Que voilà un ouvrage surprenant...
Encore plus pour un premier roman. le moins que l'on puisse dire est que l'auteure ne choisit ni la facilité ni le conformisme. Elle opte pour une langue riche, pour un décor antique, parfois baroque et chante une épopée à la fois tragique et sensuelle. Nous sommes à Byzance, au XIème siècle et l'eunuque nain Nicétas nous raconte les jeux de pouvoir de la cour à laquelle il appartient, avec ses intrigues et ses trahisons. Mais surtout il chante son amour pour la reine Zoé, longtemps libre mais recluse puis mariée sur le tard, nous fait découvrir son éveil des sens et également sa cruauté.
C'est étonnant, iconoclaste, très spécial.
Je l'ai lu avec intérêt, un peu déboussolée par ce tourbillon lyrique et foisonnant mais pas mécontente de m'être confrontée à ce drôle d'objet littéraire.
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Une époque (11ème siècle), des lieux (Byzance et un monastère en Bithynie), des personnages (un bouffon difforme, la reine Zoé, un humaniste), une forme (un roman historique où l'illusion référentielle est soutenue par l'adresse au lecteur), tous les éléments semblaient réunis pour que je sois captivée par ce roman original. Déception ! Je n'ai pas adhéré du tout au traitement de cette histoire. le lyrisme et le sordide d'un langage imagé qui se veut marqué par l'époque, les références absconses, l'absence de marqueur psychologique des personnages, tout cela m'a lassée et m'a semblé maladroitement construit et traité. Il y avait là, je crois, de quoi faire une belle fresque, un vrai beau roman qui associe toutes les formes de la passion amoureuse à des évènements historiques peu connus. Dommage !
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Les éditions Quidam publient ce petit chef-d'oeuvre, une courte et intense "fantaisie" historique byzantine à la langue savoureuse et à l'érudition jamais lourde, sous forme de lettres qu'adresse le nain eunuque Nicétas à son dernier grand amour. 115 pages gourmandes et jouissives à savourer tranquillement.
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Étonnant, ce premier livre d’Anne Karen, qu’on n’ose appeler roman tant son atmosphère est poétique et son étrangeté féerique par endroits. Non seulement Rouge encor du baiser de la reine nous renvoie à Nerval, mais il nous transporte loin dans l’Histoire.
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La nuit pâlit. La voix liquide des oiseaux jaillit. C’est le moment où seul et immobile dans ma cellule j’assiste au repli des ombres. Par la fenêtre ouverte la montagne se détache du ciel limpide. L’espace s’étire. La mer s’ébroue là-bas. Un chien aboie sur le bourdon du torrent. Peu à peu la montagne avance et les ténèbres reculent. Les rochers, les buissons, les arbres apparaissent. Les couleurs s’allument. Le ciel, la mer, la montagne, les rochers, les buissons, les arbres, le chien, les oiseaux entrent par la fenêtre ouverte de ma cellule. Chaque nuit est une mue.
L’amour n’est pas le coït: piqûre de la chair dans la chair, frottement compulsif éphémère qui soulage et fait dormir.