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EAN : 9782371190320
144 pages
Piranha (05/02/2016)
3.42/5   38 notes
Résumé :

Alim, jeune étudiant irakien, est arrêté et torturé par la police. Son crime ? Avoir lu des livres interdits lors de soirées amicales. Grâce à son oncle, il réussit à s’enfuir pour trouver refuge à Benghazi en Libye.

Sans nouvelles de ses proches, son seul but est désormais de faire parvenir une lettre à sa bien-aimée pour l’assurer de son amour fidèle. Mais, de la Libye à l’Irak, les dictateurs règnent en maîtres et faire passer une lettre à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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De la Lybie de Kadhafi à l'Irak de Saddam Hussein (« un chien galeux »), en passant par l'Egypte de Moubarak (« un regard niais et un sourire idiot ») et la Jordanie du roi Hussein (dont le corps et l'âme brûlent surement en enfer) ; le parcours d'une lettre est l'occasion pour le jeune auteur Abbas Khider (lui-même irakien) de nous faire découvrir la réalité tragique du moyen orient, « cette partie sombre de l'oeuf qu'est la terre »: tortures, exécutions sommaires, mainmise des mafias, embargo occidental…
Le joli conte par lequel démarre ce prenant roman est très rapidement suivi par un tableau angoissant de la vie quotidienne dans ces régimes dictatoriaux même si l'espoir (el-Amel) demeure.
Loin des traités de géopolitique, ce texte privilégie un descriptif au plus près de la réalité ce qui le rend particulièrement touchant.
Pour autant, il n'oublie pas d'apporter des éléments fondamentaux de compréhension de la situation concernant par exemple le parti Baath (celui de Saddam Hussein) et son combat contre les Chiites (au sud, soutenus par l'Iran) et les Kurdes (au nord du pays, soutenus par les USA) ; Les Etats-Unis qui ne sont pas oubliés non plus pour leur part de responsabilité (affaire Clinton/Lewinsky).
L'utilisation du sport (football libyen) par les dictateurs ou le possible rapprochement entre musulmans et chrétiens sont également abordés.
La dernière partie du livre, qui se déroule dans « la République des aubergines » (comprenez l'Irak) est la plus forte ; et aurait mérité d'être poursuivie tant on sent que l'auteur a trouvé dans son tragique vécu ce qui fait l'authenticité de ce récit. Les personnages, comme Ahmed le loup ou Miriam, y sont pour beaucoup.

Merci à Babelio et aux éditions Piranha de m'avoir permis de découvrir ce roman authentique …
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Je suis tombée sur ce livre par hasard, au gré d'un de mes passages à la médiathèque. Je ne le cherchais pas particulièrement mais comme il a croisé mon chemin, je n'ai pas manqué de le glisser dans mon sac. C'est un livre que j'avais vu passer chez Pretty Books mais qui ne m'avait pas plus interpellé que ça. Je dois dire que je l'ai embarqué sans savoir réellement si j'allais le lire ou pas ...

Bagdad, 1997. Salim, jeune étudiant, est arrêté par la police pour avoir lu des livres interdits lors de soirées entre amis de l'université. Torturé, il parvient à taire le nom des filles qui y participaient, parmi lesquelles se trouvait Samia, sa petite amie. Grâce aux relations de son oncle, un riche industriel bien vu du régime, il est libéré dans l'attente de son procès et parvient à s'enfuir via la Syrie. Comme de nombreux exilés irakiens qui servent de main d'oeuvre bon marché, il trouve refuge à Benghazi, en Libye, où il devient simple ouvrier en bâtiment. Désormais sans nouvelles de ses proches, de ses amis et de Samia, son seul but est de faire parvenir une lettre à sa bien-aimée pour l'assurer de son amour fidèle. Mais, de la Lybie à l'Irak, les dictateurs règnent en maîtres (Kadhafi en Libye, Moubarak en Égypte, Abdallah en Jordanie, Hafez el-Assad en Syrie et Saddam Hussein en Irak) et la censure veille. Faire passer une lettre à travers ses mailles est une entreprise difficile et dangereuse. Fin 1999, Salim découvre l'existence d'un réseau clandestin de courrier qui couvre tout le monde arabe. Sans crainte des représailles dont la destinataire pourrait faire l'objet, il ose enfin envoyer sa déclaration à Samia et la confie, moyennant 200 dollars, à ce réseau semi-mafieux très bien organisé.

