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EAN : 9782363390547
288 pages
Finitude (16/04/2015)
3.53/5   306 notes
Résumé :
Pierre a tout abandonné, il vit dans sa voiture, sur l'autoroute. Là où sa vie a basculé il y a six mois.

Il observe, il surveille, il est patient.

Parmi tous ceux qu'il croise, serveurs de snack, routiers, prostituées, cantonniers, tout ce peuple qui s'agite dans un monde clos, quelqu'un sait, forcément.

Week-end du 15 août, caniculaire, les vacanciers se pressent, s'agacent, se disputent. Sous l'asphalte, lisse et rassu... >Voir plus
Que lire après Derrière les panneaux, il y a des hommesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (105) Voir plus Ajouter une critique
3,53

sur 306 notes
J'aime la radicalité en littérature, celle qui dérange, celle qui gratte, qui divise. Cela ne veut pas dire que je m'y retrouve à chaque fois, parfois je ne m'y reconnais pas, mais quand j'adhère à l'univers proposé, cela reste toujours un souvenir fort de lecture. Cela a été le cas avec ce roman qui m'a percutée de plein fouet.

Sur le papier, on a un speech de polar / thriller classique : un père traque un serial killer pédophile qui a enlevé, entre autres, sa fille, parallèlement à une enquête policière qui patine. Mais sous la patte de Joseph Incardona, cela donne quelque chose de très singulier et oppressant.

La radicalité commence par le choix du lieu pour un quasi huis clos à ciel ouvert : une autoroute, ses aires avec ses parkings et ses restoroutes. Puis par le choix de personnages borderline. Là où un autre auteur aurait choisi de privilégier l'empathie du lecteur pour les parents, c'est l'empathogramme plat : ils sont tellement ravagés par la perte de leur fille qu'ils ne survivent qu'à coup de comportements dérangeants, la mère se réfugiant dans la drogue et la frénésie sexuelle crade ; le père mu par une obsession froide quasi psychopathique, vivant comme un animal depuis des mois sur les aires d'autoroute, comme un squale fou qui ne s'arrête jamais de tourner en attendant sa proie, le prédateur de sa fille qui récidiverait. Très dérangeant.

En fait, la description de ce microcosme de l'autoroute devient une quasi satire sociale : ce monde où le bitume a tout recouvert parle de l'ultralibéralisme et d'une société en déliquescence tout en étant en mouvement perpétuel. Les passages sur le monde du travail aliénant, sur la solitude contemporaine, sur la sexualité triste et tarifée sont terribles. Tout est sans fard hypocrite, sans filtre embellissant, c'est au contraire outrageusement cru. Ce qui peut déplaire.

Cette crudité radicale est décuplée par une écriture à l'identité marquée. Les mots sont affutés comme des guillotines, percutants, incantatoires, nerveux, poétiques mêmes, ils s'enchaînent dans une audace libérée et parfaitement maitrisée. Ils font surgir des images parfois dérangeantes jusqu'au sordide. Mais ils ne sont jamais complaisants. Si Joseph Incardona cogne, il se montre d'une délicatesse pudique pour évoquer les fillettes martyrisées : jamais le mot de trop qui ferait basculer dans le glauque, elles apparaissent à chaque fois préservées dans leur dignité, ce qui est contraste d'autant plus avec le reste des personnages, tous sur le mode de la déchéance.

J'aime la radicalité en littérature lorsqu'elle n'est pas gratuite, juste pour choquer. Ce roman noir serré totalement atypique est dans le genre parfaitement maitrisé, implacable. Marquant.
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Dans le forum, je vois souvent des questions portant sur la différence entre romans noirs, polars et thriller. L'auteur nous propose un roman où un pédophile enlève et tue des jeunes filles et focalise son histoire sur la vengeance du père de la deuxième victime.
Thriller: non. Pas de rebondissements soudains, peu d'actions et le tueur est connu dés le début du livre.
Polar: non. Même si à l'enlèvement de la troisième adolescente, on assiste à l'enquête de la gendarmerie, celle çi n'est pas prépondérante dans ce roman.
Roman noir: oui. Pourquoi?

