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EAN : 9782072844898
144 pages
Joëlle Losfeld (29/08/2019)
2.67/5   38 notes
Résumé :
Kate, jeune fille de dix-neuf ans, vit un drame : la mort brutale de son amoureux dans un attentat. Tout pourrait s'arrêter là. Mais ce serait sans compter sa mère, les gens qui l'entourent et la manière dont ce drame résonne en eux, dont ils s'en emparent, dont ils décident que ce sera le leur - et le transforment en traumatisme. Voici des personnages qui sont comme des poupées russes : chaque membre de la famille de Kate semble en cacher un autre, ou se cacher der... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
2,67

sur 38 notes
Le propos de départ et ce que suggère le titre laisse penser que l‘on va assister à un processus de deuil. En effet, Kate a perdu son compagnon, victime d'un attentat. Mais le contexte est particulier. Lors de l'événement, Kate était absente et coupée de toute relation avec sa réalité ordinaire. Elle ne sait donc pas ce qui s'est passé. Double peine : la perte mais aussi l'impossibilité de faire ses adieux. Et l'on peut y ajoutera perte définitive de la confiance qu'elle pouvait accorder à ses proches, qui l'ont volontairement maintenue dans l'ignorance.

C'est alors que le roman emprunte un nouveau chemin, se concentrant sur la personnalité de la mère, celle-là même qui est à l'origine du mensonge. Son portrait est saisissant, une tête-à-claques par excellence, immature, égocentrée.. Même au coeur de ce roman, elle parvient à faire oublier que la victime est sa femme et non elle-même : c'est sa manière d'agir sur son entourage, mari ou enfant, et ça fonctionne.

Envahissante, elle l'est, cette mère indigne, qui envahit aussi le roman en occultant l'histoire de la jeune femme en deuil. D'autant plus agaçante qu'il y a fort à parier que chaque lecteur reconnaitra dans ce personnage quelqu'un de plus ou moins proche dans son entourage.


Le roman aurait peut-être pu bénéficier d'un développement un peu plus long avec une analyse plus en profondeur de l'ensemble des personnages et de leurs sentiments face au drame, et de ce questeur inspire l'attitude de la mère.

Aucun reproche en ce qui concerne l'écriture, mais cela le sujet est traité de manière un peu superficielle.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Une tempête sous un crâne

Pour son second roman, Stéphanie Kalfon a choisi de nous raconter la vie d'une jeune femme dont l'amoureux a été tué dans un attentat. Un roman à forte intensité dramatique qui va secouer les consciences.

