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sur 1855 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai tout aimé de ce drame flamboyant.
Certes j'ai pris mon temps pour le lire. Ce n'est pas une pièce qui se lit d'une traite, mais en prenant son temps. En savourant les actes, les phrases, la beauté des alexandrins (même si parfois, il faut l'admettre, il y a des tournures un peu étranges. La versification n'est pas chose aisée...).
La profondeur du drame, l'humour hugolien, cynique mais humain.
J'ai tout aimé et j'avoue, j'ai même retrouvé quelque parenté dans cet humour subtil et ma grosse farce adoré qu'est "la folie des grandeurs" (et dont je ne savais pas du tout qu'elle était tirée de cette pièce). Car il y en a une, dans le "grotesque" hugolien, qui se prêtait bien à un scénario de comédie.
Hélas ici, s'il y a des scènes (et des répliques) drôles, c'est bien un drame romantique que nous avons, pleinement assumé. D'ailleurs j'aurais bien aimé un acte V un peu plus développé. Mais cela devait sans doute être déjà trop long...
J'avoue ne pas comprendre quelques critiques qui me paraissent ultra sévères... Enfin, j'ai un gros parti pris pour Hugo, de toute façon, donc je ne suis pas objective, moi non plus. :-)
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"Depuis toute la matinée,
Je patauge à travers vos toiles d'araignée.
Aucun de vos projets ne doit être debout.
Je m'y vautre au hasard. Je vous démolis tout.
C'est très réjouissant."
Don César à Don Salluste, Acte IV scène 7

On ne saurait mieux dire !
Victor Hugo, qui n'est jamais en reste pour ce qui est du romanesque, n'a pas ménagé son talent avec son Ruy Blas, qui voit le valet de Don Salluste propulsé par ce dernier au service de la reine d'Espagne afin de la perdre.

Pris pour un autre, dans les six mois le valet Ruy Blas devient duc, arbore la Toison d'Or, dirige le conseil du roi et tente de mettre quelque droiture dans les affaires du royaume.
Mais il reste à la merci de son infâme maître, qui connaît ses sentiments pour la reine.

Et voilà réunis tous les éléments d'un drame allant vers sa terrible conclusion, le "ver de terre amoureux d'une étoile" aura rêvé trop fort comme dirait Bashung…

On aime ou on n'aime pas le théâtre romantique, qui nous amène ce Ruy Blas.
Déchirant une nouvelle fois à pleines dents les "canons du classicisme", Hugo en fait des caisses, certains vers ne passent pas la rampe tant ils sont capillotractés, difficile de ne pas en convenir.

Mais il a donné vie à un personnage au coeur pur, dont la charge sabre au clair à l'Acte II scène 2 est restée dans les annales et peut trouver d'étranges résonnances aujourd'hui encore :
"Bon appétit, messieurs !
Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !"
Très inspiré par le sujet, le dramaturge le fait tonner comme un orage puissant sur une centaine de vers.
Et la silhouette du grand Hugo se dessine en ombre colossale derrière ce Ruy Blas.

D'ailleurs, les conservateurs de l'époque ne s'y étaient pas trompés, qui y voyaient une critique du gouvernement de Louis-Philippe.

Tout était déjà politique jusque dans les théâtres, peut-être surtout dans les théâtres faute de pouvoir battre le pavé et dresser des barricades sans se récupérer un Bourbon pour un autre !

Comme l'auteur ne recule devant rien, il y a aussi ce merveilleux Don César pour la distraction, bon vivant ayant dilapidé sa fortune et perdu sa réputation de grand d'Espagne, dormant dans la rue et fréquentant les mendiants, traîne-savates, voleurs et poètes indigents qui s'y retrouvent.
Un personnage d'honneur, qui refuse d'entrer dans la vengeance de Don Salluste parce qu'elle vise une femme ; Don César, superbe, incendie son cousin :
"Oh ! plutôt qu'arriver jusqu'à ce déshonneur,
Plutôt qu'être, à ce prix, un riche et haut seigneur,
- Et je le dis ici pour Dieu qui voit mon âme, -
J'aimerais mieux, plutôt qu'être à ce point infâme,
Vil, odieux, pervers, misérable et flétri,
Qu'un chien rongeât mon crâne au pied du pilori !"
Acte I, scène 2
Voilà qui est envoyé !

