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EAN : 9782702160503
288 pages
Calmann-Lévy (15/03/2017)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Et vous, qu'auriez-vous fait ?
Haïti, 1965. François Duvalier, alias « Papa Doc » ou « Baron Samedi », fait régner la terreur sur le pays avec ses tontons macoutes. Bravant le danger, Raymond L’Éveillé, chauffeur de taxi, prend malgré tout le risque d’aider un journaliste poursuivi par la milice en le faisant monter dans sa Datsun dans le centre de Port-au-Prince, imprudence que sa femme lui fait payer en menaçant aussitôt de le quitter avec leurs deux enfant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
À la question posée "Et vous, qu'auriez-vous fait ?" j'avoue franchement que j'aurais fait dans mes culottes et sans doute appliqué le vieil adage qu'est "Courage, fuyons"…

Franchement, je le dis sans honte car il fallait avoir une sacrée paire de couilles et ne pas trop réfléchir aux conséquences que pouvait avoir une telle action sur sa famille.

Et là, je parle pour les deux frères L'Éveillé, Raymond et Nicola qui ont osé braver la dictature, chacun à leur manière, risquant leur vie et celle de leur famille.

Raymond, c'est un chauffeur de taxi qui osa embarquer une famille menacée par les tontons macoutes et semer cette milice.

Son petit frère, Nicola, est ce prof de droit qui osait parler de censure à ses élèves et qui gardait chez lui un livre explosif sur les assassinats commandés par leur président, Duvalier, dit Papa Doc ou le Baron.

Il ne fait pas bon vivre à Haïti dans les années 60 (et après non plus) et cette lecture m'a affranchi sur la dictature qui régnait sur cette île que nous penserions paradisiaque. Dictature qui continua ensuite avec le fiston de Papa Doc.

Ceci est un roman noir, la misère s'étale sous nos yeux, les gosses ont faim, il y a des restrictions sur l'eau, faut la payer, et cher, tout le monde a peur et le mot communisme ne doit pas être prononcé, comme si ce mot allait contaminer toute l'île, telle la peste au Moyen-Âge !

Ce roman est poignant, il révolte l'Humain qui est en nous car voir ce peuple crouler sous les mauvais traitements, survivre comme ils peuvent et voir leur famille emprisonnées, assassinées, vivant dans des conditions qu'aucun animal ne voudrait et contraire aux plus élémentaires droits de l'Homme.

Tout oppose les deux frères L'Éveillé. Raymond vit dans la pauvreté, tire le diable par la queue afin que sa famille ne manque de rien, même si elle manque quand même de tout. Nicola, de par son statut, a de l'argent, est un petit bourgeois et regarde tout le monde de haut, surtout son frère. Il se sent supérieur.

L'écriture de l'auteure va droit au but, elle ne s'embarrasse pas de métaphores et appelle un chat un chat, autrement dit, un milicien c'est un milicien et n'a rien à voir avec un Bisounours.

La cruauté dont ces miliciens font preuve donne des sueurs froides car ces tontons macoutes ne sont jamais que des gens comme ceux qu'ils maltraitent, avant, ils étaient bouchers, boulangers, des gens normaux. Puis un dictateur est arrivé, la pauvreté s'est installée et ces gens normaux, afin de sortir de la misère, sont devenus ces êtres cruels que l'on ne voudrait jamais croiser dans sa vie.

Les conditions de détentions horribles ne vous seront pas épargnées et l'auteur nous y plonge d'une manière plus que réaliste, nous présentant d'autres prisonniers, nous montrant comment un Homme peut être un loup pour l'Homme, comment l'Humanité fiche très vite le camp en ces lieux.

Mais elle ne fera pas que de vous parler de misère et de conditions inhumaines dans les prisons, elle vous offre aussi l'ambiance haïtienne, même si ce n'est pas celle des cartes postales pour touristes. le dépaysement est total.