Son premier roman Les parapluies d'Erik Satie, qui était bien davantage qu'un portrait de l'auteur des Gymnopédies, avait retenu l'attention. du coup ce second roman était très attendu. Disons d'emblée que si le registre est bien différent du premier opus, il ne déçoit pas. Nous sommes cette fois en 2001, au moment où un attentat est perpétré en Israël, tuant au hasard. L'un des victimes est un jeune homme, atteint d'un boulon en pleine tête. Jeff s'était rendu en Israël pour y poursuivre ses études tandis que Kate, sa petite amie, se prélassait sur les plages de Marbella. Où elle était épargnée de la fureur du monde.
Ce n'est qu'à son retour que sa mère va lui apprendre la terrible nouvelle, justifiant ses mensonges successifs par la volonté de la préserver: «Je voulais que tu passes de bonnes vacances. Je voulais te protéger. J'en étais malade, j'en ai parlé à tout le monde. On avait tellement peur que tu l'apprennes. On était tous d'accord.»
En fait, le choc n'en est que plus violent, la douleur plus insupportable. Comment faire son deuil quand le disparu a disparu? Kate doit essayer de se reconstruire avec le fantôme de Jeff. Un fantôme qui laisse des traces et des signes qui vont la tourmenter jour après jour. Comme cette carte postale qui finit par arriver dans sa boîte aux lettres, comme ce rai de lumière aperçu sous la porte de son appartement. «Alors elle disjoncte. Un irrépressible élan la saisit comme de l'électricité: la seule manière de se soulager, c'est de se cogner la tête contre cette porte et, par l'impact sur son front, créer la preuve qu'elle est encore vivante. Alors elle cogne, elle cogne, elle défonce son crâne contre la porte jusqu'à faire apparaître la voix de Jeff qui dans son crâne halluciné répète «arrête, arrête», mais comme c'est la première fois que cette voix apparaît Kate continue pour l'entendre encore dire «arrête, arrête», l'entendre encore dire «arrête, arrête». C'est physique, voilà ce qu'elle cherche, un contact physique et aussi une réponse…»
C'est sans doute dans la description de ce mal qui ronge Kate que réside la force de ce roman. Avec Stéphanie Kalfon le lecteur occupe une plage privilégiée, sous le crâne de Kate, au coeur de la tempête. Violente, pesante, incontrôlable et, pour son plus grand malheur, nourrie de l'incompréhension et du ressentiment de ceux qui la côtoient, à commencer par sa mère. Si elle en ressent toute la toxicité, elle a pourtant du mal à s'en émanciper. Alors c'est la peur qui s'installe. Une peur dont elle va ressentir toutes variations. Une peur qui l'empêche d'avancer, qui l'empêche de dormir. Une peur qu'il va falloir apprivoiser pour pouvoir continuer à avancer.
Tout au long de ce roman, jamais la tension ne se relâche, à tel point que l'on a quelquefois l'impression de le lire en apnée, de partager physiquement les émotions de Kate. Jusqu'à éprouver chaque respiration comme une libération. Comme un premier pas vers la sortie de crise espérée, attendue.

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**,*

Lorsque Kate rentre de vacances, la nouvelle que lui annonce sa mère n'est pas celle qu'elle attendait... C'est même plutôt une nouvelle qu'elle veut effacer, oublier, enterrer, annuler... Mais la vie doit avancer malgré tout, et sa mère ne va avoir de cesse de lui rappeler, sans jamais s'excuser d'avoir anéanti sa vie...

Lu grâce aux 68 premières fois, le deuxième roman de Stéphanie Kalfon est déroutant...

Par son histoire d'abord : une jeune fille écrasée par une mère autoritaire, froide, centrée sur elle-même et étouffante. Une jeune fille à qui on a volé l'annonce de la mort de son compagnon et la possibilité d'entamer son deuil. Une jeune fille dont le climat familial est d'une violence banale mais terrible : le silence règne. On se tait, on se mure, on se protège de cette mère toute puissante.

Par son écriture ensuite, très travaillée et minutieuse. Trop peut-être ? J'ai eu du mal à me laisser envahir par l'émotion et la tristesse de Kate.

