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3,98

sur 238 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ourghh!
S'asseoir, respirer profondément, renoncer à relire immédiatement "Catch 22" tout en sachant qu'on a loupé la moitié de ce qui s'y trouve (mais on a déjà fort à faire avec ce qu'on a compris) et ne pas (trop) ricaner sur soi-même d'écrire un billet quand une thèse universitaire serait le minimum à consacrer à un tel bouquin.
Comme souvent, tout est parti d'un malentendu. "Catch 22", classique de la littérature anglophone, très mal connu par chez nous, hissé au rang de roman-culte par les protestataires contre la guerre du Vietnam, férocement drôle, "M.A.S.H." de la littérature...
J'y suis allée pour me marrer et je n'ai pas beaucoup ri. Non pas que le livre ne soit pas férocement drôle, mais j'étais trop occupée à raccrocher ma mâchoire qui se décrochait à chaque page ou presque tellement ce roman est non-conventionnel et constamment surprenant.
Déjà, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un pamphlet contre la guerre. Ce serait le cas qu'il s'agirait de toute façon d'une oeuvre sacrément gonflée parce que 39-45 est quand même le parangon de la guerre morale - il fallait bien foutre la pâtée à Adolf. Et certes, Heller ne nous épargne rien des ignominies et des souffrances que ses aviateurs en mission au-dessus de l'Italie doivent endurer. Mais c'est moins comme machine de mort que la guerre est abjecte que comme terrain d'expérimentation de la bêtise et de l'égoïsme. Il faut gagner la guerre, et, pour tous les officiers bas du front et friands de promotions, un tel mantra vaut open bar. Entre celui qui n'aime rien tant que les défilés, les corrompus prompts à sacrifier leurs hommes pour un article dans le journal si possible à Noël, les faibles et les incompétents, chacun est un pervers qui a enfin trouvé toute justification à ses pulsions sadiques et régressives.
Et la fin des conflits ne laisse entrevoir aucun espoir. Car une autre offensive se profile, peut-être encore plus meurtrière et dénuée de scrupules: la guerre n'est que l'autre façon pour le capitalisme de prospérer. Milo Minderbinder est déchargé des missions périlleuses pour permettre à la table des officiers d'être toujours fastueuse. Milo se retrouve très vite à la tête d'un consortium opaque qui enrôle l'état-major ennemi dans ses trafics, au point de de faire bombarder les troupes dans lesquelles il sert pour augmenter son bénéfice net: "Écoutez, ce n'est pas moi qui ai déclenché cette guerre, quoi qu'en dise l'ignoble Wintergreen. J'essaie simplement de la rendre rentable."
Au-delà de cette critique féroce et désespérée du capitalisme et du pouvoir, il existe bien dans "Catch 22" un refus des combats symbolisé par la résistance du personnage principal, Yossarian, à qui on reproche "une répugnance morbide à mourir."
" Vous n'aimez probablement pas vous battre et risquer à tout moment d'avoir la tête fracassée.
- Enlevez le "probablement", sir."
Mais c'est moins la guerre qui met Yossarian en colère que l'injustice en général, que toutes les souffrances endurées par les plus faibles, que tout ce mépris de la vie dont les hommes quels qu'ils soient semblent faire preuve. La vie est sérieuse, dit Yossarian, on n'en a qu'une, respectez-la: " L'homme est matière, tel était le secret de Snowden. Jetez-le d'une fenêtre, il tombera. Enflammez-le, il brûlera. Enterrez-le, il pourrira comme n'importe quelle ordure."
