1807

Une chappe de plomb s'abatti sur la table impériable. Tandis que les Français, le sourire aux lèvres, tentaient de faire croire à un bon mot de l'Empereur, la plus grande consternation régnait du côté vénitien. La violence du camouflet avait pris de court les plus nobles familles de Venise.

Mais Napoléon ne faisait confiance à personne, pas même au plus fidèle de ses lieutenants. De son enfance corse, il avait gardé le goût de la liberté, le refus des convenances. Qu'il soit empereur n'y changeait rien, Napoléon Bonaparte refusait le compromis. Cette force de caractère, le Maréchal avait eu l'occasion de l'apprécier maintes fois sur les champs de bataille. Il se souvient avec nostalgie de cette fois où l'Empereur était passé sous un tirailleur ennemi qui l'attendait, dissimilé dans un arbre. Le projectile avait frôlé son épaule et s'était fiché entre deux côtes de l'enseigne qui chevauchait derrière lui. Face à l'affolement général, Napoléon s'était contenté de répondre: "Si j'entends siffler les balles, c'est que je suis encore en vie. Continuons!"

La jeune femme s'appelle Nahir de Lusignan, elle est née le 15 août 1782 à Jérusalem. La mère est décédée en couche. Sans doute s'agissait-il d'une simple habitante de Jérusalem, car on n'en trouve nulle trace. Le père est Hugues de Lusignan, médecin ayant servi lors de la campagne d’Égypte. Ce dernier prit part au voyage de l'armée d'Orient en tant que praticien, sauvant la vie de plusieurs soldats de l'état-major du général. Il était à chaque fois accompagné de sa fille.

D'après plusieurs témoignage, il y a une forte probabilité que Monsieur de Lusignan soit à l'origine de l'initiation à la franc-maçonnerie de l'Empereur.