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EAN : 9782812622816
304 pages
Editions du Rouergue (05/01/2022)
4.35/5   17 notes
Résumé :
Ces récits de grossesse, émus, sensibles et bouleversants, nous rappellent que le corps dans lequel nous habitons et vivons le monde est un lieu aussi politique que poétique, et que les mutations qu'il vit, dont la grossesse n'est pas des moindres, méritent d'être saisies autant dans leur singularité que collectivement, en tant que fait culturel au carrefour de nombreux rapports de pouvoir.

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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Quel plaisir de lire un livre tel que celui-ci (magnifique couverture), écrit par une femme cultivée, au vocabulaire riche, ouverte d'esprit.
C'est enceinte de son premier enfant et tout en passant sa thèse de littérature jusqu'à sa troisième grossesse (à un âge où on doit passer un test pour le dépistage de pathologie enfantine qui peuvent justifier une IVG) que l'auteure se penche sur tous les mots (maux ?) de la femme (du couple) qui veut un enfant, du ventre vide au ventre plein, du ventre qui se vide au coeur qui se plaint, de la nouveauté à l'habitude, des avancées médicales en passant par la prise en charge, de la sexualité (future mère/femme désirante), de la place du père à la notion de bonne mère (?) : celle qui abandonne son enfant car elle ne peut ou ne veut pas l'assumer, pour devenir quelqu'un d'autre, qui préfère le confier à d'autre qu'elle, parfois le père, la famille, plutôt que de devenir maltraitante ? On sait qui est la mère et c'est elle qu'on blâmera, le père n'entrant pas toujours dans l'équation. Parentage (le fait d'être parent en dehors de toute structure homme/femme), privipiège de la maternité, du corps de la femme L'auteure se penche sur l'imagerie idéale de la religion : la vierge, Eve la pécheresse, les nanas de Niki de Saint Phalle. de l'insulte "Nique ta mère" à la maternité artistique, ce texte m'a interpellé, questionné. Je m'y suis reconnue. J'y ai retrouvé des textes que j'aime, des auteurs que j'apprécie, toute la complexité du corps d'une femme, de ce temps étrange qu'est la grossesse, de ces conséquences toujours à venir, du pouvoir de donner la vie, au risque de la perdre. Au moment même où certains états américains ferment la porte au droit à l'IVG (contrairement à ceux que peuvent penser certains, on ne s'y résout souvent qu'à contre-coeur et non les femmes ne pensent pas que c'est une méthode contraceptive), nous devons rester vigilante au sujet du contrôle de notre corps : avoir le choix. Quid d'une grève du ventre ?
Je ne rejoins pas l'auteure sur l'amour maternel, mais je respecte son point de vue : certaines femmes n'arrivent à se lier à leur enfant cf "We need to talk about Kevin" de Lionel Shriver par exemple et si malgré tout ce que vous lui avez inculqué votre enfant devient un monstre : l'aime-t-on toujours ? Un questionnement que j'aurais aimé aussi sur cet "amour maternel" qui comme tous les autres peut étouffer, être toxique, dévorant : "Périandre" Harold Cobert. A lire également d'autres textes sur le déni de grossesse et toutes les questions qu'ils posent sur le fait d'être ou non "enceinte".
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In Carna est d'abord un ouvrage original qui s'intéresse à la grossesse en tant qu'expérience politique, sociale et sociétale et comme ça fait du bien au pays des guides de pédagogie et d'éducation positive. Vous me direz qu'on ne vient pas y chercher la même chose et c'est tout à fait vrai mais tout de même, ça m'a fait du plaisir de lire autre chose sur la grossesse, l'arrivée de l'enfant... 

L'autre point qui m'a beaucoup plu est sans nul doute la qualité littéraire du texte. Caroline Hinault est aussi autrice de roman, et ça se sent à la lecture. A mi-chemin entre le carnet de bord et l'essai, on ne s'ennuie pas une seconde, le rythme est fluide et les notions, parfois complexes, ne sont jamais abordées de façon pompeuse ou indigeste. 

