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Magies secrètes tome 1 sur 3
EAN : 9782842284879
327 pages
Le Pré aux Clercs (08/11/2012)
3.05/5   112 notes
Résumé :
L'empereur Obéron règne sur la cité de Sequana. Le tyran veut faire disparaître toute magie, c'est pourquoi il persécute les êtres féeriques. Certains parviennent à trouver refuge dans l'hôtel de Georges Beauregard, l'ingénieur-mage qui travaille officiellement pour le Pouvoir.
L'agent de l'ombre se voit confier une mission par le Ministre des affaires étranges. Depuis quelques temps, des sorts s'abattent sur les proches de l'empereur. On soupçonne le Visage,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
3,05

sur 112 notes
Livre découvert lors de la Masse Critique de l'an dernier lors de la création de la collection « Pandore » des éditions « Pré aux Clercs ». J'avais alors sélectionné celui-ci et « La dernière Lame » d'Estelle Faye. J'ai donc reçu l'autre.

La couverture avait titillé ma curiosité et le résumé avait fait le reste, me parlant de créatures féériques, de policier et d'aventures. J'apprécie particulièrement le mélange des genres, à savoir du policier dans la fantasy. Il semblerait d'ailleurs que ce roman appartienne au steampunk, un genre que je ne lis pas souvent.

Le début de lecture a été plutôt chaotique car j'avais souvent l'impression que l'auteur passait du coq à l'âne tout en nous faisant suivre son personnage principal, l'ingénieur-mage Beauregard. Ce qui m'a également déstabilisée a été le nombre incalculable de notes de fin de pages pour expliquer tel ou tel élément du récit. Sauf que la plupart du temps, cela n'a aucun rapport avec l'histoire en cours ou sinon cela aurait dû se trouver inclus dans le récit. D'ailleurs, beaucoup de ces notes sont, pour ma part, des digressions dans le récit et n'apporte pas grand chose, certaines font référence à des éléments d'Histoire de ce monde imaginaire. Celles qui sont vraiment utiles sont celles qui nous expliquent certains termes utilisés par l'auteur. Au bout de quelques pages, je ne lisais d'ailleurs que celles-ci.

Autre point négatif que j'ai rapidement remarqué correspond au grand nombre de descriptions, dont certaines sont assez inutiles en mon sens car elles concernent la ville et ses rues mais on n'a pas de plan en début de roman. Par contre, en fin de livre, nous avons une liste des magasins, restos et compagnie de Sequana (ville où se déroule la majorité des évènements) mais sans carte, ce n'est guère utile. Dommage car c'était un élément plutôt intéressant et inattendu dans ce roman.

Finalement, au fur et à mesure de ma lecture, je m'aperçois que la 4ème de couverture est un faux résumé de ce livre car cela ne correspond qu'à la toile de fond de l'histoire. La vraie est une histoire policière où Georges Beauregard doit retrouver le prince Udolphe avant qu'il n'arrive en pièces détachées à sa famille. Pour cela, aidée de sa jeune apprentie Jeanne, il ira d'énigmes en énigmes pour démêler le vrai du faux pour ainsi trouver le coupable et la raison de son acte. le début de cette enquête est assez intéressante et sort singulièrement de l'ordinaire mais j'ai trouvé la résolution un peu trop rapide à mon goût et surtout très raccourcie par rapport au reste de l'histoire.

Par ailleurs, l'univers créé par l'auteur est vraiment très complexe, voire même trop par moments car il nous explique des évènements qui n'ont rien à voir avec l'histoire en cours, juste pour donner un peu plus de profondeur à son univers, sa mythologie et son Histoire. Ce qui est sûr en tout cas, c'est que cet auteur a vraiment une grande culture du point de vue mythologique car il nous en mélange quelques unes au gré des déambulations de Beauregard et Jeanne, j'ai ainsi repéré la mythologie égyptienne (Isis) et romaine (Orphée, Bacchus). Il y en a peut-être d'autres disséminées dans ce roman, je ne suis pas assez spécialiste pour toutes les reconnaître.

Malgré le nombre considérable de notes de fin de pages, l'écriture de l'auteur est agréable à lire et son style, une fois que l'on a dépassé les 30 premières pages chaotiques à cause de son monde, se lit assez rapidement surtout quand on s'attache au pas de Beauregard dans la résolution de son enquête. Cela nous permet ainsi de mieux comprendre ce monde et sa complexité.

