« La CIA s'intéresse à l'Amérique du Sud maintenant? » Il n'y a vraiment qu'OSS 117 pour se poser la question. A la fois laboratoire expérimental et salle de jeux des Etats-Unis, «l'autre » Amérique est son arrière-cuisine peu ragoûtante .
Les Aigles noirs narre de manière très documentée et bien menée les agissements de la CIA au Panama, et la manière dont elle recruta en 1967, puis mis à la tête de l'état Manuel Noriega, alias Face d'ananas (Cara de piña),nom de code PK/BARRIER/7-7, alors agent de la branche renseignement de la garde nationale panaméenne.
Vietnam, Panama, Colombie, Costa Rica…Politique, trafic de drogue et trafic d'armes… La guerre est sale en Amérique du sud et
Larry Collins, sans
Dominique Lapierre, est toujours aussi efficace lorsqu'il s'agit d'évoquer trente années de politique étrangère américaine.
Les Aigles noirs en est le récit à deux voix: celle de Jack Lind, officier de la CIA, et celle de Kevin Grady, agent de la DEA, membres de services rivaux qui agitent pourtant les mêmes hochets: choix d'un pantin en partie formé par eux, sympathisants au sein de l'armée, malmenage de l'économie locale, organisation de manifestations, pression sur l'opinion publique, assassinats divers et variés, tout cela dans l'ombre. Grace à ces deux hommes, nous savons tout des actions clandestines visant à s'assurer la main mise sur des nations d'Amérique du sud, depuis les bureaux feutrés états-uniens qui renferment des dossiers classés, aux laboratoires du cártel de Medellín. Car au coeur de ces stratégies, il y a la drogue, et la montée en puissance de leurs richissimes leaders (Ochoa, Escobar...). Ce roman datant de 1992 s'inscrit dans la lignée des autres oeuvres de
Larry Collins, agréable à lire, un poil journalistique, et très instructif. Il mériterait d'être adapté en série.