C'est avec Ruy Blas que j'ai découvert le théâtre d'Hugo. Je m'en suis régalée et m'en régale encore, comme de tout le théâtre romantique.
Les sentiments y consument leurs personnages comme du petit bois, les situations sont clairement incroyables, les mises en scène sont forcément tarabiscotées, c'est un vrai plaisir !
Il faut lire les indications d'une précision maniaque qu'Hugo met en préalable à la moindre de ses scènes, jusqu'au moindre détail des costumes (la robe de la reine "vêtue de blanc, robe de drap d'argent", Ruy Blas Acte II scène 1), jusqu'au plus petit pli d'un tapis couvrant une table, jusqu'à l'ordonnance des meubles…

Quant à Ruy Blas en particulier, je lui dois une fière chandelle.
J'avais été pincée à le lire en douce en classe, pendant un cours d'allemand.
Refusant de donner ce que je lisais au professeur, j'avais été envoyée chez la directrice, qui avait l'air bien près de me faire expulser quelques jours, pour me permettre de réfléchir sans doute, et de me coller jusqu'à mon trentième anniversaire.
Je n'en menais pas large.
Après un savon d'anthologie sur les têtes de linotte dans mon genre qui lisaient des magazines en classe et sur l'avenir qu'elles se préparaient, la directrice me demanda ce que je lisais précisémment.
"Ruy Blas, madame.
- Pardon ???
- Ruy Blas, de Victor Hugo, madame."
Grand moment de silence.
Grand moment de solitude pour moi.
Enfin, la directrice eut l'air de trouver ce qui l'intriguait vraiment.
"Vous le lisez pour l'école ?
- Non, madame.
- Pardon ??? Mais pourquoi alors ? Pour… pour votre culture personnelle ?
- Euh, pour moi, oui madame.
- Et pourquoi avez-vous refusé de le donner à votre professeur ?
- Parce que je ne l'avais pas terminé, madame."
Nouveau silence.
"Vous pouvez aller."
La directrice agitait la main vers la porte, je filais avec mon petit classique Larousse beige et mauve sous le bras sans demander mon reste (pour le prêter illico à ma soeur).

Ruy Blas m'avait sauvée de l'expulsion et de nombre d'années de colles…

Tous les talents, cet Hugo, vous dis-je !


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Le rapport de Victor Hugo au théâtre, malgré la mythification triomphante de la création d'Hernani, n'a pas été facile. Il peine à s'imposer sur la scène de la Comédie Française, dont le public n'apprécie guère ses audaces, et il rencontre aussi des difficultés sur les scènes secondaires du boulevard. le public beaucoup plus populaire de ces dernières demande un théâtre moins ambitieux, le vers a beaucoup de mal à s'y imposer (d'où les pièces en prose écrites par Hugo, Lucrèce Borgia et Marie Tudor), les directeurs imposent des distributions qui ne conviennent pas à l'écrivain etc. D'où la rupture avec le Théâtre de la Porte Saint-Martin. Hugo exprime à un moment le désir d'un théâtre dont il serait le propriétaire et le maître absolu, pour créer les spectacles qui correspondent pleinement à ses aspirations artistiques et philosophiques.

