Quel livre étrange...
J'en ai beaucoup aimé l'écriture poétique qui m'a emportée dans cette époque lointaine de la mythologie scandinave.
L'histoire en revanche m'a semblé totalement sans intérêt.
Un vase volé dans un musée national par une jeune fille, sa mère qui essaie de comprendre sur fond de sentiment de culpabilité d'avoir raté quelque chose ...
Le vol est prétexte à raconter ces mythes.
On passe d'une époque à l'autre, de l'âge du bronze au vingtième siècle, sans indice de dates, le "je" de la narratrice nous perd un peu également, dans la mesure où elle change selon l'époque dans laquelle on est et même parfois dans une même époque. La folie est juste là, au bord du récit, on s'y engouffre.
C'est dérangeant et plaisant également, on est obligé de suivre, de se laisser porter et de plonger, yeux fermés dans les mots, les phrases, la poésie. C'est comme dans un songe où l'on ne comprend pas tous les symboles et dont on ne peut sortir qu'en se réveillant.
La langue est belle et poétique. J'ai aimé ce langage.
Sans en avoir tout compris mais peu importe, les images restent dans la tête, la douceur de cette langue aussi.
Commenter  J’apprécie         60
L’avion parcourt précipitamment la dernière portion de son ascension. Rien en vue sinon la perspective de la destination. En même temps, la pensée me frappe que je n’ai rien à lire. J’ai toujours emporté de la lecture dans mes voyages. D’ordinaire, des documents de travail dans lesquels je m’abîme pour tuer le temps. Des documents de travail ! Le travail est bien ce à quoi je pense le moins en ce moment ! Je ne sais même pas ce qu’ils sont devenus, les documents de travail que j’emportais en voyage. Un instant, je suis inquiète en envisageant un voyage long de trois heures sans avoir rien à faire. Cela va faire une longue attente. Ce serait une bonne chose que d’avoir de quoi distraire mes pensées. Car je ne suis pas responsable de Dis1 pendant ce voyage. Je ne suis même pas assise à côté d’elle. Je ne peux rien faire. Le sac est à mes pieds. Je sais qu’il ne s’y trouve aucune lecture, mais le vieux besoin de me convaincre des choses, de ne me fier à rien qui ne soit concret se fait valoir. Et je me penche pour chercher, comme si je croyais qu’un roman de gare s’était soudain matérialisé dans ce sac. Mais je m’arrête. N’ose pas ouvrir le sac. Le tâte du pied. Sens son contenu. Un roman de gare ? À toi d’en juger ! Ce n’est pas moi l’auteur. C’est Dis, notre fille. Ce n’est peut-être pas elle non plus. D’où vient-elle alors, cette fiction, si ce n’est pas l’affaire personnelle d’un esprit dérangé, comme ils le croient, ces deux hommes qui la surveillent. Est-elle dans l’air comme l’oxygène ? Est-elle dans l’eau qui rafraîchit ? Est-elle dans la terre qui nous nourrit et nous donne la force de tenir le coup jour après jour ? Est-elle le feu lui-même ?
Et pourtant, tout cela était échappatoires.
La vérité, c’est que je ne suis pas capable de parler de la vérité.