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3,85

sur 1071 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le récit de ce livre tourne essentiellement autour de son personnage principal, Des Esseintes. Dandy excentrique et amoureux des belles choses, il vit de ses rentes et d'un héritage perçu alors qu'il était jeune. Dédaigneux vis à vis de ses contemporains qu'il trouve médiocres, il décide de se retirer dans un pavillon où, avec ses goûts de puriste, il réfléchit et sélectionne les ouvrages et objets qui sont le plus cher à ses yeux. Ainsi, la seule action (si l'on peut parler d'action) se résume à parcourir sa bibliothèque parsemée d'ouvrages anciens et rares, sa galerie de tableaux signés de grands peintres, son jardin botanique où poussent d'exotiques plantes aux couleurs et aux parfums inconnus…

Ce roman de Huysmans marque sa volonté de rompre avec le style naturaliste auquel il appartenait auparavant. Il s'inscrit ici dans l'esprit décadent qui prévalait à la fin du XIXe siècle. Les romans de Huysmans sont toujours particuliers, celui-ci également. Mais pour ma part, s'il fallait en retenir un, ce serait plutôt Là-bas.
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HUYSMANS_ à rebours
Il faut lire « à rebours » pour réaliser à quel point la religion a un pouvoir de perversion : en élevant l'âme vers un idéal inatteignable, elle suscite l'ennui, voire le dégout, pour les choses de ce monde et pousse ainsi à la transgression.
Curieux personnage que ce Des Eisseintes ; sorte d'aristocrate imbu de sa caste, qui ne trouve d'autre moyen pour tromper son ennui et surmonter son dégout des vulgarités de ce monde que de se réfugier dans la solitude en s'entourant d'un luxe raffiné frisant le ridicule. Les livres sont reliés dans les peaux les plus rares. Concernant la peinture, Odilon Redon est à l'honneur avec Gustave Moreau considéré comme un peintre de génie. Il se perd dans la passion des pierres précieuses dont il nous déroule un catalogue fastidieux.Il lui viendra l'heureuse idée d'en décorer une tortue. Elle mourra sous le poids des pierres ! Il invente aussi un orgue distributeur de cocktails. Sans oublier les parfums. Ce qu'il appelle l'Art flirte avec le factice et pour ce personnage décadent et souffreteux il est largement supérieur à la nature. Pour ce qui est de la musique, par contre, il n'apprécie guère que le plain chant grégorien.
La misogynie est clairement assumée : P. 104 il fait un parallèle grotesque entre la femme et la locomotive, P.180 il parle de « la sottise innée des femmes », p 207 de la « bêtise féminine », p. 306 « Des Esseintes relevait cette profonde définition de la femme ; Éternel féminin de l'éternel jocrisse.  »
Des Esseintes cherche à tout prix la distinction. Névrose et symbole d'une caste décadente qui cherche à se prouver qu'elle mérite de survivre.
On peut deviner avec un tel personnage auquel il s'identifie, désespoir aidant, que l'auteur, qui s'inscrit en creux dans une sorte d'anti naturalisme instinctif (et partiellement justifié, car le naturalisme tend à se répéter et à gommer la singularité de l'humain au profit d'un déterminisme qui en nie la complexité) soit tenté in fine par la religion.

Il y a malgré tout des pages d'une étonnante lucidité sur la réalité et la misère qui pèse comme une fatalité sur les classes dominées.
Mais le style recherché et parfois alambiqué est bien souvent surchargé avec des alliances de mots qui, à mes oreilles, ne sonnent pas juste.
« […] mieux accentué » p.303
« […] soulagement qui ravitaille » p. 331
« […] fortifiant espoir » p.330
[…] Imbu de préjugés » p. 337
« […] intemporalité de bêtise qui l'avait battu » p339
« […] un catholicisme salé d'un peu de magie » p313 épicé ou frelaté aurait mieux convenu. Etc.
Heureusement Baudelaire, Mallarmé et Verlaine sont à l'honneur ainsi que Flaubert pour Salammbô et les tentations de Saint Antoine (même si je ne les apprécie pas pour les mêmes raisons). Et les dernières pages où il se lance dans une diatribe contre la bourgeoisie et la finance méritent le détour.

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Je reconnais tout le génie littéraire de Huysmans, d'où trois étoiles en dépit du calvaire qu'a été la lecture de ce livre. J-K H y fait preuve d'un talent littéraire impressionnant, une maîtrise de la description, une documentation méticuleuse, une culture qui frôle l'hystérie,...
Mais que c'est contraignant à lire!
J'ai cependant pris beaucoup de plaisir à lire le chapitre sur la tortue dont il fait sertir la carapace de pierres précieuses: l'espace d'un instant j'ai pensé que des Esseintes était un peu le Paris Hilton du XIXe siècle.
Je suis contente d'avoir découvert ce roman, un peu moins d'avoir été obligée de le lire jusqu'au bout...
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"A rebours" est considéré comme une oeuvre à part dans l'histoire de la littérature, et dans la bibliographie de son auteur, qui ne réitéra jamais ce genre d'expérience romanesque. Avec ce roman, Joris Karl Huysmans avait pour but d'échapper à l'impasse du naturalisme, et de tenter d'ouvrir une voie nouvelle dans la littérature".

Je viens plus ou moins de paraphraser Wikipédia, dont ces quelques lignes résument les différentes analyses que j'ai pu lire à propos de ce roman. En ce qui me concerne, j'ai le sentiment d'être passée à côté de cet ouvrage sans doute fort intéressant, mais auquel je n'ai pas vraiment accroché...

