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sur 312 notes
L'univers de Kafka se déploie ici sous la forme d'une machine étrange, entre un énorme machine à tatouer et une presse écrasante. Tiens, tout n'est qu'affaire de mots, finalement. Et c'est drôle, et effrayant. Sidérant, aussi. Je préfère ce texte de Kafka à d'autres peut-être plus connus auxquels je n'ai pas vraiment adhéré, et je ne me l'explique pas.
Les "autres récits" sont très descriptifs d'une névrose systématique, et systématiquement déployée. Des gens ou des animaux qui essaient de faire des choses, mais hésitent, en sont fiers, mais doutent, n'ont pas la reconnaissance, ou sont mal reconnus, et ça ne va pas. Ca ne va pas, mais les récits se stoppent pour la plupart brutalement, il manquait d'encre dans le stylo ou la plume s'est envolée.
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Ce recueil contient à mon avis trois contes qui sont des chefs-d'oeuvre: "La colonie pénitentiaire", "Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris" et "Un champion de jeûne".
"La colonie pénitentiaire" présente un débat entre d'un part un narrateur qui est la porte-parole d'une société qui accepte l'exécutions des malfaiteurs mais qui veut que la méthode soit bon gout avec un minium de cruauté, et d'autre part, avec un bourreau qui croit que son appareil est le meilleur jamais inventé mais qui est tellement sadique qu'il dépasse les limites acceptables.
Les voix sont unanimes que "La colonie pénitentiaire" est une des plus grandes contes de tous les temps. Pourtant il faut reconnaitre que le contexte au XXe siècle était très favorable, c'est-à-dire où sortait toutes sortes de nouvelles méthodes (parmi d'autres la chaise électrique, et la chambre à gaz et l'injection létale) en même temps que le mouvement pour la suppression de la peine capitale devenait plus fort. Néanmoins la pertinence n'est pas un crime et "La colonie pénitentiaire" est sans la moindre doute brillamment écrite.
"Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris" offre une réflexion très intelligent sur les relations: (1) entre l'artiste et son art; (2) entre le peuple et sa culture; et (3) entre le public et l'artiste. Kafka laisse au lecteur de décide si l'importance de l'art est éternelle ou passagère.
Dans "Un champion de jeûne" Kafka prend position. le protagoniste que effectue des jeûnes remarquables devient célèbre parce que le public de son époque prend le jeûne qui est en principe un acte religieux pour un sport ou un genre de spectacle. Quand la mode pour le jeûne, le champion de jeûne tombe dans un oubli et un pauvreté bien mérité.
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Déception dans l'ensemble. "La colonie pénitentiaire" mérite d'être lue, mais je suis beaucoup moins conquise par les quatre autres textes parus sous le titre "Un champion de jeûne" (sauf le chapitre éponyme) qui sont d'une écriture confuse, tortueuse, alambiquée, ressemblant à un parcours psychologique compliqué. Je serais plus attirée par les deux derniers textes du recueil, "Le terrier" et "La taupe géante" mais suis arrêtée dans mon élan et excessivement frustrée car ces deux textes sont inachevés par l'auteur... Je ne vois d'ailleurs pas très bien l'intérêt de les publier et de les livrer aux lecteurs ainsi tronqués.
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Huit récits. L'univers Kafkaïen se déploie. Les corps sous emprise. Sous l'emprise de systèmes, de disciplines, de lois, de rôles, de regards, sous l‘emprise de soi, des autres. Enfer-mement.
La nouvelle la plus emblématique de ce recueil : La colonie pénitentiaire ; Cette nouvelle écrite en 1914, est à la fois la fin d'un règne et l'annonce d'un nouvel ordre. La description de la « machine » à punir, à tuer, est à la limite du soutenable.
« La machine » marque, tatoue, écrit, sa sentence inique sur la peau et dans la peau et à travers la peau des condamnés une sentence moralisatrice prêt-établie, prêt à porter, dictée par un système arbitraire, fou, totalitaire. Inventée par un fou, construit par des fous, entretenue par des fous, adulée par des fous.
Mais son grand horloger, le vieux commandant fou est mort….Le système est condamné. La machine se détraque.. Oui, mais …. dans la ville une taverne protège son tombeau…
Et l'on comprend le caractère prophétique que l'auteur dresse à travers ce récit : Prenons garde à la résurrection possibles des démons à qui nous confions notre commandement. Les dieux comme les diables ne meurent jamais.
Autre nouvelle que je retiendrai : le terrier . Enfer-mement du dedans et du dehors. Observant, observé...et à jamais terré, jusqu'au tombeau. L' univers Kafkaïen est une machine à penser.
Astrid Shriqui Garain
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Un inspecteur est délégué sur une île dont on ne connaît pas le nom (mais où il est question de Kommandantur) pour faire un rapport sur la manière dont sont traités les prisonniers coupables de manquements, indisciplines ou condamnés. le "bourreau", gardien du lieu, a mis au point, avec le précédent commandant décédé, une machine diabolique qui imprime dans la chair, très progressivement, la condamnation.