Comme vous l'aurez compris, mon avis est assez mitigé pour ce roman. Malgré quelques points négatifs, j'ai quand même passé un agréable moment de lecture dans ce monde très fouillé (univers, mythologie, personnages...). Même si ce tome se suffit à lui-même, je serais ravie d'en lire la suite car j'ai bien apprécié les personnages de Beauregard et Jeanne et j'aimerais bien en savoir plus sur eux. On finit par les apprécier avec leurs petits caractères et leurs défauts ainsi que les personnages secondaires aussi fous les uns que les autres. Je serais également curieuse de voir la suite qu'à créer l'auteur à partir du fil ouvert sur le rêve de Beauregard. D'ailleurs, le tome 2 est déjà sorti et se nomme « Le Tournoi des Ombres ». À voir donc !!

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Avec Magies Secrètes d'Hervé Jubert, je découvre, en avant-première, l'un des trois premiers titres sortis à l'occasion de la naissance d'une toute nouvelle collection, « Pandore », dont Xavier Mauméjean, lui-même, prend les commandes, alors il va falloir s'accrocher car il pourrait y avoir du très lourd dans cette collection du Pré aux Clercs, d'autant qu'ils visent apparemment cette catégorie nouvellement cernée par les éditeurs, les « Young Adults » : tout un programme… marketing surtout (Le Pré aux Clercs dédie d'ailleurs un site internet tout spécialement à cette collection : http://www.lepreauxclercs.com/site/pandore/).

Nous pouvons faire un constat simple d'emblée : avec sa très belle écriture et son style franchement chaloupé, Hervé Jubert donne du plaisir à lire, c'est indiscutable, mais ne nous facilite franchement pas la tâche ! Beaucoup de lecteurs se plaignent qu'Hervé Jubert nous perd complètement dans son univers extrêmement riche, mais n'est-ce pas là une caractéristique de la plupart des mondes de fantasy ? Y être perdu et découvrir plus tard que tout peut y être aussi tangible et compréhensible que dans notre petit monde « normal »… C'est vrai, le héros Beauregard (qui porte un oeil de verre d'ailleurs, avouez qu'elle est bonne celle-là, non ?) parcourt sa ville sans nous dire à chaque coin de rue qu'il connaît tel banc pour s'y être assis, telle échoppe pour s'y être accoudé et qu'il ne se souvient plus des nuits passées là ou tel caniveau pour s'y être retrouvé plusieurs matins avec la gueule de bois… mais heureusement qu'il ne nous guide pas pied à pied, un peu de réalisme que diable ! Quel ennui ce serait d'avoir autant d'explications pour si peu d'action, heureusement donc qu'Hervé Jubert se sent complètement empli de l'univers si particulier qu'il a créé. Or, en parlant d'explications précises, l'auteur compense tout cela par un nombre impressionnant de notes de bas de page, chose extrêmement rare dans une oeuvre de fiction : n'est-ce pas, là encore, le signe que l'auteur est littéralement immergé dans le monde qu'il a créé ? Ce monde, justement, se veut une adaptation libre du Paris du second Empire dont l'auteur semble, par ses recherches, être un spécialiste. Personnellement, j'aime beaucoup également cette période, mais je regrette la trop grande tendance de l'auteur à calquer la toponymie et l'Histoire de cette ville de Sequana sur ce Paris-là. Comment ne pas voir dans Sequana (nom du fleuve, de la ville et de l'empire, rien que ça !) la Seine associée par métonymie à Paris, dans « Hoffmann » notre « Haussmann » national qui agit comme le premier pour harmoniser de manière drastique l'urbanisme de la capitale, ou bien dans l'aiguille de Cléopâtre l'Obélisque de la Concorde (ou de Louxor plutôt) ? Les exemples ne sont peut-être pas légion, mais ils sont certainement multiples : je vous passe entre autres les quartiers comme celui de l' « Étoile » situé au bout d'un « grand boulevard »…
Je serai assez avare d'explications et de détails sur l'intrigue car, après ces quelques réflexions, je tomberais facilement dans le spoiler outrancier. Toutefois, quitte à faire quelques réflexions tout de même, il est à noter que nous ne savons pas du tout qui, dans le monde de Sequana, nous raconte cette histoire et surtout quand il le fait. Les dernières phrases peuvent nous lancer dans des suppositions très variées et les différentes allusions au cours du récit nous conduisent à penser que c'est un contemporain de Beauregard, témoin des faits ou en ayant entendu parler, qui écrit de nombreuses années après les événements de cette intrigue, mais il est difficile d'en dire davantage sans se lancer dans des supputations vaseuses.

