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4,1

sur 1243 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mai 1954. La Cour Suprême des États-Unis prend l'une des décisions les plus importantes en matière de ségrégation raciale, la rendant inconstitutionnelle dans les écoles publiques. La doctrine, vieille de quatre-vingts ans, "séparée mais égaux" n'a plus lieu d'être et les Noirs pourront bénéficier du même enseignement que les Blancs.
Été 1957, le prestigieux et renommé Lycée Central de Little Rock, dans l'Arkansas, un état du Sud bien que de tradition ségrégationniste, va accueillir dans ses murs neuf lycéens noirs. Neuf lycéens noirs, triés sur le volet, parmi deux mille cinq cents Blancs. Parmi eux, la jeune Molly, âgée de 15 ans, qui s'était portée volontaire dès 1954. Mais, en cette fin de mois d'août, la jeune fille, à la fois impatiente et anxieuse, n'arrivait toujours pas à y croire. Cela allait-il vraiment arriver ?

Ernest Green, Elizabeth Eckford, Jefferson Thomas, Terrence Roberts, Carlotta Walls, Minnijean Brown, Gloria Ray, Thelma Mothershed et Melba Pattillo, neuf noms qui allaient à jamais marquer l'histoire des États-Unis. Neuf enfants noirs parmi tous ces Blancs. Des Noirs humiliés, maltraités, harcelés par tous ces Blancs hostiles, haineux et malveillants. Des Blancs qui n'acceptèrent pas cette nouvelle loi.
L'on suit le personnage de Molly Costello, inspiré de Melba Patillo, une jeune fille qui endura pendant toute une année scolaire les coups, les agressions et les insultes. Une jeune fille courageuse, symbole d'une nouvelle génération, qui croit et espère encore à l'intégration des Noirs. Annelise Heurtier nous plonge dans cette Amérique ségrégationniste et nous offre une marquante page d'histoire. Ce roman jeunesse, intelligent et instructif, met brillamment en parallèle la vie de Molly et celle de Grace, une Blanche issue de la bourgeoisie. Une Blanche et une Noire que seule la couleur de peau oppose. Une différence primordiale dans cette Amérique. Les mêmes rêves pour un destin dissemblable. L'auteur traite cet épisode historique particulièrement marquant de manière subtile, efficace et ingénieuse.
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Un gros coup de coeur pour cette histoire inspirée de faits réels. Nous sommes plongés à la fin des années 50 dans une Amérique encore très conservatrice : Arkansas en 1957. Nous suivons deux jeunes filles juste avant leurs 16 ans : Molly et Grace. Un loi vient d'être promulguée : la fin de la ségrégation dans les lycées. Neuf adolescents noirs dont Molly se portent volontaires pour tenter l'expérience. En parallèle, Grace, blanche de peau, mène sa vie sans soucis entre ses amis, les robes, les bals, les premiers amours et ses idoles telles qu'Elvis Presley.

L'expérience va s'avérer très difficile même violente pour les neufs adolescents noirs : ils sont plongés au beau milieu de deux mille cinq cent lycéens blancs qui leurs sont farouchement hostiles : les insultes, les humiliations et les coups fusent et deviennent le lot quotidien de ces neufs malheureux que rien ni personne n'épargne. Leur intégration est d'autant plus cruelle qu'ils sont dispersés dans différentes classes et se retrouvent seuls contre tous.

Le contraste entre l'univers de Molly et celui de Grace nous frappe en plein coeur dès le début.
Grace mène une existence insouciante où ses seules décisions à prendre sont quelle couleur pour sa robe, comment se coiffer, quelle attitude adopter pour que Sherwood la remarque enfin et l'invite au bal de fin d'année. Cependant cette frivolité va vite quitter Grace quand elle va se rendre compte qu'elle adhère de moins en moins aux thèses ségrégationnistes de ses amis dont elle soupçonne certains d'appartenir au Ku Klux Klan.
Le quotidien de Molly est beaucoup plus compliqué et même parfois douloureux : entre l'épicier qui lui répond qu'il n'a plus de lait à lui vendre alors que son étalage en est plein, le Ku Klux Klan qui enflamme une croix dans son jardin, les coups et les blagues barbares dont elle est victime au lycée, la douce Molly n'est pas épargnée par la vie. Pourtant elle est courageuse et ne perd pas espoir face aux actes inhumains et violents des blancs.

