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Je n'ai pas pour habitude de lire un livre après avoir vu un film mais là, j'ai fait une exception et je n'ai aucun regret. Merci Monsieur KESSEL pour ce poignant et bouleversant roman qui met en lumière cette France de l'ombre qui croyait en la liberté, du plus humble au plus brave. Toute cette chaîne humaine animée par la même foi, rester DEBOUT. Vos mots sont percutants, vos phrases sont empreintes d'un tel réalisme, qu'à vous lire, j'ai vibré. Défilent sous nos yeux, les difficultés du quotidien, la faim, le ravitaillement, la confiance, l'hébergement, le problème d'unifier les forces, le cloisonnement des informations, la peur de la torture, le risque de trahir pour préserver un être cher (je pense à Dounat, à Mathilde), la distribution des journaux, les opérations d'exfiltration. J'ai ressenti le poids de la clandestinité.
Je pense toujours à la chanson de GOLDMANN "Né en 17 à Leidenstadt" même si ce n'est pas la même période :
"On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences,
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau,
Ou le pire ou le plus beau,
Serions nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau"
Je pense aussi au "Chant des partisans" écrit avec votre oncle, Maurice Druon et au poème de Paul Eluard "liberté" parachuté à des milliers d'exemplaires au dessus de la France occupée.
A chaque chapitre, je ne pouvais m'empêcher de revoir Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Crauchet, Jean-Pierre Cassel, Christian Barbier, ce qui rendait votre livre encore plus vivant.
Monsieur KESSEL, votre préface vous honore : je m'incline devant tant d'humilité et d'humanisme!
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L'armée des ombres est à la Résistance française ce que Si c'est un homme est à la Shoah : Un livre nécessaire et éclairant. Un livre à rouvrir fréquemment pour en relire certains passages, certaines fortes scènes.
J'ai vu le film voici une vingtaine d'années, avec cette figure de Lino Ventura ,hiératique dans ce rôle d'homme et de chef des ombres.
Mais le livre...
Le livre, c'est le manifeste de l'action secrète du refus de l'abdication. le livre, écrit en pleine guerre, transcende les classes, les milieux et les caractères dans cette lutte commune et cette abnégation de chaque instant. le livre, c'est le courage incroyable de ces hommes et de ces femmes des plus jeunes aux plus âgés qui se levèrent, s'unirent pour dire NON à la honte et à la collaboration avec les nazis. Des hommes et des femmes prêts à faire le sacrifice suprême de leur vie, conscient de risquer à chaque instant la capture et les supplices de la Gestapo et ses complices français.
L'armée des ombres est un livre terrible, dur, mais exaltant! Sa lecture vient, à point, nous réveiller et nous rappeler que la bête n'est pas morte et qu'elle revient à peine masquée.
L'une des phrases-clefs de L'armée des ombres, c'est ce baron de province qui l'exprime ainsi: "Je préfère, Monsieur, une France rouge à une France qui rougisse"
En lisant ce livre, plongé dans le froid, la souffrance, la fatigue et la faim des protagonistes, j'avais le Chant des Partisans qui m'accompagnait: Un bel hymne pour un livre puissant.
Un grand, un immense merci à vous, Joseph Kessel.
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Ecrit en 1943. Pleine guerre. Ecrit par un Résistant. A chaud, au coeur de l'action. Joseph Kessel, alors membre du réseau Carte, témoigne. Pas de son courage, pas de son héroïsme, pas de son engagement. Pourtant aussi méritoires que ceux de ses compatriotes. Il s'efface devant le courage, l'héroïsme et l'engagement de ces anonymes unis pour la plus grande des causes à défendre : la liberté.

Son ambition : raconter aussi fidèlement que possible la France souterraine, la France combative, celle qui lutte pour son honneur. Mettre dans la lumière la France de l'ombre.
Son angoisse : manquer justement de fidélité, et ne pas honorer à leur juste valeur ces héros. Car si tout est authentique, Kessel doit modifier, déformer les profils pour protéger leur vie et éviter toute représaille.
Ses héros : simples, discrets, ordinaires. Garagiste, ingénieur, mère de famille, instituteur, plus de barrière sociale. Juste une même colère, une même résolution, une même hargne.
Son écriture : sobre, humble, sur la réserve mais ferme. La main qui trace les mots ne tremble pas, ne doute pas, ne laisse pas place à la rêverie. Une main déterminée. A l'image de ces résistants : Gerbier, Jean-Francois, Mathilde, le Bison et tous les autres.
 
