Mon avis est discordant si j'en crois ce que je lis ou entends de-ci de-là sur "
Tout comme toi", car je n'ai pas guère aimé ce livre. Je ne connaissais pas
Nick Hornby, mais je ne vais pas enterrer trop vite cet auteur en affirmant que ce sera le premier et dernier livre que je lirai de lui.
L'action se déroule à Londres dans les mois précédents le référendum sur le Brexit en 2016. Lucy, une enseignante blanche de 42 ans opposée au Brexit et mère célibataire de deux enfants, trouve inopinément l'amour avec Joseph, un jeune homme noir de 22 ans plutôt favorable au Brexit, cumulant les petits boulots et rêvant de devenir DJ. "
Tout comme toi" suit les hauts et les bas de cette relation interraciale, interculturelle et intergénérationnelle dans un pays chaque semaine de plus en plus divisé.
Tout commence donc avec une alléchante histoire d'amour dans un schéma pourtant très classique pour une comédie romantique. Malgré l'intitulé du titre, tout différencie Lucy et Joseph, l'âge, la couleur de peau, les opinions politiques, tout les sépare et pourtant une mystérieuse attraction les réunit. Surpris de les voir tomber amoureux l'un de l'autre, j'étais curieux de découvrir comment cette relation allait évoluer. Des conflits légers maintiennent l'intérêt de l'histoire : dérapages des uns ou des autres et en particulier de Lucy qui étale quelques préjugés culturels ou identitaires, zizanie semée par l'ex-mari alcoolique de Lucy, harcèlement de Joseph par la police en raison de sa couleur de peau, opinions radicales des amis ou la famille qui viennent mettre leur grain de sel dans la relation. Mais malheureusement pour moi, ce n'était pas suffisant.
Le problème de ce trop long roman de
Nick Hornby est qu'il ronronne, qu'il ne décolle jamais et ne m'a pas emporté. Une fois que Lucy et Joseph sont ensemble, il ne se passe plus grand-chose. La structure du récit est prévisible avec des passages qui alternent entre Lucy et Joseph et se répondent en miroir de manière trop téléphonée. Les thèmes controversés ou les questions électriques sont abordés de façon légère et auraient mérité selon moi un traitement plus sérieux et approfondi. le racisme est l'un d'eux et la plupart des conversations que Lucy et Joseph tiennent à ce sujet sont assez conventionnelles. La seule discussion sérieuse a lieu au sein de la famille de Joseph, mais de débat il n'y a pas puisqu'ils n'ont jamais rencontré Lucy. Bien que ce soit un sujet pertinent,
Hornby n'a rien à dire sur le racisme sauf qu'il existe et qu'il est mauvais.
L'idée d'utiliser le Brexit comme la métaphore d'une relation amoureuse était un angle intéressant. Rester avec quelqu'un ou le quitter ? Rester dans l'Union européenne ou la quitter ? Quels sont les avantages et les inconvénients de la relation en amour ou en politique ?
Nick Hornby met en scène le référendum sur le Brexit comme le grand révélateur des fractures de classes sociales, de races et de générations. Dans l'entourage de Lucy, voter pour le Brexit est inconcevable même si le personnel de son école est plutôt divisé. Joseph n'est pas sûr de lui, il n'idéalise pas l'Union européenne, conscient du racisme endémique qui y sévit. Son père, monteur d'échafaudages, est par contre favorable au Brexit parce que cela permettrait de se débarrasser des étrangers et de créer plus d'emplois pour les ouvriers comme lui. Auteur conciliant,
Nick Hornby ne prend pas parti et botte finalement en touche en faisant dire à son héroïne Lucy que « le référendum offrait un prétexte à engueulade à des catégories de gens qui ne s'appréciaient pas, ou du moins échouaient à se comprendre. » Rien de bien déconcertant ou de contestable derrière cette position et l'auteur m'a semblé manqué d'épaisseur sur le sujet.
Finalement, j'ai fini par penser que "
Tout comme toi" pouvait être lu comme un gentil livre sur la réconciliation entre personnes que tout oppose. L'été approchant, si vous cherchez une brise légère de lecture pour la plage, ce roman pourrait faire l'affaire.