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EAN : 9782262024246
300 pages
Perrin (22/09/2006)
3.61/5   33 notes
Résumé :

Les chasseurs noirs... Des repris de justice, des braconniers, auxquels Himmler en personne propose la liberté en échange d'une chasse à l'homme dans les forêts ukrainiennes et biélorusses.

L'homme chargé de ce contrat faustien, Oskar Dirlewanger, est lui-même un marginal : volontaire de la Grande Guerre, " réprouvé " des corps francs, il s'est battu, en soldat puis en militant nazi, contre le " monde d'ennemis " qui, à ses yeux, menaçait l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un ouvrage de 2006, sorti en même temps que plusieurs études sur la sinistre "brigade Dirlewanger", unité SS responsable de crimes abominables sur le front de l'est pendant la seconde guerre mondiale.

Mon avis est très mitigé sur ce travail. Bien que l'auteur soit perçu comme un "spécialiste du nazisme" et se présente comme un "spécialiste du phénomène guerrier au 20e siècle", il est clair que cet ouvrage ne vaut finalement pas grand chose de plus que les autres, qui ne valent déjà pas beaucoup.

Le fait est que le matériel historiographique ayant survécu à la guerre est très limité, tout comme il est vrai que par la nature des crimes qu'ils ont commis, les survivants de l'unité n'ont guère été prolixes sur leurs actions, pour éviter les procédures judiciaires, les crimes contre l'Humanité étant imprescriptibles en Droit. Mais tout de même, il y avait probablement plus à dire sur cette unité que cette triste mise en perspective de laquelle il ne ressort finalement qu'assez peu d'éléments d'information. Et ces informations sont en plus sujettes à caution.

Deux gros points noirs ressortent, pour moi, de cette lecture:
- l'auteur a tendance à beaucoup trop enchainer les déclarations, sans qu'elles ne soient étayées ni critiquées. Complètement focalisé sur son sujet d'étude, Christian Ingrao n'a pas pensé à replacer les actes des hommes de la Dirlewanger dans le contexte plus général de la guerre à l'est. Il n'a pas non plus replacé l'évolution de l'unité dans la dynamique de la guerre, et en particulier en la comparant aux évolutions qui ont touché les autres unités SS, une comparaison qui pourtant suffit à elle seule à invalider ou au moins sérieusement relativiser nombre de déclarations contenues dans cet ouvrage. Il ne pense pas un seul instant à comparer les actes de la Dirlewanger à ceux de la brigade Kaminski, en Ukraine, dont l'emploi était pourtant fondamentalement le même. Il ne replace pas non plus l'action de la Dirlewanger dans le contexte plus général de la "Shoah par balle" exécutée par les Einsatzgruppen, alors que la Dirlewanger commettra le même type de crimes lors de la répression du soulèvement de Varsovie. Ce manque fragilise totalement les assertions d'Ingrao, et cette focalisation largement excessive sur les actes de la Dirlewanger, sans le contexte et le "fond", réduit totalement l'intérêt de ce livre.

- Mais surtout, SURTOUT, Christian Ingrao s'est borné à essayer de démontrer que l'unité Dirlewanger, sous prétexte d'avoir été constituée sur un noyau de braconniers, a considéré la lutte contre les partisans comme une "chasse". Là, on n'est pas dans la faiblesse structurelle comme précédemment, mais carrément dans le délire intellectuel. Ce n'est pas parce qu'une unité est bâtie sur un noyau de braconniers que ceux-ci vont aborder la guerre comme une chasse. Ingrao a totalement perdu de vue que les hommes de la Dirlewanger étaient avant tout des soldats, à l'image d'Oskar Dirlewanger, vétéran de la première guerre mondiale. Chasse et guerre n'ont rien à voir, et il faut vraiment ne jamais avoir ouvert un seul ouvrage de soldat ni aucun ouvrage sur la guerre pour oser une telle comparaison. Même dans le contexte particulier de la lutte contre les partisans, qui n'est rien d'autre qu'une guerre contre-insurrectionnelle, parler de "chasse" est totalement absurde. Ingrao appelle en soutien de sa thèse les écrits du haut commandement nazi, en particulier Himmler, artisan premier de la brigade Dirlewanger. Or, Himmler n'a jamais été un soldat, et n'a fait que la fantasmer tout au long de sa vie. La chasse était pour lui le seul moment où il pouvait se sentir l'égal des autres dignitaires nazis, vétérans de la première guerre mondiale. son approche relevait d'une vision romantique, fantasmée, de l'Homme face à la Nature, où l'être se révèle pleinement lors de la mise à mort de sa proie, sans qu'il ne courre de danger réel. Rien de tout ça à la guerre, où l'homme meurt au hasard des obus et des balles, sans rien savoir de son ennemi. La traque des partisans nécessite de petites unités mobiles et à même de rester discrètes. C'est une guerre de commandos, certainement pas une "chasse à l'homme". Or, Ingrao ne comprend pas l'essence fondamentale de la Contre-Insurrection, et se borne à la réduire à une chasse minable où l'homme-chasseur chasse l'homme-animal. Sous prétexte que les SS considéraient les communistes comme des animaux, la guerre qu'ils ont menée serait réductible à une guerre cynégétique, une immense chasse. C'est oublier que l'essence de la philosophie nazie reposait sur la différenciation entre sur-hommes germaniques et sous-hommes juifs, slaves, etc. Ces derniers ne sont pas "animalisés", ils sont déshumanisés, parce que races dégénérées. Les hommes de la Dirlewanger ne prenaient pas des trophées cynégétiques, ne collectionnaient pas les oreilles ou les mains, ni n'exposaient les têtes empaillées de leurs victimes sur les murs. Ils dépouillaient les cadavres de leurs victimes de leurs possessions ayant une valeur pécuniaire, tout comme les soviétiques et les anglo-américains pillèrent eux aussi les cadavres et les habitations civiles.