Ce livre est une véritable ode à la tolérance, c'est ce terme qui me vient à l'esprit à la fin de ma lecture. Malgré ses passages parfois très durs où l'auteur parvient à retranscrire la brutalité dont peuvent faire preuve les blancs et l'atmosphère effrayante de cette période houleuse de l'histoire de l'Amérique. A cette époque les noirs étaient appelés nègres, ils étaient tenus d'utiliser des toilettes, des restaurants, des cinémas séparés, les rumeurs disaient qu'ils transmettaient des maladies c'est entre autre pour cette raison que les piscines ne leur étaient ouvertes que la veille du nettoyage.
J'aime à croire que ces idéologies sont loin derrière nous malheureusement la proéminence de certains partis politiques prouve le contraire. Comme Annelise Heurtier le dit si bien : "La stupidité est la chose la mieux partagée au monde"
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Septembre 1957. le prestigieux Lycée Central de Little Rock ouvre ses portes à neuf adolescents noirs, neuf volontaires attendus de pied ferme par deux mille cinq cents blancs bien décidés à empêcher cette intégration que la loi leur impose. Ernest Green, Élizabeth Eckford, Jefferson Thomas, Terrence Roberts, Carlotta Walls, Minnijean Brown, Gloria Ray, Thelma Mothershed et Melba Pattillo entrent dans L Histoire sous les cris et les insultes de leurs camarades de classe, de la Ligue des mères blanches, le Klan et des milliers de blancs qui refusent de partager leurs privilèges.
Sous la plume d'Annelise HEURTIER, Melba Patillo devient Molly Costello, une adolescente noire de 15 ans qui rêve juste d'un lycée avec plus de moyens. Quand elle se porte volontaire pour intégrer le Lycée Central, elle est loin de se douter du rejet dont elle va être la victime, parmi les blancs, mais aussi parmi la communauté noire qui craint les émeutes et les représailles. Soutenue par sa mère et sa grand-mère, Molly entame une année éprouvante, insultée, humiliée, menacée, ne se déplaçant que sous la garde d'un soldat chargé de la protéger. Et pendant qu'elle essaie de suivre les cours, isolée, solitaire, la haine ne recule pas. La seule lueur d'espoir viendra de Grace Anderson, la belle et blonde reine du lycée. Touchée par la détresse de Molly, Grace va remettre en question ses certitudes et faire un pas vers la compréhension et l'acceptation.

De la littérature jeunesse de qualité grâce à une histoire forte, émouvante et qui fait réfléchir. Au-delà de des faits historiques, Annelise HEURTIER touche au fondement du racisme : la méconnaissance qui engendre la peur et le rejet. ''Égaux mais séparés'', noirs et blancs vivent dans deux mondes différents et pourtant rien ne les différencie si ce n'est la couleur de leur peau. Molly et Grace ont les mêmes rêves, les mêmes aspirations. Elles veulent réussir leurs études, avoir un petit ami et faire de leur ''sweet sixteen'' une fête inoubliable. Ensemble, elles vont écrire une page de l'histoire des Etats-Unis. Mais tout reste à faire. Il faudra encore de nombreuses années pour que noirs et blancs fréquentent le même lycée sans manifestations hostiles.
Un très bon livre qui trouve un écho dans l'actualité d'un pays qui n'a toujours pas réglé ses problèmes de racisme. Obama est à la Maison blanche mais les noirs font toujours partie des catégories les plus défavorisées, les ghettos existent toujours et, trop souvent, les policiers blancs abattent des noirs lors d'interpellations trop musclées...Un livre à faire lire et à offrir autour de soi.
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En 1957, Elvis Presley est très mal vu dans les bonnes familles américaines, les demoiselles se pâment à la seule vue de son déhanchement lascif. Il est « capable de provoquer des évanouissements rien qu'en ondulant les doigts »... Ça peut surprendre quand on n'a connu que sa version bouffie des années 70...
Cette année-là, dans l'Arkansas, la ségrégation est toujours en vigueur. Suspectés de véhiculer des maladies, les Noirs n'utilisent pas les mêmes toilettes que les Blancs, ils ne sont tolérés dans les piscines que les veilles de nettoyage. Bizarre : on les trouve quand même suffisamment propres pour faire le ménage, la cuisine et s'occuper des enfants...
Little Rock est alors une petite ville paisible, jusqu'à ce que la Cour suprême des Etats-Unis décide d'expérimenter l'enseignement mixte dans son Lycée central. Dans un premier temps, neuf adolescents noirs doivent y être 'accueillis' parmi 2 500 blancs. le cauchemar commence avant même la rentrée de septembre : les neuf volontaires et leurs familles sont victimes de menaces de la part de Blancs opposés à ce mélange, et même leurs proches noirs sont tentés de les dissuader de participer à l'aventure, par crainte de représailles.