Franz Kafka qui donna son nom au terme "kafkaïen", entré dans le langage courant, porte ici toute sa définition : absurde, torturé, compliqué dont on a du mal à définir le sens. L'auteur a imaginé une machine digne des plus grands bourreaux (mais faisons confiance à l'humanité pour faire preuve d'autant d'imagination dans les années qui suivirent) et donne la parole à son concepteur qui prend un plaisir non dissimulé à détailler, dans les moindres détails et avec une sorte de sadisme jubilatoire toute la machinerie et va même jusqu'à demander d'en préserver l'usage au péril de sa propre vie.

Je dois avouer que durant toute ma lecture j'ai senti le malaise monté, l'horreur de la situation, dans cette salle de tortures, écoutant avec le futur torturé qui n'a pas l'air de comprendre le sort qui lui ai réservé,  les explications fournies sur le déroulement de la sentence. J'ai tenté de déceler dans le récit l'arrière-pensée de l'auteur : une interprétation personnelle de l'usage fait de la torture et du plaisir que peut ressentir ceux qui la pratiquent, un délire sadomasochiste qui se voudrait absurde mais on sait que quand il est question de tortures les hommes, depuis la nuit des temps ont fait preuve d'imagination ? 

C'est un texte marquant (excusez-moi pour l'analogie sur la machine), qui m'a profondément troublée sans que j'en connaisse exactement la raison mais sans pouvoir lâcher ma lecture pour autant ou l'abandonner par dégoût. Je voulais savoir pourquoi, quel était le but de cet écrit. Et si finalement c'était simplement une fable sur les capacités de l'homme à faire du mal, à pousser la torture jusqu'à son paroxysme avec un bourreau presque en état second, convaincu des bienfaits de sa machine et préférant demander un faux témoignage de peur de la voir disparaître. Et puis la fascination du bourreau pour son commandant disparu, perpétuant sa volonté, ses souhaits au-delà de sa disparition, ..... Prémonitoire de ce que les hommes sont capables de faire au nom d'un idéal.

Le recueil comportait d'autres nouvelles, mais je dois avouer que je n'en saisissais pas le sens pour la plupart et ai abandonné le recueil. Il s'agissait plus de courts récits, de petites chroniques, tenant parfois en quelques lignes, certains textes comme des ébauches d'écriture, de notes sur des scènes vues, mais comme j'étais encore sous le coup de mon voyage dans la colonie disciplinaire, j'avais beaucoup de mal à y trouver un intérêt ou du sens.

Une expérience de lecture troublante et en plus un visage et des yeux sur la couverture qui à chaque fois que je prenais le livre me donnait l'impression de plonger au plus profond de moi, de me sonder, de chercher à trouver les failles et dont je ressentais à la fois toute la noirceur mais également une sorte de résignation à ne déceler que le négatif.