Un roman noir bien écrit, court mais intense, avec des personnages attachants, des trahisons d'amis et des aides de gens que l'on ne connait pas vraiment. Un roman qui nous plonge dans un pan méconnu de cette petite île qui est attenante à la République Dominicaine.

Une lecture qui ne laisse pas insensible et qui nous montre quelle chance nous avons de vivre dans nos pays démocratiques, même si tout n'est pas toujours rose. Mais nous, au moins, nous ne risquons rien si nous nous moquons de nos dirigeants, qu'ils soient président, premier ministre ou roi.

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"A l'ombre du Baron est un premier roman qui impressionne, une lettre d'amour à Haïti et son peuple" Miami Herald

Originaire d'Haïti, vivant aux États-Unis, Fabienne Josaphat, signe avec « À l'ombre du baron » une premier roman poignant, une ode à un peuple, une fiction mais tellement réelle qu'on est plongé à Haïti et tout comme les haïtiens, on aura du mal à s'extirper des « tontons macoutes » et du régime de Papa Doc…

On est transporté en 1965, François Duvalier, alias "Papa Doc" ou "Baron Samedi", fait régner la terreur. Haïti, vit au rythme de la peur des dénonciations, parfois un simple soupçon et les tontons macoutes débarquent, rouent de coups sous n'importe quel prétexte ! Tout le monde soupçonne tout le monde.

Se dresser contre le dictateur, c'est signer, son incarcération dans la sinistre prison de Fort Dimanche, ou sa mise à mort…

Raymond, chauffeur de taxi, peine à joindre des deux bouts depuis l'instauration du couvre-feu, et fait tout pour que ses enfants et sa femme vivent dignement. Mais les repas se font rares, la peur, les questions existentielles… tout rappel que cela va mal !

Nicolas, son frère, a une belle vie. Mais a une attitude condescendante avec son frère, se pensant supérieur parce qu'il a de l'argent et qu'il a fait des études. Lors d'un cours, il parle de droits de l'Homme mais surtout il écrit un livre sur des disparitions dont celle de Jacques Stephen Alexis (Écrivain haïtien connu pour sa résistance à la dictature de François Duvalier, son oeuvre romanesque, ainsi que sa définition novatrice d'un réalisme merveilleux propre à la littérature de la Caraïbe.) Suite à dénonciation par un de ses étudiants il sera emprisonné à Fort Dimanche.

Sa date d'exécution est fixée rapidement, après avoir subi la pire des tortures, tout cela sans procès !

Les deux frères, pourtant deux étrangers l'un pour l'autre, vont être transformés par cette épreuve, leur vie va basculer...

Un livre qui ne peut laisser indifférent, un devoir de mémoire qui rappel à quel point tout est encore d'actualité…

Il m'est très difficile d'exprimer avec des mots ce que j'ai pu ressentir en lisant « A l'ombre du Baron » J'étais persuadée de lire un thriller horrifique avec en toile de fond les traditions vaudou et autre sorcellerie…. J'ai été émue, bouleversée et choquée des conditions décrites par l'auteur. A aucun moment je n'ai senti que nous étions en 1965, tellement le présent est palpable et tellement cela fait écho à la condition de vie de plusieurs citoyens de par le monde…

François Duvalier, surnommé "Papa Doc", fut Président d'Haïti de 1957 à 1964 puis dictateur ("Président à vie") de 1964 à sa mort, en 1971. Son règne fut empreint de corruption et marqué par l'utilisation de milices privées, les tontons macoutes. J'ai été révoltée par ce climat de terreur dans lequel le peuple haïtien tente de survivre.

« Papa Doc », nommé ainsi lorsqu'il commence à pratiquer la médecine dans les régions rurales et qu'il s'attire les faveurs des populations, consolide son pouvoir, il réanime les traditions du vaudou, prétend être un « hougan » : chef spirituel de la religion vaudou, organisateur des cérémonies, celui par lequel passent les esprits (lwas) qui désirent transmettre un message au monde des vivants. A la mort de John Fitzgerald Kennedy, il prétend que l'assassinat est dû à un sort jeté par lui.

