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sur 562 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Fin des années 70, une Mustang rouge flamboyant file à travers le forêt de Blanc Coeur, la capote baissée. A bord, trois cheerleaders de 17 ans. Kristy, la blonde aventureuse, sûre d'elle-même et de son pouvoir de séduction, un sourire constamment affiché sur les lèvres et d'une grande bonté. A côté d'elle, sur le siège passager, sa meilleure amie depuis la maternelle, Desiree. Une brune volcanique et désinvolte, un glaçon à la place du coeur, ses longues jambes lustrées sur le tableau de bord. Derrière, la rousse et éblouissante Kristi surnommée Miss Frigide, des yeux verts improbables, une peau claire et un short rose assorti à son peigne qu'elle ne quitte jamais. Trois jeunes filles dans la fleur de l'âge qui ont décidé, sur un coup de tête, de quitter pour quelques heures leur camp de vacances de Pine Ridge. Direction le lac des Amants. Un lac mystérieux et si profond qu'on ne peut y voir le fond. Les cigales depuis le matin n'arrêtaient pas de chanter, le soleil était à son zénith dans un ciel bleu et pur. La jeune Kristi, les cheveux emmêlés par le vent, ne cesse de se plaindre et demande sur un ton autoritaire de s'arrêter un peu. La station-service n'est pas loin et le réservoir est vide. Un vieil homme, "Lute" brodé sur la pochette, fait le plein tandis que Kristy achète des barres chocolatées et des boissons fraîches et que Miss Frigide est partie aux toilettes se recoiffer. En attendant son retour, les deux amies aperçoivent sur le parking un vieux break rouillé. Deux garçons à bord qui ne cessent de les dévisager. L'un avec des cheveux longs et hirsutes, l'autre avec une casquette orange sur la tête. Des regards persistants, des filles insouciantes et provocantes, exhibant leurs poitrines lorsqu'elles les croiseront sur la route et un drame qui se joue...

Laura Kasischke dévoile peu à peu cette tragédie qui se joue dans cette Amérique frivole et indolente. Dès les premières pages, l'on sait que quelque chose de dramatique s'est passé ce jour-là. Mais réussissant à installer une ambiance à la fois oppressante et légère, l'on ne se doute pas de l'importance et encore moins des retombées, bien des années plus tard. Ces trois jeunes filles au caractère opposé véhiculent parfaitement l'image de cette Amérique puritaine. A l'aide de flaschbacks décrivant l'enfance et l'adolescence de Kristy, la narratrice, l'auteur met en lumière son côté enfantin encore bien présent, les failles et l'innocence qu'elle perdra au cours de cet été. A la fois cruel et amer, ce petit tour en voiture met en avant un monde futile où l'apparence et les rivalités semblent prioritaires. Tous les ingrédients sont là pour nous laisser dans une ambiance étrange, presque pesante.

Rêves de garçons... attention au réveil...
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Belles, provocatrices, un peu stupides, trois filles dans un camp de vacances, trois Pom pom girls qui rêvent de garçons — ou l'inverse — par un été chaud s'échappent pour une baignade dans le plus profond des lacs, celui des Amants. Sur la route bordée d’arbres blancs, elles vont faire la rencontre d'insectes bruissants et de deux... garçons (bien sûr !).

Laura Kasischke, non sans une critique acerbe d'une certaine Amérique, déploie dans une nature étrange les obsessions adolescentes. On la suit jusqu'à un certain point, décrochant par moment de cette Amérique des années 70 où la liberté sexuelle avait ses revers. Ainsi si Laura Kasischke maitrise fort bien l'art de la dramaturgie, l'intérêt pour l'histoire faiblit sous le poids des descriptions redondantes de la faune (ah, les cigales !) et de la flore, des manies et occupations futiles des jeunes filles délurées.

