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EAN : 9782070721306
504 pages
Gallimard (22/11/1990)
4.15/5   17 notes
Résumé :

Questions III rassemble des textes très différents dans leur forme. La " poésie " philosophique du Chemin de campagne, de l'Expérience de la pensée et de Sérénité constitue une innovation stylistique en un sens éminent puisqu'il s'agit d'un langage qui entend " dépasser " le discours de la métaphysique.

La Lettre sur l'humanisme est un traité fondamental où Heidegger clarifie sa position par rapport à l'existentialisme et au marxisme - c'... >Voir plus
Que lire après Questions : III et IVVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Beaucoup de conférences indispensables pour comprendre l'évolution de la pensée de Heidegger, notamment sa fameuse Lettre sur l'humanisme. On y retrouve toujours les mêmes thématiques, à vrai dire. Si on rejette déjà Heidegger après Sein und Zeit la lecture de ces Questions devient moins utile sur le plan théorique. Il faut en effet les prendre comme un approfondissement et comme, parfois, une "correction"
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Cependant, dans l'écorce du chêne, les gamins découpaient leurs bateaux qui, munis d'un banc de rameur et d'un gouvernail, flottaient sur la rivière Mettenbach ou dans le bassin de l'école. Dans ces jeux, les grandes traversées arrivaient encore facilement à leur terme et retrouvaient la rive. La part de rêves qu'elles contenaient demeurait prise dans le vernis brillant, encore à peine discernable, qui recouvrait toutes choses. L'espace qui leur était ouvert n'allait pas plus loin que les yeux et la main d'une mère. Tout se passait comme si sa sollicitude discrète veillait sur tous les êtres. Ces traversées pour rire ne savaient rien alors des expéditions au cours desquelles tous les rivages restent en arrière. Cependant le dureté et la senteur du bois de chêne commençaient à parler, d'une voix moins sourde, de la lenteur et de la constance avec lesquelles l'arbre croît. Le chêne lui-même disait qu'une telle croissance est seule à pouvoir fonder ce qui dure et porte des fruits ; que croître signifie : s'ouvrir à l'immensité du ciel, mais aussi pousser des racines dans l'obscurité de la terre ; que tout ce qui est vrai et authentique n'arrive à maturité que si l'homme est disponible à l'appel du ciel le plus haut, mais demeure en même temps sous la protection de la terre qui porte et produit. »
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« [...] Notre langue nous atteint-elle assez directement pour que nous y prêtions l’oreille ? Ou bien notre langue nous fuit-elle ? C’est un fait. Ce qu’autrefois notre langue a formulé, son inépuisable antiquité, sombre de plus en plus dans l’oubli. Que se passe-t-il ? [...] A l’époque actuelle, par suite de la hâte et de la banalité des paroles et des écrits de tous les jours, un autre rapport à la langue s’instaure d’une façon toujours plus décisive. Nous croyons en effet que la langue, comme tout ce dont nous nous servons journellement, n’est qu’un instrument, l’instrument de la compréhension et de l’information.

Cette conception de la langue est pour nous si courante que nous remarquons à peine sa puissance inquiétante. Cependant, ce caractère inquiétant se manifeste avec une évidence croissante. La conception de la langue comme instrument d’information est aujourd’hui poussée à l’extrême. On a bien une certaine connaissance de ce processus, mais on ne s’interroge pas sur son sens. On sait que maintenant, dans le contexte de la construction des cerveaux électroniques, on ne fabrique pas seulement des machines à calculer, mais aussi des machines à penser et à traduire. Tout calcul, au sens précis et au sens large, toute pensée et toute traduction s’accomplit cependant au sein de la langue. Grâce aux machines évoquées ci-dessus, la machine à parler est devenue réalité.

La machine à parler, en tant qu’appareillage technique du genre des machines à calculer et à traduire, est quelque chose d’autre que la machine parlante. Nous connaissons celle-ci sous la forme d’un appareil qui enregistre et restitue nos paroles, et qui ne s’immisce donc pas encore dans la parole de la langue.

Au contraire, la machine à parler réglemente et mesure, à partir de ses énergies et de ses fonctions mécaniques, la forme de notre utilisation possible de la langue. La machine à parler est — et surtout deviendra — l’une des façons dont la technique moderne dispose du mode et du monde de la langue en tant que telle.

En attendant, il semble toujours en apparence que l’homme maîtrise la machine à parler. Mais il se pourrait bien, en vérité, que la machine à parler prenne en charge la langue et maîtrise ainsi l’essence de l’ homme.

Le rapport de l’homme à la langue est pris dans une mutation dont nous ne mesurons pas encore la portée. Le cours de cette mutation ne se laisse pas non plus arrêter de façon immédiate. Il s’accomplit en outre dans le plus profond silence.

Nous devons admettre, bien sûr, que la langue apparaît dans son usage quotidien comme un moyen de compréhension et qu’elle est utilisée en tant que tel pour les rapports habituels de la vie. Pourtant il y a encore d’autres rapports que ces rapports habituels. Goethe nomme ces autres rapports « plus profonds » et dit de la langue :

« Dans la vie commune nous nous accommodons tant bien que mal de la langue, car nous ne décrivons que des rapports superficiels. Dès qu’il s’ agit de rapports plus profonds, aussitôt une autre langue apparaît, la langue poétique. » (Oeuvres, IIe partie, t. XI. Weimar, 1893, p. 167). »
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Le poète concentre le monde en une parole dont le mot ne constitue qu'un reflet d'une douceur retenue, sous lequel le monde apparaît comme s'il était aperçu pour la première fois.
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La pensée qui calcule ne s’arrête jamais, ne rentre pas en elle-même. Elle n’est pas une pensée méditante, une pensée à la poursuite du sens qui domine dans tout ce qui est.
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Vidéo de Martin Heidegger
POÉSIE-PENSÉE – La Philosophie face à la Poésie selon HEIDEGGER (France Culture, 1964) Un extrait d’un hommage radiophonique au philosophe, par René Farabet, diffusé le 25 septembre 1964 sur France Culture. Interventions : Beda Allemann, Michel Deguy et René Char. Lecteurs : Henri Rollan et Jean Topart. Mise en ligne par Arthur Yasmine, poète vivant, dans l’unique objet de perpétuer la Poésie sur tous les fronts.
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