Le nom de Snowden revient constamment dans le roman. de même que les aviateurs ne parviennent pas à rentrer chez eux, le nombre de missions augmentant au fur et à mesure qu'ils s'approchent de leur démobilisation, le temps se déroule à l'envers dans le roman. de nombreuses informations sont distillées au lecteur comme si elles étaient connues de lui et parfaitement compréhensibles. Au fur et à mesure de la lecture, des morceaux du puzzle se mettent en place, sans que la chronologie des événements soit parfaitement lisible: à quoi bon puisque les aviateurs parcourent tous les cercles de l'enfer et que l'espoir d'une fin, d'une issue, ou même d'une simple logique semble totalement exclue? Certes, on apprendra petit à petit pourquoi Snowden hante l'esprit de Yossarian, mais sans doute le lecteur aurait-il préféré ne pas le découvrir.
Oeuvre puissamment anarchiste, "Catch 22" trouve pourtant son final lumineux. Contrairement à Céline (dont le "Voyage au bout de la nuit" est une des influences avouées de Heller) qui marine jusqu'au bout dans la désespérance, Heller refuse le défaitisme. Viva la vida!
Et s'il convient de s'interroger sur les raisons pour lesquelles ce roman est si peu connu des Français, la réponse est peut-être tout bêtement que, sur ce coup-là, on est loin d'être au niveau.
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Parlons de ce grand classique — de ces livres dont la critique n'est jamais chose aisée — sorti en France en premier lieu sous le nom de "L'attrape-nigaud", avec la traduction de Pierre Singer. Je n'ai pas trouvé d'article qui la compare avec la nouvelle traduction de Brice Matthieussent (1988).
...
Embarquement pour l'absurde, ce livre est à première vue l'un des plus drôles jamais ouverts; certains passages m'ont littéralement fait tomber de ma chaise. L'humour — ce formidable et ô combien difficile moyen de s'interroger, de dénoncer, etc. — est ici source de répétitions, transposition à l'infini de dialogues et de scènes ubuesques, introduisant sans cesse de nouveaux personnages, représentant des archétypes d'homme en société, plus ou moins identifiables à mesure que l'histoire revient sur chacun d'entre-eux.
Au fur et à mesure du livre, alors que l'histoire s'assemble à force de va-et-viens temporels, que les chapitres se concentrent sur un personnage à la fois, que l'absurde parait, à dessein, de moins en moins drôle, l'aspect tragique — de celui qui fait serrer des dents face aux veuleries et injustices humaines — prend son envol.
La gentille folie du début devient simple noirceur, et le talent de l'auteur pour nous culbuter de l'un à l'autre est manifeste, tant l'on s'aperçoit que la bascule est artificielle, le tragi-comique n'étant pas atomisable.
La nécessaire indignation devient résignation, le rire jaune, le folie raisonnable. L'absurde comme outil pour exploser la morale.
Un classique à la hauteur de sa réputation.
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Esprits cartésiens fuyez ! Ici nous sommes dans une satire absurde et burlesque, dans la dénonciation du capitalisme et de la hiérarchie militaire plus encline à gagner des galons ou/et du pognon qu'à gagner la guerre. Véritable ovni littéraire @catch22 est un mélange des sentiers de la gloire et de M*A*S*H à la sauce Monty Python. Bien sûr l'ombre de @Louis Ferdinand Céline plane sur le roman, et de l'aveu même de @Joseph Heller, le voyage au bout de la nuit a été sa source d'inspiration principale. Mais si les deux oeuvres sont empreintes de la même désespérance devant l'injustice, on rit beaucoup plus dans @Catch22.