L'écriture de Joris Karl Huysmans est certes -comme d'habitude- irréprochable, et m'a offert quelques moments de plaisir, par son érudition, son sens du détail significatif, son talent pour nous faire vivre les états d'âme de son personnage principal.
Seulement, ces passages alternent avec de longues descriptions fort rébarbatives à mes yeux, qui prennent parfois des allures de pages de catalogue ! J'ai subi, entre autres, l'exposé très précis des travaux (couleurs des tapisseries, emplacement des meubles, choix des tissus...) que le héros fait effectuer dans sa maison, ou encore l'énumération des mérites ou défauts respectifs des auteurs composant sa bibliothèque latine...

L'auteur fictif de ces fastidieux "inventaires" est Des Esseintes...
Lassé d'une vie de débauche et de plaisirs qui finit par lui sembler vaine, ce citadin se retire de la vie publique qu'il menait à Paris pour vivre tel un reclus dans une maison de Fontenay-aux-Roses.

Au cours de cet isolement, il épuise tout un arsenal d'occupations diverses, tentant de combler un désoeuvrement qui finit toujours par le rattraper. Il donne l'impression, lors de la réalisation de ces passe-temps (qui vont de la collections d'espèces botaniques particulières à l'acquisition d'une tortue qu'il fait parer de pierres précieuses), de vouloir se prouver à lui-même son sens du raffinement, sa capacité à apprécier l'art et la beauté véritables.
En effet, il manifeste parallèlement son dégoût vis-à-vis d'une société devenue bornée, intolérante et légitimiste. de même il méprise la nouvelle génération, constituée de rustres qui méprisent l'art et la littérature, et qui ont fait de l'argent, du vulgaire et de la politique leurs principales valeurs.

Des Esseintes m'a surtout semblé traverser un épisode dépressif, qui l'amène à s'interroger sur ses convictions (il se surprend à remettre en question son agnosticisme), et sur la place qu'il peut occuper dans un monde qu'il ne comprend plus, avec lequel il se sent en décalage.
A travers certaines de ses réflexions, on devine les tâtonnements psychiques et intellectuels d'un auteur en train de rompre avec le mouvement naturaliste, et qui, dans sa quête d'une réponse à ses angoisses, se tournera vers la foi.

Malheureusement, malgré l'intérêt que peut présenter ce récit, et pour la raison évoquée plus haut, c'est avec un sentiment de déception que je ressors de ma lecture.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Livre très bien écrit mais artificieux, emberlificoté (à l'image du personnage névrotique qu'il dépeint), les thématiques systématiques (fleurs, parfums, livres, peintures, musiques, architecture, décoration etc..) relevant d'un catalogage esthétique un peu lassant, l'auteur dévoilant au passage son âme de collectionneur.
« À rebours », ouvrage très littéraire, très bien léché (et souvent drôle), a été le principal succès de Huysmans.
À présent, on ne lit pas Huysmans pour le sujet mais pour l'écriture elle-même. C'est un professeur d'écriture. On lit Huysmans pour apprendre la langue française.
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J'ai lu du 15/09/2022 au 06/11/2022.

J'ai lu ce livre dans le cadre de mes études. Je connaissais ce livre que de nom plus précisément parce qu'il traite de la médecine par moment. Il était temps que je le lise et le découvre. A rebours est un petit OVNI littéraire car il est difficile de le cataloguer quelque part. Il est dans l'esprit de la décadence.
Il n'y a clairement pas d'intrigue et je dois dire que ma lecture a été compliquée car il a fallu que je fasse plusieurs recherches, utiliser mes cours pour mieux appréhender l'oeuvre. On suit Des Esseintes qui s'est retiré du monde pour vivre comme reclus, il prend la société de haut et prône l'artifice, l'ancien, etc. Chaque chapitre aborde une facette de sa vie, de son évolution. J'aime beaucoup les thèmes traités. Huysmans n'épargne aucun thème et il n'y a aucune retenue. L'esthétisme est avant tout central dans l'oeuvre car les couleurs, les sens éveillés, tout est contribué pour faire de cette oeuvre une oeuvre incroyable.

Pour conclure, la lecture est très difficile et il faut s'accrocher mais c'est très intéressant dans ses thèmes et ses références. Il faut néanmoins avoir un minimum de connaissances pour comprendre les subtilités.

Ma note : 6/10
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Ce livre est un OLNI (objet littéraire non identifié)

On adore ou on déteste paraît-il. Je comprends bien tant il est déroutant.
Parlons d'abord du style, le vocabulaire ne rendant pas l'oeuvre accessible à tous, j'ai vu cela comme une forme de snobisme. Un entre soi intellectuel. Et en même temps, je me dis que c'est un moyen ludique d'enrichir son vocabulaire.
J'ai trouvé la langue splendide, c'est incontestable.

Concernant le récit, j'avais avant même d'entamer ma lecture, abandonné l'idée qu'elle puisse être divertissante. Ce qui nous est conté est totalement dépourvu d'intérêt. Des Esseintes s'ennuie et nous aussi. le voir choisir sa tapisserie ne donne pas plus de sens à la vie et le rend même très pathétique.

Un petit bijou malgré tout pour enrichir son vocabulaire.
Hâte de poser "Yatagan" au Scrabble pour épater la galerie. Merci Huysmans !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Malgré une redondance des descriptions, j'ai pris plaisir à fouler les pas saugrenus de Des Esseintes. Un classique à découvrir et redécouvrir sans modération !

Plus d'infos sur ma chronique :)
Lien : http://la-riviere-des-mots.b..
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Si, pour paraphraser Cocteau, vous pensez que l'accessoire est vital, alors précipitez-vous sur ce chef-d’œuvre de l'inutile.
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Ce livre ne se compare à rien. Un personnage tourmenté, peut-être fou, du moins perturbé. En tous cas, on gagne à connaître ce livre d'Huysmans, qui laisse un goût inédit.
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