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EAN : 9781092159012
Tusitala Editions (17/05/2013)
3.96/5   12 notes
Résumé :
Paru en 1969, Un locataire est un pilier littéraire et politique de l’Histoire islandaise.

Un couple islandais accepte l’intrusion d’un locataire étranger dans leur petit appartement, afin de pouvoir payer les traites de la maison qu’ils font construire. L’équilibre se rompt, un huis clos silencieux et très théâtral se met alors en place, qui glisse imperceptiblement vers le fantastique. Tiraillée entre l’agacement qu’elle ressent devant l’invasion de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« C'était tôt le matin. Elle vaquait à ses occupations dans la cuisine quand elle entendit inopinément un bruit de pas. Son regard se porta vers le vestibule et il se tenait là, sa valise à la main. Il était entré chez eux sans se donner la peine de frapper à la porte. Elle resta sur place, prise de court, et ne put même pas se le reprocher après coup car elle se sentait totalement vulnérable : dans un logement de location, il ne servait à rien de fermer la porte d'entrée à double tour car le propriétaire disposait d'une autre clé et elle avait constamment présent à l'esprit que celle de son logis se trouvait dans la poche d'un homme qui ne lui était rien ».

Ainsi donc, en Islande, on peut être soi-même locataire de sa maison et avoir un locataire sans le savoir ??? Diantre, drôle de pays !!!
Ce monsieur s'installe dans l'intimité du couple qu'elle forme avec Pétur sans plus de façon, faisant sien le canapé du salon qu'il transporte dans le vestibule, modifiant les ondes radiophoniques selon ses goûts. Quel sans-gêne !!! Petit à petit, le couple fera contre mauvaise fortune bon coeur. C'est qu'il est très gentil ce locataire, ne fait pas de bruit, ne demande rien...
La vie pourrait aller ainsi s'il n'y avait cette maison qu'ils font construire en bordure de mer. Mais voilà, Pétur a privilégié les extérieurs, engageant de gros travaux et, de ce fait, tout l'argent disponible. L'intérieur n'étant pas viable, ils ne peuvent emménager. Une guerre insidieuse s'installe dans le couple. Mais, Méphisto est dans les murs et sort de sa valise une quantité de liasses de billets que le couple acceptera sans trop hésiter. Ainsi ils pourront emménager dans leur « çam'suffit » ; avec le locataire, bien entendu.

J'ai lu ce livre en me demandant quel était ce locataire, un Méphisto, une chimère ???
Les éclaircissements sont arrivés avec la lecture de la postface qui a éclairé la note de l'éditeur. Non, ce n'est pas Méphisto, quoique !!! Ce livre est à lire au second degré du début à la fin et j'ai l'ai relu dans ma tête une bonne partie de la nuit.

Plusieurs images fortes :

Pétur tête goulument les seins de sa femme gorgés de lait alors qu'il n'est aucunement fait mention d'un bébé. Oh, la belle métaphore de la femme nourricière, de l'homme se repaissant du suc de la femme. Tout à son propre plaisir, il ne se soucie aucunement de celui de sa femme qui sera obligée de vider elle-même l'autre sein pendant que l'Homme, repu, dort comme un bébé. « Il éprouvait une telle sécurité et une telle insouciance qu'il n‘ouvrait même pas les yeux et elle fut prise d'une rage soudaine : quel droit avait-il à tout cela ? Et en plus, il ne vidait que l'un des seins ! Il lui faudrait maintenant vider l'autre elle-même si elle ne voulait pas le voir s'engorger. Qu'est-ce qu'il avait à demander plus qu'il ne pouvait engloutir ! »

La femme dans sa cuisine, l'homme au salon…. Un refrain que l'on connait également chez nous. Ce livre a été écrit en 1969 !
« La cuisine de la nouvelle maison avait été peinte en vert sur le conseil du spécialiste. On envisageait, avait-il dit, de peindre toutes les cuisines du pays pour qu'un calme accru gagne les femmes à leurs fourneaux, mais il paraissait juste que les couvercles soient rouges pour qu'elles ne s'endorment pas tout à fait. »
La peur du qu'en-dira-t-on. Elle avait ajouté cette phrase sur l'insécurité, ouvrant du même coup à ces gens une vue plongeante sur ses conditions de vie.