Christian Ingrao a totalement raté son ouvrage, en se focalisant sur sa thèse de la "guerre cynégétique", donnant l'impression au lecteur averti qu'il n'a fait que sélectionner un certain nombre d'éléments allant en son sens en passant sous silence tout le reste, une pratique appelée "cherry picking", pas forcément consciente chez l'auteur. Il n'interroge pas non plus suffisamment ses sources et leur crédibilité, prenant pour argent comptant des récits sans noms, sans dates, sans indication géographique.
C'est vraiment dommage que ce livre, seul aisément disponible en français sur ce sujet, soit aussi bancal. Ne vous attendez pas à un ouvrage d'histoire factuelle, il s'agit d'un essai de socio-histoire qui méconnait totalement les deux sujets qu'il aborde, à savoir la chasse et la guerre, dans le contexte d'une unité SS dont on ne retiendra finalement guère plus que sur wikipédia.
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J'ai commencé à lire ce livre pensant aux Einsatzgruppen. Or, ça n'a rien à voir.

Ce groupe a été créé à la demande de Hitler lui même, sûrement influencé par Himmler. Leur objectif initial était la "chasse" aux partisant de l'Europe de l'Est. le mot "chasse" n'est pas excessif puisqu'il s'agissait de constituer la brigade à partir de criminels condamnés par des actes de braconnage, soit en prison, soit encore en liberté, avec la promesse de liberté selon leur efficacité dans le front.

Selon l'auteur, ce n'est pas la première fois que l'on voit ça dans l'histoire. Et je me demande pourquoi on ne voit plus de brigades de ce genre dans la deuxième guerre.

Les membres des Einsatsgruppen, de leur côté, étaient recrutés selon les procédures habituelles des SS et leur mission, en principe, au départ, était l'élimination des communautés dites "indésirables".

Donc, la brigade Dirlenwanger était une vraie brigade constitué de voyous et ils se sont comportés comme tels. Quelques exemples dans les citations. Des massacres tels celui de Oradour sur Glane semblent avoir été monnaie courante dans cette brigade (chez les Einsatzgruppen et les SS aussi) dans les campagnes de l'Est.

C'était une atrocité pour le plaisir et j'ai du mal à concevoir une "banalité du mal" dans ces conditions. Une sauvagerie inimaginable. Il s'agit sûrement d'une psychopathologie. Himmler et Hitler ne pouvaient pas ignorer les conséquences de l'utilisation d'une brigade constituée de voyous.