Il va donc saisir l'opportunité de l'ouverture d'un nouvel théâtre. La monarchie de Juillet souhaite se rapprocher des artistes et intellectuels. Dumas est proche du duc d'Orléans, le fils de Louis-Philippe, et l'idée d'ouvrir une sorte de Comédie Française bis, consacrée aux nouveautés et non plus au théâtre de répertoire, pouvant accueillir le théâtre romantique, est défendue par de nombreux artistes. Elle prendra forme en 1838, ce sera le théâtre de la Renaissance. Victor Hugo doit fournir la pièce qui va inaugurer le nouveau lieu. Ce sera Ruy Blas, et dans la préface de la pièce, Hugo va expliciter sa conception du théâtre, et en particulier sa vision du public, ou plutôt des public.

Hogo en distingue trois. le premier est celui des penseurs, qui préfèrent la comédie, car ils recherchent l'étude des caractères, plaisir de l'esprit, ils souhaitent que l'auteur suscite une réflexion. Il y a ensuite les femmes, qui préfèrent la tragédie, basée sur la passion, car elles recherchent l'émotion, le plaisir du coeur. Enfin la foule souhaite être distraite, veut de l'action qui va lui procurer des sensations fortes, le théâtre est ici un amusement.

Plus qu'une véritable division du public en trois groupes distincts, les Penseurs, la Femme et la Foule sont des sortes d'allégories de l'âme humaine, chaque spectateur étant en réalité, dans des proportions diverses, un peu des trois. Il faut donc donner à chaque spectateur un peu de chacune des trois satisfactions que chaque type demande. D'où la nécessité d'un théâtre où les genres sont mêlés, l'aspiration à un théâtre qui réunirait la grandeur de Corneille à la vérité de Molière. Ruy Blas est censé réaliser cet idéal.

Nous sommes en Espagne à la fin du XVIIe siècle, sous le règne de Charles II. Roi faible, il laisse les grands régner à sa place, et tout particulièrement Don Salluste, son premier ministre. Mais ce dernier fait un enfant à une suivante de la reine qui le disgracie. Il jure de se venger, et utilise pour ce faire un de ses valets, Ruy Blas, amoureux de la reine. Salluste le fait passer pour don César, un de ses parents ruiné, qui a refusé de se prêter à sa vengeance et qu'il a fait déporter en secret. Ruy Blas devient premier ministre, et fait des réformes utiles à l'État, qui limitent le pouvoir de nuisance des grands seigneurs. Il gagne l'estime et l'amour de la reine. Mais Don Salluste revient, et le piège se referme.

Hugo souhaitait peindre dans ce drame la chute de la monarchie, le moment où la monarchie s'effondre. le roi est faible, la noblesse a deux attitudes opposées en réaction. Une partie (Don Salluste) en profite pour s'enrichir au maximum, piller l'état à son profit quelles qu'en soient les conséquences. Une deuxième partie fuit, dilapide, jusqu'à s'appauvrir (Don César). Les deux précipitent la chute final. A cela va s'opposer Ruy Blas, le valet devenu premier ministre sous un nom d'emprunt. Il va vouloir réformer, sauver l'état. Mais la pièce est cruelle à cet égard : Ruy Blas n'est pas audible pour les nobles qu'il tente de raisonner (la fameuse tirade Bon appétit, messieurs!) et dans une scène particulièrement forte, Don Salluste le rend à sa condition de valet, lorsqu'il essaie de lui expliquer le bien fondé de son action. C'est que sa position est impossible : il a l'identité d'un noble, et en tant que tel, il doit fidélité à sa caste, mais il est en réalité un représentant du peuple et tente de réformer dans l'intérêt du plus grand nombre. Or il ne serait jamais arrivé à la position de pouvoir qu'il occupe sous sa véritable identité. D'où contradiction entre son action et son identité affichée. Résoudre la contradiction en affichant son identité le renverrait au néant, et Don Salluste a le pouvoir de le faire. Ce qui réduit finalement Ruy Blas (donc le peuple) à l'impuissance. La révolte, la tentation de violence révolutionnaire, qui pousse Ruy Blas à tuer Don Salluste est aussi un aveu d'impuissance, puisqu'elle signe sa propre mort et donc son échec.