Une impression mitigée au bout du compte, car finalement ai-je vraiment envie de lire la suite des aventures de Georges Hercule Bélisaire Beauregard, ingénieur-mage au service de l'empereur ? Pas forcément, il faut l'avouer, mais d'un autre côté, des questions se posent, je me suis laissé porter sans aucune difficulté par cette aventure… donc il y a de quoi être mitigé et, peut-être, faudrait-il relire ce roman dans un autre contexte, plus favorable pour apprécier cet univers si particulier et si riche.
Merci en tout cas aux éditions le Pré aux Clercs, qui inaugure leur nouvelle collection, et à Babelio, pour m'avoir permis d'acquérir ce très beau roman (magnifique couverture au passage !). le petit mot des éditions le Pré aux Clercs envoyé avec le colis est, lui aussi, toujours très apprécié. Au plaisir donc de lire d'autres ouvrages de cette nouvelle collection...

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Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions le pré aux clercs sans lesquels je n'aurais probablement jamais découvert cet ouvrage.
Lu dans le cadre de l'opération Masse Critique, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce livre dans lequel humains et êtres féeriques se côtoient sans cesse.

Charles Beauregard, notre héros, est l'un d'entre eux. Ingénieur-mage de sa véritable renommé, Beauregard est plongée ici dans une sorte d'enquête policière dans laquelle il met sa vie en jeu puisque, s'il ne parvient pas à résoudre cette énigme, le neveu impérial Udolphe sera décapité, ce qui signifierait donc pour lui sa propre condamnation de le part de l'empereur et l'impératrice de Sequana.

Dans ce tome, de nombreuses mythologies se trouvent réunies et particulièrement les dieux appartenant aux panthéons gréco-romains et égyptiens. Hervé Jubert s'amuse à faire intervenir des êtres mythiques, avec des êtres sortis tout droit de notre imagination ou encore avec des humains...mais pas tout à fait ordinaires puisque la plupart du temps, ceux-ci possèdent tout de même un don ouvrant sur le paranormal.
De nombreux éléments se trouvaient donc réunis ici pour me faire apprécier cet ouvrage mais j'avoue avoir été de temps à autre un peu perdue moi-même dans la chronologie de l'histoire et j'avoue que les notes en bas de page, bien que m'aiguillant souvent, m'ont assez dérangées car en général, je n'apprécie pas particulièrement ce genre de procédé.
Un univers qui reste tout de même enivrant avec une intrigue rondement bien menée et une écriture fluide et légère. A découvrir !
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Ma lecture n'a pas commencé des meilleures façons. J'ai même eu un peu de mal au début à me faire au style de l'auteur ainsi qu'à tout ce vocabulaire d'époque. Les premiers chapitres nous exposent aussi beaucoup d'informations, mais pas celles qu'on attend vraiment. On entre directement dans la vif du sujet sans pour autant connaître le héros, le lieu où il se trouve, l'époque exacte… du coup, tous nos repères sont anéantis. C'est déconcertant au point qu'on ressent même comme un brin de folie dès le départ dans ce monde étrange.

Et puis, on se fait à tout cela. On apprend à connaître Beauregard, son univers, ses amis, Sequana la ville où se déroule l'intrigue. le côté folie douce ne disparait pas mais ce n'est plus vraiment un soucis, cela donne même du charme à l'histoire.

Nous nous trouvons donc dans un univers entre fantaisie, steampunk, dans une sorte de Paris du 19ème siècle. Intriguant et plutôt original. Notre héros se veut défenseur de la Féérie et possède même un hôtel où plusieurs spécimens y ont trouvé refuge. A côté de cela, notre ingénieur-mage se charge d'enquêtes ou de résoudre des problèmes. Une vie qui ne manque pas d'occupations. Surtout qu'il se voit confier une affaire des plus sensibles dans ce premier tome. Nous le suivons donc à travers une enquête policière un peu alambiquée à certains moments mais qui est parvenue à m'empêcher de lâcher le roman avant de le terminer (lu en une soirée). A travers l'enquête, nous découvrons notre héros bien entendu mais aussi toutes les personnes qui l'entourent, et il y a du beau monde. Mais avant tout, c'est plus toute la mythologie de Sequana qui est mise en avant. de nombreux jeux de mots ou de références populaires se trouvent dans le roman. Des simples comme Isis, ou Obéron et Titiana de Shakespeare, en passant par un peu de Batman, ou les Havres Gris de Tolkien. Personnellement j'aime beaucoup. Tous ces petits clins d'oeil ajoutent, je trouve, une touche d'humour supplémentaire.

