AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330078355
240 pages
Actes Sud (29/04/2017)
2.85/5   10 notes
Résumé :
Des touristes turcs installés dans un motel sur la côte passent leurs journées entre farniente et règlements de comptes. Un incident vient troubler cette ambiance agréable et pesante à la fois. Qui d'entre ces gens si bien élevés commet chaque jour une telle infamie dans la buanderie ? Un roman d'aspect léger qui va fouiller dans les recoins de l'âme et de l'Histoire.
Que lire après L'éclat de rire du barbareVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sema Kaygusuz est une écrivaine hors des sentiers battus de la littérature turque.
Inutile de la comparer à Pamuk ou Şafak, elle n'a aucune prétention de grande littérature médiatisée, comme les deux derniers, pourtant c'est une grande écrivaine.
Je ne peux la comparer aussi à Asli Erdogan car elles ne nagent pas dans le même couloir, bien qu'ayant en commun le courage et le talent littéraire. Kaygusuz a son propre langage, ironique, unique, pleine de verve,où elle mélange à sa façon le langage courant familier avec le turc moderne littéraire plus sophistiqué.
Nous voici en plein mois d'août dans un motel fréquenté par une classe moyenne qui peut se payer des vacances. Kaygusuz nous croque des caractères typiques au sein d'une communauté de vacanciers, où circule un type bizarre, Turgay, qui une nuit, à quatre heure du matin, devant quatre femmes qui jouent aux cartes, descendant son pantalon se soulage à la mer. Donc tout commence avec une banale histoire de soulagement de vessie, qui va se propager. Peu à peu, tout dans le motel, les draps, les matelas de plage, les serviettes de bains.....vont être arrosé d'urine, créant malaise et chaos, sans que finalement on en arrive à trouver le vrai coupable.....

A travers le microcosme de ce groupe de vacanciers de classe moyenne et du personnel et propriétaire d'un motel, Kaygusuz nous dresse un portrait satirique et juste de la société actuelle turque, urbaine. Une société superficielle où la peur domine, où ne subsistent plus aucun principes ni valeurs morales et où on vit au jour le jour. Comment en est-on arrivé là ? La salissure tragi-comique qui sévit au motel est la métaphore de ce pays souillé (loin d'être tragi-comique). Dans un tel contexte comment peut-on rester propre même si on ne se sent aucunement responsable de ce qui est advenu ? Si on devrait y chercher un responsable ne faudrait-il pas initier par soi-même ? Kaygusuz fait aussi référence à l'histoire ancienne ( à propos du passé d'un des personnages on parle du massacre de Dersim, massacre des alévies. L'écrivaine est alévie ), un passé douloureux dont les nouvelles générations n'en acceptent pas l'héritage.
Mais le vrai fond du livre est le langage parlé des vacanciers et du personnel, qui est particulièrement grossier, et d'aprés les propres paroles de l'écrivaine, une grossièreté voulue, dont elle dit , " le rire du barbare est un roman qui essaie de dégrossir la grossièreté,une grossièreté qui cache l'insoutenable petites différences entre les êtres, une grossièreté qui est le tonus de cette histoire. Un récit tout au long duquel j'ai essayé de dégrossir la voix grossière de la grossièreté quotidienne, des accusations publiques, des comparaisons cruelles, de la discrimination rationnelle, de la recherche divine qui se cherche quotidiennement une victime. Je n'y ai pas pensé en écrivant , je ne m'en suis aperçue que par la suite....".
À travers cette violence et cette grossièreté, la magie de ce livre est l'infinie tendresse de Kaygusuz pour ses personnages, qui à travers toutes ces défaillances révèlent leur côté humain enseveli sous leur carapace.
Il y a des passages sublimes et émouvants dont celui du dialogue entre deux garçons de service qui fument un joint la nuit sur le toit, et juste pour lequel le livre vaut la peine d'être lu. Un dialogue de deux êtres simples qui expriment leurs multiples réalités , dont les trois derniers paragraphes (deux d'Alikar et un de Selçuk) résument tout simplement La Vie.
Je pourrais écrire encore long sur ce livre foisonnant de références sociales, politiques, religieuses,historiques.....


L'écrivaine, à la question, -lors d'un interview sur son livre qui reçu en 2016 le Grand Prix littéraire turc, Yunus Nadi -,
"-Est-ce-que ce motel ( où se passe l'action) est en Turquie ? ",
répond,
"-Effectivement ca ressemble beaucoup à la Turquie", :)
Eh oui, ce métaphore de pays souillé est aussi universelle, bien qu'ici Kaygusuz parle de son propre pays. L'éclat de rire de ces barbares sans respect pour les autres, sans respect pour la nature, racistes,mettant sur le compte des étrangers tous les maux de leur pays....malheureusement il en existe partout....comme quoi le noyau de la nature humaine change peu avec la géographie, la culture, la religion et le temps.