« La chaleur était moins accablante que la veille, les cigales avaient perdu un peu de leur emprise sur le ciel et sur leur propre existence. J'en vis une morte sur le chemin qui menait au lac. Ou presque morte. Elle était sur le dos, crachotant de la poussière tandis que les cheerleaders en tongs la dépassaient d'un pas lourd, grimaçant de dégoût dès qu'elles l'apercevaient. « Beurk. Répugnant. »
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A ton avis, qu'est-ce que j'aurais dû faire… Elles étaient là, toutes trois, dans cette mustang rouge. Trois nanas, blonde, brune et rousse dans une décapotable rutilante. La blonde m'a souri. Forcément, j'y ai cru comme une invitation informelle. La rousse se recoiffait avec son peigne assorti à son short. La brune, belle et bronzée, étalait ses longues jambes sur le tableau de bord. Et cette blonde, Kristy, elle m'a souri en prenant sa bouteille de pepsi et en se rafraîchissant avec la condensation de la dite-bouteille. Ce que j'aurais aimé être à la place de cette bouteille lorsqu'elle l'a coincé entre ses cuisses.

Elle m'a souri, comme dans un rêve, comme un clin d'oeil. Une invitation, je te le jure. Alors lorsqu'elles sont reparties pour Pine Ridge, je suis remonté dans mon break et les ai suivies. Direction la colo des pom-pom girls. Parce qu'elles étaient belles, ces adolescentes et mon sang s'est fluidifié, les veines en état de surexcitation. Une colo avec que des pom-pom girls, tu images ce truc de ouf ? Même mes rêves n'avaient jamais été aussi loin.

Je me suis caché dans cette forêt du Dakota, je sentais la fumée de ce feu de camps, et les chamallows qui grésillaient sur leurs brochettes. Elles étaient toutes aussi belles les unes que les autres, à part peut-être cette grosse aux cheveux oranges. Une gouine, certainement. Et puis, j'ai revu cette brune aux jambes interminables s'écarter de la lumière avec le maître-nageur. Elle s'est déshabillée, sans peur et sans pudeur. Ils l'ont fait comme des clebs. Cela m'a retourné, chaviré. Étais-je tombé amoureux ?

Laura Kasischke est souvent comparé à Joyce Carol Oates. Une descendance comme assumée. « Rêves de garçons » est l'un de ces premiers romans. J'ai perçu aussi cette apparenté, dans le fait de traiter à partir d'un fait divers, presqu'anodin, un drame envoûtant. Si le sujet pouvait de prime abord, paraître superficiel, il se densifie au fil de l'histoire. Les rapports humains s'étoffent, les faits s'angoissent. Impossible de lâcher prise, l'envie de connaître la suite, la fin, tout de suite, comme le voyeur que je suis. Oui, j'ai toujours rêvé secrètement d'être une pom-pom girls aux moeurs légères. Maintenant, je peux me vanter savoir lever la jambe, me regarder dans la glace, et lisser interminablement mes cheveux longs. Je sais qu'il ne faut pas mettre un short blanc le jour des règles, et que l'arrière d'une décapotable ébouriffe mes cheveux.

[...]
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Rêves de garçons est une plongée dans le monde des jeunes filles, fait d'insouciance, de légèreté, de rires, de rêves, parfois de jalousie et de petites inquiétudes. Et parfois d'horreur pure. Pas forcément l'horreur évidente qui fait la une des journaux, mais une horreur insidieuse, perverse, presque banale toutefois, cachée sous ses airs de perfection et de bonne conscience.

L'histoire commence dans un camp de pom-pom girls un beau jour d'été, quand trois lycéennes décident d'aller en voiture se baigner dans un lac énigmatique plutôt que de participer à une séance d'abdominaux. Evidemment, la balade et la baignade ne se passeront pas comme prévu...

Je n'en dirai pas plus sur l'histoire et les personnages, car leur découverte graduelle fait tout l'intérêt du livre. Mais je peux vous assurer qu'ils sont intéressants et vraiment surprenants même quand, comme moi, on vient de lire un autre livre de la même auteur qui s'attache aussi à trois jeunes vacancières en goguette (La couronne verte).

Dans Rêves de garçons plus encore qu'ailleurs, j'ai été ébahie par le talent de Laura Kasischke pour peindre à petites touches et à mots couverts les pires travers humains, créer une ambiance et nous endormir avec des faux semblants, avant de nous dévoiler le pot aux roses, ou en l'occurrence la voiture aux garçons...

