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3,05

sur 143 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La quarantaine bien tassée, Beatrix et Ross ont fait une croix sur leur désir d'enfant. Et pourtant, Varian survient au milieu du couple sans prévenir. Si Beatrix s'émerveille du garçon sensible et intelligent qu'elle a mis au monde, la réaction du père est plus contrastée : l'enfant déteste les fêtes qui rythmaient leur vie au point d'en faire des crises d'angoisse, il devient végétarien dans une famille de pêcheurs de père en fils, … Trop brillant, trop délicat, Varian sera le souffre-douleur de tous les groupes sociaux qu'il fréquente.

Devenu adulte, Varian part à la recherche de son père, parti dans une exploitation de sables bitumeux au Canada pour payer les études de son fils, mais qui ne donne plus de nouvelles depuis longtemps. Il y a trouve une société brutale et destructrice : la compagnie ravage l'environnement, broie les hommes qui travaillent pour elle, et ces mêmes hommes se vengent sur les rares femmes présentes dans leur entourage.

Les récits d'hommes brisés, les scènes de torture et de viols collectifs ne nous sont pas épargnés dans ce roman d'une noirceur désespérante. La société tout entière est perçue comme un gigantesque système d'engrenage dans lequel chaque pièce en cherche une plus faible qu'elle pour la mutiler et la détruire. Aucun espoir ne semble possible, et même ce mystérieux club des miracles relatifs paraît bien vain. Les récits où Varian s'exprime sont écrits sans ponctuation, avec une grammaire et une syntaxe chaotique, ce qui renforce le sentiment de confusion, un peu comme dans un cauchemar, où des images horribles arrivent dans notre esprit sans qu'on parvienne à en tirer un ensemble cohérent.

Ce livre est un véritable uppercut, qui m'a atteint d'autant plus fort que je ne me méfiais pas particulièrement (« miracle » dans un titre, ça donne une impression positive, même si les-dits miracles sont relatifs). Je n'ai pas pu le lâcher une fois commencé, mais j'étais tout de même un peu soulagé quand j'ai pu le refermer..
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L'exploitation pétrolière des sables bitumeux d'Alberta au Canada, voilà un des éléments essentiels de cette histoire.
Exploitation de la planète et des hommes soumis aux toxicités de leur travail.
Une société où l'individu n'a plus de place identitaire.
On nage entre science-fiction et réalité qui finissent par se confondre.
Et dans ce décor anxiogène, il y a Varian.
Varian, né de parents âgés, qui grandit en se sentant différent des autres, qui est adulé par sa mère, qui a des capacités intellectuelles hors norme, mais qui demeure asocial.
Certainement est-il autiste asperger.
Varian qui, adulte, se retrouve dans un tribunal où l'on ne sait pas trop ce qui lui est reproché.
Activités écologiques, certes, mais est-ce tout ?
Qu'est-il arrivé à ces femmes à qui certains chapitres sont consacrés ?
C'est un texte d'une grande complexité, d'une grande noirceur, mais aussi d'une grande intelligence, comme sait les écrire Nancy Houston.
Elle ne choisit jamais la simplicité ni la mièvrerie, et c'est ce qui fait la force de ses écrits.
Celui-ci étant particulièrement sombre heureusement que les passages sur la vie de Varian avec ses parents, Ross et Béatrix, sont là pour apporter une part de légèreté, de lumière, de positivisme.
Parce que tout ce qui concerne la vie à Luniville est d'un pessimisme, d'une noirceur, d'un réalisme difficilement soutenables.
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Je crois que ce que j'admire le plus, chez Nancy Huston, c'est sa capacité à se renouveler, à expérimenter -souvent avec succès- des genres divers.

Elle nous surprend ainsi, une fois encore, avec son dernier titre, roman atypique où s'entremêlent lieux imaginaires et références géographiques bien réelles, où les personnages évoluent dans un monde qui, s'il ressemble au nôtre au point de susciter un certain malaise, se présente en même temps comme le cauchemar résultant de tous nos excès.

Varian est un être différent.
Originaire de l'île Grise, il est le fils tardif de Ross et Beatrix McLeod. le couple vit dans une plénitude affective et morale que rien ne semble pouvoir troubler. Ce sont des gens simples, qui vivent de la pêche, comme la plupart des familles du village.
Manifestant dès son plus jeune âge une intelligence et une sensibilité hors normes, ne supportant ni le bruit ni la violence, Varian affirme en grandissant sa particularité. Sa frêle constitution, sa voix cristalline, sa soif irrépressible de savoir, font de lui un être à part, exclus. Il entretient avec son corps un rapport complexe, à la fois hanté par l'idée d'une pureté inatteignable, et obsédé par des pulsions sadiques qu'il assouvit par de fréquentes et compulsives séances de masturbation.
Si Ross est déçu par ce garçon si peu viril et asocial, qui ne mange ni viande ni poisson, Beatrix entretient avec son fils unique une connivence troublante.
Varian est adolescent lorsque la dégradation des ressources marines de l'île Grise pousse Ross à partir, comme tant d'autres avant lui, pour Luniville, où le gigantesque site d'extraction d'ambroisie de Terrebrute embauche à tour de bras une main d'oeuvre qu'elle exploite et empoisonne à petit feu. Beatrix et son fils restant sans nouvelles, le jeune homme rejoint à son tour la ville, univers étincelant aux formes lisses et tranchantes, où règne un froid intense et permanent, univers essentiellement masculin, dont la dureté et le désespoir, cumulés à la douleur de l'exil, imprègnent de violence les rapports entre les êtres.

