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EAN : 978B00MV3TNUM
(18/08/2014)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Dans ce groupe de livres, on retrouve Adrien Zograffi dans de nouvelles aventures.
Il entre comme valet chez un armateur et connaît ainsi un bref moment de sécurité. Mais la révolte des dockers lui donne l'occasion de s'exprimer avec fougue. Un grand journal veut l'embaucher. Il préfère reprendre ses vagabondages, ses rêves d'amitié, dans une Méditerranée où la misère est toujours cachée par de prodigieux mirages : Egypte, Syrie, Liban, la Roumanie de nouveau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Rien que le titre de ce roman pourrait bien sonner comme un classique De BALZAC (dont ISTRATI était très amateur). le contenu peut lui aussi laisser penser à l'influence du vieil Honoré. En effet, ce récit débute au sein d'une maison bourgeoise (de Braïla certes) aux tout débuts du XXe siècle, où Adrien, alors âgé de 19 ans, vient d'être embauché comme garçon de courses. La maison Thüringer a été fondée par deux frères allemands, et est tenue par une maîtresse de maison, Anna, qui ne laisse pas Adrien insensible, d'autant qu'il l'a déjà connue par le passé dans une position bien moins confortable. Ce n'est pas tout pour l'aspect Balzacien, puisque le présent roman ne comporte qu'un seul chapitre, marque de fabrique De BALZAC.

Sur le port, les dockers voient d'un sale oeil l'arrivée prochaine d'élévatrices qui entraîneront un moindre travail pour la main d'oeuvre. Mise en place d'une lutte ouvrière, tracts (rédigés par Adrien), puis grève.

Dans un monde dominé par la violence et l'alcool, les ouvriers se politisent et se mettent à combattre pour leurs acquis, se solidarisent jusqu'à ce que naisse un mouvement cohérent et revendicatif.

Dans ce tome, il est beaucoup question du mouvement socialiste (on pense à Jack LONDON, à Upton SINCLAIR), de la lutte sous une bannière ou non, de l'appartenance ou non à une doctrine (si vous connaissez un peu le personnage d'Adrien, vous vous doutez sans doute de quel côté il va se placer c'est-à-dire aucun). Et le lectorat se régale du retour de Mikhaïl, vieil ami d'Adrien formidablement peint par l'auteur.

Adrien rédige les premiers articles de sa vie pour un journal, qu'il finit par quitter car d'après ses amis de lutte, contraire aux idéaux défendus par les ouvriers. Dans la vraie vie, ISTRATI a lui-même participé à un journal plutôt réactionnaire, certains de ses anciens amis ne le lui pardonneront jamais. « Je ne crois pas aux « classes » ni à la « lutte des classes », je crois à la lutte des hommes, quoi qu'en dise Karl Marx ». Adrien, comme celui qui l'a enfanté, apprend la signification du mot Désillusion.

Dans ce roman, Adrien nous est présenté comme un homme individualiste, prenant plaisir certes au combat, qu'il a érigé en mission, mais sans jamais s'engager sous un drapeau ou un slogan. Il garde sa liberté, porté par un pacifisme réfléchi, une révolte entière et un humanisme généreux. Adrien est un homme juste, loin des masses. Il veut rester lui-même, n'adhère à rien, quitte à s'isoler. La dernière réplique d'Adrien est tout à fait énigmatique : « Oui, la bourgeoisie est ce que tu dis, mais elle peut être encore quelque chose que tu ignores ».

ISTRATI, artisan conteur trop libre, a peu été épargné par la critique. Ici, elle lui reprocha d'avoir fait pénétrer Adrien dans le monde de l'aristocratie. ISTRATI, désenchanté, diminué par la tuberculose et l'isolement, écoeuré par la traîtrise de ses proches, règle ses comptes dans une préface éblouissante, toute de souffrance, et « La maison Thüringer » ne peut à mon sens pas être lue sans celle-ci. Cette préface est une sorte d'acte de vie, de biographie désespérée, peut-être ce que ISTRATI a écrit de plus fort.

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La Maison Thüringer, fait parti d'une série de récit sur la vie et aventures d'Adrien Zograffi.

On est en Roumanie, la vie n'est pas simple pour la population ; la mère d'Adrien a trouvé une place de blanchisseuse dans la Maison Thüringer, grosse maison bourgeoise d'Armateurs allemands, et elle vient de faire embaucher Adrien comme garçon de courses auprès d'Anna, la maitresse de maison, femme de Mr Max.
Il s'adapte très à cette nouvelle vie, fait des rencontres, et plus ou moins amoureux d'Anna…
Cependant les dockers se révoltent contre des nouvelles machines – des élévatrices- qui vont permettre les déchargements plus rapides, et évidement supprimer du travail ; Adrien, non concerné, entre dans le conflit, et fait preuve de beaucoup d'intelligence, et rédige des tracts, etc…. Tout en sachant qu'il cause la perte de la famille Thüringer. Un grand quotidien veut même l'engager…Il renonce, et assiste malgré lui à la déchéance de bons nombres d'armateurs, dont Anna et Max….Il quitte la ville, et part à nouveau vers de nouveaux

Panaît Istrati nous « raconte » l'arrivée du modernisme qui engendre la perte de travail pour les travailleurs, et la formation des syndicats, des maisons du peuple…C'est une constatation d'une époque en évolution