Un roman qui dérange et qui nous interroge sur nos rapports aux autres, nos proches surtout, et nos façons de vouloir les protéger sans se mettre à leur place, en leur prêtant des pensées et des émotions qu'ils n'ont pas...
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L'écriture de Stéphanie Kalfon est jolie mais son roman laisse un impression assez mitigée.. le récit est trop bref ( 120 pages) pour laisser une impression durable sur le lecteur, la narration est parfois un peu confuse, trop éliptique, et les personnages manquent d'incarnation.. dommage car cette idée de jeune fille dont le copain est mort dans un attentat à qui on confisque son chagrin pouvait intriguer et toucher...
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Je viens de commencer ce livre mais je ne le finirai pas. Quelque chose me gêne dans cette histoire : Kate, une jeune fille de 19 ans apprends par sa mère que son petit ami Jeff est mort en Israël alors qu'il poursuivait là-bas ses études. Il est décédé dans un attentat en juillet. Et ce n'est que fin août que la mère de Kate le dit à sa fille. Kate était en vacances à ce moment là mais sa mère ne lui a rien dit pour ne pas les lui gâcher. Mais ce qu'on va apprendre plus tard c'est que tout le monde était au courant même la presse mais pas Kate. En lui apprenant enfin, sa mère se délecte de plaisir face à sa fille. Elle aime la voir souffrir et désemparée . C'est une femme manipulatrice et sadique face à sa fille et son mari.
Cette histoire m'a rendu mal à l'aise au point d'arrêter cette lecture. le sujet n'est pas facile mais le style d'écriture de Stéphanie Kalfon est alambiqué, virevoltant, les personnages sont juste esquissés, sans profondeur.
Ce roman violent m'indispose. Je m'attendais à autre chose. Plus un roman sur le deuil.
Je n'ai pas l'habitude de faire un billet pour un livre que je n'ai pas lu entièrement mais le peu que j'ai lu m'a remuée et je voulais vous en faire part pour le partager avec vous.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Alors elle disjoncte. Un irrépressible élan la saisit comme de l’électricité: la seule manière de se soulager, c’est de se cogner la tête contre cette porte et, par l’impact sur son front, créer la preuve qu’elle est encore vivante. Alors elle cogne, elle cogne, elle défonce son crâne contre la porte jusqu’à faire apparaître la voix de Jeff qui dans son crâne halluciné répète «arrête, arrête», mais comme c’est la première fois que cette voix apparaît Kate continue pour l’entendre encore dire «arrête, arrête», l’entendre encore dire «arrête, arrête». C’est physique, voilà ce qu’elle cherche, un contact physique et aussi une réponse, à la place de quoi des mains invisibles la repoussent, l’éloignent et la retiennent, mais elle s’en dégage et fonce à nouveau, «je ne sens rien», dit-elle tandis qu’elle se cogne encore à bout de souffle «allez, ouvre! Ouvre!» et elle rit, bam, bam «ouvre», bam «arrête, arrête», «bam», «arrête», un voisin sort, elle sursaute, ahurie, elle demande, insensible au sang qui s’écoule entre ses cheveux, sur ses joues… p. 41
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Je m'affole, mon coeur s'emballe. Elle remarque le pointillé de mon souffle, mais au lieu de parler elle émet un petit cri pathétique accompagné d'une grimace d'inconsolable pleureuse qui va pleurer mais non. Finalement non. La peur m'agrafe le ventre. Par mimétisme mon visage se crampe et se tend avec la même grimace qu'elle. Je lui ressemble, elle est satisfaite. Moi, j'ai envie de pleurer, pleurer des siècles et des seaux, elle vient de déclencher en moi une panique assez longue pour durer une vie entière, et je ne sais pas où réfléchir ni où poser mon coeur et elle ne dit rien, non, elle n'abrege pas mon supplice. Elle m'observe. Je disjoncte.
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INCIPIT
Elle m’a appelée plusieurs fois pendant les vacances. En vérité, elle voulait savoir si le sordide était déjà entré dans ma vie, ou si elle aurait une chance de me le dire elle-même. Elle tenait à me l’annoncer en face. Elle et moi. Mère et fille. Seule à seule. Me convoquer, choisir précisément le lieu, le moment et la manière, choisir ses mots, l’heure, sa tenue vestimentaire. C’était sa mise en scène, la fabrication précise et implacable de son mensonge. «Tu sais, les vacances, c’est fait pour tout couper, profite bien alors, au revoir!»