Duvalier a également modelé son image sur celui du « Baron Samedi », pour se rendre encore plus imposant. Il mettait souvent des lunettes de soleil et parlait avec un fort ton nasal associé au Loa.

L'auteur a su retranscrire avec talent les peurs, les sensations, les odeurs, les paysages… Bref tout est tellement beau et tellement noir en même temps ! A l'image de l'être humain et de la dictature que vit ce peuple. Bourreaux et victimes se côtoient. L'auteur a fait un vrai travail de recherches et cela se sent dans son récit. Beaucoup de haïtiens ayant fui leur pays, se recon5naitront dans cette histoire.

Ce roman a beau être une fiction, les faits rapportés sont bien réels, ainsi que la prison de Fort Dimanche et les conditions de vie.



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Ce livre m'a littéralement bouleversé, choqué et surtout attristé. Les mots me manquent pour décrire la gamme d'émotions que j'ai ressentie lors de la lecture de ce roman.

Les années où Duvalier, surnommé Papa Doc, était au pouvoir, il a su créer un climat de terreur pour le peuple haïtien, et ce, avec l'aide de ses tontons macoutes. Malgré que le récit des frères L'Éveillé soit une oeuvre de fiction, il n'en reste pas moins que les faits énoncés par l'auteure sont bien réels. La prison de Fort Dimanche et les conditions de vie au sein de celle-ci ont bien existé. Les exécutions aussi!

Dans ce court roman, nous retrouvons deux frères : Raymond qui conduit son taxi dans les rues de Port-au-Prince et Nicolas qui enseigne le droit.

Raymond a de la difficulté à vivre de son travail depuis que Duvalier a établi le couvre-feu. Un jour, il porte secours à un homme accompagné de sa femme et de son bébé. Cet homme est poursuivi par les tontons macoutes. Raymond réussira à fuir et sauvera cette jeune famille sans savoir que plus tard, ce seront eux qui viendront à son secours. Toujours est-il que la femme de Raymond vit dans la terreur depuis ce jour et n'en pouvant tout simplement plus de leurs conditions de vie, elle décide de partir clandestinement en bateau pour rejoindre les États-Unis où vit son oncle.

De son côté, Nicolas a une belle vie. Il a toujours eu une attitude condescendante avec son frère, se croyant supérieur car il avait des études et de l'argent. Malheureusement, il met sa famille en danger en parlant haut et fort des droits de l'homme lors de ses enseignements mais également en écrivant un livre sur les disparitions de certains hommes dont celle de Jacques Stephen Alexis, écrivain. Finalement, il sera dénoncé par un de ses étudiants et se retrouvera emprisonné à Fort Dimanche. Sa date d'exécution est déjà établie...le tout sans procès! Quelle horreur pour un homme qui enseigne le droit.

Envers et contre tout, Raymond aidera la femme de sa frère ainsi que leur fille afin qu'elles puissent quitter le pays. Il fera également tout en son pouvoir pour aller sauver Nicolas avant son exécution quitte à mettre sa propre vie en péril.

Les scènes d'horreur décrites par l'auteure nous font voir Haïti tel qu'il était à cette époque. Il est impossible de rester insensible sachant que plus de 60 000 personnes ont perdues la vie à Fort Dimanche. Je comprends beaucoup mieux aujourd'hui pourquoi les haïtiens appellent Haïti : le pays maudit (Ayiti, peyi madichon)!

