Le camp des morts

" - Isaac, tout ce qui concerne les femmes est bête, et par conséquent, absolument essentiel."

- Je préférerais être à la poursuite d'un tueur plutôt que de deux. Ça me donne plus de chances.

- Ha-ho, bienvenue au Red Pony où la journée est magnifique et ne se termine qu'au bout de la nuit.

Au moins, elle n'avait pas dit "putain" quatorze fois.

La colère que je ressentais était comme le vent. La rage n'a pas sa place dans le maintien de l'ordre, et je lui résiste la plupart du temps, mais elle est là, guettant les brèches ouvertes par les passions, attendant que je trébuche ; et je venais de faillir.

Une vie sans ami s'achève par une mort solitaire (proverbe basque)

Je m'excusai et partis aux toilettes, y fis ce que j'avais à y faire, me lavai les mains et m'appuyai sur le lavabo. Je regardai mon visage dans la glace. Il n'était pas mal, si on exceptait le fait qu'il avait besoin de huit heures de sommeil d'affilée, d'une coupe de cheveux, de dix kilos et dix ans de moins. Mon menton était trop fort, mes oreilles trop grandes, et mes yeux étaient trop enfoncés dans leurs orbites. Je reculai autant que me le permettai la longueur de mes bras et je me trouvai un peu mieux. Je n'étais toujours pas certain que la barbe était un bon choix, mais elle permettait de cacher bien des défauts.

Il finit son café et son gobelet alla rejoindre ses gants dans la poubelle des objets dangereux. J’approuvai son diagnostic et y ajoutai aussi mon gobelet.

Le chien m'emboîta le pas avec précaution jusqu'au pick-up. Je l'aidais à monter. Il passa par-dessus la petite boîte blanche et s'installa, tout content, sur le siège du passager. Je montai à mon tour me mettre à l'abri du vent, ajustai mon chapeau et démarrai le Bullet. Je regardai mon chien qui souriait de toutes ses dents :
- Pas la peine de prendre un air si satisfait.

"Sans lever les yeux, elle ajouta:
-Nous sommes en train de collecter les signatures sur une pétition pour exiger que tu te rases."