Je n'ose pas dire que j'ai aimé et pourtant oui j'ai aimé car cette lecture va rester en moi pour longtemps. Je ne sais pas si je lirai à nouveau Franz Kafka. Je ne suis pas sûre d'apprécier son univers, ses pensées et même de comprendre ce qu'il veut transmettre mais je suis ravie d'avoir participer à ce challenge Mai en nouvelles qui m'a permis de comprendre pourquoi Kafka a laissé son empreinte dans notre langage à travers un texte aux multiples interprétations.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Je n'ai pas, mais alors vraiment pas du tout aimé ce recueil de nouvelles et j'ai du me faire violence pour aller jusqu'au bout tellement mon envie d'abandon était puissante !
Ces historiettes sont idiotes, insipides, incompréhensibles, pire que celles d'Ernest Hemingway, c'est dire !
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Décidément c'est vraiment très bien Kafka !!!
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Dans la vallée de l'ombre de la mort, un voyageur se rend sur le lieu d'une exécution, imminente. Un officier, partisan de la peine de mort, lui explique le fonctionnement de la machine qui n'est pas une guillotine - la mort serait trop rapide - mais un instrument de torture, qui inscrit la sentence, la loi qu'il faut respecter, sur le corps, à l'aide d'un système d'aiguilles fixées sur une herse. On ne se contente pas de tatouer le condamné, la mort étant programmée, la douleur étant recherchée. Le condamné, installé sur la machine, ne peut pas lire l'inscription mais il la ressent, aussi la lecture de la sentence se fait-elle au niveau du corps, parce qu'il la sent dans sa chair qu'on déchiquète morceau par morceau, aussi l'assimile-t-il, corps et esprit.

Le regard extérieur du voyageur est essentiel étant donné qu'il est le spectateur sans lequel la peine de mort n'aurait pas lieu d'être parce qu'elle est conçue pour être une représentation de la mort, un spectacle ; il est aussi comme le lecteur celui qui doit émettre un jugement non pas quant à la culpabilité du condamné mais quant à la justice elle-même, sur ses procédures. Le voyageur a comme mission de mettre à mort la peine de mort ; Kafka la fait revivre, en l'inscrivant dans la chair de son lecteur.
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J'ai lu "la colonie pénitentiaire" dans une édition de 1968, accompagnée de cinq autres nouvelles.
Kafka. Quel univers! Déboussolant, absurde, violent...
On a l'impression que les personnages ne "vivent" pas. Ils semblent suivre leur destinée( le jeûneur).
Le narrateur et occupant d'un terrier dans "Le terrier" vit dans la crainte. Il envisage toujours le pire. Il n'a "pas un instant de répit", il doit "continuer les recherches".
Quelle imagination il faut avoir pour inventer la machine à exécuter "où tout est pensé", faisant de la guillotine, un engin archaïque, sans ingéniosité.
Il y a souvent une notion de spectacle dans les nouvelles: l'exécution est publique avec des chaises pour les spectateurs dans "La colonie pénitentiaire"; le trapéziste dans "Le premier chagrin" travaille dans un cirque; le jeûneur est exposé sur les places publiques. Les tournées de ce dernier sont organisées par un imprésario.
On y voit aussi de la mélancolie: "Du temps du commandant (La colonie pénitentiaire), les exécutions étaient à la mode". Idem pour le jeûneur qui ne fait plus recette. Il est obligé de travailler dans la ménagerie d'un cirque pour que des spectateurs puissent voir sa performance.
Il y a longtemps, j'avais lu "La métamorphose" sans aimer.
Après la lecture de ces six nouvelles, je me suis intéressé à la biographie de Kafka sur le net. Au regard de sa vie, je comprends mieux son écriture. Je lui trouve des circonstances atténuantes.
Je ne peux pas dire que j'aime Kafka, mais je ne reste pas indifférent son écriture.
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Conte philosophique, plaidoyer contre la cruauté de l'homme, chef-d'oeuvre de l'art, sont autant de noms qu'on pourrait donner à ce livre. J'y retrouve tout ce qui m'a plu dans le Meilleur des Mondes, d'Aldous Huxley : une réflexion puissante sur ce dont est capable l'homme, des idées, des pensées… Une nouvelle d'une rare efficacité, qui pousse à réfléchir sur l'homme et la tyrannie.
Ecrit avant même les grandes dictatures du XXème siècle, un texte visionnaire qui ne laisse pas indifférent.
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