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Fabienne Josaphat vous propose un voyage vers Haïti… Mais loin de l'image d'île paradisiaque que nous pourrions en avoir, c'est l'île qui sombre dans la pauvreté et qui vit dans l'angoisse sous le règne tyrannique du Baron samedi qu'elle nous met en lumière. Je n'avais quasi aucune connaissance de l'histoire de cette petite île des Caraïbes et je dois avouer que le récit, ne serait-ce que pour les circonstances historiques, est ultra enrichissant. Par le biais d'une intrigue palpitante, c'est tout un pan de la société haïtienne qui nous est dépeint dans une fresque à la fois large mais qui sait rester à échelle humaine. Des banlieues plus aisées aux bas-fonds pauvres du bidonville de Cité Simone, de la campagne à la prison de Fort Dimanche dont personne ne ressort vivant, l'ambiance est parfaitement retranscrite. On ressent pleinement les envies de vie meilleure et les désillusions de ces gens qui ont tout quitté dans l'espoir de réussir en ville, l'envie de révolte et en même temps l'inévitable soumission. Et surtout, [...]

Pour lire la suite de cette critique, rendez-vous sur yuyine.be !
Lien : http://yuyine.be/review/book..
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Très beau premier roman sur la sinistre période de DUVALIER et de ses "tontons macoutes" à HAITI son pays
d'origine.
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critiques presse (1)
Un roman bouleversant, qui nous permet réellement de sentir et de voir ce que les Haïtiens ont subi durant ces très ­sombres années.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Maintenant il prêtait attention aux gens autour de lui, aux histoires qui passaient d’un prisonnier à l’autre, comment ils avaient été trahis ou dénoncés par des personnes qu’ils n’auraient jamais soupçonnées : un cireur de chaussures, un boutiquier, un vendeur de fruits, un coiffeur, qui tous avaient rejoint les macoutes en espérant y gagner une position plus reluisante, plus importante, ou en recherchant une protection.

Faute de pouvoir vaincre le système, ils y adhéraient.

C’était ça, les tontons macoutes : des hommes et des femmes depuis longtemps privés de droits et qui, abandonnés, étaient remplis de rage contre le monde.
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Des prisonniers étaient tombés malades, les gardes avaient vomi sur leurs bottes et, par crainte des représailles de l’esprit du défunt, il avait été décrété que les détenus évacuaient désormais le corps en l’accompagnant par des prières et des cantiques.

Parce que c’était la façon convenable de partir. Parce que sinon, l’esprit du mort pouvait s’attarder et tourmenter les vivants.

Nicolas avait trouvé bizarre que ces monstres qui tuaient avec si peu de pitié soient terrifiés par l’Au-delà, par les revenants, les esprits en quête de vengeance.
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— Mon frère est un homme, dit-il. Nicolas L’Éveillé est un homme et tu as essayé de le briser. Je suis un homme, et tu as essayé de me briser.

— Je faisais mon travail, dit Oscar. Compris ? J’obéissais aux ordres. Je vous remettais sur le droit chemin. C’était mon devoir.

— Assez !

La rage explosa de la gorge de Raymond comme d’un volcan en éruption.
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Le garde fixa Nicolas, les yeux flambant de rage. C’était un gringalet sous sa tenue, mais n’importe quel type en treillis militaire et fusil à la main a le pouvoir de susciter la terreur. Nicolas savait qu’il cherchait l’occasion d’abattre un prisonnier.

Il tomba à genoux sans discuter, les bras en l’air. Sans regarder le type. Ne quittant pas des yeux Jean-Jean qui se tordait par terre.
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Un hurlement aigu jaillit tout près. Il ne put s’empêcher de jeter un regard autour de lui, la terreur dans les yeux.

— Vous entendez ? (Le directeur ne souriait plus.) C’est la musique de la coopération.

Il comprit que tout était calculé dans cet endroit. Le sol carrelé intensifiait le résonnement des bottes des gardes dans les couloirs. Les salles de torture côtoyaient les cellules pour que les prisonniers s’entendent hurler les uns les autres.

Tout était conçu pour instiller en permanence l’effroi chez les détenus de Fort Dimanche. Un produit de l’esprit compliqué et malade de Duvalier. C’était efficace.

Il fixa la bouche du directeur. Regrettant de ne pouvoir le cogner exactement là, de faire gicler les plombages en or qui le narguaient.
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