Le vrai blason de chacun c'est son visage
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 96
C'est un grand danger que d'avoir un trop bel habit ou un très beau profil. On risque de ne pas exiger de soi autre chose.
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 97
Le bonheur dépend d'une des attitudes possibles de l'âme à l'égard de son plaisir.
Beaucoup de gens n'aiment pas le bien qu'ils font : la vertu peut être une forme de désespoir : certains prêtres sans joie, à la bouche amère, en sont la vivante image.
Mieux serait de dire que la pratique de la vertu n'exclut pas plus que le vice désespoir
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 119
Ni la richesse ni le luxe ni la puissance. La pauvreté, la simplicité, l'humilité pour que l'âme rayonne.
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 122
Je pense qu'il y a trois réalités : le temps, l'éternité et les âmes qui participent de l'un et de l'autre.
Je pense qu'il y a pour chaque âme 3 réalités : l'éternité le temps est elle-même qui participe de l'une et de l'autre.
le temps s'écoule impersonnellement et qui s'abandonne à lui sera emporté par lui et ne gardera presque rien de soi ni pour soi.
celui qui vit dans l'Eternel échappe au temps et à soi-même.
Accident rare qu'une âme se refuse au temps et à l'éternité à la fois et se demeure fidèle à elle-même seule : seule solitude
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 122
Si étroite que soit les limites ou Dieu m'enferme, j'y demeure libre.
bien plus, ce sont mes propres limites, celle que Dieu m'impose, qui me délivrent.
L'être infiniment influençable que je suis a-t-il un moyen de se dérober au circonstances ?
Dieu nous impose les circonstances, mais non l'acte, le "oui" ni le "nom" et encore avons-nous quelquefois le pouvoir de déranger les circonstances.
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 123
L'action est incompatible avec un certain degré de sagesse. pour agir il faut être assez ignorant ou inintelligent. Qui serait tout et comprendrait tout croiserait les bras et se tairait, en souriant. une action quelconque à partir d'un certain potentiel de gravité et d'efficacité, dans la mesure où elle inquiète ou rassure, singulièrement ressemble à un crime, à une infamie, ou à une bévue, un défaut d'attention, à un manque de jugement, à une erreur d'imagination ou un écart de sensibilité confinant à la folie, à un accident d'ordre moral dû à une exaltation momentanée ou à une dépression.
Chez le sage elle relève de la catastrophe.
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 127
Ce n'est ni l'illusion de la connaître, ni le droit de l'exiger qui créent l'intimité, ni la durée, ni la familiarité des rapports, pas même le partage ni aucun échange de volupté ; ni l'amitié ni l'amour ne la supposent nécessairement et rien n'est plus désirable.
C'est sur la communauté d'un secret qu'elles se fonde et une complicité l'achève.
L'intimité c'est l'abandon absolu, l'absence de repli.
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 139
L'intimité ne commence que là où il n'y a plus d'amour propre et ne s'achève peut-être que dans une commune abjection.
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 139
La volupté à un certain degré, c'est déjà l'Enfer, la bouilloire, la chaudière. Tout l'être, ce qui est hors de lui et ce qui est en lui se transforme peu à peu en son objet, se spécialise, se monotonise. Plus de variété et comme le plaisir est dans la surprise, malgré toutes les précautions, suit bien vide le dégoût auquel succède un repos court et le désir de nouveau darde son aiguille envenimée.
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 146
Quand il y a danger, moi, je ne pense pas au danger, mais a m'y ouvrir un chemin.
Le courage, c'est une hache
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. page 152
Le mal se présente d'abord comme une difficulté, comme une épreuve, comme une tentation et puis se révèle comme une habitude, comme une servitude, comme une nécessité, comme une tare.
le mal se présente d'abord comme une difficulté morale et il n'y a rien là que de sublime avant de reparaître, l'habitude prise, la nécessité ancrée, sous les espèces d'une marque indélébile d'infamie.
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 157
La plus grande douleur laisse toujours une si grande part de mon âme vacante pour la Joie de Dieu et la mienne qu'il n'y a pas de douleur complète selon moi pour l'homme.
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 166
Il y a toujours un biais par lequel on échappe à la souffrance.
MARCEL JOUHANDEAU "
De l'Abjection" Gallimard 1939 2006. Page 166