De nous deux, ma mère est la seule à savoir que mon amoureux est mort. Elle croit qu’en ne le disant pas, ça changera quelque chose au réel. Comme si elle avait tout pouvoir sur le monde, qu’elle dictait à la réalité comment se comporter. Plus tard, elle répétera en pleurant: «Je voulais que tu passes de bonnes vacances. Je voulais te protéger. J’en étais malade, j’en ai parlé à tout le monde. On avait tellement peur que tu l’apprennes. On était tous d’accord.» En attendant, au même moment sur terre, il mourait à cause d’une bombe terroriste, un boulon propulsé dans la tête au niveau de la tempe. La planète entière était au courant. Sauf moi.
Tous les journaux parlaient de sa mort. Il était devenu un simple prénom, «Jeff», désormais réduit par les titres à une familiarité de circonstance. Devenu un fait divers qui divertit, un décès sur qui l’indécence de chacun avait sa petite opinion… mourir si jeune, c’est pas de chance, et puis cette guerre, on n’est pas à l’abri, personne n’est à l’abri, ce garçon est un symbole! Alors lui et sa mort défilent en continu sur les chaînes de télévision. Mais répéter ne ressuscite pas, au contraire, ça banalise. Ici une pleine page, là un encart, un entrefilet, puis au fil du temps: une brève. Brièveté de la vie. Rapatrié enterré passé décomposé. Au même moment, ma mère m’appelle en continu et demande: «J’espère que tu t’amuses bien ma chérie, profite, c’est les vacances!» et elle raccroche. Ma tristesse, ignorant tout, attend sagement à la marge des papiers du soir, dans la blancheur de toutes les absences.
Ma mère vient me chercher à l’aéroport. Le supplice commence par les embouteillages qui gonflent dans mon cœur périphérique l’intérieur sans confort d’un cercueil à venir. Elle a préparé au millimètre le scénario morbide où elle se donne le premier rôle. Au début, forcer de trop son sourire. Juste assez pour alerter mais ne rien dire. Il s’agit de m’affoler en silence, de préférence. Il faut que je pressente, oui, pas encore que je sache. Pas ici. Non. Trop tôt. Pas dans la voiture. Pour l’instant, c’est elle qui veut tout savoir « alors raconte, comment c’était Marbella? Il n’a pas fait trop chaud? Ce que t’as bronzé, t’es toute belle! Et la ville c’était bien? Vous avez visité un peu?». Moi, je dois tenir mon rôle: rester bien assise à la place du mort, et divertir en faisant de ma vie une gazette. Être son clown et son oxygène, comme d’habitude. Il faut parler, parler, c’est épuisant, mais pas seulement. Pour elle, l’aimer c’est la déchiffrer. Si bien qu’elle se tourne vers moi pour exhiber dans son regard un presque rien indexé au contraire du sourire. Voici le stigmate, l’indice, le signal. Je suis sommée de remarquer la contradiction de son visage, cette mauvaise conscience flirtant avec le sentiment du devoir accompli. Le voir ce remords, oui, comme on remarque une nouvelle ride dont on ne dit rien, bien entendu, par convenance. Aimer c’est convenir, non?…
Or pour être convenables, on doit être pareilles. Elle croit pouvoir ressentir à ma place, imaginer penser aimer à ma place. Lui dissembler est une menace. Je dois la contempler et être d’accord, ça va sans dire, surtout sans dire. En un mot: être son synonyme. Voilà le sens de ma vie.
Elle gare la voiture dans le parking, insiste pour prendre ma petite valise à roulettes, «mais enfin, c’est trop lourd, laisse-moi faire» et on rejoint l’appartement. Elle défait son manteau d’une manière agitée mais très lente, comme elle en a le secret. Je réalise soudain qu’elle a fait en sorte qu’il n’y ait personne d’autre qu’elle, moi et le silence. Nous trois. Pas de père, ni de beau-père, pas de témoin. Tout est en place pour transformer mon drame en traumatisme, par l’alchimie d’une recette dont elle seule connaît les disproportions.
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Me voilà assise dans la cuisine jaune. En face de ma mère. Dans quelques semaines, elle va s'emparer de ma vie, mon chagrin, m'engloutir noyée vivante dans la parole. Pour l'instant, elle me regarde en souriant, me fait asseoir, puis retire du frigidaire quantités de plats qu'elle a préparé d'avance.
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Quand quelqu'un meurt brutalement, c'est sans dire au revoir. Nous les vivants, courons alors vers un adieu imprononcé et bégayons, bredouilles devant la parole. Nous échouons abandonnés au milieu d'une phrase sans suite, derrière un verbe interrompu, un "à bientôt" qui s'éloigne lentement du domaine des mots. Il n'est plus possible de se tenir amoureusement la main encore une fois, ni d'aller se balader dans ce jardin qu'on s'était promis de visiter en automne. Le monde, sans la présence du défunt, est un peu plus froid. Glacial même. Le réel devient une immobilité dangereuse. Inhabitable. Et l'ordinaire recouvre les choses comme une poussière épaisse les meubles d'une vieille baraque taboue.
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