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Habituellement, se levant à cinq heures, il achevait ce travail au bout de deux heures d’efforts soutenus ; et il le fallait bien, car, à sept heures, madame Thüringer se levait et il devait aussitôt l’accompagner au marché. Maintenant, il était quatre heures du matin. Il décida de commencer par la salle à manger, afin de ne pas être, par hasard, surpris à cette besogne qui n’entrait pas dans ses attributions. On lui eût tout de suite demandé pour quelle raison il faisait le travail de Julie, et il eût été bien embarrassé pour répondre. Les belles pièces étaient toutes parquetées. Adrien examina le parquet de la salle à manger et le trouva assez encrassé. Jl n’en voulut pas à Julie, au contraire, il la plaignit de n’avoir pas pu faire mieux son devoir. Il était, ce matin-là, plus généreux que jamais. Sans plus réfléchir au peu de temps qu’il avait devant lui, il se jeta sur la paille de fer. Une activité furieuse lui stimulait la nuque, à l’idée de la tête que ferait Julie quand elle verrait son parquet tout propre. Au demeurant, Anna pouvait apprendre toute la vérité. Était-il coupable de quelque trahison ? Nullement. Anna continuait à rester, pour lui, la grâce qu’on n’emeure que du bout des lèvres, comme on fait avec les images saintes. Entre elle et Julie il y avait un abîme. L’une ne pouvait remplacer l’autre. Anna était un rêve. Julie, une surprenante réalité. Il s’agissait de,deux bonheurs absolument différents. Adrien savait maintenant ce qu’était une Julie une violente joie qui vous rendait plus lucide, plus fort ; il lui en était immensément reconnaissant. Jusqu’à cet événement, il voyait les choses comme à travers un léger brouillard. Quelque part, il ne savait pas où, dans -son organisme, une pièce, qui ne fonctionnait pas, l’empêchait de voir la vie avec les yeux de tout le monde. Il devinait son infériorité dans le regard d’autrui. Le dernier imbécile pouvait, là-dessus, le confondre. Comment le confondre? Sans même qu’il en fût question. Se trouvant à côté d’un homme et regardant avec lui, disons, un chien, Adrien savait que l’autre ne voyait qu’un chien. Mais si, à la place du chien, il y avait une femme, Adrien ne savait plus ce que l’autre voyait.

Eh bien, depuis ce matin, le voile était tombé. Toutes les femmes qui passaient dans la rue étaient des Julie. Et lui, un homme comme tous les autres. Cet Éclaircissement, il le devait à la généreuse Hongroise. Il lui devait, en plus, la joie violente dont il venait de faire la découverte et qu’il se promettait de mieux apprécier le soir suivant, car la jeune femme lui avait dit, en s’endormant sur son bras :
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Toutefois, le voyant sortir du siège du « Syndicat mixte », il ne put résister au plaisir de lui décocher une méchanceté Tiens ! fit-il, étonné. Tu es, toi aussi, mêlé à cette marmelade mixte? Je ne l’aurais pas cru ! A quand donc votre candidature de député socialiste, M. Adrien Zograffi? Adrien vit son aspect minable et ne releva pas l’ironie. Le prenant par le bras, il l’entraîna avec lui

Allons prendre le thé ensemble. Il y a longtemps, qu’on ne s’est vu.

Rizou fut touché. Il savait qu’Adrien, à l’exemple de tant d’autres, aurait pu facilement répondre à son sarcasme en plaisantant sa chimie et son anarchie, toutes deux réduites à la fabrication de feux d’artifice. Aussi, il fut heureux de l’avoir échappé belle, car rien ne lui était plus pénible que les allu- sions désobligeantes, parfois cruelles, à ces deux passions de sa vie ses idées anarchistes et la chimie qu’il avait espéré illus- trer un jour du haut de la chaire universitaire.

Ils firent tout le chemin sans plus échanger un mot. A la maison de thé, bondée de pêcheurs russes barbus qui puaient l’alcool et le poisson, Rizou dit à Adrien, dès qu’ils furent installés dans leur coin

Tu me pardonnes ma méchanceté de tout à l’heure? Mais je sais bien que tu n’es pas méchant.

Oh, si ! je le suis. Que veux-tu, la vie n’est plus pour moi qu’un fardeau. Alors? On me frappe. Je frappe. Ou, plutôt, je mords, comme un paria impuissant.

Adrien regardait son visage marqué par l’impitoyable maladie et le trouvait sympathique, avec ses yeux noirs, brûlant de passions contenues.

– Dis-moi, Jean pourquoi ne veux-tu pas qu’on se voie plus souvent? Tu vis trop seul.

Il voulut lui prendre une main. L’autre la retira

Il ne faut pas être trop affectueux avec moi. Je n’y tiens pas. Je m’en suis déshabitué et je ne sais pour quelle raison j’en reprendrais l’habitude. On est affectueux pour la vie ou on ne l’est pas. Il n’est guère possible d’aimer un homme et de haïr tous les autres. Or, maintenant, c’est la haine qui me nourrit. Je déteste jusqu’à mes idoles. Regarde un Elisée Reclus. Au fond, même ce grand type n’a pas pu résister jusqu’à la fin au plaisir de s’asseoir confortablement sur les gros revenus de ses bouquins. Tant pis pour les disciples qui se sont fait casser la figure, poussés par la beauté des écrits du maître. Non. J’aime mieux Georges Sorel. Il est bien plus conséquent avec lui-même.
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