Yossarian est navigateur dont la mission principale qu'il s'impose lorsqu'il part en mission est de rentrer vivant, quitte à larguer ses bombes loin de l'objectif pour éviter les feux nourris de la DCA allemande. Il est le personnage principal du roman et celui qui fait le lien avec les nombreux autres protagonistes de l'histoire car @Catch22 est un immense puzzle sans linéarité ni chronologie mais tout ces pièces éparpillées finissent par s'assembler pour aboutir à un ensemble aussi cohérent que l'absurdité du roman le permet.

L'action se passe surtout sur une petite île de la Méditerranée durant la seconde guerre mondiale mais on pourrait la transposer n'importe où dans n'importe quelle guerre tant le propos semble intemporel et universel.

Les personnages haut en couleurs participent grandement à la réussite du roman.
@Joseph Heller s'amuse avec leurs noms ; le pilote orr (oar signifie aviron) finira par rejoindre la Suède à la rame après un énième crash ; le Major Major Major obtiendra son grade grâce à ses noms et prénoms ; l'officier Scheisskopf (tête de merde en allemand) gravira les échelons en persécutant ses hommes à hauteur de son ambition. Mais l'autre personnage iconique du roman est sans doute Milo Minderbinder (celui qui ligote les esprits) l'officier intendant, le capitaliste sans foi ni loi qui emmène Yossarian dans un voyage hallucinant autour de la Méditerranée au cours duquel les marchandises transportées changeront à chaque étape pour le plus grand bénéfice de Minderbinder.

Un roman inclassable et génial, pas facile d'accès de prime abord mais ouvrez vos écoutilles et laissez-vous emporter dans la folie d'Heller et la récompense sera au rendez-vous.


Challenge Multi-Défis
Challenge pavé
Challenge BBC
Pioche dans ma PAL
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Je ne pense pas avoir déjà lu un livre qui m'ait fait rire au point d'en avoir les larmes aux yeux, pour, quelques lignes après, être saisi aux tripes par le récit des horreurs vécues par les femmes et les hommes que nous accompagnons dans ce supplice. Car nos personnages sont coincés en enfer, dans l'univers absurde de la Guerre, et les dialogues qui parsèment le récit se retrouvent dans le procédé littéraire du roman. À tel point qu'à un moment, nous nous demandons si ce n'est pas trop, si la répétition des dialogues et des situations ne va pas trop loin. Mais en ce qui me concerne, à peine ce sentiment éprouvé, j'ai senti une soudaine évolution du récit et un changement dans la tonalité de la narration. Il n'est pas étonnant que ce livre ait été utilisé par celles et ceux qui, en Amérique, luttaient pour mettre fin à la guerre du Vietnam.
Lien : https://bw.heraut.eu/user/Ba..
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CATCH 22 de JOSEPH HELLER
Seconde guerre mondiale, on est sur une île au large de l'Italie avec une escadrille d'aviation américaine. le héros, c'est le Capitaine Yossarian, son but, rentrer chez lui, il croyait y être parvenu en effectuant les 40 missions requises, mais les règles ont changé car le Colonel Cathcart, lui, a un autre but, avoir sa photo pleine page dans un journal à grand tirage vantant ses exploits, alors il change les règles à son gré, article 22. Mais Yossarian est un obstiné, puisqu'il ne peut rentrer avec le nombre de missions, il va tout faire pour rester à l'hôpital, il va avoir mal au foie, se plaindre, essayer de maintenir sa température à 37.9 chiffre qui entretient le doute sur son état de santé et permet toutes les interprétations. Il veut se faire passer pour fou également mais cet article 22 précise que »toute personne voulant se dispenser d'aller au feu n'est pas vraiment folle ». Si Yossarian est au centre du récit il y a d'autres héros comme le major « Major Major » qui se demande toujours ce qu'il fait à ce poste ou le Capitaine Black qui lui ne comprend pas pourquoi il n'a pas été nommé major et tente d'empoisonner Major Major. Milo, qui s'occupe du Mess des officiers trafique sur tout et utilise les avions de l'escadrille à son profit, il ira même proposer au Colonel, quand il aura un surplus de coton, d'en faire des desserts avec du chocolat dedans! Quant à Dobbs, son obsession est de tuer le Colonel mais uniquement si Yossarian est d'accord. Tous ces gradés ont aussi pour mission de surveiller le courrier, ils n'hésitent pas à enlever des lettres, modifier les textes et même signer Washington Irving, ce qui provoquera l'arrivée de l'inspection générale car il s'avère qu'aucune recrue ne porte ce nom.
HELLER nous emmène dans un univers totalement absurde, délirant, mais pas un absurde à la Beckett ou à la Ionesco, mais c'est plutôt vers Jarry et son père Ubu auquel il m'a fait penser. Car si chez Beckett il n'y a pas vraiment de réponses aux questions, ici il y en a toujours mais elles sont incohérentes et incompréhensibles, décalées et hilarantes. le Colonel, c'est le docteur Folamour, heureusement il n'a pas la bombe atomique.
C'est évidemment une sorte de pamphlet anti guerre où la rivalité des généraux entre eux met en danger toute l'escadrille, par chance les aviateurs ne pensent qu'à rester au sol ou rentrer à la maison.
Un livre inoubliable. Il semble y avoir une suite Catch 23.
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Ce livre, je ne m'en remets pas. Acheté au hasard avant un long voyage en train, il m'a accompagné des semaines durant. Des semaines durant lesquelles j'étais incapable de le lâcher. Revenant parfois sur les pages que j'avais lues, relisant des passages et me délectant de la plume incroyable de l'auteur (lu en français la première fois). La traduction est formidable, le prologue est à lire afin de comprendre le génial travail du traducteur.
Le livre parfois fait rire à haute voix, d'autres fois, on est glacé par la réalité brutale qu'il nous propose. Tout est calibré.
Les personnages sont incroyablement riches. L'enchevêtrement aléatoire des chapitres demande une certaine concentration mais la lecture n'en est que plus jouissive.
C'est une oeuvre incroyable difficile à critiquer tant elle m'a retournée. Une écriture que je n'avais jamais vue avant tant il se fiche des règles classiques.
Ce livre a plus de 50 ans et pourtant, dans le fond reste toujours aussi actuel.
Une oeuvre d'art qu'il faudrait mettre entre toutes les mains.
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excellent livre . un livre dans le quelle on s'ennuie jamais , jusqu'à la fin . l'auteur a tenté de faire passer un message au lecteur de ca facon . facon humoristique
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Pour apprécier Catch 22 comme il se doit, vous devez absolument arriver à oublier l'idée qu'un roman doit obligatoirement présenter une sorte de linéarité ou obéir à une chronologie. Catch 22 se fout bien d'une telle idée. Aucun roman, ni avant ni depuis, ne s'est d'ailleurs jamais autant foutu d'une telle idée.

