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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'histoire se déroule dans la ville de Solidor située sur une presqu'île séparée du reste du monde par des montagnes pratiquement infranchissables. Cet endroit isolé qu'on ne peut aborder qu'en bateau a une faune et une flore qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Ses oiseaux sont ainsi des griselottes quasi aphones au plumage terne. Ceci a fait se développer chez les habitants de cette contrée une véritable fascination pour les oiseaux exotiques bariolés au chant mélodieux. Tous, ou presque, en possèdent et les exposent sur le rebord de leurs fenêtres dans des cages de bois. Les cages les plus prisées sont celles de maître Koppel qui les fait sculpter par son apprenti Illian. Ce jeune homme, très doué, est exploité par son patron mais il prend son mal en patience parce qu'il est secrètement amoureux de la fille de la maisonnée, la belle Flora. Quand il n'admire pas la jeune fille à la dérobée, écouter le chant des oiseaux lors de ses livraisons en ville est son plus grand bonheur. Mais il n'a pas le moyen de s'en offrir alors, un jour, à défaut d'en avoir un vrai, il en sculpte un dans un rebut de bois. Son maître le surprend et Illian est alors loin de se douter que son geste va lancer une nouvelle mode et avoir de terribles répercussions…

La phrase d'introduction « en des temps fort lointains » nous plonge d'emblée dans l'univers du conte et des légendes : nous sommes à une époque indéterminée (mais les costumes font penser à la Renaissance), dans la ville imaginaire de Solidor, en un pays d'Orient, ainsi que le soulignent les consonances arabisantes, l'architecture (la place du marché aux oiseaux et les minarets en arrière-plan) et les tons ocres et sables.

Ce monde imaginaire est peuplé de figures archétypales : le jeune et candide apprenti, son maître cruel et cupide et sa fille, belle et douce ingénue. Et comme dans les contes à nouveau, l'onomastique choisie permet de caractériser les personnages : Koppel signifie en allemand, « ceinturon » ou « enclos » et montre bien (y compris dans ses sonorités) la violence et la cruauté de cet homme qui emprisonne son apprenti, Flora au contraire est un prénom parfait pour une jeune fille en fleur tandis qu'Illian veut dire « descendant de haute origine »en hébreu ou « grandeur spirituelle » en arabe et met en valeur les qualités du héros. Et le graphisme est à l'avenant : Koppel ressemble à l'ogre des contes par sa stature massive et sa barbe menaçante, Flora emprunte ses traits et sa belle chevelure rousse aux peintures des Préraphaëlites (particulièrement à celles de Burne-Jones) et le héros a les traits et l'épi du personnage d'Arthur de « Merlin l'enchanteur » de Disney.

L'album est d'ailleurs un objet hybride entre livre de contes (grandes illustrations pleine pages voire double pages comportant de longs encarts de textes et séparation en chapitres indiqués par des pages noires) et album de bande dessinées avec cases et phylactères dialogués. On remarquera un hommage à Edmond Dulac à la page 29. Cet illustrateur célèbre de livres d'étrennes de la fin du XIXe siècle qui s'inspirait des estampes japonaises et des miniatures persanes fait partie des lectures de Flora ! On pourrait presqu'y voir d'ailleurs une mise en abyme car les couleurs un peu passées du « Boiseleur », les inspirations orientales, et la finesse du trait de Gaëlle Hersent rappellent la manière de Dulac tout en inspirant un sentiment de nostalgie au lecteur. Mais la tentation serait grande alors d'assimiler « le Boiseleur » à l'un de ces beaux livres pour enfants – ce qu'il est de facto par le soin tout particulier apporté à sa réalisation comme souvent dans la collection « Métamorphoses »-.