La jambe gauche de l'un et la jambe droite de l'autre des hommes diminuent à vue d'oeil. Bientôt pour marcher, ils doivent se tenir enlacés. L'union des deux pays frères qui l'un sans l'autre ne peuvent avancer, mais qui sont quand même brinquebalants… « Et son esprit se tournait déjà vers les corvées domestiques lorsqu'elle suit le locataire des yeux à sa sortie du salon. Il boitait lui aussi. L'une de ses jambes, la gauche, avait raccourci également, même plus que celle de Pétur, semblait-il ».

Un inconnu rôde sur LEUR grève jusqu'au jour où il sonnera à la porte. Un tuteur s'en allant, un autre veut la place (l'inconnu sur la grève) ? « Elle vit seulement qu'il avait les cheveux foncés, presque noirs et son allure générale avait quelque chose d'étranger qu'elle ne pouvait préciser à cette distance »


Le locataire richissime est l'Amérique qui annexe et colonise l'île placée stratégiquement. L'OTAN installe une base militaire en 1951 et les soldats ne partiront qu'en 2006.
Alors, je comprends que ce locataire propose de l'argent sans conditions de remboursement !
Les extérieurs faits avant l'agencement intérieur, n'est-ce pas également le souhait de montrer un pays agréable à visiter sans trop se soucier de l'économie intérieure, le locataire y pourvoira ! Svava Jakobsdottir a eu une prémonition vu la banqueroute des deux plus importantes banques islandaise !

La maison, ce désir de propriété, de pouvoir fermer sa porte, se sentir en sécurité, être certain que personne d'autre n'a de clé. Désir d'autonomie, de grandeur sociale de l'Islande avec l'aide du grand frère (tuteur ?) américain. Mais il faut toujours se libérer d'une tutelle ou d'un grand frère pour être adulte. Ce que fait l'Islande maintenant http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2012-10-18-Islande Quel chemin parcouru, surtout depuis la crise de 2008 !

Ce livre est un véritable pamphlet sur l'état de l'Islande en 1969 dont je vous recommande la lecture. Un petit livre que l'on doit apprivoiser, mais alors là, une vraie découverte.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Auteure islandaise (1930-2004), Svava Jakobsdottir est connue pour ses positions antimilitaristes et féministes qui ont influencé tout une génération d'écrivains au XXème siècle. Elle rédige ici un roman dont la clé de lecture est donnée en avant-propos puis par la postface, à savoir l'occupation de l'île par les militaires américains compte-tenu de sa position stratégique.

Il faut bien reconnaître que, pour utile qu'il soit, cet avertissement au lecteur n'en demeure pas moins une réduction de l'interprétation possible du sens du livre.

Lorsqu'un homme, sans nom et à peine décrit, ouvre la porte non verrouillée du petit logement de Petur et de son épouse , personne ne s'étonne. Il va pouvoir s'installer, prendre ses aises, déménager tout le contenu du salon dans le vestibule, progressivement. Il commence par le canapé, le fauteuil et la table gigogne suivent, puis les bibelots et la table basse. Non seulement le couple ne se rebiffe pas mais il collabore, participe au mouvement. Au nom de la loi de l'hospitalité.
Quand même, la femme, seule avec « L'autre » s'inquiète, se sent vaguement menacée. Mais rien ne se passe. « Il » est bien gentil, bien calme et...obtient tout ce qu'il veut. Avec l'argent qu'il cache dans sa valise, il aide les époux à réaliser leur rêve, finir de construire leur maison au bord de la mer et il les y suit, évidemment. Soumis, sans volonté, les époux finissent par intégrer le locataire dans leur quotidien. Bizarrement chacun des deux hommes voit qui sa jambe droite, qui sa jambe gauche, s'atrophier jusqu'à n'être qu'un moignon de jambe et, finalement, ils se soudent l'un à l'autre pour former un curieux dahu à deux têtes, quatre bras et deux jambes ! Et c'est madame qui doit se charger de tout le quotidien, ses deux hommes étant à peu près inefficaces.