Je n'ai pas l'habitude de lire des récits qui se déroulent en Syrie ou en Irak. Je dois avouer que si la condition des femmes dans ces pays-là me révolte, je ne suis pas friande de littérature qui va me parler de ça ou de la guerre. Et pourtant, à ma grande surprise j'ai apprécié ma lecture. J'ai aimé parce que la guerre n'est pas au coeur du livre, l'auteur ne cherche pas à nous expliquer quoi que ce soit ou à légitimer les événements. Non, il se contente de nous raconter une histoire et ça, j'aime beaucoup !

C'est donc l'histoire d'une lettre que Salim écrit à son amoureuse Samia. Salim a été arrêté par la police et il a découvert un réseau plus ou moins confidentiel qui permet de faire passer des lettres et ainsi échapper un peu à la censure qui règne dans tous les pays qui entourent la Syrie. C'est un fait, pas de jugement. Mais comment s'organise un tel réseau ?

Et bien ce n'est ni plus ni moins l'histoire du livre. On suit le parcours de cette lettre, tout en se demandant si elle va finir par trouver sa destinataire parce que croyez moi elle passe entre de très nombreuses mains. Les chapitres sont courts, ça permet au récit d'avoir du rythme et de ne jamais lasser le lecteur. Chaque chapitre est consacré à une personne qui se retrouve avec la lettre entre les mains.

J'ai apprécié les chapitres assez brefs, pas le temps de se lasser ! Ca permet aussi de découvrir toute une galerie de personnages parfois hauts en couleur. Et puis C'est plutôt bien écrit. Malgré le climat assez tendu, le récit est assez léger. le livre est plutôt court, 150 pages et on ne les voit pas passer. J'ai apprécié ma lecture même si elle ne restera pas éternellement gravée dans mes souvenirs. Mais j'ai passé un agréable moment en compagnie de la plume de Abbas Khider.

Un petit roman qui peut agréablement accompagner une demie-journée ...
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Lettre à Samia

Salim est étudiant à l'université de Bagdad. Avec ses amis, 4 garçons et 3 filles, ils ont pris l'habitude de se réunir chaque semaine pour lire et discuter. En 1997, en Irak, lire des livres interdits est passible d'une peine de prison, sans procès. Grace à ses relations, Salim ne reste enfermé que sept jours, sept jours d'interrogatoire (euphémisme pour ne pas dire torture) au bout desquels son oncle parvient à l'exfiltrer vers la Syrie puis la Libye. Salim a tout laissé derrière lui, et a tout perdu : sa famille, son avenir brillant, sa réputation et sa fiancée, Samia. A Benghazi, il survit depuis deux ans dans le quartier miséreux des émigrés « Kadhafi City », travaillant sur un chantier. Depuis deux ans il veut écrire à Samia, mais il faut déjouer la censure… Pour y parvenir, il va payer 200 dollars et utiliser un réseau clandestin et improbable, entre la Libye de Kadhafi et l'Iraq de Saddam.
Court roman d'inspiration autobiographique, cette Lettre à la République des Aubergines tient à la fois du pamphlet politique et du récit intimiste. Construit autour des sept personnes qui vont tenir la lettre entre leurs mains, l'auteur nous présente ainsi des instantanés de la vie d'un chauffeur de taxi, d'un directeur d'une agence de voyage au Caire, d'un chauffeur routier Iraquien vivant en Jordanie, d'un policier, d'un colonel proche de Saddam Hussein et enfin, de sa femme, nous faisant passer par toute une palette de sentiments. Cette lettre dont on découvrira la teneur dans le chapitre 5, Salim est pratiquement certain qu'elle ne touchera pas sa destinataire, pourtant, plus que des mots, c'est tout l'espoir qui lui reste qu'il envoie à sa chérie.
Edifiant, révoltant, émouvant.
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La République des aubergines, c'est l'Irak de Saddam Hussein. On la surnomme ainsi car les Irakiens manquent alors de tout, sauf d'aubergines.