Kessel n'esquive pas les sentiments pour autant, laissant surgir le temps d'un paragraphe exaltation, doute, colère, dépit mais jamais longtemps. Pas le temps de tergiverser, pas le temps de s'attendrir, pas le moment de s'apitoyer sur les jours heureux. L'action domine dans les coeurs. On pèse alors chaque mot, on surveille chaque geste. Tout acte est réfléchi, plus de place à l'instinct. Des amitiés naissent mais la méfiance règne. La trahison n'est jamais loin, et la Gestapo rôde. Pourtant, jamais une plainte, jamais un regret, jamais une larme. Ni la peur de l'arrestation, ni l'angoisse de la torture, ni la mort ne peuvent les arrêter. Car ils le savent : " La Résistance a pris la forme de l'Hydre. Coupez-lui la tête, il en repousse dix, à chaque jet de sang."

Non, L'armée des ombres n'est pas un livre de plus sur la Résistance. L'armée des ombres est Le livre à lire sur le sujet.
Car à n'en pas douter, la fiction, aussi réussie soit-elle, n'égalera jamais la puissance émotionnelle du témoignage de l'intérieur.
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Lu le roman, vu le film de Jean Pierre Melville.
Revu le film, relu le livre, plusieurs fois.
Désormais, je ne peux plus dissocier le personnage de Philippe Gerbier de Lino Ventura qui incarne avec un réalisme époustouflant ce résistant .
Kessel concluait sa préface en donnant une dernière précision : tout ce qu'il donnait à lire avait été vécu par des gens de France et souhaitait avoir conservé, le plus fidèlement possible leur image.
Son vœu est exaucé au-delà de ses espérances.
Parmi les romans qui évoque la Résistance, c'est, pour moi un des meilleurs. Il est magistral.
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En 230 pages à peine romancées, Kessel nous livre, sur le vif -puisque rédigé à Londres en 1943- avant tout un témoignage, celui de tous les anonymes qui ont fait vivre la résistance, l'armée des ombres ; leurs difficultés matérielles, permanentes, leur engagement, divers, la violence et la trahison, qui survient sans crier gare.
Avec son style brut et sans fioritures, mais qui laisse toujours percer sa sensibilité aux événements et aux êtres, Kessel nous offre une plongée dans ce monde secret, dan un héroïsme du quotidien, à travers une galerie de portraits saisissante.
Une lecture indispensable, qui prend aux tripes...
Point n'est trop utile de développer le commentaire de cet ouvrage : le Chant des Partisans en est le contrepoint sonore, et Kessel a lui-même expliqué très clairement dans son ouvrage, au titre parfait, sa démarche : il savait, en bon reporter, qu'il portait témoignage d'un morceau d'Histoire, écrit -comme toujours, finalement ?- par des humbles.
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Il y a les armées visibles, celles qui portent l'uniforme et avancent avec fracas, celles qui font claquer les bottes pour effrayer l'ennemi, les armées entrainée à briser, à tuer.

Et puis il y a les armées invisibles, les armées d'anonymes, toujours cachées qui glissent dans la pénombre, rasent les murs, se terrent au fond des campagnes et dont les noms disparaissent et échappent à la mémoire. Les Monsieur, les Madames tout le monde aux multiples visage perdus dans la foule, noyés dans le nombre.
Pour eux, le risque est quotidien et permanent et ce risque ils le connaissent, ils vivent avec car ils savent que dès l'instant où ils s'installent dans la résistance leur vie est menacée ainsi que celle de toute leur famille. Pourtant, ils sont tous plus ordinaires les uns que les autres et bien souvent semblent ne pas mesurer les dangers qu'ils prennent.

