AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Paul Bady (Traducteur)zhi hua Li (Traducteur)
EAN : 9782070424979
436 pages
Gallimard (23/10/2002)
3.76/5   35 notes
Résumé :
Dans les années 30, un mot nouveau fait fureur à Pékin : tout le monde parle de divorce. Victimes du système traditionnel des mariages arrangés, tous aimeraient bien profiter de la nouvelle législation pour voler de leurs propres ailes.

Lao Li, qui a fait venir sa famille de la campagne, et ses collègues de bureau voient leurs épouses se liguer contre eux. Seul Zhang, l'entremetteur, se croit à l'abri de la contagion ; en réalité, d'autres dangers le... >Voir plus
Que lire après La cage entrebâilléeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les classiques, c'est fantastique emmenait les participants en Asie, explorer les classiques d'une littérature parfois méconnue. J'en ai profité pour renouer avec la lecture d'un auteur chinois, que j'avais découvert avec « Quatre générations sous un même toit » puis appris à apprécier sa plume avec « Histoire de ma vie » et « le tireur de pousse », Lao She dont le roman « La cage entrebâillée » attendait depuis plusieurs années, sur une des étagères de ma bibliothèque, que je le choisisse enfin !

Années 1930 à Pékin un mot est sur toutes les bouches : divorce. Une nouvelle législation voit le jour et dans un pays où les mariages ne sont qu'arrangés, certains aimeraient se passer des entremetteurs pour choisir eux-mêmes leur futur conjoint. Cette loi promulgue l'égalité entre les hommes et les femmes, donnant la possibilité à ces dernières de demander le divorce. Lao Li, fonctionnaire au ministère des finances, sur les conseils de son collègue Zhang Dage, célèbre pour l'organisation de rencontres maritales portant leurs fruits, fait venir sa femme et ses enfants auprès de lui, à Pékin. Lao Li, très vite, regrette sa décision car son épouse est loin d'être au fait des manières pékinoises. Il craint qu'elle ne lui fasse honte devant ses collègues de bureau, qu'elle remarque que la bru de leur voisine (qui leur loue la maisonnette en face de la sienne) l'attire par sa taille élancée, sa réserve et sa grâce naturelle ; Mme Li est une campagnarde au franc parler, à la voix forte, un tantinet gouailleuse et à la vêture grossière de la campagne. Heureusement que Zhang Dage ne sait pas que Lao Li a tendance à la rêverie poétique et aimerait enfin rencontrer l'amour, le véritable amour avec une femme ayant les mêmes aspirations que lui, Zhang qui a à coeur que les unions arrangées qu'il a concrétisées durent dans le temps. Or, dans les bureaux du ministère des finances, les fonctionnaires ne parlent plus que de divorce, d'infidélités, de replacement d'épouse. Dans ce concert de coqs en mal d'esbrouffe, Xiao Zhao, homme fat, imbu de lui-même et détestable au plus haut point, expert dans l'art de la manipulation, amant de la femme du directeur du service, célèbre pour ses conquêtes et sa vie de célibataire, fomente nombre de complots en coulisses.

Tout en explorant le thème du divorce encore tabou dans la Chine des années Trente, Lao She dresse un tableau haut en couleurs, incisif et extrêmement drôle d'une société particulière, celle des petits fonctionnaires. Qu'ils peuvent être cruels, médisants, odieux et mesquins ! Que leurs commérages et intrigues peuvent être misérables, presque minables tout cela pour obtenir des miettes de privilèges. Lao Li tente, de son mieux, de rester en dehors des minuscules révolutions de palais, d'ignorer le mépris que Zhao ressent pour tout ceux qui ne sont pas à sa botte, de passer outre aux rodomontades de ses collègues. Il n'appartient à aucune coterie, il est maltraité par Zhao car il ne répond jamais à ses attaques. Lao Li n'aurait-il aucun répondant ? Non, seulement dépassé par tant d'hypocrisie, de jalousie maladive, de médisance, lui qui n'aspire qu'à contempler la beauté du monde. Est-il désintéressé ou un velléitaire qui s'ignore ? Disons que Lao Li est un homme dont les nuances de caractère peuvent agacer, cependant il doit composer avec l'évolution de la société chinoise, enfin surtout pékinoise, devant un mode de vie qui s'achève pour s'effacer et laisser place aux idées nouvelles apportées par le communisme et Mao.