Salim est un jeune étudiant en Irak, sous le régime dictatorial. Avec huit amis, il fait partie d'un cercle de lecture et se retrouvent une fois par semaine. Mais ils ont l'audace de s'intéresser aux livres interdits. Les cinq hommes de cette bande son arrêtés, emprisonnés et torturés. Les trois filles sont épargnées.

Son oncle, qui bénéficie de relations au sein de régime, parvient à le libérer. Cependant, Salim doit fuir pour ne pas être à nouveau arrêté. Il trouve refuge en Lybie.

Installé depuis deux ans en Lybie, il se rend tous les jours au bureau de poste mais repart avec le courrier qu'il souhaite expédier. La peur des représailles que pourrait subir la destinataire est trop forte. Les conséquences pourraient être fatales alors il renonce.
La destinataire de ce courrier, n'est autre que la femme qu'il aime. Ils ne sont pas mariés mais ils s'aiment. Dans cette lettre, il souhaite simplement lui faire part de son amour.

Un jour, il apprend l'existence d'un réseau parallèle, mais la somme exigée est importante. Plus d'un salaire mensuel pour Salim. L'envie et le besoin irrépressible de transmettre cette lettre ont raison de lui. Il paie et transmet le courrier.

Le lecteur suit alors le périple de cette lettre, de la Lybie à l'Irak, en passant par l'Egypte et la Jordanie. Chaque chapitre est consacré au personnage transportant cette lettre, à son pays, à des tranches de vie de passeurs, de passagers, d'acteurs du réseau. Une occasion pour découvrir la réalité de ces pays d'Afrique et d'Asie du Moyen Orient.

Un roman qui restitue la réalité et l'authenticité de ces pays grâce à des chapitres cours mais denses et intenses, tout est suggéré. Une atmosphère tragique et sombre des ces dictatures où méfiance, suspicion, délation, corruption, mensonges et trahisons règnent en maître.

Quant à savoir si la lettre arrive à bon port et à sa destinataire, je vous laisse le découvrir...
Mais quel périple pour une simple déclaration d'amour ! C'est ce qui rend toute la force de court roman.
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Le titre en français est un peu trompeur... Dans ce qu'on peut considérer comme un roman à nouvelles, il ne s'agit pas d'une lettre écrite à destination de la République des Aubergines (style "lettre ouverte à..."), mais d'une lettre qui va être envoyée en Irak (la république des aubergines, car c'est le seul légume dont on ne manque par en Irak) par un Irakien qui a fui le régime et se trouve en Lybie.

En suivant la lettre dans son périple, de la Lybie à l'Irak en passant par l'Egypte et la Jordanie, la technique utilisée par l'auteur est de faire une plongée introspective dans le vécu du personnage qui reçoit la lettre (soit pour l'écrire, la transmettre, ou l'analyser). La destinataire ne recevra jamais la lettre.

Le côté amusant est que le statut de la lettre évolue à mesure qu'elle se rapproche de l'Irak et y rentre. L'homme qui écrit la lettre a mis longtemps avant de se décider, car il craint pour lui et pour la destinataire. Une fois prise en charge, la lettre est un objet de trafic, de contrebande. Mais quand elle rentre en Irak, elle tombe dans les mains de la police irakienne, qui la lit et vérifie s'il est nécessaire d'entamer des poursuites. Cela montre à quel point l'économie parallèle peut en fait faire partie du circuit principal. Tout le commerce de contrebande mis en place pour acheminer les lettres de la diaspora irakienne a reçu l'assentiment du pouvoir de Saddam, afin de pouvoir exercer sa triste besogne de police secrète.