Côté personnage, Georges a tout du héros charismatique, un brin mystérieux, plutôt doué, intelligent et ayant de la répartie. On suppose qu'il est plutôt bel homme vu son succès auprès des femmes mais cela n'est pas vraiment important en soi. Non, c'est tout le mystère qui l'entoure qui est assez palpitant. Un fil conducteur, probablement, pour les prochains tomes. Il est accompagné de sa jeune apprentie Jeanne. le personnage m'a tout de suite plu. Elle ne sait pas grand-chose sur elle non plus (notre duo a cela en commun), mais elle a un sacré caractère, une chance inouïe doublée d'une impertinence qui ne peuvent que faire mouche. J'ai tout de suite aimé le personnage. Et le reste des amis de Beauregard ne sont pas en reste. Surtout pour Albert et Isis. L'un est loufoque mais très paternel, tandis que la déesse est aussi un brin dérangé mais a un sacré caractère, un langage fleuri et une nonchalance qui s'accompagne de temps à autre à beaucoup d'affection pour son petit monde. Une amie un peu dingue qu'on adore.

Le tout donne un cocktail très plaisant, qui sort de l'ordinaire, et qui donne envie de poursuivre la saga. Il y a juste un petit point que j'ajouterais concernant les nombreuses notes qui se trouvent dans le tome. J'ai commencé à les lire mais j'ai fini par abandonné. Elles expliquent certaines choses mais sortent du récit en lui-même et pour le coup, même si elles devaient être intéressantes, elles entrecoupaient trop ma lecture. J'ai préféré me consacrer à l'aventure de notre héros, et je ne me suis pas sentie lésée pour autant.
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J'ai fait une constatation cette dernière année : le genre young adult est ce que j'ai le plus lu. Explosion du côté des éditeurs, challenge dédié… je ne sais pas quelle est la cause (sans doute un peu de tout) mais je suis bien repartie pour une nouvelle année de découvertes « jeunes adultes ». Ainsi, lorsque Babelio m'a proposé de découvrir un titre de la nouvelle collection - Pandore - créée par Xavier Mauméjean chez le Pré aux Clercs, j'ai tout de suite accepté. de la fantasy young adult chez le Pré aux Clercs, ça m'inspirait grandement. Sans parler des couvertures, que je trouve magnifiques. Je sentais un gros potentiel dans ces sorties et j'avais envie d'en être.
J'ai choisi Magies secrètes de Hervé Jubert parce que cet auteur m'intrigue depuis quelques années maintenant mais je n'ai, jusque là, pas eu la possibilité de découvrir son univers et sa plume. L'occasion était trop belle. En compagnie de l'ingénieur-mage Beauregard, j'ai mis un pied dans les rues de Sequana et j'en ai pris plein les mirettes. Contextuellement parlant, c'est riche, ultra-référencé et carrément passionnant. Malheureusement, cachée derrière cet univers qui prend beaucoup de place, l'intrigue se noie et peine à sortir la tête de l'eau. Pour preuve, à peine quelques jours après ma lecture, j'ai du mal à me souvenir de l'enjeu de cette histoire et j'en garde peu de souvenirs. Dommage. Je pense qu'une relecture, maintenant que le contexte est posé et bien intégré, ne serait pas inutile !