La corruption est inhérente à l'administration et ce depuis que la Chine est la Chine, tribale ou impériale, elle s'insinue dans le moindre recoin de la vie sociale. La corruption va de pair avec les rumeurs lancées sur une personne : ainsi Zhang Dage se voit déconsidéré du jour au lendemain suite à l'arrestation et incarcération de son fils par les forces de l'ordre. En un clin d'oeil, son entourage se raréfie, les portes se ferment au point que Zhang en est réduit à rester enfermé chez lui, honteux, et à graisser des pattes à n'en plus finir pour obtenir sa libération : titres de propriété et main de sa fille unique tombent dans l'escarcelle de l'ignoble Xiao Zhao, homme dénué de sens moral et religieux, dénué de principe et imperméable à toute doctrine politique, et surtout dénué de toute conscience. Lao She m'a régalée de sa verve tant il se plaît à faire vivre le côté trivial de la langue chinoise riche en expressions salaces. Je comprends que cela puisse heurter le lectorat occidental. Il n'épargne rien ni personne dans son roman, il souligne chaque travers de ses contemporains, chaque manquement, chaque fêlure d'une société à l'aube d'un grand bouleversement politique et culturel. « La cage entrebâillée » est un chant du cygne d'une Chine au bord de l'effondrement, un chant alliant tendresse, ironie, tristesse et humour. Une lecture réjouissante, amusante avec des personnages irrésistibles de drôlerie ou détestables au point de n'éprouver aucune empathie pour eux. La lecture est souvent jubilatoire grâce à la facétie et l'art de la satire de Lao She.

Traduit du chinois par Paul Bady et zi-hua Li
Lien : https://chatperlitpopette.wo..
Commenter  J’apprécie          00
A Pékin dans les années 30, Lao Li est fonctionnaire au ministère des finances. Sur les conseils de son collègue Zhang Dage, il fait venir de la campagne sa femme et ses enfants pour vivre avec lui. En plus de son travail au ministère, Zhang Dage joue aussi un rôle d'entremetteur en arrangeant des mariages. Il a donc à coeur que les unions de ses proches durent. Or le divorce est très à la mode à cette époque et plusieurs des collègues de Zhang et de Li envisagent d'échanger leur vieille épouse contre une jeune concubine. Li quant à lui rêve de poésie et aimerait connaître l'amour.

Ce roman nous présente une petite société de fonctionnaires dont le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils ne se tuent pas à la tâche. le seul qui semble prendre son travail au sérieux c'est Lao Li. Sinon il s'agit surtout d'organiser des repas et de médire aux dépends de ceux qui -comme Lao Li- n'ont pas de répondant. Des complots sont organisés par l'insupportable Xiao Zhao :

"Xiao Zhao avait pour seul principe de ne pas en avoir. Primo, il n'avait aucune conviction religieuse ; secundo, il n'avait pas de sens moral ; tertio, il ne croyait à aucune doctrine politique ; quarto, il ne trouvait pas nécessaire que l'homme eût une conscience ; enfin, quinto, il se considérait comme délié de toute obligation vis à vis de ses semblables."

Je découvre aussi une administration où la corruption est coutumière : on obtient une affectation ou une promotion grâce à ses relations. Même le médecin est arrivé à sa place de cette façon.

J'ai plutôt apprécié cet ouvrage que j'ai cependant trouvé déconcertant. Déconcertant par la société qu'il dépeint, aux relations très formelles. Au fond de lui Lao Li prétend se moquer de tout cela et de ce que l'on peut penser de lui mais il est aussi très velléitaire et finalement se comporte comme les autres. Je le trouve parfois un peu agaçant. Je suis aussi déconcertée par la langue dans laquelle du vocabulaire familier fait des apparitions inopinées.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          10
La cage entrebâillée aborde le thème délicat du divorce en Chine. Longtemps considéré comme honteux et répréhensible, il commence tout juste à être réformé dans les années 30. Néanmoins, les moeurs ne bougent pas aussi vite que les lois et Lao Li en fera les frais... Mari malheureux, employé effacé, rêveur frustré, il est incapable de prendre les décisions qui pourraient améliorer son quotidien. Cette lâcheté constante ne le rend donc pas particulièrement attachant aux yeux du lecteur. Pas plus que les autres personnages du récit. Si elle est le portrait d'une époque, l'oeuvre de Lao She finit donc par lasser et agacer.