Finalement, les survivants de cette brigade n'ont jamais été inquiétés après la guerre, par manque de preuve. de même, le travail des historiens reste incomplet, aussi par manque de références.
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livre d'un universitaire, historien froid qui ne donne pas la mesure de l'horreur, parfaite maitrise du sujet mais encore une fois aucune empathie sur le personnage, donc une lecture froide d'une histoire ou l'on aurait aimé connaitre les ressorts de fonctionnement de Dirlewanger. Cependant, y a-t-il quelque chose à apprendre d'un personnage intelligent, psychotique, sans émotion? Sa mise à mort bien méritée à été à l'exemple de sa vie, une boucherie.Il eut été intéressant de pouvoir le juger et le condamner, mais il en a été autrement...
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Un autre aspect du nazisme et des fou qui l'on servit. À part cet aspect le lire n'est pas très enthousiasment ni très fascinant. Un peu morne.
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recherche intéressante sur l'emploi de braconniers et de leur dévoiement dans l'armée nazi
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
(p. 133)
C'est un ancien soldat ds pionniers qui a livré le témoignage le plus saisissant des exactions. Son unité semble avoir été intégrée aux groupes de combat formés pour prendre d'assaut les quartiers d'Okhota et de Wola, et il donne un aperçu de ce que fut le comportement des hommes de la Dirlewanger, notamment lors de l'assaut d'un hôpital et d'un couvent : "Je voudrais maintenant décrire l'assaut contre l'hôpital. Comme d'habitude, avance par bonds sur l'objectif, jeu de grenade, et après la détonation , entrée. Alors que je lançais a charge, j'entendis crier : "Ne tirez pas :" de l'intérieur. Que devait-on faire ? J'enjoignais par signe à mes camarades allongés à vingt mètres de me couvrir de leur feu. J'ordonnais aux Polonais d'ouvrir la porte et de sortir les mains levées. A l'intérieur, j'entendais des bribes de conversation pour partie en polonais et pour d'autres en allemand. La porte s'ouvrit lentement et une infirmière de la Croix-Rouge sortit un drapeau blanc. Mes camarades s'approchèrent alors et nous entrâmes baïonnettes au canon. [...] Un officier polonais, un médecin et quinze infirmières polonaises de la Croix-Rouge rendirent l'hôpital. Les allemands nous demandèrent de ne pas faire de mal aux Polonais. Alors arrivèrent les SS. Ils exécutèrent immédiatement tous les blessés polonais, et agressèrent les infirmières, qui furent bientôt dépouillées de leurs vêtements et violées. Nous fûmes poussés vers la seconde issue de l'hôpital [...] Quand nous pûmes revenir le soir - les SS nous avaient relevés - il y avait un tumulte sur la place de la potence. Des soldats de toutes les unités, des SS, des Ukrainiens organisaient un concert de flûtes et de chant, et c'est là que je fus le témoin d'un événement qui était si effroyable et horrible que je peux à peine le décrire cinquante ans après. Les SS poussaient les infirmières nues, les mains sur la tête, vers la potence. Ils avaient taillé une courte tunique au médecin, lui avaient passé une corde au tour du cou, et le poussèrent vers une potence, à laquelle dix civils se balançaient déjà. La foule riait et vociférait. Les protestations de certains soldats se perdaient dans la foule.
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(p. 130)
Un exemple permet cependant de comprendre dans quelle mesure l'unité était considérée comme l'une des plus adaptées à la forme de guerre menée par les Allemands en Biélorussie. Durant toutes leurs opérations sur ce théâtre, les Allemands furent confrontés à l'épineux problème des mines antipersonnel. L'une des pratiques des partisans consistait en effet à miner les routes et les abords des forêts, ce qui tenait lieu tout à la fois de système d'alarme et de moyen commode de détruire les infrastructures de communication de l'occupant. Or, la Sondereinheit mit en place à l'été 1943 une "méthode" qui fit école. Voici comment la présentait le supérieur hiérarchique de Dirlewanger dans le rapport final pour l'opération "Cottbus" : "Le minage de la plupart des voies et des chemins a rendu l'emploi de détecteurs de mines conformes aux ordres nécessaire. Le détecteur de mines mis au point par le bataillon Dirlewanger a passé le test avec succès.". Ce que von Gottberg entendait par "appareil de déminage" consistait en fait à réunir les habitants russes des villages de la zone et à les faire marcher en ordre serré devant les troupes pour faire détonner les engins posés par les partisans, la justification résidant dans la complicité de ces populations avec les poseurs de mines. [...] l'unité Dirlewanger apparaissait ici comme "innovante"" aux yeux de sa hiérarchie.
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(p. 114)
Voilà donc une unité dont tout l'environnement hiérarchique et disciplinaire dit la spécificité. Dirigée par un marginal et composée de marginaux, elle semble presque accidentelle. Et pourtant, sa création et la nomination de Dirlewanger à sa tête sont loin d'être le fruit d'un hasard ou d'une erreur. Le choix, opéré au plus haut de l'État nazi de mobiliser les délinquants cynégétiques au service de la lutte contre les partisans jette une lumière crue tout à la fois sur ceux qui prirent cette décision, sur ceux qui furent l'objet, et sur le type d'activité auquel on destinait ces hommes et l'unité qu'ils formaient.
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(p. 179-180)
Les viols commis par l'unité en Biélorussie n'intervinrent pratiquement jamais durant les opérations : les femmes étaient saisies, ramenées au camp, puis violées. Il n'en fut rien en Pologne : le viol concrétisait la prise de contrôle, immédiatement après l'assaut, et peu importait si des infirmières ou des nonnes étaient profanées.

Ainsi l'Hauptsturmfüḧrer B. combinait viol et brutalité centrée sur les organes génitaux féminins, par introduction des grenades à manche dans le vagin des prisonnières avant de les faire détoner. On manquerait l'essentiel à rabattre cette pratique à la sphère de la psychopathologie perverse. l'anthropologie historique incite plutôt à l'analyse en terme de désir de s'attaquer à la matrice des ennemis, comme élément de transmission de la filiation, de l'identité.
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Vidéo de Christian Ingrao
Christian Ingrao vous présente son ouvrage "Le soleil noir du paroxysme : nazisme, violence de guerre, temps présent" aux éditions Odile Jacob. Entretien avec Nicolas Patin.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2486537/christian-ingrao-le-soleil-noir-du-paroxysme-nazisme-violence-de-guerre-temps-present
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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