein de ce groupe, on trouvait deux communautés à la notoriété mieux établie et entretenant des rapports plus étroits.
La première d’entre elles, celle de Dahaqui, se composait de sa vieille compagne Ritiqui et de ses plus jeunes enfants, sa fille Taqua et son fils Zizi. Le reste de la progéniture s’était dispersé dans la jungle sans plus jamais donner de nouvelles.
L’autre famille, les Quiçaquiqui, avait une allure exceptionnelle : les cheveux grisonnants, le visage épanoui, les joues creuses, de fortes mâchoires, la bouche large, de longues dents, de grosses oreilles rondes, des yeux couleur lie-de-vin bien enfoncés dans le crâne. Le patriarche Quiçaquiqui avait aussi un nez écrasé sous lequel pendait une vénérable barbe d’une longueur extraordinaire, et une lippe inférieure par trop tremblotante. Son cou épais, trop court, s’enfonçait dans sa poitrine, et ses bras puissants et virils se terminaient par de longues mains. Son large poitrail surplombait un gros ventre aussi bombé que ses fesses. Il marchait les genoux fléchis en s’appuyant sur un bâton, mais portait fièrement sa tête ornée d’une touffe de cheveux roux. Sa fille, la jeune Vistsit, ne se ditinguait, elle, que par le vert de ses yeux.
Avant l’arrivée de Quiça, les singes menaient une vie paisible : ils mangeaient et s’aimaient. Leurs préoccupations quotidiennes se résumaient à combattre la faim, le célibat, la vieillesse, la maladie, et à lutter contre les autres grands animaux. Mais Quiça leur inculqua une nouvelle notion : l’envie. Son ambition consistait à devenir le chef de la tribu Dahaqui. Malgré sa longue barbe qui attirait une foule de singes respectueux, il n’atteignit son but que le jour où Dahaqui se retrouva la mâchoire brisée au cours d’un combat contre deux tigres. Devenu invalide, il dut alors céder sa position de chef à Quiça.
Voici comment tout arriva :
"N'est-il pas dommage qu'au nom des biens de ce monde, on balance son âme au feu?"
Cécile Ladjali est enseignante et écrivaine, deux métiers qui se nourrissent l'un l'autre. Dans son travail, par les mots et le langage, elle questionne la notion de transmission, celle des origines, des identités et de la création
Dans cette rencontre virtuelle, autour du dernier roman de Cécile Ladjali, "La Fille de personne" publié aux éditions Actes Sud, on parle de Luce Notte, Kafka et Hedayat et du pouvoir extrêmement puissant, voire inégalable, de la littérature...
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