A la découverte de ces deux recueils de poèmes d'
Ingrid Jonker, l'un publié du vivant de la poétesse, l'autre après sa mort prématurée, j'ai immédiatement pensé à
Sylvia Plath, et été autant touchée par ses vers que par ceux de la poétesse américaine que j'apprécie énormément.
Thèmes, rythmique, vision de la poésie et de la création littéraire, beaucoup de choses rapprochent en effet les deux jeunes femmes, plus encore que leur vie tragique.
J'y ai retrouvé des images frappantes, puissantes par leur brièveté, leur sensibilité, leur morcellement syntaxique, ou encore un travail sur les répétitions, comme obsessionnelles, pour rappeler la douleur amoureuse, le temps qui passe, et donc les regrets qui en découlent.
Et j'y ai aussi trouvé autre chose : une certaine brutalité, assez surprenante, quant à l'évocation de l'Apartheid, parfois directement critiqué, parfois en filigrane. La poétesse, elle-même afrikaner, en désaccord avec son père, farouche défenseur du système raciste ayant cours en Afrique du Sud, le dénonce en effet violemment.
Une poésie sensible certes, mais aussi une poésie engagée, dans laquelle les sensations et les sentiments décrits sont autant au service d'une écriture de soi, nécessaire pour survivre face à une existence synonyme d'incomplétude et de manque, que d'une écriture de l'Histoire, tout aussi nécessaire, et pour les mêmes raisons.
Une nouvelle belle découverte poétique en somme.