Retour de la guerre

Paru à l'automne dernier, cet ouvrage en cinq parties commence par étudier la pandémie « accélérateur de l'histoire » qui renforce le rôle des états, affaiblit la démocratie, divise et polarise le monde en exarcébant l'hostilité entre l'Amérique et la Chine.

L'océan pacifique devient la zone de tous les risques en devenant instable et en bouleversant le rapport de force en faveur d'une Chine ambitieuse. La guerre se banalise et se démocratise avec l'apparition de nouvelles armes disséminées et simples à produire (drones par exemple) ou le rôle grandissant des réseaux sociaux qui peuvent orienter les esprits et démoraliser l'opinion publique.

Le « piège de Thucydide » cité par le président chinois et le « piège de Kindleberger » (chapitre IV) sont deux risques stratégiques dont on voit les conséquences dans le conflit syrien ou l'impuissance américaine et l'absence européenne, laissent Turquie et Russie s'y précipiter sans avoir les moyens de « pacifier » la région. le changement climatique et les luttes pour l'eau sont d'autres prétextes belliqueux probables.

Une Europe herbivore dans un monde carnivore perd pied chaque jour davantage et le manque de pertinence et d'efficacité de son action dans la guerre contre le virus ou dans les Balkans n'augure rien de rassurant dans ce contexte. le Brexit affaiblit l'ensemble de l'Europe sur le plan international et lui fait perdre toute crédibilité face aux états unis, à la Chine et à la Russie. La loi de la jungle progresse partout et les guerres de toute nature seront l'horizon de nos sociétés y compris sur notre continent.

François Heisbourg dresse un tableau inquiétant de notre monde ; constat étayé sur des faits précis dont le plus visible est le peu de moyens humains et budgétaires consacrés à la Défense par nos démocraties européennes dont les électeurs se désintéressent des enjeux mondiaux et des menaces émergentes.

Un ouvrage aussi intéressant que peu rassurant pour la France, pour l'Europe, pour les libertés et la démocratie. L'auteur espère un sursaut mais doute que la classe politique actuelle puisse le susciter.

L'ouvrage, publié en septembre 21, passe en revue les rapports de forces mondiaux.
La question centrale est, bien-sûr, celle de l'évolution de la rivalité entre USA et Chine ; rivalité qui, pour le moment, diffère de la guerre froide, car si la Chine affirme maintenant sans complexe sa puissance, elle n'a pas encore dévoilé quel ordre mondial elle veut établir.
François Heisbourg insiste sur l'évolution des armements et des armées, sujet rarement traités dans les médias. Il souligne que "les moyens de la guerre se démocratisent suivant le même schéma que celui qui caractérise la numérisation de la société civile, la numérisation de la guerre suivant en l'occurrence celle de la paix". Il estime que dans ce nouveau contexte, les risques d'escalade, jusqu'au recours au nucléaire sont considérablement accrus.
En utilisant comme révélateur la gestion de la pandémie, l'auteur termine par une analyse des forces et des faiblesses de l'Union Européenne qu'il voit loin de pouvoir prétendre à la souveraineté et "à la fois incontournable au long cours et subordonnée à l'action des Etats".
Destinée d'abord au lecteur français, la thèse de l'auteur, factuelle et argumentée, se veut lucide : "les guerres de toute nature seront désormais l'horizon incontournable de la vie de nos sociétés, et cela vaut aussi pour notre continent".
Si l'avenir du monde, et en son sein de l'Europe et de la France vous préoccupe, je vous recommande la lecture de ce livre riche en observations pénétrantes que les lignes qui précèdent ne prétendent aucunement résumer.