L'acteur central n'est pas un personnage mais une portion d'autoroute. 4 voies de béton sans cesse en mouvement, plus ou moins fluide, où le sujet principal n'existe pas: seulement un objet, voiture ou camion ou camping car puisque l'action se déroule pendant le pont du 15 août.Des aires de repos, nature reconstruite et aménagée contenant des angles morts où une faune interlope survit. Des stations essences avec cafétéria, royaume du néon et de la malbouffe.Fort contraste entre l'immobilisme de ceux qui y travaillent et le flot continue des voyageurs. Et une clôture formant le périmètre. Au delà, des champs, la nature : la liberté.
En dehors des transhumances saisonnières, ces aires ont leurs propres règles, leurs propres codes tacites et souvent indicibles: aire pour homos, aires pour voyeurs/exhibs, refuges des routiers qui rêvent à leur famille qu'ils retrouveront le vendredi soir, pour d'autres putes, trav, trans, jeunes éphèbes à leur disposition: ils savent quand et où les trouver et combien ça coûte.
Pierre, le père de la deuxième victime y végète depuis 6 mois attendant que le prédateur récidive.
Pascal, le tueur, y travaille et attend sa future proie.

Le style est sec, phrases courtes, souvent non verbales; le langage est cru, trés cru, moche, vulgaire. Ce ne sont pas des scènes gores qui rendent parfois la lecture de ce bouquin insoutenable mais de simples mots. L'obscénité permanente et outrancière se veut la révélation d'un lieu oublié, d'une prison construite pour les RTT et la cinquième semaine de congés payés.

Je ne peux ni conseiller ce roman très noir, ni le fustiger: j'ai bien aimé, lisez le si le manque total de lumière et le langage très cru ne vous effraient pas.

Pour un public très , très averti.
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J'écris ce commentaire alors que je n'en suis qu'à la moitié du livre, sans être sûre d'en venir à bout.
L'histoire commence avec trois disparitions de petites filles qui ont toutes un point commun : l'aire d'autoroute où chaque parent a vu sa progéniture se volatiliser. Pierre est l'un de ces parents meurtris ; depuis l'enlèvement de sa petite fille, il a élu domicile sur cette aire d'autoroute. Son quotidien : le siège de sa voiture en guise de lit, les toilettes publiques comme douche et, comme moteur à ses journées, un désir de vengeance obsessionnel. de l'autre côté, il y a le cuisinier de la cafeteria de l'aire d'autoroute. Employé modèle, si ce n'est son incontrôlable envie de s'attaquer aux enfants.
Nous suivons également quelques personnages annexes avec leurs fantasmes et leurs névroses.
Tout me gêne dans ce roman.
L'écriture tout d'abord, sèche, saccadée, qui ne laisse aucune place au chagrin des parents victimes de la pire tragédie, l'enlèvement de leur fillette.
Les scènes de sexes ensuite. Je ne voudrais pas jouer les vierges effarouchées, mais, là tout y passe, masturbation, fellation, sodomie, rapports tarifés entre des personnages qui ne me semblent pas avoir un grand intérêt dans le déroulement de l'histoire.
Certains critiques ont qualifié cette écriture de poétique :

« Gérard Luciano sort son portable et compose le numéro du Capitaine Martinez. Il se dit qu'il fumera son cigare plus tard. Il commence à se toucher la queue dès qu'il entend la voix du capitaine.
Il parait que beaucoup d'hommes font ça quand ils parlent en privé au téléphone.
Un geste de nervosité.
Pas de désir.
Toucher la petite saucisse, ça détend.»

Mais où est la poésie ?
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Une autoroute. Rien de plus banale qu'une autoroute. de l'asphalte, des kilomètres d'asphalte. Des aires de repos. Des stations services.
Rien à voir. Rien à signaler. Comme un no man's land. Un passage obligé vers l'ailleurs.
Et pourtant...
C'est là que Pierre a élu domicile. Il vit dans sa voiture. Il attend. Il attend que le salopard qui lui a pris sa fille il y a six mois, fasse une erreur, une petite erreur et c'est lui, à son tour, qui le fera disparaître. Car il sait, il sent que c'est là que tout se joue, sur cette autoroute.