Il ne faudrait pourtant pas le réduire à cela. Comme dans « Beauté » et « Les Ogres-dieux », le conte est cruel et se mue en apologue et en dénonciation des travers de notre société. On y perçoit ainsi une critique du matérialisme et de la société de consommation. Hubert fustige délicatement notre tendance au panurgisme en montrant bien comment à la mode des oiseaux réels puis en bois succède en un laps de temps très court celle des sauriens (beurk !). Ce dernier engouement lui permettant de créer des cases délicieusement absurdes telles celle des gentes dames promenant nonchalamment leurs crocodiles en laisse et provoquant des accidents ! Il évoque également la condition de l'artiste et règle peut être ses comptes avec quelques éditeurs au passage en montrant comment un créateur peut être réduit de force à une répétition stakhanoviste des mêmes succès !

Enfin cet album célèbre vraiment l'importance de l'art et tout cela dans une langue aussi ciselée que les dessins. Cette poésie se trouvant présente dès le mot valise choisi pour titre : le « (b)oiseleur », c'est Illian le sculpteur qui tel un OISELEUR capture la beauté de l'oiseau dans sa statue de de BOIS mais c'est aussi Hubert qui par le choix et l'énumération de noms d'oiseaux aussi poétiques qu'authentiques semble nous en faire entendre le ramage tandis que Gaëlle Hersent en les reproduisant magnifiquement et scrupuleusement avec un trait haché à l' effet quasi buriné donne l'éclat de leur plumage dans des pages et des médaillons aux couleurs vives et chatoyantes qui tranchent sur les tonalités douces et passées du reste de l'album !

Une oeuvre polysémique et d'une grande beauté prévue en trois tomes qui pourront se lire indépendamment. Je vous invite vivement à découvrir d'ores et déjà le splendide « Mains d'Illian » !
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C'est une BD qu'on m'a offerte et je suis ravie de l'avoir eu en cadeau, elle est magnifique ! Tant l'intrigue que les illustrations m'ont charmés. J'ai aimé la douceur que ce dégageait de celles-ci.
Quant à l'histoire, elle permet de se poser des questions sur l'art, la nature et l'importance des possessions.
J'aimerais lire la suite !
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C'est une bd, et pourtant elle nous transporte dans son univers, son atmosphère, comme un roman. Une bd atypique donc, qui, pour moi, a fait un sans faute.
Les illustrations sont superbes, l'histoire l'est tout autant, la morale.. je vous laisse la découvrir. Il me tarde d'ouvrir le tome 2
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A la manière d'un conte, cette bande-dessinée nous raconte l'histoire d'Illian, apprenti sculpteur qui se fait exploiter par Maitre Kopler. Illian confectionne des cages pour les oiseaux exotiques des habitants de Solidor. Il ne rêve que d'une chose, avoir son propre oiseau rare. Mais ne pouvant se l'offrir, il décide d'en sculpter un. Malheureusement, Maître Kopler se l'approprie et lance une nouvelle mode, loin d'imaginer les répercussions sur toute la ville. J'ai adoré les dessins et la précision des détails qui m'ont plongée dans ce conte philosophique. J'ai été un peu perturbée au départ par la présence importante du texte narratif et le peu de dialogues. Mais cela concourt à faire de cette bande-dessinée un objet-livre magnifique avec des planches sans texte qui nous permettent de nous plonger dans l'histoire. La fin ouvre sur le tome 2 que j'ai hâte de découvrir. #Leboiseleur #NetGalleyFrance
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Une bande dessinee hors du temps, hors du monde, hors de la morosite, hors tout. Pour mettre en avant la beaute, les oiseaux, la preciosite de ce qui est insaisissable et qui peut nous echapper. Un dessin qui sert cette histoire qu il faut lire. Pour se laisser absorber et emmener loin. Genial, absolument.
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Il s'agit d'un roman graphique très poétique, où l'on est guidé sous forme de conte social et sociétal par le chant des oiseaux et le travail artistique du bois, on profite de la magie de ce monde en apparence si doux. Malgré tout, ce roman graphique dénonce, comme tout conte a une morale, le consumérisme et le caractère éphémère des tendances tout autant que parfois l'exploitation des apprentis.

Je ne saurais trop le conseiller à toute personne ayant une âme artistique ou poétique ou souhaitant se replonger au pays des contes.

J'ai été charmée par la patte graphique de l'illustratrice autant que par la poésie de son scénariste.