Cette question politique est vraiment au centre de la pièce. Hugo y accordait une importance capitale, au point de choisir pour jouer Ruy Blas Frédéric Lemaître. Star de son temps, mais qui a bâti sa célébrité sur des rôles de « méchants » dans les mélodrames, en les jouant de manière outrée et parodique, ce qui dynamitait le moralisme conservateur du genre et le poussait vers une sorte de mise en cause sociale. Il était à mille lieues du jeune premier romantique, et ce choix faisait qu'il était impossible au public d'oublier qu'il était un valet, un représentant du peuple.

C'est vraiment une pièce magnifique, très riche qui continue à être redoutablement efficace sur une scène. J'ai un lien particulier avec elle, c'est une de premières pièces que j'ai vue à la télévision vers mes 10 ans, et elle m'avait fait un effet extraordinaire et inoubliable. Avec quelques autres (dont l'Ecole des femmes) elle est à l'origine de ma passion pour le théâtre, et je constate en la relisant et la revoyant, que c'est pour des bonnes raisons. Hugo est pour moi un immense auteur de théâtre.
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Je termine la lecture de cette pièce enchantée : j'adore l'écriture de Victor Hugo, mais ça n'est plus une découverte. J'ai trouvé ici, comme l'indique l'auteur dans la préface, une pièce à plusieurs niveaux, qui vise à contenter le public en entier.
Malgré quelques préjugés (mais il y a des exceptions précise-t-il!) les femmes y aimeront la passion qu'anime Ruy Blas pour la reine, la foule se délectera des scènes d'action et épisodes burlesques, les penseurs apprécieront le caractère des personnages.
Et bien moi, j'ai aimé le tout! Ruy Blas, 100% romantique, prêt à tout pour sa belle, la scène entre César (ignorant tout) et Guritan, la critique non voilée des hommes de pouvoir qui profitent du système!
Bref une excellente lecture!
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Ruy Blas est un drame romantique écrit en alexandrins.

Chaque personnage y est déterminé par son caractère propre depuis le début : La Reine est noble et pure et ne faillira pas ; Ruy Blas est un roturier amoureux (de la chose publique que la Reine symbolise ) honnête, vertueux, grand gestionnaire, attelé à une mission impossible (sauver l'Espagne de la convoitise des Grands) ; Don Salluste est la fine fleur du gentilhomme lettré, intelligent, sans moralité, manipulateur et assoiffé de vengeance ; Don César, son cousin, est un fils de famille devenu coupe-jarret aux nobles idéaux (il finit en prison) ; Don Guridan, l'homme ridicule, est également un grand seigneur d'un autre temps, une réminiscence de don Quichotte : il meurt en duel pour l'image de sa belle.

Tous ont donc leur destin chevillé au corps, il leur suffit de le suivre sans un souffle de révolte, là est leur grandeur : les malhonnêtes seront assassinés, les jouisseurs bretteurs et voleurs arrêtés ; et "le ver de terre amoureux d'une étoile" se donnera la mort, conscient d'avoir aimé plus haut que sa condition.

Tous sombreront, seule la Reine (l'Espagne) restera la Reine.

La pièce raconte la trahison des Grands et leur appétit démesuré qui mène le pays à la ruine ; elle recèle un message politique : Ruy Blas représente le peuple, pas encore légitime à gouverner le royaume, mais auquel l'incurie et la cupidité des nobles à se partager les finances publiques ouvriront l'accès aux postes de pouvoir et de commandement. Victor Hugo attaque ainsi frontalement la Monarchie de Juillet en transposant dans l'Espagne du 17 ème siècle les préoccupations politiques de son époque.

Le style de Hugo est particulièrement savoureux, on en oublie la rigueur cadencée de l'alexandrin tant la langue est vive et spontanée.