Ce qui me mène à la troisième grande force de ce récit : l'émotion. J'ai été touchée et même parfois émue aux larmes en lisant les mots de l'autrice. Je l'ai comprise et me suis sentie comprise. Dans ce livre, j'ai trouvé matière à débat et réflexion mais surtout du réconfort et des mots justes face à cet immense inconnu qu'est la grossesse. 

Un livre à mettre entre toutes les mains. Vraiment toutes les mains ! 
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Lors d'une présentation de Solak, son premier roman, l'autrice avait prévenu que « le suivant serait totalement différent« . de fait, In carna est le récit de ses grossesses et un ensemble de réflexions sur ce qui entoure la grossesse : l'attente du test positif, l'angoisse, le désir d'enfant et son anticipation, la transformation du corps, l'inconfort du corps habité par un autre, les examens qui le mettent à disposition du médecin la déflagration de l'accouchement, la joie.

Caroline Hinault précise qu'elle s'est intéressée aux récits de maternité lorsqu'elle a voulu devenir mère, qu'elle a découvert que cette expérience universelle a été peu racontée dans le détail et qu'elle a voulu partager l'intimité d'une maternité sans entrer dans son histoire personnelle.

Dans ce récit, elle évoque des sujets qui relèvent de la sociologie comme la place de la femme enceinte dans le couple et la société, de la psychologie, de la vie quotidienne, de la relation avec le foetus qui bouge, qui cogne, pose la question de « l'enfantement dans la douleur« ou pas quand la péridurale la masque sans anesthésier les sensations. Féministe, elle interroge la masculinité, la relation du couple, le regard posé sur la femme enceinte. Elle s'appuie sur son existence pour montrer que « la grossesse, d'une femme qui devient mère dans et par son corps, dans sa chair, in carna, […] est une expérience inédite d'addition identitaire, d'une femme ET d'une mère », une expérience d'une infinie complexité. Elle a parcouru la littérature sur le sujet, aussi bien les guides que les divers récits, analysé les expressions artistiques, examiné que qu'en disent la spiritualité et la religion, cité ses sources dans ce récit qui est aussi un essai.
In carna embrasse très largement le sujet de la grossesse et ses nombreuses facettes, ses joies, ses angoisses et ses souffrances, la responsabilité de procréer et de porter un enfant, de lui donner la vie. le récit est intime sans être voyeur. Écrit dans une très belle langue, avec rigueur et franchise, il intéressera toutes les lectrices et les hommes découvriront évidemment des aspects par eux inexplorables de la grossesse et de l'enfantement.
Autant je ne me suis pas émerveillé devant la couverture, autant le récit m'a émerveillé et passionné.
Lien : https://lecturesdereves.word..
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Quel magnifique ouvrage que ce livre que nous offre Caroline Hinault, véritable cadeau fait à notre humanité tout entière, femmes et hommes confondus. A la fois journal intime de ses grossesses, enquête et questionnements sociologiques et philosophiques, ce récit nous embarque dans la quête de ce que signifie être une femme, une épouse (ou non), choisir d'être une mère (ou non) dans notre société du XXIe siècle. le lecteur partage avec bonheur et émotion les joies, les orgasmes, les peines, les angoisses, et les peurs de cette femme à la recherche d'elle-même : percera-t-on ici le mystère de la mort et de la vie ? le seul regret en refermant ce livre bouleversant reste l'impensé de la femme qui n'a pas choisi d'être mère, ou le refuse, et rejette son enfant. L'amour inconditionnel de cette magnifique mère pour ses enfants ne lui permettait peut-être pas d'aborder ce sujet sombre et douloureux ici et maintenant. Bonne lecture !
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À la fois exploration de la maternité comme expérience du corps et comme expérience sociale, Caroline Hinault écrit avec "In carna" un récit dense et vraiment intéressant sur la grossesse. L'autrice développe à partir de sa propre expérience et de ses lectures sur le sujet un regard sur la maternité et sur tout ce qu'elle recouvre. de l'essentialisation à l'instrumentalisation du corps des femmes, elle livre une réflexion passionnante de bout en bout sans dépolitiser son propos. Avec une écriture travaillée, qui sonne juste et qui m'avait mis une première claque dans son roman noir "Solak", l'autrice choisit d'écrire par fragments ses pensées, ses recherches, ses réflexions. Elle va au-delà de sa propre expérience de la maternité en mettant en évidence des rapports de pouvoir, en rendant visibles des ambivalences. Que ce soit avant, pendant ou après la grossesse, on distingue des injonctions parfois contradictoires que la mère rencontre. La sphère intime n'est plus la seule en jeu et des questions plus politiques ou sociales traversent cette expérience. En société par exemple lorsque des conversations autour du sujet émergent, qu'il faut annoncer sa grossesse, discuter de sa vision du sujet, etc. "In carna" est le genre de bouquin que l'on a envie d'annoter tout au long de la lecture (et qui peut ouvrir des discussions autour de soi). Un gros coup de coeur.