Pour écrire ce roman, Annelise Heurtier s'est inspirée du témoignage de Melba Pattillo, l'une de ces étudiants noirs. A travers le personnage romancé de Molly, on assiste, incrédule et bouleversé, à l'enfer que cette jeune afro-américaine a subi pendant toute une année scolaire. Les faits sont d'une violence inouïe, aussi bien verbale, morale, que physique. Un tel déferlement collectif de haine et de brutalité paraît inimaginable, et pourtant... l'actualité montre qu'on n'en est jamais loin, dans une société.

A lire, et à faire lire dès 14-15 ans, pour la page d'Histoire, mais aussi pour ce genre de message d'espoir :
« La Blanche lui avait souri, désolée de ce qui était arrivé. Dans son regard, Molly n'avait lu aucun calcul, aucune animosité. Elles avaient échangé quelques mots, d'égale à égale. de crainte de paraître ridicule, Molly n'avait pas osé lui dire à quel point ce simple fait lui donnait envie d'avancer. »

Bravo à l'auteur, Annelise Heurtier, qui sait sensibiliser les lecteurs de tous âges à des sujets de société, de manière simple, enrichissante et percutante (cf. aussi 'Refuges', sur l'immigration clandestine).

♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=V-hXzQE7-LY
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Je connaissais sweet sixteen, de Billy Idol.
Je découvre celui d'Annelise Heurtier, inspiré de faits réels.
C'est pas pour dire, Billy, mais niveau ambianceur, tu te poses bien plus là.

Aaaah l'Amérique.
Le sud, plus précisément. Pas celui de Nino, non. Celui apparenté à la culture d'un racisme violent et assumé qui aura fait ses preuves tout au long de l'histoire états-unienne.
Nouveau lamentable fait d'armes avec cette rentrée scolaire mémorable de 1958 sise dans le plus prestigieux lycée d'Arkansas.

On y est.
La mixité est décrétée.
Blancs et noirs partageront désormais les mêmes bancs d'école.
Mais il est évident que pour certains, ce sera un p'tit plus délicat d'appréhender cette nouvelle année scolaire.
Notamment pour ces neuf noirs devant faire face aux 2500 blancs plus que réticents à l'idée de devoir partager leur quatre heures à moteur.

Par le prisme de deux étudiantes emblématiques, Molly et Grace, Annelise Heurtier dissèque tragiquement le processus de non-intégration initialement promis à ces neufs aventuriers de l'extrême.
D'autant plus tragique qu'elle focalise sur les agissements d'une jeunesse censée être porteuse d'espoir alors qu'elle ne fit que recracher furieusement une haine ancestrale et familiale savamment entretenue.

Naît-on raciste ?
Je ne le pense pas.
On le devient à force d'inéducation forcenée, de peur irraisonnée et de bêtise fortement ancrée dans l'ADN parental.

Sweet sixteen est un cri.
Un hurlement de terreur journalière et de souffrance récurrente subie par des êtres qui n'aspiraient qu'à une seule chose, la reconnaissance de ce qu'ils sont et non de ce qu'ils incarnent au nom d'une bien triste et sanglante Histoire.

Si les lueurs d'espoir existent, elles demeurent bien fluettes mais suffisamment ténues pour nourrir la vision certainement idyllique d'un monde bien plus équitable.