Le roman le plus férocement drôle et le plus génialement absurde du 20ème siècle. C'est un sommet, un pic, un point culminant. Dans le style, personne ne fera jamais mieux. Croyez-moi sur parole : je l'ai lu une dizaine de fois !

Traduction magistrale de Brice Mathieussent.
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Une aventure hilarante, la dernière fois que j'avais autant ri, c'était en lisant L'Abattoir 5, l'autre grand roman anti-guerre américain. Heller fait la guerre paraitre si absurde, une imposture de grande ampleur. En dépit de toutes les scènes à pouffer de rire, cela va mal tourner comme on peut le deviner. C'est assez flippant de voir à quel point les personnages deviennent les pions d'une administration inhumaine, à la merci de leurs supérieurs vaniteux. Une critique acerbe de la frénésie belliqueuse des Etats-Unis pendant la 2nde guerre mondiale, une folie qui sera confirmée quelques années plus tard avec le Vietnam.

Un peu moins philosophique mais aussi puissant et inspirant que l'Abattoir 5 de Vonnegut. Recommandé fortement!
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Un livre que j'ai découvert tout à fait par hasard sur un un forum de lutte ouvrière ou de la LCR (je ne sais même pas comment j'étais arrivé là!). C'est sans doute le destin et c'était parfaitement adapté à cette oeuvre.
Un roman me semble t il assez méconnu chez nous (ils sont allés le chercher en réserve à ma bibliothèque!) alors qu'il s'agit d'un must. le titre est même devenu une expression courante aux US devant une situation absurde et contradictoire. A tout ceux qui n'aiment pas la guerre (et/ou pas les US comme sans doute les camarades de mon forum!), qui aiment l'absurde, l'ironie et se marrer je conseille très vivement.
Attention vous aurez l'air très stupide à vous poiler sur la plage toutes les 2 minutes!!!
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