Magies secrètes c'est quoi ? C'est un livre ultra-riche. Hervé Jubert a créé tout un monde et l'a centré sur la ville de Sequana, gouverné par un empereur et une impératrice : Obéron et Titania (niveau références, ça commence fort !). La ville est peuplée d'êtres humains « normaux » (ou quasi) et de Feys (plus vulgairement, des êtres féériques). Et là tout y passe : farfadets, vampires, succubes, goules, gnomes, spectres, centaures, sirènes, chimères, dieux, déesses… il y en a pour tous les goûts ! A Sequana, la mode est à la crinoline pour les femmes, au chapeau mécanique pour les hommes. Un serviteur automate un peu déglingué viendra vous accueillir si vous voulez visiter l'hôtel de Beauregard mais méfiez vous de l'écharpe de Jeanne, elle n'a peut-être pas encore bien compris comment la faire obéir…
Au fil des pages, on a l'impression que l'auteur a pensé à tout, a une explication et une anecdote pour tout (la preuve avec les nombreuses notes de bas de page… à chaque page pratiquement !). Sincèrement, découvrir un contexte aussi bien pensé et aussi riche, c'est tellement rare (enfin, en young adult en tout cas) que c'est jouissif. J'ai adoré les nombreuses références mythologiques, folkloriques, littéraires ou encore historiques et je suis sûre que j'en ai loupé des dizaines tant l'ensemble est consistant. Je retiens la présence d'Isis (la déesse égyptienne qui recolle les morceaux du corps de Osiris, son frère, démembré par Seth), personnage assez important, même si secondaire, qui vit dans l'hôtel de Beauregard et prend Jeanne sous son aile.
Bref, Magies secrètes ce n'est pas une intrigue posée dans un univers pseudo fantastique. Non, Magies secrètes c'est tout un contexte… et malheureusement, ce n'est presque que ça.

Le livre possède en effet les défauts de ses qualités : qui dit univers ultra-riche dit difficultés d'immersion et de compréhension et intrigue vraiment très secondaire. Poser les pieds à Sequana n'est pas de tout repos, c'est même difficile à digérer. On est vite immergés dans ce monde à la limite du steampunk (les automates, les chapeaux mécaniques…) et on n'a pas de mal à fouler les rues, les bars et les théâtres féériques mais, parce qu'il y a un mais, on est tellement concentrés à cela et à la digestion de toutes les informations que Hervé Jubert nous livre, qu'on en oublie totalement l'intrigue qui prend la forme d'une enquête quasi policière. Pour tout avouer, cette enquête ne m'a pas passionnée des masses et j'ai eu du mal à comprendre qui était finalement le coupable et pourquoi. Je pense sincèrement que je devrais faire une relecture pour pouvoir savourer l'action et non plus fixer toute mon attention sur le « décor ». Un jour, quand j'aurai écoulé les 500 livres de ma Pile à Lire (si si, j'y crois…).

Côté personnages, vous vous doutez, vu le contexte, qu'ils sont nombreux. Malgré tout, les « vraies » figures principales ne sont que deux : Beauregard l'ingénieur-mage et Jeanne sa jeune apprentie. Tous les deux m'ont plu mais il manque encore quelque chose pour que je les aime passionnément. Trop de distance, encore trop peu d'informations personnelles les concernant… je n'ai pas réussi à m'attacher entièrement à eux. J'ai eu plaisir à les suivre et ils resteront des personnages marquants mais ils ne seront pas comme ces héros-meilleurs amis que je n'oublie jamais.
Beauregard, malgré son statut à Sequana et sa relative sagesse, n'a qu'une vingtaine d'années (si je ne dis pas de bêtise). Il est si « sérieux », si sûr de lui et si doué dans son domaine que j'ai eu du mal à me le représenter si jeune. Dans ma tête il a au moins la trentaine. Par contre attention, ne vous fiez pas à l'illustration de couverture, vu les descriptions de Hervé Jubert, elle n'est pas très fidèle au physique de notre professionnel de la féérie. Jeanne, quant à elle, est entourée de mystères. Elle n'a aucun souvenir de sa vie et ne sait pas qui elle est. Jeanne est le premier nom qui lui vient en tête quand Beauregard la sort du puits où elle était coincée. Apparemment, elle a 15 ans et apparemment, elle a quelque chose de spécial (l'ingénieur-mage le sent) mais on ne sait pas quoi. Par contre elle a un sale caractère et là ce n'est pas « apparemment », c'est sur. J'ai apprécié sa fraicheur et son franc-parler et j'espère en apprendre davantage sur elle dans un futur tome (il y aura bien une suite, n'est-ce pas ?).
Les personnages secondaires sont nombreux, je vous citais Isis tout à l'heure ; ils se comptent par dizaine : Titania, Obéron, Albert le sorcier-chercheur (on peut dire ça comme ça), Balagni (toujours partant pour défier Beauregard à l'épée), Arlequin et sa troupe et surtout… Condé le serviteur automate qui m'a beaucoup plu ! Je n'ai pas encore réussi à cerner correctement tout le monde mais les bases sont bien posées et on ne confond pas les figures entre elles. Titania, la femme de l'empereur, discrète mais puissante, m'intrigue énormément. Curieuse de voir ce que lui concocte l'auteur dans les épisodes suivants !

