Lorsque l'on quitte l'aéroport Suvarnabhumi de Bangkok et que l'on se dirige vers le centre ville, on peut voir de larges panneaux à l'attention des touristes, précisant que le bouddhisme n'est pas n'importe quoi et que le Bouddha n'est pas juste une décoration comme on le voit régulièrement dans les foyers occidentaux. Ce précieux rappel est utile pour pouvoir aborder les lieux bouddhiques saints, avec un minimum de respect. Car Siddharta Gautama mérite le respect. Sans être Dieu, tout au long de sa vie, il a cherché à comprendre et supprimer la souffrance des hommes. C'est ce que
José Frèches nous explique dans ce livre, très accessible. On y suit Siddharta, issu de la caste des guerriers, enfant puis adolescent vivant dans le luxe, découvrant la misère du monde que son père essayait de lui cacher. Dès ce jour il n'aura de cesse de découvrir ce qu'il appelle la « Vérité » sur l'existence du vivant, dut-il pour cela désobéir à son père et s'en aller avec son cousin sur les routes à la rencontre des gens. Il n'hésitera pas à remettre en question la notion de castes et les croyances hindouistes héritées du védisme, stipulant que tout le monde devait rester à la place sociale de sa naissance. Notre salut dépend de chacun de nous, de notre rapport avec les autres et l'univers, d'une pratique méditative et d'un mode vie frugal, et non pas d'un Dieu transcendant.
C'est donc une véritable révolution sociale que Siddharta va entraîner. On suit ce parcours avec un réel intérêt. Les chapitres sont courts, correspondant souvent au développement d'une idée précise du parcours physique ou spirituel de Siddharta. La description de l'Inde du 6ème siècle avant J.-C. semble également très réaliste. Et peu glorieuse ! Hormis quelques possédants détenant tous les pouvoirs et toutes les richesses, on a l'impression qu'une majorité de pauvres hères se débrouillent comme ils peuvent pour ne pas mourir de faim. le décor est planté !
J'ai souvent fait la comparaison avec le parcours de Jésus. Je vois de nombreux parallèles entre les deux personnages, si ce n'est que Jésus se considère l'incarnation de Dieu. Mais pour le reste, la pensée de base, atténuer la souffrance humaine, me paraît semblable. Les deux hommes prônent l'amour du prochain. C'est aussi un parcours initiatique puisque l'enfant Siddharta va finalement trouver sa « voie » et la transmettre à l'humanité. J'imagine bien un enfant lire ce livre avec intérêt.
Pour ma part, j'essayais d'imaginer comment de nos jours, Bouddha aurait fait. On a l'image de Gandhi plus proche de nous. Mais j'imagine mal un homme ou une femme, errant, sans être apparenté à un clochard, mendiant à travers les routes de France à la recherche de la « Vérité ».
Pourtant notre époque à plus que besoin de ces gens qui nous proposent des voies de salut, pour répondre au mal-être de notre époque.