AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782296045354
450 pages
Editions L'Harmattan (19/12/2007)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Être fou d’amour, aimer jusqu’à la folie ! Cette expérience des extrêmes engendre des œuvres d’art. Parole poétique, parole chantée, parole mise en scène…, l’amour, la folie d’amour ne peuvent se dissocier du « chant ».

L’Occident déteste perdre la tête, privilégie le libre arbitre, le contrôle de soi par la raison. Le Fou d’amour qui se perd lui-même au profit d’un autre n’est plus prisé car la valeur prédominante est la stabilité du sujet qui garant... >Voir plus
Que lire après Les fous d'amour au Moyen Age : Orient-OccidentVoir plus
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Cinq parties structurent le recueil. La première définit les concepts de folie et d’amour et leur articulation (P. Ménard, J.-M. Fritz) dans les contextes culturels aussi variés que l’Occitanie, le Nord de l’Europe (S. Thiolier-Méjean), Byzance (V. Déroche), l’aire musulmane (J.-C. Bürgel) et le monde persan (M. Nouri-Ortega). Qui ama desena, « qui aime perd la raison », chantent les troubadours du xiiie siècle. Une deuxième partie s’attache à disserter sur la perte du soi dans l’altérité de l’aimé : au cœur de cette thématique, la création poétique et littéraire noue toutes les tensions. Entre sagesse et folie, entre errances et vérités, entre identité et perte, la figure de Narcisse ou celles de Tristan et Lancelot (F. Pomel, C.-H. de Fouchécour, D. Demartini-Franzini) suggèrent la métamorphose du fou d’amour en poète. Faute de pouvoir résoudre les tensions de la folie et de l’amour, le poète transi les chante. La troisième partie, centre du recueil, marque une pause : Éric Phalippou nous introduit au pays du conte, en retraçant le cheminement d’un transfert culturel : « Le Fou d’amour et la Femme noire » est un conte indo-persan, centré sur la « lumière noire », dont l’auteur retrouve les linéaments et les adaptations dans les contes, fables et écritures romanesques en Occident jusqu’aux livrets d’opéras comme L’amour des trois oranges de Prokofiev ou, dans une moindre mesure, Othello de Verdi. La quatrième partie s’arrête sur cinq monographies : Thècle, amoureuse de saint Paul ; Bernard de Clairvaux, Raymond Lulle, Margery Kempe, Zoleikhâ de Jâmî. Une dernière partie, dans un crescendo induit par le thème lui-même, conduit à un « Au-delà de la folie : l’essence de l’amour ».
Commenter  J’apprécie          30
Au coeur de la conscience amoureuse se trouvent des forces qui minent secrètement l'amour et qui introduisent désordre, perpétuelle tension, trouble profond. telle est la représentation de l'amour chez un intellectuel de la seconde moitié du XIIIe siècle.
En même temps, un autre mouvement est visible dans la sensibilité et dans la pensée médièvales, qui est celui de considérer la folie comme un élan créateur, une impulsion favorable, presque un don du ciel. Le premier des troubadours, Guillaume IX, parle de foudatz, "la folie", sans la condamner, dans son poème Companho farai un vers. Il déclare sur un ton amusé qu'il y aura dans sa chanson plus de folie que de sagesse (Et aura-i mais de foudatz no-y de sens, éd. A.Jeanroy, Paris, 1927, I, v.2).
Commenter  J’apprécie          40
À la lecture du recueil, au regard de la confrontation entre sources occidentales et sources orientales, il ressort que la folie d’amour pourrait s’énoncer sur trois modes : l’absence, la transgression, la relation inversée.