Challenge Petits plaisirs 20/xx et challenge PAL
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Décidément, la plume de Laura Kasischke ne me laisse pas indifférente.

Au moment de refermer ce livre et de faire le bilan, je constate à quel point j'ai été suspendue dans le temps, crispée devant le suspense et l'annonce d'un drame grandissant au fil des pages. J'ai haleté, attendu le coeur battant qu'il arrive malheur à ces filles. Car on le sait dès le début, le camp ne sera pas de tout repos.
L'auteur sait si bien installer le décor, étincelant parfois, lugubre d'autres fois. Les personnages sont subtils. Ils deviennent de potentiels dangers les uns pour les autres. Les bruits des cigales, des branches, les cris des bêtes et des hommes feraient l'excellente bande-son d'un film qui me tiendrait forcément en haleine. La vase et les algues du lac nous font sursauter à la moindre baignade d'un campeur.
Tout dans ce décor est habité. Et ça, c'est terriblement et délicieusement angoissant.

Difficile d'en dire plus sans trahir la fin surprenante. C'est pourquoi je m'arrête là. Amateurs de cinéma, de road-movie, de camping sauvage au bord d'un lac, de camps d'été en compagnie de jeunes sportifs, amoureux de nature et d'aventure, ne passez pas votre chemin et plongez-vous dans le mystérieux Lac des Amants et la splendide région de Pine Ridge. Ca en vaut le détour !
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Kristy a 17 ans. Elle est pom-pom girl (cheerleader) et passe une semaine en camps de vacances avec ses paires afin de s'entraîner et parfaire son art.
Sa grande affaire, ce sont les garçons. Comme pour ses copines, qu'on en ait peur, qu'on souhaite les séduire, les garçons sont au centre des préoccupations.
Et l'inverse est vrai.
C'est ainsi que notre personnage principal et deux de ses amies profitent du regard émerveillé que leur portent 2 garçons un peu « campagnards » pour s'afficher topless devant leurs yeux incrédules.
Les conséquences seront terribles mais ce ne sont pas celles que vous croyez.
Ce roman explore les pensées et les contradictions d'une jeune américaine durant les années 1970, insouciante, enjôleuse, animée d'un fort désir de vivre pour autant que cela signifie dans l'univers formaté dans lequel elle évolue.
Le ton est juste, le style est magnifique et les anecdotes qui parsèment ce récit sont évocatrices de cet âge. C'est dire si le propos est universel puisque les échos à ma propre adolescence ne sont pas en rapport avec l'époque, le pays et encore moins avec le statut de pom-pom girl.
J'ai donc passé un moment de lecture intense, délicat, parfois drôle avec Kristy. L'ambiance est douillette, la jeune fille est aimable, toujours souriante et prête à rendre service.
Jusqu'aux dernières pages où l'angle semble brutalement changer. La critique sociétale prend son ampleur dans un monologue glaçant de nombrilisme et d'absence de valeurs morales.
Même si c'est une expression que je trouve galvaudée, je dois avouer avoir reçu une belle claque car je m'étais endormie au son mélancolique de mes vieux souvenirs. L'autrice m'a ramenée à la réalité et m'a permis de prendre mes distances avec ce personnage qui malheureusement est bien à l'image de notre société actuelle.
Ce roman me semble moins abouti que Esprit d'hiver mais reste d'une grande qualité littéraire.
Ce que j'en retiens : méfiez-vous des gens qui sourient !
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Dans les années 70, trois filles qui fréquentent un camp d'été pour pom-pom girls s'échappent pour quelques heures à bord de la voiture de l'une d'entre elles, avec comme projet une baignade au Lac des amants, réputé dans la région. Kristy, la conductrice de la Mustang rouge, est accompagnée de son amie Desiree, consciente d'être une très belle fille, et de la rousse Kristi, avec un i, qu'elles ne connaissent que depuis peu. Dans une station-service, elles croisent deux garçons de leur âge à bord d'une vieille voiture, et remarquent qu'elles ont attiré leur attention. Elles poursuivent toutefois vers le lac, mais quelque chose se passe en route qui va à la fois les réunir et les diviser.
La suite sur :
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Des cheerleaders en colo, leur envie de braver l'interdit, de sortir, de se prouver des choses, de plaire aux garçons... Mais quand ces derniers s'accrochent et se mettent à les suivre, les choses deviennent moins drôles, surtout pour la narratrice, qui sent ses deux amies bien indifférentes au problème, chacune à leur manière.
L'écriture est efficace, on retrouve l'habitude de l'auteure à faire des allers-retours dans le temps (la narratrice se souvient des 400 coups faits avec sa meilleure amie), et son talent à faire monter une angoisse assez sourde et diffuse.
Un suspense maîtrisé, vraiment du grand art, et pourtant une lecture facile et de qualité !
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Après « Esprit d'hiver » que j'ai beaucoup aimé, j'ai suivi le conseil de Kerfany54 et me suis laissée tenter par « Rêves de garçons » (Merci !)