C'est cynique, mais bien réel.

Ce rouage est intéressant. Tout comme le fait qu'à chaque étape, le lecteur peut (à l'instar de ce qui se fait dans un roman choral) percevoir la réalité par un prisme différent. C'est bien vu, plutôt bien écrit. Mais cela fait long feu. J'ai trouvé cela lassant. Chaque chapitre apporte de l'information différente, mais il est construit comme le précédent et comme le suivant. C'est donc un peu monotone.

Par ailleurs, le format court (133 pages) ne permet pas d'approfondir réellement la situation. C'est impressionniste, résumé, réducteur parfois. Il m'a manqué des informations géopolitiques, une carte pour le trajet de la lettre.

Sur le contenu, que dire? Cela dépeint une triste réalité. Dont nous payons les conséquences encore maintenant (mais ces conséquences sont sans commune mesure avec la situation en Irak). Les deux chapitres les plus intéressants sont le premier, où on est dans le vécu de l'auteur de la lettre qui a fui l'Irak pour la Lybie, et le dernier... très impressionnant, où on est dans la tête de la femme "modèle" d'un colonel, proche de Saddam, qui découvre brutalement de quoi est fait le boulot de son mari...

Au final, ce livre m'a laissé un goût de trop peu.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Trois vieilles dames en robe et voile noirs traditionnels d'Irak sont assises dans le passage. La première vend des cigarettes, des graines de tournesol et des chewing-gums, la seconde des montres et des bracelets, et la dernière des sandales en plastique. Cette vision du centre d'Amman me remplit de tristesse. Je me demande comment je réagirais si une de ces femmes était ma mère, ma femme ou ma soeur. Nous Irakiens, n'avons vraiment pas mérité de mener une vie aussi misérable sur cette Terre. Je te maudis, Saddam, pour tous tes crimes ! Et je te maudis, Amérique, pour toutes les guerres et pour cet éternel embargo économique qui a fait de nous des esclaves. (p.64)
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Chez nous, il n’y a presque rien à manger. Depuis l’embargo nous n’avons plus vraiment le choix. On ne fait que manger des aubergines. Les jeunes Irakiens ont trouvé un nouveau surnom à notre pays : “la République des Aubergines”. Toute l’année on se nourrit exclusivement de ce légume. Ma femme tente à chaque fois de créer des nouveaux plats à base d’aubergines : boulettes d’aubergines, soupe d’aubergines, aubergines vapeur, grillées ou sautées. Même la peau des aubergines, elle en fait des chips. Elle surnomme les aubergines “reines de la cuisine” ou “stars de la poêle”.
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"_ Tu as vraiment vu le portrait de Saddam dans la lune, en 1991, lorsque la guerre a éclaté ?
_ Oui, je le jure sur le Prophète et sur le Coran. De mes deux yeux qui ne vont plus tarder à se faire déloger de leur orbite par une armée de fourmis dans la tombe. Dieu est mon témoin. Le ciel était rouge, presque brun, et Saddam souriait dans la lune argentée, autour de son visage une auréole de lumière. Tel un saint, un sage prophète."
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Atteindre un haut degré d'indifférence et prendre les choses comme elles viennent. Dans l'absence de réflexion, l'indifférence et la facilité, on peut aussi trouver son espace de liberté
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Depuis l'embargo nous n'avons plus vraiment le choix. On ne fait que manger des aubergines. Les jeunes Irakiens ont trouvé un nouveau surnom à notre pays : "la République des aubergines". Toute l'année on se nourrit exclusivement de ce légume.
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Videos de Abbas Khider (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Abbas Khider
Am 5. März 2013 stellte Abbas Khider seinen dritten Roman im Literaturhaus Frankfurt vor. Im Gespräch mit Moderatorin Melanie Amann erklärt er, worum es in "Brief in die Auberginenrepublik" (Edition Nautilus) geht.
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