La métaphore est claire, à deux niveaux : L'Islande accepte la présence des troupes américaines sans barguigner et se laisse acheter, l'épouse reste soumise au couple masculin qui la domine, personne ne se pose de questions et tout est bien dans le meilleur des mondes. La seule ouverture possible vient de l'océan :

« A toute heure, l'océan se présenterait à ses yeux dans sa multiple diversité et elle avait entendu dire ceux qui connaissaient bien la mer que l'on pouvait aussi l'écouter. Ces hommes-là prétendaient distinguer dans le bruit des vagues et le grondement de l'océan un message venu d'outre-mer et d'outre-temps, la parole d'autres hommes... »

Pourtant, on pourrait trouver un angle de lecture plus universel, moins réducteur. Et si nous n'étions pas capables de nous interroger puis de nous défendre contre ce qui s'empare de nous sans notre consentement ? La facilité, les choix paresseux, la mollesse ambiante, la maladie peut-être. Quelle est notre capacité à dire « non », à remettre en ordre, je veux dire dans notre ordre, tout ce qui a pu être bouleversé par notre négligence ou notre faiblesse ? Je voudrais voir dans cette fable une invitation à prendre en mains notre corps, notre vie et les événements qui viennent les « déranger », au sens littéral du terme.

Un moment de lecture un peu déconcertant au départ, intéressant finalement.
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Quel livre étrange. le récit d'une femme qui nous décrit l'arrivée d'un étrange locataire dans son appartement. Elle loue cet appartement avec son mari, elle est une femme au foyer et un jour, un homme arrive et s'installe dans le couloir de l'entrée. C'est le locataire, du titre de ce roman.
Nous sommes dans une ville islandaise, le texte ne nous donne quasiment aucune indication de date. L'auteure nous parle de la vie quotidienne de cette femme dans son appartement, l'entretien de son intérieur, les courses et les relations avec les voisins qu'elle croise à l'épicerie et dont elle est assez sensible des commentaires. Son mari rentre tous les soirs du travail et ils parlent alors de l'évolution de la construction de la maison qu'ils sont en train de faire construire. Mais justement ces travaux n'avancent pas trop.
Ce tiers qui va s'immiscer dans ce couple va être déclencheur de nouveaux sentiments, de méfiance au départ puis une certaine connivence va s'instaurer entre ces trois êtres ; cette sorte de complicité va –t-elle se transformer en amitié ? Peut être mais en tout cas ils vont partir tous les trois dans la nouvelle maison enfin terminée.
Ce livre nous entraîne dans ce monde étrange et nous décrit la vie monotone de cette femme, mais qui va au contact de cet étrange locataire se questionner sur sa vie, sur ces relations aux autres.
En lisant la quatrième de couverture, je découvre que ce texte a été écrit en 1969 en Islande et cela peut nous conduire à constater que ce texte est novateur et cette auteure a tenté de nous décrire la vie brimée des femmes à cette époque, mais que cela soit en Islande ou ailleurs, je trouve que ce texte est intemporel et universel. Elle décrit de façon minutieuse et quasiment clinique la vie d'une femme au foyer et décrit les espoirs de ce couple pour l'installation dans une maison modèle et qui est leur espoir d'évolution sociale.
L'apparition d'un tiers dans ce couple va alors est le déclencheur de transformations dans leur vie et leur permettent également de se questionner sur leur vie.
Nous sommes proches du fantastique dans ce texte et j'ai quelquefois pensé à certains textes de Kafka ou certains climats de films de Polanski.
Malgré un sentiment glacial face à cette histoire, on est accroché et on souhaite vite connaître le dénouement de cette aventure en huis clos mais on transparaît tant de violence et de non dit entre les trois personnages.
Merci aux copinautes d'avoir fait voyager ce livre et de m'avoir fait découvrir un écrivain que je n'aurai pas eu sûrement la curiosité de découvrir et de lire.
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Un homme squatte le vestibule d'un appartement où réside un couple. La femme est d'abord désappointée puis gênée de ne pas pouvoir offrir le confort à cet invité inopiné. Quant au mari, il prend l'arrivée de l'individu comme une nouvelle relation amicale à alimenter.