Commenter  J’apprécie          20
En 1930, en Chine, est promulguée une loi en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes. Cette loi prévoyait notamment le droit a la demande de divorce par les femmes. La Cage entrebâillée, de Lao She, se situe juste après l'adoption de cette loi. Les femmes, souvent victimes de mariages arrangés avant cette période, en profitent pour récupérer leur indépendance. Un bon livre sur le XXème siècle chinois, sans qu'il ne soit question de la révolution culturelle ou du grand bond en avant, ça fait quand même plaisir.
Lien : https://verslestenlivre.word..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
La vie consistait donc uniquement à manger, quitte à manger n'importe quoi; la nourriture était le véritable but de l'existence humaine. L'inégalité fondamentale entre les hommes résidait là : dans la différence d'alimentation. Par comparaison, toutes les idées poétiques qu'il pouvait concevoir n'étaient que des fadaises! Dans le monde, il n'y avait pas trente-six solutions : ou bien, pour défendre sa propre pâture, on condamnait les autres à mourir de faim; ou bien, pour avoir de quoi manger, on était obligé de faire la guerre. Le marché, à lui seul, était un microcosme. Tous ces hommes et ces femmes qui y venaient en masse et en connaissaient les moindres recoins jouissaient pleinement de la vie; ils vivaient pour leurs tripes, et pas pour autre chose. Sur ce point, Zhang Dage avait raison. Par ailleurs, il était également vrai que la plus réaliste des révolutions consistait, en faisant la guerre, à satisfaire avant tout son estomac.
Commenter  J’apprécie          80
Presque incapable de faire un pas de plus, Lao Li se vit tout à coup défiguré par l'âge, il la vit elle aussi enlaidie par le poids des ans : ils avançaient ensemble sur la route de la mort, une route bordée, non pas d'herbe et de fleurs, mais de billets de banque tout déchirés et de pièces de monnaie graisseuses ! Pourtant, il ne pouvait rester sans bouger : il lui fallait absolument poursuivre le chemin. Poésie ? Amour ? Liberté ? Autant de mots magnifiques, mais vides. La vie, en réalité, consistait à acheter un poêle, à louer une maison...
Commenter  J’apprécie          50
Dans l'administration, la seule réalité, terriblement réelle, était l'argent que l'on extorquait au contribuable. Ainsi, le monstre engloutissait d'un côté des fonds pour recracher de l'autre des dossiers ! Et personne ne savait où passait exactement l'argent. On remarquait simplement les maisons de type occidental que certains se faisaient construire, ou encore les automobiles et les concubines que d'autres se payaient. Mais les dossiers, pour le commun des mortels, étaient les seules réalités tangibles de la vie administrative.
Commenter  J’apprécie          20
Il la considérait un peu comme une fleur qui perdait progressivement ses pétales et finirait même par voir tomber ses feuilles. Eprouvait-il de la haine ou de la pitié pour elle ? Il ne parvenait pas à le savoir. Dans le monde réel, personne n'avait jamais vu de fleurs perpétuellement épanouies. Les fleurs qui apparaissent dans les poèmes ne peuvent être qu'imaginaires !
Commenter  J’apprécie          30
un tonnerre qui n'est pas suivi de pluie n'est pas un véritable orage.
Commenter  J’apprécie          80

Video de Lao She (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lao She
Olivier BARROT présente le roman de Lao She, "Messieurs Ma père et fils". Ce roman s'inspire du séjour londonien de Lao SHE.
Dans la catégorie : Littérature chinoiseVoir plus
>Littérature des autres langues>Littérature asiatique>Littérature chinoise (201)
autres livres classés : littérature chinoiseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (101) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Année du Dragon

Ce samedi 10 février 2024, l'année du lapin d'eau laisse sa place à celle du dragon de bois dans le calendrier:

grégorien
chinois
hébraïque

8 questions
128 lecteurs ont répondu
Thèmes : dragon , Astrologie chinoise , signes , signes du zodiaques , chine , culture générale , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}