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EAN : 9782867440342
168 pages
P.O.L. (01/01/1985)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Adam, le narrateur, voyage de l'Amérique du Nord à la Turquie, passant par la Grèce ou encore par une petite île "située à environ soixante-dix milles marins au large du Sahara". Mais il chemine aussi à travers les mots, miroirs dans ce livre de la mémoire et de la perte. Se détache de tous ces parcours la figure d'Aerea (ou Artemis, "petite soeur de Minerve"), fermée à l'amour, qui disparaît au début du livre, conduisant Adam à l'errance, qui ne le délivrera pas de... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Vous ne devriez pas dire "se perdre en forêt" mais "s'y être perdu". Être en même temps quelque part et nulle part. Dans la forêt et hors de tout. Avoir perdu le sens : être partout. Chaque branche, chaque taillis, fossé, souche, pièce de sol, fougère, bois mort, mousse, ornière, sentier, trace de patte ou de pied, cri d'animal ou chant d'oiseau, tout est fixe. Mais à cette fixité, rien qui puisse être rattaché, aucune histoire, aucun personnage. Les choses qui sont là n'ont pourtant rien d'effrayant. Elles sont douces et lentes, paisiblement étagées. Rien qui bouge en forêt si ce n'est la forêt sur place. Chaque arbre est un miroir, chaque rocher un écho. Tout ce qui s'y sent, s'y voit, ou s'y entend est déjà connu et cependant nouveau. La première fois est comme les autres : pas deux endroits qui se ressemblent. Ils sont tous identiques. Pas deux forêts pareilles. C'est toujours la même. Pas d'espace en forêt pour qui s'y est perdu. Ni ficelle pour en sortir ni cailloux à faire tomber des poches. Ni appels : la voix en forêt n'est qu'un son que la forêt rend à elle-même. L'absence d'espace engendre le vertige; le défaut de mesure fait naître la peur. C'est une horloge arrêtée, un accident très feutré du sens, lequel n'a pas de commencement. Car la peur vient après, avec la pensée d'un point de départ, dans l'idée du retour au lieu de perdition. Revenir sur ses pas : alimenter la peur. C'est une circonstance très abstraite; la forêt fait marcher celui qui s'est perdu en elle. Il va en rond, croyant trouver l'issue. Tourné en bourrique est le sort du perdu. La forêt n'a pas d'autre bout que les arbres qu'il voit, pas d'autres bords que ses rondes intérieures, pas d'autre centre que son inquiétude. N'étant ni renard, ni hibou, il reste toujours étranger à ce qui l'entoure, étranger à la forêt sans issue mais que rien ne clôture. Car, contrairement au labyrinthe, une forêt n'a pas d'issue parce qu'elle n'est fermée de nulle part. Elle s'engendre soudain dans la peur sans limites.
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J'ai toujours été une sorte d'altruiste. Certes, avec le temps et en prenant de l'assurance, mon altruisme s'est transformé. Voilà bien des années que je ne vais plus au-devant d'autrui en quête d'affection et de reconnaissance, les bras chargés d'offrandes et le cœur débordant de sentiments altiers. Mais en dépit des apparences, mon désintéressement n'est pas devenu du désintérêt ni mon indifférence de la sécheresse [...] Mon altruisme est aujourd'hui passé tout entier dans les regards que je porte sur ce qui m'entoure.
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La mémoire n'est peut-être pas autre chose qu'une petite surface qui s'obscurcit : on sait encore ce qu'on ne verra plus. Ma mémoire est un tapis qui s'assombrit, et Sokrat est assis au bord de ma mémoire comme un cormoran entêté au bord de la rivière, occupé à guetter les poissons dans l'eau. Le bus est plein de fleurs et de parfums de fleurs.
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Face à la nudité de mon insouciante compagne, l'Eve du petit Cranach, j'écouterai encore monter en moi le chant de ceux qui ont accompagné mes interrogations et mes rêves.
Depuis longtemps mes yeux ne peuvent plus les voir. Ni mes mains les toucher. Cependant, quand l'heureuse ivresse me gagne, je les revois - ceux qui se sont connus et ceux qui ne se sont jamais rencontrés - danser dans le prisme de mes souvenris. Alors chacun d'eux m'apparaît comme l'une des nuances du spectre que je suis.
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Deux temps s'échangent en silence, dans ce temps croisé, deux silences se mêlent en un silence plus grand. Le silence pétrifié de l'histoire et des noms; le silence de l'esprit auquel aspire quiconque cherche la paix.
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Vidéo de Emmanuel Hocquard
Jean Frémon La Blancheur de la baleine éditions P.O.L où Jean Frémon tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre "La Blancheur de la baleine" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L et où il est notamment question de Michel Leiris, David Hockney, Emmanuel Hocquard, Bernard Noël, Alain Veinstein, Etel Adnan, Louise Bourgeois, Jannis Kounelis, Jacques Dupin, Claude Esteban, Samuel Beckett, Marcel Cohen, Jean- Claude Hemery, Jean- Louis Schefer, David Sylvester, Edmond Jabès à Paris le 2 février 2023
"Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs.
Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche."
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