L'horreur du monde des talibans.
Critique :
Splendide roman, Mélange des contraires, comme je les aime, comme est la vie. Un roman fleuretant avec l'infamie, mais aussi avec la noblesse d'âme.
D'abord il y a l'horreur d'un pays dévasté par une interminable guerre, l'Afghanistan.
Puis l'odieuse dictature religieuse des talibans qui entendent faire respecter leur vérité et sauver l'humanité par la violence et l'obscurantisme.
Et enfin, l'ignoble condition des femmes, cassées, anéanties, brimées, réduites à ….rien !
Obligées à porter l'habit injurieux les cachant intégralement aux yeux des hommes.
Que j'ai honte ! Non pas d'être un mâle, mais d'être un représentant de l'espèce humaine capable d'engendrer cela, parmi tant d'autre horreurs.
Car
Yasmina Khadra m'a, au détour d'une phrase clef de son roman, bien fait comprendre l'ignominie de cette dictature : Ce tchadri n'est pas imposé que dans le seul but de soustraire toute tentation sexuelle aux hommes - Non, la toute simple éducation des petits garçons par leur mère est bien suffisante pour cela, voyons ! -
Le tchadri relève aussi d'une manipulation intentionnelle, privant adroitement TOUTE la population – hommes et femmes - de vision féminine, de douceur, d'apaisement, d'harmonie. le tchadri condamne le peuple soumis à vivre dans un monde déséquilibré fait de brutalité, de haine et d'agressivité entretenue par l'exemple et la peur afin d'assoir un pouvoir infondé.
Entendons-nous bien, je ne cherche pas à minimiser le déshonneur qu'impose cette injure vestimentaire mais à faire comprendre que l'atteinte, la souffrance, sont partagées, planifiées et n'ont rien à voir avec Dieu mais simplement avec le pouvoir.
Les talibans sont-ils si loin des chrétiens évangélisateurs des Amériques ou de l'Afrique ? Des croisés et de toutes les horreurs qui ont pavé le chemin de l'humanité depuis des millénaires ? Animés par les mêmes intentions de pouvoir dissimulées derrière des idéologies religieuses.
Ma réponse est « oui » car les talibans agissent de nos jours et que nous, observateurs et juges, sommes là et souffrons sans pouvoir faire grand-chose.
Mais ce roman, heureusement, nous aide à avaler la pilule car il est aussi un roman d'amour ; l'amour de Mohsen pour sa femme Zunaira qui voudrait faire éclater sa beauté au grand jour mais se retrouve avec un diamant enfermé dans une boite, et l'amour infini et sacrificiel de Mussarat pour Atiq. Mais cela est la fiction de ce roman dans lequel j'ai retrouvé la richesse évocatrice de l'âme humaine de
Yasmina Khadra, mais sur laquelle je ne souhaite pas m'étendre ici. Une fiction qui ne peut nous faire oublier la triste réalité.
Un roman très dur, très noir dans lequel l'espoir ne brille même pas, mais très beau.