Loufoque, le récit plonge parfois dans le kafkaïen et le lecteur est ravi du ton que prennent les événements. Plus la narration progresse, plus l'étranger s'impose dans la maisonnée. le couple, qui ne lui demande pas de loyer, l'invite à table, le fait participer à ses discussions d'acquisition de maison.
Il parait de plus en plus nécessaire de déménager pour enfin se sentir chez soi. Mais cette nouvelle vie pourrait bien intégrer l'inconnu...

Dans le second récit, Svava Jakobsdottir nous fait pénétrer dans le quotidien d'une famille complètement démente. le père et la mère sont soumis à leurs enfants qui leur en font voir de toutes les couleurs. Ceux-ci martyrisent la mère et vont jusqu'à la mutiler. Mais tous les membres semblent trouver logique d'organiser la vie autour des brimades de la mère de famille.

Voilà une auteure Islandaise, figure de proue d'un certain féminisme du XXème siècle. Comparée à Sylvia Plath dans la postface, elle livre des récits extrêmement maitrisés dérapant de fil en aiguille de l'inconvenant au délire absolu. C'est terriblement prenant !
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Attention: OLNI ! Objet Littéraire Non Identifiable! N'essayez pas de le classer dans un genre quel qu'il soit, il risque fort de s'en échapper!

Scandinavie oblige, le trio auquel se réduit le récit peut évoquer certains films d'Ingmar Bergman, mais il s'agirait alors d'un Bergman revisité par Kafka et Beckett avec une certaine dose d'humour en plus. On est un peu dérouté au démarrage de se récit ou la narratrice, "elle", se retrouve dans l'impossibilité de refuser un locataire qui vient s'installer chez elle, sans dire un seul mot mais en prenant immédiatement ses aises et en réaménageant l'appartement. Un locataire qui n'a pas de nom lui non plus. Juste le "locataire". le seul qui a un nom dans ce récit, c'est le mari, Pétur, qui semble bien distant et réservé, ou peut-être indifférent à la situation. le couple doit quitter prochainement ce logement - où eux aussi sont locataires - pour une maison dont la construction a pris un retard indécent. Un retard qui fait tâche et qui en devient presque honteux. Grâce au locataire et à sa valise, les choses vont évoluer et petit à petit s'installe un étrange ménage à trois. Un ménage étrange. Très étrange. Plus cela avance, plus cela dérape vers un fantastique qui pourrait rejoindre celui de la Métamorphose de Kafka. Sauf qu'ici, à la fin, tout semble sur le point de recommencer...

Boom économique, condition de la femme-ménagère, conformisme, obsession du confort et de la sécurité... Nous sommes dans les années 60 et toutes ces questions sont ironiquement soumises aux rayons X d'un fantastique hyper-réaliste qui peut dérouter et nous laisse finalement un rien perplexe, mais aussi amusés et un peu mal à l'aise. Très étrange!

La nouvelle qui complète le volume est plus transparente et conjugue avec un humour féroce féminisme, fantastique et humour noir. Un petit bijou qui peut nous faire éclater de rire et où l'on entend la militante féministe que fut l'auteure.

On peut aussi trouver La Saga de Gunnlöd, chez José Corti.

Il faut quand même préciser pour finir que nous devons cette découverte au beau travail d'un nouveau venu dans nos librairies préférées, les éditions Tusitala. Merci et bonne route à eux!
Lien : http://filsdelectures.over-b..
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