C'est un moment de lecture délicieux et jubilatoire.
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J'adore cette pièce. Une histoire d'amour flamboyante, une imposture, l'arrière-plan du peuple en marche hugolien, un vilain digne de Frollo (Don Salluste) et une fin shakespearienne dans le sang. Je vénère Shakespeare, adore Hugo, et lorsque le second est le plus proche du premier, son maître, je ne peux qu'applaudir. Il déverse dans cette pièce toute sa passion, conjuguée à un décor espagnol qui s'y prête tellement.
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A la cour du roi Charles II d'Espagne, Ruy Blas n'est qu'un laquais qui soupire sans espoir pour la reine qui s'ennuie. Contraint à son insu de servir la vengeance de son maître, l'ignoble don Salluste, il sprend la place et les titres de don César, lui-même exilé en secret et contre son gré par don Salluste. Ruy Blas côtoie ainsi le pouvoir et démasque les grands d'Espagne imposteurs qui vivent aux crochets du royaume, mais c'est vite oublier que lui aussi porte un masque et n'est qu'un "ver de terre amoureux d'une étoile".
Drame romantique devenu pièce classique, l'intrigue est tragiquement simple, mascarade sans issue pour ses protagonistes. Les défauts de la monarchie y sont vivement dénoncés et la pièce peut s'apprécier lue aussi bien que jouée.
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Le Romantisme... Je pense que ce mouvement littéraire est un de mes préférés, et Ruy Blas est sans aucun doute pour moi un des meilleurs livres que j'ai lu jusqu'ici. Je ne m'arrête généralement pas à une simple lecture, cela n'a pas grand intérêt pour moi alors en fouillant un peu on peut trouver deux trois trucs bien sympa dans cette pièce:
Déjà le titre "Ruy Blas", (ruy : roi + blas : nom commun pour un laquais) un laquais qui porte le nom d'une pièce est bien signe d'un défenseur des Modernes et d'un romantique ! Dès la scène d'exposition, on se retrouve avec un personnage qui intervient sur moi de 10 vers, c'est très surprenant. Et puis Don César est un personnage que j'ai beaucoup aimé (surtout dans la représentation de Schiaretti).
Ensuite nous avons la double intrigue (bye bye l'unité d'action classique) un laquais amoureux de la Reine d'Espagne, et la vengeance de Don Salluste, exilé par la reine. Tant de machinations et d'actions, nous avons aussi la montée de RB en puissance (jusqu'à être 1er Ministre, excusez le peu).
Nous n'avons pas le temps de nous ennuyer, les didascalies permettent d'identifier les rôles, les classes sociales, le décor, une belle représentation...
Des alexandrins disloqués, et des scènes tellement fortes en émotion ! J'adore j'adore j'adore :) Sans parler du fond de l'histoire qui se déroule dans l'Espagne du XVIe, très agréable ^^
C'est donc une très bonne lecture, où l'on ne s'ennuie pas un moment, avec une double intrigue extrêmement bien maniée (c'est du VH en même temps), et émouvante !
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enfin une pièce de théâtre intéressante et ludique!