Il semblerait que les agissements de certaines forces de l'ordre envers la communauté noire tendraient, aujourd'hui, à faire sortir les mouchoirs plutôt que les cotillons.
Long is the road...

Édifiant...
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Comment dire ? Comment décrire ce que je ressens ?
Les mots s'emmêlent dans mon esprit.

Ce roman, qui se passe dans les années 50, est à la fois un témoignage, un documentaire et une fiction. D'habitude, je ne lis pas ce genre de livres, par manque d'intérêt pour la chose. Eh bien, je peux vous dire que je suis bien contente d'avoir lu celui-ci ! Il est révoltant. En sortant de ma lecture, mon cerveau est encore en ébullition : comment ÇA a pu se passer ? Mais merde quoi ! C'est horrible ! Traiter des êtres humains de la sorte... pire que des animaux... « La stupidité était la chose la mieux partagée au monde ». Cela n'a jamais été aussi vrai.

En fait, Sweet sixteen nous bouscule. Il nous fait voir la violence des gens dans ces années-là, il nous montre jusqu'où ils pouvaient aller. Que oui, ça a bien existé. Ainsi que la terrible, terrible injustice qui régnait entre noirs et blancs. Et quand on pense que maintenant, un président noir est à la tête des Etats-Unis... Je ne cesserai d'admirer le courage qu'on eu ces neuf étudiants.

Cette histoire peut être destinée à des adolescents, aussi bien qu'à des adultes. Vous lirez cela sans problème. le côté fictif de ce témoignage plaira à tous. Sweet sixteen est comme un cours d'histoire : il nous apprend notre passé commun sur une courte période (ici, une année), alors même que nous savons ce qui s'est passé par la suite. N'oublions pas : ce sont ces "petits" événements, tels Rosa Parks ou l'obstination du président Eisenhower, qui permirent, lentement mais sûrement, une révolution noire de monde.

Ce livre est court, il va droit au but. Pas de détails inutiles. On sent que l'auteure reste neutre, pour nous permettre de forger nos propres avis et questionnements. D'où tout le pouvoir d'Annelise Heurtier : du début à la fin, elle nous tient. du premier au dernier mot, je n'ai eu cesse de me demander : "Et moi qu'est-ce que j'aurais fait à la place des blancs ?". Telle est la question. Je suis révoltée, révoltée, révoltée par rapport à cette haine envers les noirs, ces nombreuses balivernes proférées pour les isoler. Mais ça, c'est maintenant, au troisième millénaire. Il y a seulement 50 ans, comment aurais-je réagi ? Les enfants sont nés avec cette idéologie-là : les noirs puent, les noirs sont dangereux, les noirs sont inférieurs. Comment ne pas penser comme ses prédécesseurs lorsqu'on nous inculque cela dès notre plus jeune âge ? Dans Sweet sixteen, Brook en est l'exemple parfait : sa mère est à la tête de la Ligue des mères blanches (quel nom, mon dieu !). Bien évidemment, Brook milite à l'école en distribuant des tracts pour "dégager les noirs du lycée", en participant aux fréquentes réunions de sa mère, en parlant de sa domestique noire, Martha, comme à un chien : « Ça lui donnera l'occasion de bouger son gros derrière ! ». Elle, elle a l'impression de se battre pour la juste cause. Nous, on n'a qu'une envie : frapper sa petite face de blanche (et pourtant je suis blanche, attention).
Alors, qui a raison ? Qu'auriez-vous fait à la place des blancs à cette époque ? Et des noirs ? Heureusement que depuis, les choses ont largement bougé (mais malencontreusement pas assez).


Ce roman est A LIRE, car il présente de nombreux enjeux, aussi bien culturels que littéraires. J'espère vous avoir convaincu...



~ Ecrit par une (petite) fille de 15 ans qui a son propre avis.
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1954 la ségrégation raciale dans les écoles publiques est interdite. Molly, jeune noire de quinze ans se porte volontaire pour intégrer un prestigieux lycée. "L'intégration" a lieue trois ans après. Neuf adolescents noirs au milieu de deux mille cinq cents blancs. le récit à deux voix alterne la vision d'une jeune fille blanche modérée avec celle de Molly. On cherchera en vain un quelconque héros. C'est l'Histoire qui se dessine à travers les petits événements. On ressent la peur, le poids des traditions mais aussi les changements en marche.

