J'ai lu Dune, de
Frank Herbert. C'est un chef d'oeuvre de la science fiction selon 99,9% de ce que j'ai pu lire et entendre. Cette lecture m'aura renvoyé encore à ma non conformité au genre humain. Car là où tout le monde est en adoration sectaire devant l'Oeuvre, moi j'essayais de comprendre ce que je lisais. J'avais l'impression de lire un livre en langue étrangère sans dictionnaire tout en essayant de comprendre pourquoi il y avait des passages qui me rappelaient vaguement quelque chose. Lire Dune, c'est frustrant, c'est pénible, c'est même chiant. Ça en devient même humiliant quand on voit des gens en parler en termes tellement élogieux qu'on se demande si on a lu le même livre ou si on doit remettre en question notre niveau intellectuel pour l'abaisser à celui d'une huître islandaise. Et puis ça devient un peu drôle quand, en discutant, tu te rend compte que les Élogieux n'ont pas tellement mieux compris l'histoire que toi, voire même qu'ils ont même rien compris du tout, mais l'art de frimer ne connaît aucune limite.
Dune, c'est un univers organique et écologique qui mêle une quête initiatique, du mystique, du religieux, de la stratégie politique, des manigances et manipulations, de la traitrise.
Si l'univers m'a conquis, en particulier l'aspect écologique et le peuple des fremen, tout le reste a plombé ma lecture. Je n'ai pas compris les motivations et les ambitions de la plupart des personnages, c'est clairement ce qui m'a rendu le plus zinzin. La narration est lente et particulière. le lecteur est omniscient et connaît les pensées de tous les personnages dans un même chapitre, cela ajoute à la confusion et à l'opacité de l'histoire. On ne comprend pas qui fait quoi, pourquoi, pour quel projet et comment. C'est à en devenir dingue. Par contre, les moments qui auraient pu amener du rythme et de l'action dans le récit tombent souvent dans une ellipse narrative très dommageable.
De ce fait, difficile de s'attacher aux personnages. La quête initiatique de Paul est intéressante et soulève des questions intéressantes (sur son statut de kwisatz haderach messianique mais un peu gris, sur le lien entre politique et religion, sur ses visions terrifiantes de son avenir), mais c'est amené de manière maladroite et inégale, donc on y croit pas. J'y ai vu un mec sous LSD permanent qui au fur et à mesure semble avoir un dédoublement de personnalité (Paul/Muadib) où chaque partie de lui a envie de choses différentes, sans qu'on comprenne vraiment quoi bien sûr sinon ce serait so easy.
Le meilleur moment dans tout le récit, restera ce moment où un fremen crache un molard devant le Duc et qu'on comprend que ceci est un immense signe de respect sur cette planète sans eau.
Tout ça pose quand même la question de : « quand on raconte une histoire, doit elle être accessible à tous ou doit elle être rédigée de manière si complexe que seule une élite d'initiés peut y accéder ? (et certains font croire de faire partie de l'élite en mode mythomane gratuit). » vous avez 4H.
A titre personnel, même si tout le monde se fiche de mon avis, dès l'instant où j'ai l'impression d'avoir besoin d'un dictionnaire de l'auteur pour comprendre son histoire, il y a un problème dans l'écriture. Sauf si c'est volontaire de l'auteur, d'écrire son histoire en mode opaque. Mais alors si c'est le cas, je ne comprend pas le projet, car quitte à raconter une histoire, autant que l'histoire soit comprise et que ce soit un moment agréable pour le lecteur. Mais c'est là probablement mon mental analytique/explicatif en surpuissance qui souffre. Les autres semblent apprécier ne pas comprendre. En tout cas,
Tolkien ne m'a pas fait cet effet là et c'est tant mieux, j'ai un cerveau tolkienien.