Une journaliste du Nouvel Observateur, Marie Muller, s'interroge que ce phénomène et sur son succès indécent qui est arrivé sans campagne de promotion, sans interviews (très rares sont celles qui furent accordées), etc. Sa conclusion est : "Produit parfaitement ciblé, parfaitement neutre. Parfaitement seul. Jean-Jacques Goldman n'est pas Jean-Jacques Goldman. Je demande le non-lieu." C'est ainsi que se termine cet article qui avait pour titre : Plaidoyer pour Goldman". Mais, entre les lignes de ce papier, la journaliste commet une légère erreur sur sa biographie et Jean-Jacques va lui répondre, quelques jours plus tard, sur le ton qu'on lui connaît. Voici sa lettre :
"Mon père n'est pas "juif allemand" mais "juif français" et ma mère n'est pas "juive polonaise" mai "juive française". Je regrette d'avoir à rectifier ce genre d'"erreur" dans les colonnes du Nouvel Observateur. "Il ne choisit rien" ; c'est vrai sauf quelques "détails" : les musiques que je compose, les textes et arrangements que j'écris, la réalisation et les instruments dont je joue. Le "reste' (???) m'intéresse effectivement moins... S'il est exact que je ne revendique ni look, ni vie privée tapageuse, ni "message" susceptible de faire "bander" Marie Muller, j'avoue ne pas être mécontent d'entendre les gens chanter "Je te donne toutes mes différences, tous mes défauts qui sont autant de chances", à quelques mois d'une campagne électorale qui s'annonce plutôt...louche.
Enfin, concernant mes réticences vis-à-vis de la presse dite "grande", les lecteurs comprendront peut-être mieux mon manque d'enthousiasme et de plaisir à rencontrer ce type de...(j'ai failli dire journaliste). Cependant, j'avais appelé votre collaboratrice (à sa demande) mais, décrétant que je n'avais pas "la voix de Jean-Jacques Goldman", elle a cru à une blague téléphonique d'un de ses amis (apparemment plein d'humour) et m'a raccroché au nez !"
Cette lettre est publiée par Le Nouvel Observateur dans son numéro du 17 janvier 1986.
Alain Souchon, dont la simplicité est aussi légendaire, a déclaré : "Faire hurler les filles était donc mon occupation et ça allait, elles hurlaient bien. Et puis Jean-Jacques Goldman est arrivé et elles ont hurlé plus. J'ai donc eu un avis défavorable sur lui. Mais le phénomène s'est amplifié et étant d'un naturel pas jaloux, plutôt bon gars, je me suis mis à écouter "Je te donne", "Comme toi", "Je marche seul" et j'y ai trouvé ce que j'aime dans les chansons : quelque chose de facile et profond, unique et universel qui nous donne envie de bouger, de siffler, mais aussi nous rassure sur nos inquiétudes. Quelque chose de vrai..."
Michael Jones : En général, quand je travaillais avec Jean-Jacques, il donnait rarement les chansons à l'avance. Nous les découvrions dans le studio, et il fallait y aller. Il faisait ses maquettes en jouant toutes les parties, en quatre pistes. Au début il utilisait une boîte à rythmes...un Bontempi, un clavier Elka qui faisait piano, violon et harpsichord ! Ensuite, c'était à nous de reprendre tout ça... Au début, il était très vigilant, ensuite, il me laissait faire mes parties. A l'époque de Rouge, Jean-Jacques voulait un solo de guitare à la manière de Queen. Je n'avais pas de guitare avec autant d'accès dans les aigus pour permettre ce type de sonorités. On mixait l'album à Luynes, près de Marseille. Un copain qui avait un magasin de guitares à Marseille m'apporta toute une série de guitares au studio. J'ai tout essayé ! tout ! Je cherchais le son adéquat. Je l'ai trouvé sur une PRS que j'ai gardée par la suite pour la tournée, celle que je lançais dans le public tous les soirs ! et que mon technicien rattrapait évidemment (rires). Après avoir trouvé le son, j'ai enregistré ma partie pour essayer comme ça... et puis Jean-Jacques a gardé la prise du premier jet. Jean-Jacques a toujours aimé les premiers jets.
Chaque fois que Goldman dit qu'il s'arrêtera un jour, le coeur des fans se serre. Ils souhaitent que l'échéance tarde à venir. Le plus possible.