Les Chroniques de Cadwal, tome 2 : Araminta 2

Voici un Vance atypique à mon humble avis.
L'Edition française est un texte de l'auteur qui a été coupé en deux pour l'Edition en France et donc donné en Français en deux tomes.
Même si ceci relève d'une attitude horripilante . Elle est fréquente en SF. Il faut avouer que dans ce cas précis cela passe plutôt bien et on peut prendre le train de Cadwall à cette station numéro 2. Perso je suis passé par le 2 avant le 1.
Ce n'est pas vraiment le Vance des mondes qui sont des sujets étrangers en soit et qui sont passionnants à contempler dans leur fabuleuse étrangeté. Mais Cadwall est cependant incontestablement un monde autre, bien dessinée à explorer sans modération par le lecteur qui affectionne le planète opéra.
L'auteur est ici franchement dans la peinture sociale et dans le roman policier aussi et il analyse des portraits, profonds, fonctionnels et socio-culturellement bien fouillés.
La planète qui est faiblement peuplée est habitée par les Yips , des humains assez divergents du point de vue évolutifs et confinés sur un archipel. ,Ils projettent de s'installer et donc de déborder dans des régions continentales de cette planète presque vierge.
Par ailleurs il y a une autre petite colonie qui est chargée d'administrer ce monde qui est sensé être intégralement une réserve biologique à cause de la profusion de sa biodiversité. Cette colonie qui est une capitale politique est plus proche du monde qui est le nôtre.
L'auteur est ici fidèle à lui-même et ce monde de fiction est subtilement abordé et décrit, mais néanmoins de façons moins appuyées qu'à l'habitude de l'auteur lorsqu'il visite des mondes lointains .C'est la même chose pour les Yips ,qui sont cependant posés dans la peinture de ce monde avec force de détails éloquents mais un peu à minima à mon humble avis.
La société de Cadwall , est une société coloniale et aussi c'est une société de castes .Ceux dont le statut social n'est pas assez élevé végètent dans une condition assez médiocre.
Le personnage principal devra élucider le meurtre de son amie et son enquête ouvrira l'intrigue sur des problématiques coloniales intéressantes à explorer pour le lecteur.
Ainsi on découvre les Yips et leurs velléités d'explantions et les motivations qui les pousse à sortir du confinement qui leur est imposé. Ils sont d'ailleurs finalement un groupe humain qui ne devrait pas exister si on se base sur le cadre légal qui régit Cadwall . le personnage principal découvrira aussi à l'occasion de son enquête la société coloniale assez figée et très normée des colons de la capitale et de leurs rapports au monde qu'ils habitent.
Le personnage principal sera amené à partir pour la terre afin de retrouver la charte de fondation de la colonie et cette démarche devrait déboucher sur la fondation d'une colonie plus certainement conforme à des intérêts originaux susceptibles de bousculer certaines réalités existantes.
Cadwall restera-t-il un environnement écologique préservé ? C'est bien certainement la question principale posée par l'auteur .
En première lecture j'étais mitigé car ce n'est pas ce que j'attendais. Je voyais un planète opéra plus « Vancien » dans sa texture. Mais ces pages sont bien écrites. Il n'y a rien de fantasque et finalement c'est un bon planète opéra assez riche du point de vue psychologique et il pose des problématiques écologiques passionnantes . Il n'y a qu'à penser à la situation actuelle de l'Amazonie pour se convaincre de l'intérêt de ce questionnement autour du développement humain et de la protection de l'environnement. La question sociale de Cadwall n'est pas moins passionnante et elle est finement étudiée en rapport avec le statut du personnage principal avec l'exploration de ses aspirations et de ses affects aussi.
Le roman n'a rien d'un long fleuve tranquille. Il dépote et le texte a le courage de ne pas hésiter à retourner brutalement des réalités laborieusement édifiées.
Curieusement , je dirais que si vous n'aimez pas Vance habituellement , ce texte pourrait bien vous plaire et si vous aimez Vance habituellement ,non moins curieusement , je dirais, ce texte pourraient peut-être vous déplaire.
Personnellement je trouve ce récit plus intéressant que véritablement enthousiasmant , du moins au sens littéral de ce terme.

Fin du tome 1, Glawen retourne sur Cadwal pour découvrir que son père a disparu. le voilà donc parti à la rechecher de son aileul.

L'histoire est très déséquilibrée, parfois elle va trop vite et d'autres fois elle est d'une extrème longueur.
Mais ce qui va rattraper tout cela, c'est bien évidemment le talent de description exeptionnel de Jack Vance. Dans ce roman nous visitons de merveilleux endroits et peu d'auteurs sont capables de décrire ces lieux imaginaires de cette façon.

Maintenant que j'ai lu plusieurs jack Vance, je peux enfin parler que sa relation à l'argent m'a perturbée (et ce dans tous ses romans). l'argent donne lieux à des tractations ennuyeuses ( c'est drôle dans le premier roman mais ensuite cela devient casse-pied). Il a toujours aussi un relation avec l'aubergiste assez spéciale. A tel point que l'on fini par se demander si dans la vraie vie il n'a pas été arnaqué....

C'est très certainement le livre de Jack Vance qui m'a le moins plu. Néanmoins les tractations politiques afin de s'arroger le pouvoir à travers de nombreuses malversations restent bien pensées et remontent un peu le niveau du livre.