extrait : "Chaleur de printemps. Verdict menstruel.
Elle y avait encore cru, la vieille oie blanche.
La tristesse lui a fondu dessus comme un vautour.
Accaparé par un film, Lui a bredouillé quelques mots pour dire qu'il était désolé.
Il était dans son film, Elle dans son corps.
La tension n'a fait que croître.
Elle lui en a soudain terriblement voulu de ce droit à l'insouciance pendant qu'Elle se coltinait, Elle, les montagnes russes de ce corps qui dit oui ou non à sa guise."
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
En tentant de prendre conscience de cette variété d’échelles que le cerveau humain, en tout cas le sien, peine à englober, Elle a songé à cette théorie selon laquelle tout serait déjà contenu dans un noyau originel, aussi bien cet embryon en Elle que ces galaxies dont aucun mot ne peut nommer l’éloignement. Tout cela ne ferait peut-être qu’un : ce ne serait pas l’univers en expansion qui contiendrait l’infinité de cellules du vivant mais peut-être que c’est la plus petite des cellules qui contient toutes les autres enchâssées, que l’univers est la plus inimaginable des mises en abyme possible où toutes différences et échelles s’anéantissent ou s’imbriquent les unes dans les autres dans une forme d’unité vitale et cosmique.
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Une chose la frappe dans cette peinture : Marie n’a pas son habituel visage empreint de générosité et de douceur mais baisse les yeux, le visage plutôt fermé. Certains commentateurs voient dans cette impassibilité un peu rêche la volonté du peintre de se démarquer de la tradition, en lui donnant davantage l’allure d’une paysanne. Mais Elle qui se trouve également en fin de grossesse, Elle devine. Marie est juste complètement crevée et, Christ ou pas Christ, exténuée par tant d’encombrements.
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Et si les hommes promènent depuis toujours leur désir sexuel comme un bon gros paquebot sur une gentille mer d’huile, sûrs d’être ramenés à bon port par des éléments bienveillants à l’égard de leurs pulsions, les femmes savent quant à elles qu’elles s’aventurent sur l’esquif de leur désir à leurs risques et périls, et qu’en cas d’avarie, on ne manquera pas de leur rappeler qu’elles se sont lancées de leur plein gré sur un océan qui pouvait à tout moment les engloutir.
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Ce lien qui devient réel pour qui veut bien le tendre et le maintenir, pour ces humains qui ont compris qu’être parent dépassait le cadre du ventre dans lequel l’enfant a crû, qui sont parents pas seulement parce qu’ils se réjouissent de voir leur progéniture grandir et leur descendance s’ériger, mais aussi parce qu’ils sont là à trois heures du matin quand il y a du vomi à nettoyer, des draps à changer, un chagrin à consoler.
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Elle hésite, beaucoup, et finalement le garde. Mais ce qu’elle veut, c’est ne pas accoucher. Elle ne veut pas, elle est terrifiée, sa peur est immense, son dégoût palpable.

Elle dit que pour elle, l’accouchement, c’est un peu un viol inversé.
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