1/Par essence, l’amour induit le décentrement et partant, l’absence. Lorsqu’il est paroxystique, l’amour fou engendre chez le sujet une sortie de soi, littéralement ex-statique, sortie de soi, sortie du sens, forsené en ancien français. Amants et mystiques sont exilés d’eux-mêmes. Mieux, l’amour conduit à la perte de soi dans l’être aimé. Perte de soi proprement spatiale : le fou est celui qui n’est pas là. Il est l’absent, celui qui n’est pas dans le lieu où il devrait être. La folie d’amour est absence

2/Parce qu’il est hybris, excès, l’amour fou est un Au-delà : au-delà de la norme, au-delà de la nature, au-delà de la convenance, au-delà de la bienséance. « Le fou de Dieu cette figure de l’inversion radicale de tous les comportements sociaux et humains ? » (P66); La folie d’amour se joue aux limites et aux marges : « Exotisme du fou de Dieu, étrangeté du fou d’amour » (p. 74) ; le fou d’amour flirte avec les frontières à tenir et à dépasser. Insaisissable, la folie semble ainsi induire la transgression de la norme, non par contestation, mais par dépassement. Parce qu’il est saisi par un universel qui le déborde, le fou abdique la rationalité de la maîtrise de soi et du respect des convenances. (...)

3/ Enfin, la folie d’amour est une modalité propre de la relation : une inversion. Mais cette modalité de la relation en tant qu’elle est inversée, reste foncièrement relation. Autrement dit, la folie n’est perçue qu’en fonction de la sagesse. Le fou n’est fou que relativement à la sagesse, ou, en l’occurrence, la norme. La normalité s’avère le site paradoxal de toute folie. (...)
Commenter  J’apprécie          10
Réfléchir alors sur la folie d’amour, c’était prolonger la question de la subjectivité et du soi. Le postulat de départ s’articulait autour des différences d’approche de la raison en Orient et en Occident. L’Occident détesterait perdre la tête et privilégierait le contrôle de soi par la raison. Le fou d’amour qui se perd au profit d’un autre n’a plus, en perdant sa conformité aux normes, de place dans la société et le monde. La folie d’amour serait réprouvée par les gardiens de l’ordre social. En Orient, en revanche, la folie d’amour serait l’occasion privilégiée de sortir de la séparation pour atteindre l’Union et approcher l’Unicité divine, en oubliant le moi et en dépassant l’individualité propre. Transcendant la distinction culturelle et géographique, les mystiques, tels des traits d’union, réussissent pourtant à unifier l’expérience extrême de l’amour.
Commenter  J’apprécie          20
Tout au long de la littérature médiévale une attention extrême est portée à la raison. Jean de Meung dans le Roman de la Rose fait intervenir longuement Dame Raison. Elle prend la parole à plusieurs reprises pour conseiller à l'amant, non pas d'aimer avec discernement, mais de renoncer définitivement à l'amour. Tout amour est porteur de souffrances. Les derniers mots de Dame Raison, destinés aux êtres qui se laissent prendre aux appats de l'amour, sont très fermes : s'ils ne se ressaisissent pas, ils y perdront sens, tens, chatel, cors, ame, los, "raison, temps, biens, corps, âme et réputation" (ed F.Lecoy, v.4598).
Pour Dame Raison ll'amour est empli de contradictions. Un développement célèbre de Jean de Meung en détaille les dangers: l'amour est une maladie de pensée (v.4348), une tranquilité remplie de désordre et de haine, un noeude de contradictions. Laisson la parole au vieuc poète:
"Amour, c'est une entente emplie de haine ; Amour, c'est une haine chargée d'affection ; c'est une loyauté déloyale ; c'est une déloyauté loyale, c'est une peur pleine d'assurance, une éspérance déséspérée ; c'est un discernement parfaitement empli de folie ; c'est un égarement raisonnable ; c'est uun agréable danger pour se noyer..."
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : lettresVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Oyez le parler médiéval !

Un destrier...

une catapulte
un cheval de bataille
un étendard

10 questions
1562 lecteurs ont répondu
Thèmes : moyen-âge , vocabulaire , littérature , culture générale , challenge , définitions , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}