Dans cet ouvrage écrit en pleine guerre, de multiples portraits défilent sous le paysage de l'occupation française. Il y a de la gravité et de l'insouciance dans cette armée improvisée qui doit apprendre a se dissimuler. C'est une partie de cette réalité qui est retracée par Joseph Kessel de manière tout à fait précise, dans toute sa terrible froideur mais aussi dans toute son humanité en nous infiltrant dans un réseau de la résistance. Il nous laisse entrevoir le coeur de l'hydre, les règles qui la régissent, son fonctionnement mais aussi tout ce qui questionne ses hommes et ses femmes dont l'espoir d'un monde libre anime les actes jusqu'au dernier souffle.
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Loin des grands discours patriotiques encensant le résistant et l'érigeant en héro à grand renfort de civisme et de trémolos dans la voix, Joseph KESSEL livre un récit tout en humilité et en simplicité. Pas question de faire pleurer dans les chaumières ou d'apitoyer le lecteur. Juste dire la vérité, sans emphase ni superflue. Ce serait insultant. Un hommage digne en accord avec la nature de ces hommes et de ces femmes qui ne furent que des ombres, des anonymes aux multiples identités, logeant partout mais n'ayant plus de foyer, perdus dans la masse. Les résistants ne se limitent pas aux hommes réfugiés dans le maquis. Un résistant c'est une mère de famille son bébé dans les bras, un vieillard qui prend appui sur une canne, un ado à peine pubère, une jeune femme,… C'est une bourgeoise, un paysan, un coiffeur, un médecin, un rentier, une ouvrière … mais c'est avant tout celui qui risque sa vie que ce soit tous les jours et de manière organisée et réfléchie, à l'occasion ou instinctivement juste pour tendre la main.
C'est à eux que Joseph KESSEL rend hommage en racontant ce quotidien fait à la fois de petits gestes de la vie et d'actes extraordinaires d'une audace folle. de moments de courage insensés, de coups de chance et de malchance, d'instinct et de prudence, de méfiance poussée à l'extrême. de cette menace qui plane au dessus de leurs têtes. de cette peur non pas d'être torturé mais de parler. de cette fierté et cette humanité qui les anime, les fait avancer quand les forces sont si déséquilibrées. de ces décisions de ces choix qui crèvent le coeur et hantent les nuits.
Et au dessus de tout ça il y a ce choix jamais remis en cause : ne pas se rendre, ne pas cesser de lutter quel qu'en soit le prix. Pour eux il n'y a pas d'alternative.

Ce livre est fait de pudeur et de dignité. Chaque mot est affirmé, assené avec force et détermination. Rien de trop, juste l'essentiel.
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En ouvrant L'armée des ombres, je pensais indépassables les images profondément imprimées sur ma rétine du visage de Lino Ventura refusant de courir dans le tunnel et celui de Simone Signoret attendant la balle mortelle.
Erreur : le témoignage à vif, plus ample, plus âpre, plus noir encore de Kessel est d'autant plus bouleversant que rédigé, sans le recul de l'Histoire, dans un style froid, factuel, qui donne véritablement à vivre au plus près le quotidien de résistants, fait de danger permanent et de privations douloureuses, à affronter sans possibilité de relâche ce que l'âme de l'homme recèle de plus noir.
Même remis en perspective soixante dix ans plus tard, ce récit oppressant garde toute sa force et l'on ne peut que s'incliner face aux valeurs de courage et d'abnégation exaltées par ce texte indispensable.
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Des hommes qui vont à la mort en chantant. Des femmes, qui d'agent de liaison, deviennent chef de maquis. Des personnes que tout oppose, classe sociale, opinions politiques, éducation, se lient d'amitié, font des "coups", s'évadent, sont exécutées, torturées. Se trahissent parfois, parce qu'ils ne sont que des hommes et ont des points faibles.
L'Occpation a réveillé l'instinct de survie physique et psychologique, l'animal en chaque homme. Un sursaut de conscience face à l'horreur nazie.
Même si Kessel ne rapporte les actions que d'un seul groupe, c'est toute la Résistance qui est ici saluée, honorée par un texte écrit par un résistant, pendant la guerre.
La Résistance pendant qu'elle se bat, s'invente, se mythifie.
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Une oeuvre magistrale pour conter et décrire en détails les faits des hommes et femmes de la résistance. Après lecture on se demande toujours comment tant d'héroïsme a été possible. Il faut bien en déduire que le patriotisme était bien la priorité, mais quelles forces de caractère, de courage il fallait avoir !!
Une suite de courts comptes-rendus nous place au sein même des actions d'un chef de la résistance, de son réseau, de ses amis. Magnifique éloge à cette armée des ombres.
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