"Le Club des Miracles Relatifs" est comme une alternance de tableaux, qui nous plongent en divers lieux et diverses époques, au coeur d'un bouillonnement déroutant, d'un puzzle où chaque élément prend peu à peu sa place.

Au récit de l'enfance et de la jeunesse de Varian, succèdent...
... tantôt un auto plaidoyer vibrant, saccadé, brutal et maladroit, dans lequel le héros, s'adressant à un jury imaginaire, crie sa détresse, tente de faire comprendre son incapacité à s'adapter à ce monde déshumanisé, où le profit et l'ultra consommation sont devenus les dogmes au service desquels hommes et nature sont exploités à outrance, jusqu'à la destruction...
.... tantôt les scènes d'un présent cauchemardesque : Varian est emprisonné et torturé des jours durant, jusqu'au délitement de sa conscience, par les représentants des autorités de Luniville, qui le soupçonne d'appartenir à une organisation terroriste...
... tantôt des bribes de destins de femmes, que l'on quitte aussi brutalement que l'on a fait leur connaissance, souvent victimes elles aussi de cette folie qui semble s'être emparée des hommes, qui les violent et les brutalisent, les abandonnent...

Le récit est contemporain, mais se nourrit des craintes de Nancy Huston quant au possible futur que laisse entrevoir nos dérives, qui imagine ce que pourrait être notre société après le franchissement du point de basculement vers une annihilation du respect de l'humain comme de l'environnement, vers un mépris de la vie en général, au profit d'une course irréversible et effrénée servant les seuls intérêts d'une poignée de privilégiés.

L'écriture foisonnante, la langue souple et inventive de l'auteur, qui alterne les styles, passant d'une élégance poétique à la frénésie d'un langage fortement évocateur, font de ce roman un moment de lecture intense et troublant.

Et je vous laisse la surprise de découvrir ce que représente ce mystérieux Club des Miracles Relatifs...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Hors-normes. Ce roman je ne peux que le classer dans une telle catégorie de par sa construction atypique et par les sujets abordés.

Pour moi, c'est mon premier essai avec Nancy Huston. Je ne sais pas si tous ses autres romans sont pareils, mais cette lecture fut éprouvante, surtout quand elle a choisi de représenter les pensées et le désordre psychologique de son personnage principal "Varian" par un texte sans ponctuation.

Un roman fort, un roman choc, mais qui pourra perdre beaucoup de lecteur par sa constructions déstructurée. J'ai beaucoup aimé les moments du passé de Varian, de la vie de ses parents, je me suis laissée emporter par leur triste destinée.
Varian est un personnage extraordinaire, il y a en lui tellement de trop, ce trop qui nous donne envie de le prendre sous notre aile et de le protéger des autres et de lui même. Varian est une personne incomprise, un écorché vif, une sensibilité sublime et une force au fond de lui, qui le mange petit à petit.
J'ai eu un peu plus de mal quand d'autres personnages sont apparus sous forme de chapitre unique.

Difficile de parler de ce roman. Il est d'une complexité profonde, il faut savoir aussi lire entre les lignes et aller plus loin que les mots. Je sèche un peu sur cette chronique, pourtant je l'ai vécu, je l'ai dévoré en moins d'une semaine, je n'ai pas pu le lâcher. Malgré tout, je suis incapable de vous dire plus, ce roman est un roman d'anticipation et aussi écologique. Une sorte de 1984 de George Orwell. Il faut prendre le risque de le lire et de ne pas aimer, mais il faut le lire.
Lien : http://les-mots-de-gaiange.o..
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Lecture pas toujours facile , certains chapitres mêlent fantastique , surréalisme avec des phrases parsemées de " blancs" au milieu des mots , sans ponctuation.
Par ce procédé d'écriture , ces métaphores l'auteur dénonce la société . Les entreprises d'extraction pétrolière y sont en ligne de mire.
Le héros , un jeune garçon puis devenu jeune homme hypersensible , surdoué , si singulier , nous délivre sa vision, son ressenti si particulier avec un imaginaire qui finalement n'est pas si loin du réel.
A lire.
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Le livre débute comme dans un conte, un couple qui n'attendait plus cet enfant qui nait tardivement. Cependant, très vite cette vie de famille se délite, le père Ross se retrouve pêcheur au chômage à cause d'une mer surexploitée, il est contraint de s'exiler pour travailler à Terrebrute où l'on exploite les travailleurs pour extraire des terres l'ambroisie sacrée. Sa mère Béatrix perd peu à peu le sens des réalités en l'absence de son mari, et Varian ce jeune homme prodige, psychologiquement malade va connaitre une vraie descente aux enfers en partant à la recherche de son père disparu.
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Futuriste, très troublant, visqueux.
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