Quelle claque que ce roman ! Une écriture acérée qui vous lacère le coeur et les entrailles car perdre un enfant et ne pas savoir ce qu'il est devenu est un calvaire, une épreuve insurmontable. Une écriture rapide et puissante qui vous livre immédiatement les images, les sons et les odeurs : on baigne dans ce marasme autant psychologiquement que physiquement (la canicule de ce mois d'août joue à part entière dans ce drame).
On découvre l'envers du décor (c'est glauque, c'est sale, ça pue la merde et la pisse) et tous les habitants qui peuplent les autoroutes (employés des restaurants, stations services, et autres péages, prostitués, routiers, gardiens). C'est férocement inhumain et humain en même temps. C'est cru, violent et paradoxalement très pudique quand il s'agit des enfants. On s'englue dans cette crasse comme dans le désespoir sans fin de ces parents orphelins de leurs petits.
C'est noir... mais du très beau noir qui touche à l'éblouissement !
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Premier chapitre : trois parties, trois personnages. Ce que décrit le narrateur ressemble à une tentative de suicide : il fait très chaud et Pierre, désespéré, enfermé en plein soleil dans sa Renault, se déshydrate sur ce parking d'autoroute. Il peut décrire exactement chaque étape de ce qui va lui arriver : avant, il était médecin légiste. Autour de la voiture, des gens s'inquiètent, s'agitent, jusqu'à ce que Pierre se décide finalement à réagir.
Pascal est cuisinier dans un snack sur cette même aire d'autoroute. Il y a plusieurs années, il a eu un accident de moto et quelqu'un en a profité pour mettre le Mal dans sa tête. Parfois, quand le Mal veut sortir, Pascal ouvre la fermeture Éclair qu'il a fait tatouer sur sa cicatrice…
Avant, Ingrid était une jolie femme. Maintenant, elle ne sort plus de chez elle, se néglige, s'est laissé grossir. Elle boit de la vodka et laisse l'appartement dans un état déplorable. Elle couche avec les livreurs qui lui apportent ses courses et se masturbe frénétiquement en regardant la télé. Pierre l'appelle tous les soirs pour lui dire où il en est, s'il a trouvé quelque chose, s'il y a du nouveau. Ensemble, ils ont eu un enfant, une petite fille. Elle avait huit ans quand elle a disparu sur une aire d'autoroute, il y a six mois…
***
Dans ce roman noir, très noir, l'intérêt ne réside pas dans la découverte du coupable : on le connaît dès le premier chapitre, mais plutôt dans la traque, dans la psychologie des différents personnages, même des personnages secondaires, et dans le décor que Joseph Incardona a choisi pour les faire évoluer : une aire d'autoroute. En effet, Derrière les panneaux, il y a des hommes, précise le titre parfaitement adéquat, et c'est vrai qu'il y a un monde fou sur les aires d'autoroute : ceux qui travaillent, ceux qui ne font que passer, ceux qui s'arrêtent pour manger, pour pisser, pour se reposer, pour dormir, ceux qui cherchent une relation sexuelle, tarifée où non, ceux qui y vivent et ceux qui y survivent. Nous allons en rencontrer plusieurs, de ces figures : un cantonnier qui ramasse tout ce qu'il trouve, un gérant malhonnête, un binôme de policiers qui cherchent le tueur, un prof qui vieillit mal, un travesti, une cartomancienne, un couple en instance de rupture et leur petite fille de douze ans…
***
Le style de Joseph Incardona me plaît vraiment, malgré la crudité et même la vulgarité du langage employé dans ce roman-ci. Il me semble que ce parti pris de la violence du langage intensifie la douleur, le ressentiment, la colère, qu'il permet d'enlever les filtres et de livrer les sentiments bruts. L'écriture reflète l'urgence : beaucoup de mots-phrases, souvent en énumération, beaucoup de sauts à la ligne, de phrases minimales ou nominales. L'emploi du deux-points à des endroits où il n'est pas nécessaire, voire fautif, accentue cet effet d'accélération, comme d'ailleurs l'utilisation fréquente des tirets. J'ai aimé aussi les allusions culturelles (Bourdieu, Beckett…) et les discrètes adresses au lecteur qui le préviennent parfois de ce qui va arriver. Un roman dur, exigeant, une écriture déroutante, un très bon roman noir, aussi noir que les petites touches d'humour qui le parsèment.
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critiques presse (1)
Telerama
24 juin 2015
Un polar sombre, mais aussi, et surtout, un roman profond.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Chacal est un magicien.
Avec très peu d'éléments nouveaux, il donne l'illusion de nourrir l'information, d'apporter des éléments révélant une part de mystère autour de la disparition de Marie Mercier.
Il y a eu des reportages/enquêtes sur :
Les faits tels qu'ils se sont produits. La mobilisation des forces de police. La mobilisation de la société civile. La mobilisation des autorités.
Les parents déchirés. Les familles déchirées. Les amis déchirés. Les quidams inquiets.
Le message d'espoir de l'évêque Machin. L'impuissance des autorités : remise en question du plan anti-enlevement. La brigade cynophile. Les battues des civils. Le père suicidé dans sa baignoire. La mère internée d'urgence à la clinique neurologique de Sainte-Machine...
On étale la pâte. On garnit.
On fait durer le mois d'août : pizza réchauffée pendant quinze jours.
Condiments.
Chacal a bien fait son boulot, un professionnel du malheur sous forme de fait divers.
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Pascal retourne la viande.
Trois hamburgers de boeuf haché certifié aux normes en vigueur.
Mon cul.
La plaque de cuisson à induction avoisine les quatre cents degrés.
Il boit environ cinq litres d'eau par jour.
La spatule racle sous la viande, la déplace pour éviter qu'elle se carbonise.
La viande dégorge son eau. Fumée blanche. Odeur de brûlé.
Boeuf élevé aux antibiotiques et stéroïdes.
Dans les cas les plus extrêmes, on injecte d'abord de l'atropine dans la bête une fois abbatue afin de lui dilater les veines. Ensuite, de l'eau chargée d'antiseptique dans le cœur. Le liquide se répartit ainsi dans tout le réseau sanguin de la bête.
Le poids de la viande augmente. Le prix aussi.
C'est ce qu'il a lu. Il lit beaucoup.
Revues spécialisées de toutes sortes, sites internet, blogs. Ce qui l'intéresse, c'est l'information.
Personnellement, il s'en fout de la viande, il est végétarien.
Il cuit la viande pour les autres, les clients du self-service. Touristes, routiers, employés des autoroutes, représentants de commerce, flics.
Les steacks hachés, c'est surtout pour les enfants. Le grand classique accompagné de frites. Grasses, l'huile qu'on vidange une fois sur deux. Les collègues attendent que ce soit lui qui le fasse et il suit les consignes du chef. Il n'y a pas de petites économies.
Graisse. Sel. Ketchup. Sucre. Cholestérol.
Personnellement, il s'en fout du cholestérol, il est sec.
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Chacal a bien fait son boulot, un professionnel du malheur sous forme de fait divers. Il l’a tellement bien fait que l’objectif rédactionnel est atteint. C’est exactement le traitement de l’information qu’on lui demande. Pratique à lire sur un transat, au coin de la table du bistrot : le magazine se vend à tirage record : photos des parents en longue focale, photos floutées des motards suspects. Long article écrit avec l’efficacité d’un journaliste qui sait comment lisent ceux pour lesquels il écrit. Titres chocs. Couverture où la violence le dispute à l’inquiétude qui le dispute à l’émotion qui le dispute à ta sœur.
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Quelques citations/extraits du roman Derrière les panneaux, il y a des hommes (2015) de Joseph Incardona (Edition Pocket, février 2017)