Enfin, et c'est aussi ce qui fait l'intérêt de ce titre, le style de Hervé Jubert est à l'image de son contexte : riche et travaillé. Pendant ma lecture, plusieurs références littéraires « contemporaines » me sont venues à l'esprit : Les Enchantements d'Ambremer pour la féérie et le steampunk et Les Lames du Cardinal pour l'aspect « enquête un peu tortueuse sur fond historique», tous les deux de Pierre Pevel mais j'ai également pensé aux Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett pour l'humour et la richesse du contexte. Trois textes qui m'ont plu (ou me plaisent encore en ce qui concerne la série de Pratchett que je suis très loin d'avoir terminée !). le mélange des trois est donc très positif mais encore une fois, n'aide pas à simplifier l'ensemble.
J'ai apprécié la forme (je retiens un certain sens de l'humour et de l'ironie) mais je ne sais pas si elle sera au goût de tous, surtout des plus jeunes.


Magies secrètes est un très bon titre qui demande une certaine concentration. de ce fait, je ne suis pas persuadée que les lecteurs ciblés - habitués à une young adult plus « simpliste » -, face à la complexité et la richesse du contexte, parviennent à entrer dans l'histoire offerte par Hervé Jubert. Un titre plutôt destiné aux amateurs d'univers ultra-construits (parfois au détriment de l'action) et qui mériterait une relecture de ma part, maintenant que je sais me repérer à Sequana.
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
09 novembre 2012
Un roman singulier aux innombrables références digérées avec goût et mené avec talent, sans oublier une plume aussi alerte que la plupart du temps inspirée. Bref, une jolie réussite !
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
1. Il suffit de comparer deux cartes de Sequana avant et après Obéron III pour prendre la mesure des bouleversements que la ville eut à subir. Adieu labyrinthes ! Bonjour perspectives ! L’empereur avait compris que Sequana était un corps vivant et qu'il fallait d'abord mater la ville pour mater ses habitants. Réguler la sauvagerie urbaine, harmoniser les façades, percer des avenues, pratiquer la table rase, nettoyer, tels furent les mots d'ordre qu'il répéta sans cesse à son préfet dévoué et efficace. Hoffmann consacra près d'un dixième du budget de la nation à ces transformations. La somme énorme donna naissance à un pamphlet qui s'échangeait sous le manteau. Son titre : Les Comptes d'Hoffmann.

(note en bas de page)
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Elle se mordit la lèvre et laissa s'étirer le silence avant de demander :
- Qu’allez-vous faire... ?
- De vous ? Les règles d'apprentissage sont strictes. Le ministère n'apprécierait pas que je lègue mon savoir à une personne aussi instable qu'une... espionne cultivant le mystère.
- Pourtant, j’ai un don.
- D'un usage plutôt limité. Sur le terrain, vous me direz : "Oh ! Ce gobelin ressent de la colère envers vous !" alors qu'il sera en train de m'étrangler. La belle affaire.
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Jeanne, les yeux toujours fermés, sentit l'indécision de Beauregard. La volonté d'Albert était tout aussi palpable. Lire ces états d'âme dans un livre ou les voir sur un tableau ne les aurait pas rendus plus clairs dans son esprit.
« Qu'est-ce qui m'arrive ? » se demanda-t-elle, perdue comme un aveugle découvrant le sens de la vue. Elle pouvait capter les sentiments des autres, maintenant ?
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Et, sous l'Université, à la verticale de cette fenêtre dessinée pour qu'un géant s'y accoude, se situait le temple de Bacchus-Dionysos, le roi de la fête, l'empereur du carnaval, celui qu'escortaient satyres et... et...
Beauregard s'arrêta et chercha le mot adéquat. Il l'avait sur le bout de la langue.
- L'indice qu'un étrange est dans les parages, jugea-t-il à voix haute.
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Un roulement de tambour arracha Beauregard à ses réflexions. L’empereur faisait son entrée, Titania à son bras. Le Premier, l’Illustre, l’Incomparable avait ciré ses moustaches. Bel homme et bien bâti, l’épée au côté, une tripotée de décorations épinglées sur le poitrail, il avait fière allure. Seuls les égrillards à moitié cachés derrière des paupières alourdies par les excès révélaient la nature fondamentale d’Obéron III. Nature qui pouvait être résumée par un mot de cinq lettres : jouir.

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