J'ai beaucoup apprécié lire ce livre même si au début j'appréhendais cette lecture à cause des autres pièces de théâtre que j'avais lu avant et qui ne m'avaient pas plus. Je peux dire que Ruy Blas M'as fais apprécié la lecture des pièces de théâtre de cette période. de plus, le contenue du livre est très intéressant : l'histoire d'un simple valet amoureux de la reine d'Espagne qui le hisse socialement au fur et à mesure permet au lecteur de voir l'importance des classes sociales de l'époque dans la monarchie Espagnole. le style d'écriture change beaucoup du style des ouvrages qui l'ont précédés : la remise en cause de la règle des trois unités (lieu unique, une seule histoire principale et déroulement de la pièce en 24h) qui rendait la pièce irréaliste et fictive aux yeux du lecteur. Je ne dirais plus qu'une chose : [n'ayez pas peur de vous ennuyer en lisant ce livre].
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Victor Hugo et le théâtre, c'est une drôle d'aventure : il a écrit au total une quinzaine de pièces, mais deux seulement ont passé avec succès l'épreuve des ans : « Hernani » et « Ruy Blas ». Les autres ne manquent pas d'intérêt, mais, trop lourdes, trop compliquées, avec des personnages trop nombreux et trop complexes, elles ont eu du mal à s'imposer sur les planches. le théâtre romantique doit à Victor Hugo deux belles pièces, mais les chefs-d'oeuvre ne viennent pas de lui : Lorenzaccio (Alfred de Musset) et Chatterton (Alfred de Vigny) me semblent en effet répondre aussi bien et peut-être mieux aux critères fixés entre autres par … Victor Hugo. L'apport de celui-ci est en effet surtout théorique : les préfaces de Cromwell de Hernani posent en effet les bases du théâtre romantique : rupture avec le classicisme, suppression de la notion de genre : une pièce peut être à la fois drame et comédie, farce et tragédie, et liberté totale dans le sujet, le ton ou la répartition des caractères.
« Ruy Blas » depuis sa création, a toujours rencontré un grand succès. Sans doute parce que son héros est un homme du peuple : Ruy Blas est en effet un laquais de Don Salluste. Celui-ci cherche à se venger de la Reine qui l'a disgracié (il avait séduit une de ses filles d'honneurs – eh oui, en ce temps-là c'était pénalisable) ; il ourdit une sombre machination : il compte perdre la Reine en la compromettant avec son cousin Don César de Bazan, débauché notoire, devant le refus de celui-ci, il le fait enlever et le remplace par son valet Ruy Blas. Seulement Ruy Blas est amoureux de la Reine « un ver de terre amoureux d'une étoile », et la Reine, ma foi, n'est pas insensible aux intentions de celui qu'elle prend pour Don César. Mais les choses se gâtent quand Ruy Blas comprend le rôle qu'on veut lui faire jouer, d'autant plus que le vrai Don César refait surface. En aucun cas je ne voudrais déflorer la fin de ce drame, je ma contenterai de trois mots : aïe, aïe, aïe !
Le succès de « Ruy Blas » vient surtout du rôle central, le laquais – grand homme. Ruy Blas, héros romantique par excellence, joue un homme du peuple qui joue un grand d'Espagne : il séduit par son éloquence, sa hauteur de vues, son intelligence, il plait au peuple par ses sorties contre la noblesse :
« Bon appétit ! messieurs ! —
……………………. Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
L'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure ! »
Et il plaît à tous par la pureté de ses sentiments, son amour qu'il sait sans espoir – mais sait-on jamais ? – et la noblesse qu'il affiche alors que les vrais nobles ont, eux, une âme de laquais.
Et il nous touche en comprenant qu'on n'échappe pas à son destin, écartelé qu'il est entre son amour (une impasse) et les abominables machinations de Don Salluste.
Ah, Don Salluste, voilà un beau rôle de belle ordure !
Et le troisième rôle principal, Don César est également important : dévoyé mais lucide, il annonce par certains côtés Lorenzaccio.
Enfin le rôle de la Reine, sensible, mais toujours en retard d'un coup : la pauvre elle ne comprend qu'à la fin (quand il est trop tard) ce qui se passe autour d'elle.
Au cinéma : « Ruy Blas », un film de Pierre Billon en 1947 avec Jean Marais et Marcel Herrand, et surtout la parodie réalisée en 1971 par Gérard Oury (« La Folie des grandeurs ») avec Yves Montand et Louis de Funès
Au théâtre : « Ruy Blas » une captation de 1972 signée Raymond Rouleau avec Jean Piat et la troupe de la Comédie-Française (disponible en DVD sur le site de la Comédie-Française et sur celui de l'Ina)

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