• « Nous vivons dans un monde chrétien. Mais pas forcément un monde de bonté. » p. 21.

• « Une belle femme qui tombe tout en bas, c’est encore plus avilissant. La beauté n’a pas le droit de se meurtrir. » p. 31.

• « Pascal roule. Davantage de risques à opérer sur une aire d’autoroute, mais après, c’est plus facile. Tout bouge tout le temps. Tant qu’on ne sort pas du circuit. Pascal n’en a aucune intention. Pascal aime : les centres commerciaux, les supermarchés, les grands parkings, les gares, les aéroports. L’autoroute. Un non-lieu. On y est bien : travail, observation, capture. On n’est personne. On est : fonction, rouage, marchandise. » p. 65.

• « Elle voudrait faire le vide, mais « faire le vide » équivaut souvent à réfléchir. Même en dormant, elle a l’impression de réfléchir. Soucis récurrents, se transformant en rêves, demi-sommeil agité des individus sous pression. Et puis le réveil comme une libération avant le pire. » (sur Julie Martinez, la policière) p. 70.

• « Le malheur s’observe au microscope et rares sont ceux qui ont envie d’y jeter un oeil. » p. 85.

• « Pierre a beau chercher. Rien qui aurait pu appartenir à Lucie. Il ne sait pas ce qui est pire : une trace ou l’absence de trace. » p. 137

• « Obsession de Pierre : retrouver Lucie. Retrouver Lucie ne signifie plus retrouver Lucie au sens propre. Retrouver Lucie, c’est chercher le sens. Car le monde n’existe pas en soi. Il n’existe que comme plié. Il n’existe qu’enfermé dans chaque âme. Dans chaque nom propre. » p. 140.

• « Il y a une dignité à se confronter au mal, à le regarder en face. Une manière de prendre le malheur à bras-le-corps, de lui livrer bataille. Il y a une sincérité, aussi. Qui marche main dans la main avec la dignité. Il y a, enfin, la contemplation du gâchis social, de l’insondable gâchis humain au regard duquel son gâchis personnel est une simple conséquence, « macro » enveloppant le « micro ». » p. 178.

• « La colère portée vers le monde est la colère de soi. » p. 206.