Les phrases sont courtes, les mots simples pour permettre à tous les lecteurs de partager ce grand moment de la lutte contre les inégalités et les discriminations. Les personnages sont nuancés. Un livre afin de ne pas oublier nos luttes.

Lien : http://0z.fr/hV9KF
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Sweet Sixteen nous a révélé une page bouleversante de l'histoire du mouvement afro-américain des droits civiques : le violent bras de force déclenché par l'arrêt de la court suprême mettant légalement fin à la ségrégation raciale dans les écoles publiques américaines, suite auquel en 1957, neuf élèves noirs s'inscrivirent dans le lycée le plus prestigieux de Little Rock, jusque-là réservé aux Blancs. Neuf adolescents qui rêvaient d'une éducation digne de ce nom et d'égalité. C'était sans compter l'hostilité des 2500 autres élèves – et la violence des manifestations racistes qui embrasèrent toute la ville…

Annelise Heurtier s'inspire de ces faits réels pour écrire un roman restituant l'année terrible des Little Rock Nine, auxquels nulle vexation, humiliation ou intimidation n'est épargnée. Une chronique glaçante et captivante, que mon fils de bientôt 11 ans, puis moi, avons lue chacun d'une traite. La narration, directe et sensible, confronte deux points de vue : celui de Molly Costello, l'une des "neuf", et celui de Grace Sanders, jeune fille de bonne famille qui se retrouve dans la même classe. La ségrégation les sépare comme un fossé insurmontable, mais l'une comme l'autre voit l'année qui devait être celle de ses "sweet sixteen" complètement bouleversée...

Ce livre, très proche des faits, contribue à entretenir la mémoire d'événements historiques insuffisamment connus hors des frontières étasuniennes. Mais surtout, il nous parle, de façon très inspirante, du courage immense de celles et ceux qui agissent en pionniers de la conquête de nouveaux droits, qui s'exposent en première ligne pour permettre à d'autres d'être acceptés, respectés et éduqués. On ne peut qu'être saisi par la volonté sans faille de ces neuf adolescents aux prises avec une foule forcenée – et que le président Eisenhower dut finalement faire protéger par des soldats. La perspective de Grace qui vit tout cela à hauteur d'adolescente soucieuse d'appartenir au groupe, est très intéressante également. Elle donne à voir toute la difficulté de faire évoluer les esprits, même lorsqu'on a la loi de son côté. Mais elle montre aussi comment, pas à pas, les luttes émancipatrices peuvent faire bouger les lignes, y compris dans un contexte où l'obscurantisme règne en maître.

Une lecture interpellante qui offre un excellent exemple des pouvoirs de la littérature qui croise les regards et ouvre des fenêtres sur le monde et l'Histoire.

PS: Anecdote : le contrebassiste de jazz Charles Mingus composa « Fables of Faubus » pour protester contre le gouverneur de l'Arkansas, Orval Faubus, qui envoya la garde nationale pour empêcher les neuf de Little Rock d'accéder au lycée de Little Rock. Voici les paroles (refusées par Columbia Records qui enregistra une version instrumentale) :

Oh, Lord, don't let 'em shoot us!
Oh, Lord, don't let 'em stab us!
Oh, Lord, no more swastikas!
Oh, Lord, no more Ku Klux Klan!

Name me someone who's ridiculous, Dannie.
Governor Faubus!
Why is he so sick and ridiculous?
He won't permit integrated schools.
Then he's a fool! Boo! Nazi fascist supremists!
Boo! Ku Klux Klan (with your Jim Crow plan).

Name me a handful that's ridiculous, Dannie Richmond.
Faubus, Rockefeller, Eisenhower.
Why are they so sick and ridiculous?

