Le Désarroi de Ned Allen est une innovation pour
Douglas Kennedy, lui qui critique à demi-mot les convenances et le système libéral contemporain. Cette fois, il défonce les murs de l'épaule et ne sous-entend plus rien, il scande sa dénonciation de l'ordre social ! Il hurle son mépris du système. Comme d'habitude, Ned, notre nouveau protagoniste, est un modèle de réussite new-yorkais. Manager à haut potentiel, il traine ses guêtres dans les salons des vanités de la grosse pomme, où le salaire préjuge de la réussite et du bonheur. Lui et sa femme ne se voient pas, lui et sa femme dépensent sans compter, en tentant de répéter leur succès à l'oreille de leurs pairs. Car c'est bien comme ça qu'ils mesureront leur épanouissement.
« Quand soudain », un terme cher à
Douglas Kennedy (et qu'il maitrise comme un chef, il faut bien le dire), tout s'effondre. Ce n'est pas inattendu, c'est Kennedy, mais c'est douloureux, et rebelote, la boule dans l'estomac revient !
Ben perd son emploi, Ben ne rebondit pas aussi vite que prévu, Ben perd un peu pied, et bien entendu, Ben voit son mariage et ses relations lui échapper. le salut passera par un ami à lui, un compagnon de longue date souhaitant lui remettre le pied à l'étrier. Mais tout a un prix, et malgré les apparences certaines opportunités peuvent nourrir des ressemblances avec un pacte diabolique. Il est curieux de voir
Douglas Kennedy se plonger dans une critique sociale chère à la littérature française, une histoire maintes fois contée, et dénoncée par les auteurs français. Mais là, c'est à New York, et quand les hommes chutent, c'est de plus haut.
Comme d'habitude avec cet écrivain, le malaise est omniprésent, mais les ficelles sont aussi plus épaisses et les rebondissements moins surprenants. Au bout d'un moment, la morale a un air de déjà vu chez Mr Kennedy, même si on l'apprécie, celle qui dit « on sait ce qu'on perd, on ne sait pas ce qu'on gagne ».