Le gras
La Popelinière, fermier général bien portant, cocu magnifique et pornocrate reconnu en son temps, s'amusa, semble-t-il, à trousser ces Tableaux des moeurs du temps (peut-être en collaboration avec Crébillon).
Dans cet ouvrage érotique qui use des grosses ficelles du genre (tribadisme au couvent, rendez-vous travestis et amants derrière les paravents), on notera cependant deux particularités qui suffisent à en assurer la postérité (le mot est bien choisi, vous l'allez constater) :
Tout d'abord, le roman n'est constitué que de dialogues piquants voire obscènes et c'en constitue tout le prix. Dans ce petit théâtre du très intime, le lecteur se retrouve non seulement voyeur mais "écouteur" de conversations secrètes ce qui, faut-il l'avouer, est diantrement émoustillant. Ainsi Montade, amant libertin, enjoint-il à la Comtesse, sa maîtresse : "Baise-moi, mon amour... baise, baise... suce-moi la parole..." Comment ne pas penser que l'auteur s'adresse aussi à son lectorat à travers cette dernière invite ?
Ensuite, jamais autant de fessées n'auront été distribuées qu'ici, et à tour de bras encore!
La Popelinière était un fétichiste monomaniaque. Caressées, patinées, mordues, léchées, écartées, offertes ou interdites, les fesses en voient de toutes les douleurs et le pan-pan cucul y est le passage obligé pour atteindre l'extase. La déculottée érigée en principe.
L'Histoire de Zaïrette, livre dans le livre, ferme le roman. Ce retour à une narration classique déçoit légèrement avec son orientalisme de bazar et son parcours initiatique rococo, malgré une fin ouverte qui laisse tout pouvoir à notre imagination.
"Que ces badinages-là", nous ont tenu "le coeur gai"!