Two, four, six, eight:
They brainwash and teach you hate.
H-E-L-L-O, Hello.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Livre acheté via un groupe Fb en 2018. En attendant le démarrage d'une LC, j'enchaîne différents petits romans dont celui-ci que je veux lire depuis un petit moment. Comme d'habitude, je ne me souviens pas du résumé, je croyais que c'était du fantastique mais la couverture éclaire vite sur son contenu. Ce n'est pas forcément mon thème préféré mais le bouquin ne faisant que 220p, il sera de toute façon vite lu.

Ce roman est tiré de faits réels se déroulant en 1957 où de jeunes noirs vont intégrer une école pour blancs. La Cour Suprême a décidé que la ségrégation raciale devait s'arrêter mais le Ku Klux Klan et d'autres associations des États du Sud ne sont pas du tout d'accord. Elles vont le faire savoir de bien des manières. Les neuf jeunes sélectionnés vont en voir de toutes les couleurs. Cette partie de l'histoire m'a d'ailleurs fait froid dans le dos… L'auteur a créé son histoire autour de deux personnages : Grace, une lycéenne blanche, et Molly, une jeune fille noire. Elle alterne ainsi leurs deux points de vue au fil du récit et des différents évènements suivant cette intégration chaotique. Heureusement qu'il s'agit d'un roman jeunesse car je pense que la biographie réelle d'un des neuf Noirs devait être bien plus crue et bouleversante. Pour ma part, ce roman me prend quand même aux tripes et je me dis que je n'aurais pas aimé vivre à cette période-là. Même les jeunes filles blanches étaient déjà prises pour des morceaux de viande par les beaux jeunes hommes… C'était pourtant aussi le temps de la révolution pour les femmes qui voulaient faire autre chose de leur vie que femme au foyer et mère porteuse.

Comme vous l'aurez compris, j'ai eu un coup de coeur pour ce beau roman, l'histoire est dure mais réelle et romancée. Ce qu'ils ont vécu a dû être bien pire et ils ont réussi à faire évoluer les mentalités d'une partie des USA qui les avait toujours pris pour des esclaves, des nègres (pour les auteurs) et des moins que rien. L'histoire est très bien racontée en peu de pages mais elles permettent de nous donner toute la mesure de la situation de l'époque avec leurs moeurs. Si vous êtes amateurs de romans tirés de faits réels, je vous conseille très fortement de découvrir celui-ci. Pour ma part, l'auteur a un style très agréable qui me donne envie d'en découvrir d'autres d'elle.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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N'ayant pas lu la 4e de couverture, je m'attendais à un joli petit roman sucré, fleurant l'amour et l'eau fraiche. Que nenni !!
J'étais été plongée dès les premières pages dans l'horreur du racisme, de la ségrégation, des insultes, des coups, des meurtres !

Nous sommes en 1957 à Little Rock, dans l'Arkansas malheureusement encore dominé par le Klu Klux Klan. Voulant faire preuve d'ouverture, la Cour suprême des Etats-Unis avait décidé en 1954 de mettre fin aux lois ségrégationnistes et de permettre aux élèves afro-américains d'étudier dans les mêmes lycées que les Blancs.
Après des années de démarches, 9 élèves noirs vont enfin intégrer le fameux lycée de Little Rock. Cela ne se fera pas sans mal – psychique et physique - , même l'armée devra intervenir tellement les émeutes empêchent littéralement cette arrivée.
Mais les difficultés ne s'arrêtent pas là…Les étudiants noirs subissent durant une année scolaire entière les pires sévices.

L'histoire réelle très légèrement romancée est vue alternativement par les yeux de deux jeunes filles, une Noire et une Blanche. J'aurais voulu que la psychologie soit un peu plus détaillée, mais le propos de l'auteure était plutôt d'exposer les faits bruts (que la majorité des adolescents ne connait pas).

Je referme ce roman, sidérée, complètement anéantie et révoltée par ce racisme. Evidemment, je connais le Klu Klux Klan, notamment à travers le film « Mississipi burning ». Mais ici, assister en direct au racisme adolescent m'a abasourdie et épouvantée. Non, ce n'est pas que l'affaire des adultes, mais des « sweet sixteen » aussi !
J'ajoute donc, de toute urgence, ce roman à la liste des livres au choix de mes élèves.
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