Je suis désolée d'apprendre le décès de Hubert, le scénariste de ce magnifique conte et suis heureuse d'avoir pu néanmoins découvrir son oeuvre.

Je remercie Netgalley et le groupe Delcourt Bande dessinée de m'avoir permis de passer un excellent moment de lecture à Solidor et je lirai avec plaisir le tome 2 qui sortira le 31 août 2022.

#leboiseleur #NetGalleyFrance #readercamp #editionsdelcourt #éditionsdelcourt #hubert #gaellehersent ##gaëllehersent
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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(Je ne reviendrai pas sur le résumé de cet ouvrage.)
J'ai beaucoup aimé cette bande dessinée car elle offre un magnifique graphisme. On prend plaisir à découvrir chaque page. Ensuite parce que l'histoire est jolie,poétique, digne d'un conte. Ce qui ajoute à la poésie est la manière de représenter les chants d'oiseaux, je trouve cela intéressant.
Ce livre est à lire pour le plaisir des yeux.
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Le scénario D Hubert est excellent : un conte situé dans un monde oriental imaginaire, mais tellement actuel et permettant de faire passer pas mal de messages sur les dérives de notre société de consommation

La mise en page permet au superbe dessin 🤩 de Gaëlle Hersent de s'exprimer pleinement en lui laissant une grande place pour s'exprimer, jusqu'à de magnifiques doubles pages. On se retrouve complétement immergé dans une ambiance orientale digne des Contes des Mille et Une Nuits
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Merci à Babelio et aux éditions Soleil, qui dans le cadre de l'opération Masse Critique m'ont permis de découvrir ce roman graphique.
Recevoir un tel livre est un bien joli cadeau. L'objet est très agréable à regarder, à prendre en main. le lecteur à l'impression de tenir un bien précieux.
Le voyage commence dès la couverture.

J'ai apprécié l'originalité du propos et le fait d'avoir placé l'intrigue dans un passé aux allures de futur. Solidor, son architecture et l'ambiance qui y règne transporte tout de suite le lecteur dans un autre monde, un monde où être tendance rime avec consumérisme et où on s'oublie au profit de l'argent.
Les couleurs chaudes et auréolées de lumière et d'or contrastent avec la froideur des personnages. Au talent inouï d'Illian pour la sculpture s'opposent l'ingratitude et l'avarie de son maître.
A la générosité et au courage du sculpteur s'opposent l'inconséquence des habitants soumis à des règles sociétales qui les dépassent.

J'ai apprécié la narration de l'histoire à travers des encarts particulièrement bien écrits, venant s'intégrer tout naturellement dans les parties dialoguées.

C'est un roman graphique qui doit se lire lentement, pour profiter de l'atmosphère si particulière qui s'en dégage et pour garder à l'esprit la présence évanescente des animaux et de la nature disparus.

Je n'ai qu'une hâte, lire le tome 2 !
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Hubert nous propose un conte bien différent des autres que j'ai pu avoir l'occasion de lire. Nous suivons le jeune Illian, apprenti sculpteur. Dans la ville où il exerce, les oiseaux sont réputés et convoités de tous. Il leur prépare donc de magnifique cages qui illustrent les caractéristiques de chaque espèce. Beaux écrins enviés, son maître les vend à des prix exorbitants. Tout se bouscule un beau jour...
Gaëlle Hersent participe à l'immersion du lecteur avec son dessin si particulier. Nous avons l'impression que les planches ont été elles-même taillées dans le bois. le relief des décors ainsi que les personnages rainurés nous offrent un vrai délice visuel.
Ce premier tome a tout de même selon moi un défaut. Il se révèle trop descriptif à mon goût. Les dialogues ne forment pas la pièce maîtresse de l'ouvrage. Pourtant, ces incursions de récit se prêtent bien au format de conte. Et nous retrouvons surtout l'écriture particulière D Hubert. Elle nous délivre des messages forts sur notre société et les modes qui les traversent. Hâte de lire le deuxième tome pour fixer mon avis !
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