• « Une dépression, c’est un gouffre. C’est potentiellement proche du suicide. C’est en tut cas l’absence d’ironie, de retour sur soi. C’est déjà l’amertume et la défaite. » p. 238.

• « Tous ces sandwichs sous cellophane, des centaines si on les mettait les uns à côté des autres, un monticule jusqu’à devenir son propre poids, devenir sandwich soi-même, poulet et mayonnaise, mayonnaise et thon, thon et crudités, crudités et jambon, réfrigéré, sous cellophane, quand tu crèveras, Pierre, ton corps restera entier, en Technicolor, bourré de conservateurs et d’additifs alimentaires, ton corps sera mise en bière dans un cercueil triangulaire muni d’un code-barres, l’homme-sandwich exposé sous cloche dans un restoroute comme ceux des saints dans une crypte, le texte dira que tu auras été tenace, obstiné, les crocs plantés dans le bitume, rayon identique d’une roue tournant sur elle-même… Oui, il t’en a fallu temps et tout ça est évanoui. » p. 264.

• « Même si l’existence est une juxtaposition d’existences, même si elle n’est pas linéaire. On peut sortir de l’ellipse, dévier sa trajectoire, partir et disparaître. Dans le cosmos. Imploser en silence. Pierre Castan espère une seule chose : Que Bouddha se soit trompé. Que Bouddha soit un bonhomme jovial, obèse et heureux, mais qu’il se soit trompé. Que la réincarnation n’existe pas. Surtout pas. Surtout ne pas vivre encore et encore. L’enfer, c’est l’éternité. » p. 265.
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Où vas-tu Pierre ?
Je vais dans la nuit.
Je hante.
Prendre son ticket à l'échangeur, rouler, payer son ticket à la sortie. Un passage. Rien d'autre. Sauf que l'enfer est avant et après. Le passage est une arche, un arc en ciel sprayé sur un ciel de parpaing.
(p. 177)
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Vidéo de Joseph Incardona
Dans cet épisode, nous vous présentons des livres qui nous ont fait rire. Huit propositions de lectures pour différents âges : de l'humour, fin ou gras, des jeux de mots, de l'absurde, du comique de situation, de la satire sociales... Des livres que nous avons beaucoup aimés, auxquels nous repensons avec le sourire et que nous adorons mettre entre les mains des lecteurs. Une liste à garder précieusement, concoctée par nos libraires Laure, Rozenn, Nolwenn, Jérémy, Nicolas et Adeline !
Voici les livres cités dans cet épisode :
Un ours, un vrai, de Stéphane Servant et Laëtitia le Saux (éd. Didier Jeunesse) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23128786-un-ours-un-vrai-stephane-servant-didier-jeunesse ;
Horace. Tome 1, Cheval de l'Ouest, de Poirier (éd. Revival) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23359947-horace-tome-1-poirier--revival ;
Les Culs-reptiles, de Mahamat-Saleh Haroun (éd. Gallimard/Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22745328-les-culs-reptiles-mahamat-saleh-haroun-folio ;
Admirable, de Sophie Fontanel (éd. Seghers) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22540820-admirable-l-histoire-de-la-derniere-femme-ride--sophie-fontanel-seghers ;
Chroniques du Château faible, de Jean-Christophe Mazurie (éd. Fluide Glacial) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23032241-1-chroniques-du-chateau-faible-tome-01-jean-christophe-mazurie-fluide-glacial ;
Stella et l'Amérique, de Joseph Incardona (éd. Finitude) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23109474-stella-et-l-amerique-joseph-incardona-finitude ;
Le Rire des autres, d'Emma Tholozan (éd. Denoël) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23030426-le-rire-des-autres-emma-tholozan-denoel ;
Roman fleuve, de Philibert Humm (éd. des Équateurs/Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23286751-roman-fleuve-philibert-humm-folio.
Et quelques autres titres qui auraient pu faire partie de cette sélection de livres drôles :
Le Discours, de Fabrice Caro (éd. Gallimard/Folio) ;
Miracle à la tombe aux Aspics, d'Ante Tomi (éd. Libretto) ;
N'essayez jamais d'aider un kangourou !, de Kenneth Cook (éd. Autrement) ;
Je dénonce l'humanité, de Frigyes Karinthy (éd. Viviane Hamy) ;
Le Chien de madame Halberstadt, de Stéphane Carlier (éd. le Tripode) ;
Roulio fauche le poil, de Julia (éd. le Tripode) ;
La Vie est une corvée, de Salomé Lahoche (éd. Superexemplaire) ;
Idées noires, de Franquin (éd. Fluide Glacial) ;
#Les Mémés, de Sylvain Frécon (éd. Fluide Glacial).
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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