L'ÉCOLE DES VERS Á SOIE
(
HUANG Beijia)
Cette histoire nous plonge dans le quotidien d'une petite écolière chinoise ordinaire. Presque « ordinaire » en fait car Jin Ling est une fillette du genre « raisonneur » ce qui la rend à la fois attachante et agaçante aux yeux des adultes qui l'entourent.
Et ses interrogations impromptues et insolites sont propres à faire ressortir les contradictions du monde des adultes en général et ici, celles d'une société hiérarchisée dans le moule de la quelle, les parents se coulent avec fatalisme : c'est ça la vie !
On a droit surtout à un zoom sur le système éducatif chinois. Ce système de compétition permanente qui fait vivre les enfants (et surtout leurs parents) dans un univers stressant où il est indispensable de choisir la « bonne » école primaire et travailler dur pour pouvoir entrer dans un « bon » collège… Puis, comme le dit la mère de Jin Ling, affolée, il faudra encore batailler pour que leur fille intègre le « bon » lycée et enfin la « bonne » université… C'est là la seule voie pour ces parents cultivés de la classe moyenne qui ont du mal à joindre les deux bouts.
La pression est permanente, donc. Heureusement, les enfants, eux, ont leur monde secret dans lequel se réfugier : pour la petite fille, il s'agit de ses amis de la rue, de ces vers à soie qu'elle prétend élever et qui lui feront rencontrer une adorable grand-mère et son jardin.
Les mille et unes péripéties de ce quotidien sont racontées avec cocasserie et les mini conflits de génération mère-fille évoqués avec justesse. Chaque chapitre peut être ainsi compris comme une tranche de vie de la petite écolière et de sa famille. Et, à ce titre, l'histoire est bien adaptée aux CM- 6°.
Toutefois, je me demande s'il ne serait pas salutaire aux familles de France de découvrir les arcanes de l'Education à la chinoise… un système qui existe d'ailleurs dans bon nombre d'autres pays. Question de se préparer à ce qui se met en place dans notre pays où l'on n'a de cesse de « casser » l'Ecole républicaine, la seule pourtant capable d'accorder une certaine égalité des chances et de prendre quand même en compte les défaillances (physiologiques ou pécuniaires) des uns ou des autres. Bien sûr, il n'est pas parfait et largement « à améliorer ».
Mais faut-il « jeter le bébé avec l'eau du bain » ?
Parents du futur, serez-vous confrontés à ce système où, à tous les niveaux, les établissements sont « classés » et là, c'est du sérieux puisque les « queues de liste » recevront moins de subventions… ? Êtes-vous prêts à travailler « dur » pour pouvoir payer la « bonne » école à vos enfants, ou tout au moins pour leur assurer des cours particuliers leur ouvrant la réussite aux concours ?
Un autre épisode de l'ouvrage m'a fait aussi réfléchir aux tribulations de notre système d'assurance sociale « pour tous ». Les parents de Jin Ling se font « racketter » afin de payer les soins médicaux d'un camarade de leur fille, tombé accidentellement en butant sur Jin Ling, elle-même victime d'une chute au cours d'un entraînement sportif…
Oh ! Les beaux jours…