L'action se situe à la fin des années 1970. Kristy, typique lycéenne américaine, a l'habitude de passer une semaine par an dans le camp d'été de Pine Ridge réservé aux pom-pom girls avec son amie Desiree. Au bord d'un lac entouré de hautes montagnes, la jeune fille passe quelques jours à renforcer l'esprit d'équipe de son groupe de cheerleaders, entre séances d'abdo-fessiers, baignades et feux de camp.
Un matin, elles décident d'échapper aux activités du camp en prenant la poudre d'escampette dans la jolie petite Mustang rouge et blanche que Kristy a reçue pour son anniversaire et embarquent une compagne de camp avec elles. A la station-service, les filles croisent la route et le regard de deux garçons, immédiatement identifiés comme des « bouseux » mais à qui la gentille et avenante Kristy va tout de même sourire. Répondant à « l'invitation » les garçons commencent à les suivre… pour pimenter le jeu, grisées par le soleil et la journée de liberté qui s'offre à elles, les trois pom-pom girls poussent l'allumage jusqu'à soulever leur haut depuis la décapotable. Point de départ du drame…

Mais quel drame ? Même schéma que dans « Esprit d'Hiver », quelque chose se passe, mais quoi ? Évidemment, la surprenante clé n'est révélée que dans les dernières pages, au terme d'un récit oppressant qui fait la part belle aux réflexions de Kristy, la narratrice. Réflexions orientées autour de la mort pour la plupart, contrastant ainsi avec l'image de la sage et jolie blonde un peu superficielle digne des plus emblématiques séries américaines pour adolescents. On pourrait se croire dans un film d'horreur de bas étage, mais l'auteur nous en emmène loin, par des chemins de traverse difficilement praticables et accompagnés d'une question lancinante que l'on se pose tout au long de la lecture : où va-t-on ? L'adrénaline et l'angoisse montent au fil de la lecture sans pour autant basculer dans le thriller, nous sommes suspendus aux phrases du récit, aussi subjugués que quand, enfant, des grands s'amusaient à nous raconter des histoires qui font peur, jusqu'au « bouh ! » final.

En surface c'est l'été, les vacances. le chant des cigales résonne dans nos oreilles, l'air embaume la résine de pin et la crème solaire. Encore une fois, comme dans « Esprit d'hiver » j'ai beaucoup aimé la restitution de l'ambiance !

En sous-couche, une histoire à faire trembler les filles.

Au coeur des ténèbres, au plus profond du lac… la vérité.

Les apparences sont souvent trompeuses et ce récit en offre un bel exemple.
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Une nouvelle fois je replonge dans l'univers de Laura Kasischke.

J'ai retrouvé son style, son écriture fluide, ses flashbacks bien placés et son atmosphère étrange. En parlant d'atmosphère, comme pour Esprit d'hiver, j'ai trouvé que l'ambiance se charge petit à petit, de manière imperceptible, mais que quand le lecteur s'en rend compte il est déjà trop tard.

Une histoire assez courte mais qui fait son petit effet. Cela faisait un mois que je n'avais pas lu et j'ai dévoré ce livre en une journée (c'est la seconde fois que ça m'arrive).

En lisant la quatrième de couverture je croyais mordicus avoir deviné la nature de la "catastrophe"... mais j'ai été très surprise (agréablement surprise d'avoir été surprise) de lire une toute autre histoire.
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