"Ma fille", me dis-je un matin de juin (je cherchais désespérément un machin à lire)... Donc : "Ma fille, il est grand temps de combler une des pires lacunes de ta carrière de lectrice. le jour est arrivé où tu vas lire le premier tome de Dune (et pour les autres, on verra)." Et voilà comment je me suis lamentablement traînée trois semaines durant pour parfaire ma culture avec un pavé de 800 pages qui pourrait n'en contenir que 300 - il est possible que j'exagère. L'option contraire est cependant à envisager.
Est-ce que je vous fais l'injure de donner un vague résumé de ce roman ? Allez, oui, vous pourriez apprendre énormément de choses. Par conséquent, tenez-vous bien : Dune repose sur une histoire de complots politiques et d'affrontements entre plusieurs peuples sur une planète hostile à la vie humaine, tellement l'eau y est rare. Voilà, vous savez tout ce qu'il y a à savoir.
Vous êtes déçus ? Eh ben moi aussi, figurez-vous ! Quoi, c'est ce truc chiant à mourir qu'on m'a vendu comme un chef-d'oeuvre de la littérature de science-fiction, et de la littérature tout court ??? Que... ? Mais... ? Enfin... ? Comment... ? (Les mots me manquent)
Je passe outre ma sensation de déjà-vu, déjà-lu, parce que le roman date de 1965 et que... Oui mais non. Les histoires de complot politiques en SF, ou pas en SF, ça existait avant Dune. D'ailleurs la SF a bon dos. Elle est bien pratique pour faire voyager des personnages de planète en planète, ou pour inventer des armes, ou pour expliquer comment on arrive à exploiter la ressource essentielle de la planète, mais bon, on ne peut pas dire que ce soit très travaillé. Ça ressemble beaucoup plus à de la fantasy qu'à de la SF. Pourquoi pas, mais du coup, présenter Dune comme un parangon de la SF, je trouve ça un tantinet exagéré.
Et puis pourquoi 800 pages si on ne s'encombre pas de la moindre explication sur l'univers du roman ? Je m'explique : certes, on nous répète à l'envi qu'Arrakis (ah oui, parce que la planète ne s'appelle pas du tout Dune, en fait. le terme Dune apparaît deux ou trois fois maximum) est une planète où il fait très très chaud, où l'eau est très très rare, mais on ne sait absolument rien du contexte. Un empire. Ah bon ? Mais qui fonctionne comment ? On sait pas. On nous balance un empereur, une espèce de régime féodal, et c'est tout. Oui, mais là, j'ai envie de savoir combien il y a de planètes dans cet empire, par exemple. On sait pas. En 800 pages, Herbert n'a pas trouvé moyen de nous filer l'information (même une approximation m'aurait suffi, je ne suis pas bien difficile pour ce genre de choses).
Après, on ira m'expliquer pourquoi on a choisi une planète hostile à l'humain au possible pour y construire des cités humaines. On va me répondre : "L'épice, pauvre idiote !" Oui, bon ben j'avais compris que l'épice (c'est la grande ressource dont j'ai parlé plus haut) était importante pour l'empire, mais ça ne répond pas du tout à mes interrogations. La planète étant ce qu'elle est, la logique eût voulu que l'on construise quelque chose comme des bases, avec un personnel réduit (vu qu'on a à disposition une technologie hyper avancée, hein) pour extraire l'épice. Pas qu'on se mette à construire des villes et des palais !!! Hein ! Quand même !
Bref. Beaucoup de bavardage, une espèce de religion (qui sert aux complots politiques), une espèce de pseudo-mysticisme qui n'a rien de bien intéressant, des gens qui se massacrent les uns les autres, et beaucoup de répétitions du style "Je vois une infinité de possibles dans l'avenir mais le présent reste flou" (ça, c'est pour le héros), "L'eau est une denrée précieuse sur Arrakis" (merci, on n'avait pas compris). 800 pages pour ça, c'est de l'abus ! Notez que
Frank Herbert a eu besoin d'appendices pour mieux expliquer le monde de Dune (non, non, 800 pages ne lui ont pas suffi), appendices dans lesquels on n'apprend pas grand-chose et qui ne nous avancent pas plus (de toute façon, les appendices, dans les romans, c'est chiant).
Imposture ! Imposture ! Imposture !!! Et la traduction est pourrie, avec tout plein de fautes, en plus !!!
Sinon, bah... ça se lit, quoi. Voilà.