Une lecture très stimulante à l'humour subtil (j'ai beaucoup ri ) que je recommande vivement !


Commenter  J’apprécie          832
Voilà encore un petit bijou offert par les Edts Actes Sud . C'est le troisième roman d'une jeune auteur turque et je pressens que la traductrice a bien respecté l'esprit et l'ironie de cette jeune femme.
C'est dans une sorte de huis clos à ciel ouvert que se déroule cette réjouissante tragi-comédie.
Nous sommes dans un motel en bord de plage , en Turquie, de nos jours, et des vacanciers de tous bords viennent profiter des plaisirs estivaux.
Motel , terrasse, plage, se trouvent sur un périmètre assez restreint , et les pensionnaires peuvent s'épier facilement d'autant plus qu'un drame affreux survient:les serviettes de plage du motel ont été arrosées d'urine ! Hors, la veille, l'un des résidents a été vu se soulager face à la mer , de plus il avait l'air(vu de dos tout de même) heureux face à l'infini . On glose, on accuse, on bat cet homme, puis on vire le jardinier, puis la chose se reproduit, et là tout ce petit monde en pleine effervescence bâtit des théories parfois affligeantes, parfois philosophiques . Un joint fumé sur le toit donne lieu à une démonstration poétique bien qu'un peu fumeuse de ce qu'est un bon musulman, de ses difficultés à vivre les révélations du Prophète .
De là à convoquer les Grecs, les Turcs, Les Arméniens...l'auteur ne se prive pas d'une ironie grinçante, , mais le rire n'est pas loin. Il faut dire que ces « agressions » urinaires » ne sont pas vraiment fréquentes non plus !
J'ai pensé très vite à Yasmina Reza, et me souviendrai longtemps des vacances à « La Colombe bleue » ;

Commenter  J’apprécie          91
Le titre du troisième roman de Sema Kaygusuz, L'éclat de rire du barbare, incite à penser que son livre n'est pas banal et reconnaissons-lui cette originalité, il ne l'est pas. Chronique d'une villégiature dans un motel au bord de la mer Egée avec une poignée de touristes turcs très vite caractérisés, il débute avec un acte infâme : les serviettes de bains de l'établissement ont toutes été maculées d'urine. Commence alors une tragi-comédie où l'on n'a de cesse de chercher un coupable idéal d'autant que l'incident se reproduira. Ce n'est pas l'enquête qui intéresse Sema Kaygusuz mais bien les réactions de ses personnages et le climat délétère de suspicion qui s'installe. Un prétexte pour que l'auteure se livre à une radiographie cinglante de l'état de la société turque. Cette description peu amène est censée être nuancée par un humour que l'on qualifiera de jaune ou noir, c'est selon. L'éclat de rire du barbare est une lecture assez déconcertante avec l'impression de voir la romancière s'acharner sur les protagonistes d'une histoire qui se résume au seul méfait relevé plus haut au gré de saynètes qui s'enchaînent sans que l'on comprenne vraiment à quelle logique elles répondent. Il y a aussi des considérations philosophiques et des extraits d'un journal intime dont la bienveillance n'est vraiment pas la qualité première. Certains dialogues sonnent faux, est-ce une volonté de l'auteure ou un défaut de traduction (peu probable), on se perd en conjectures. La littérature turque contemporaine est un instrument essentiel dans une lutte de tous les instants contre des autorités qui censurent et restreignent de plus en plus les espaces de liberté. C'est d'autant plus rageant de rater son rendez-vous avec un livre dont on aurait aimé vanter l'ironie, l'intelligence et l'impertinence. Serait-ce la faute d'un lecteur déboussolé, plus que de la romancière ? C'est bien possible.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
Commenter  J’apprécie          95


critiques presse (1)
Telerama
01 juin 2017
Sema Kaygusuz écrit avec un scalpel. Son écriture sait mettre au jour les sujets douloureux.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Personne n'est uniquement soi-même.Et même persone n'est ce qu'il croit être.
Une personne peut se connaître, s'analyser, se disséquer à volonté, elle sera toujours étonnée de certaines réalités sur sa personne qui se manifesteraient à l'occasion ".
Commenter  J’apprécie          413
"Tu n'arrives pas à être Turc si tu ne t'inventes pas un ennemi"
Commenter  J’apprécie          43

Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (24) Voir plus



Quiz Voir plus

Petit quiz sur la littérature arabe

Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

Gibran Khalil Gibran
Al-Mutannabbi
Naghib Mahfouz
Adonis

7 questions
64 lecteurs ont répondu
Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

{* *}