C'est dans une boîte de livres que j'ai dégotté ce roman, signé Richard Bachman mais sans savoir que c'était un pseudo de
Stephen King. C'est en rentrant à la maison, en consultant sa fiche, que je m'en suis rendu compte, tout comme j'ai appris également qu'il était étroitement lié à un autre de ses romans, "
Désolation", paru le même jour mais bien signé
Stephen King pour celui-là. C'est pour cette raison que j'ai voulu les lire pas trop éloignés dans le temps l'un de l'autre. Ces deux romans mettent en scène les mêmes protagonistes mais dans une dimension et des lieux différents.
Et quand je dis mêmes protagonistes, entendez plutôt des personnages ayant les mêmes noms et prénoms. Car effectivement, si l'on en retrouve jouant un rôle assez similaire (comme Johnny ou Collier), d'autres en revanche s'en sont éloignés du tout au tout (comme Ellie et Ralph). Je dois dire que je me suis pas mal emmêlé les pinceaux au début, je mélangeais et confondais souvent avec "
Désolation". J'ai fini par tout lister sur une feuille, d'autant qu'il y a pas mal de nouveaux personnages qui entrent en scène. Finalement, ça m'aura été utile... puisque je ne l'ai pas consultée une seule fois en suivant... D'avoir tout mis à plat d'un coup aura suffi pour que j'intègre enfin l'ensemble des protagonistes, leurs caractéristiques, leurs rôles et leurs liens.
Dans cet opus, l'action se déroule dans un patelin de l'Ohio, appelé
Wentworth, dans un quartier nommé Poplar Street. Durant les 400 pages que contient ce roman, les protagonistes n'en sortiront pas. Quand bien même ils l'auraient voulu, ils n'auraient pas pu. C'est ainsi qu'on fait la connaissance de chacun des habitants de cette rue. Tous voisins, ils se connaissent tous plus ou moins. L'entente est cordiale, rien ne cloche (pas plus qu'ailleurs du moins). Et en cette journée du 15 juillet 1996, chacun est à ses occupations habituelles : l'un joue de la guitare, l'autre arrose son jardin, un tel se rase, un tel autre lave sa voiture pendant que les ados du quartier jouent au frisbee avec le chien. Jusqu'à ce qu'un van rouge pétant avec une sorte de radar futuriste sur le toit déboule et déclenche une fusillade.
De là, tout part en vrille : tueries et incendies perpétrés par des êtres qui ne ressemblent en rien à des humains, attaques d'animaux qui n'existent que dans l'imagination des enfants, décors qui se transforment petit à petit à un lieu de tournage d'un western... Les rescapés, en attendant de comprendre ce qu'il se passe, doivent se cacher...
Si c'est bien le même "mal" qui s'attaque aux habitants de Poplar Street que dans "
Désolation", l'histoire n'est pas du tout la même. Et mis à part les noms des personnages et l'origine du Mal (Nevada), il n'y a qu'un point commun flagrant : un enfant qui est au centre de l'histoire, mais là encore complètement différents l'un de l'autre. Ici, nous avons affaire à un enfant possédé et manipulé, autiste de surcroît, auquel je n'ai pas vraiment pu m'attacher, l'auteur ayant préféré nous conter l'histoire de différents points de vue mais rarement de celui de Seth.
Mais qu'à cela ne tienne, les autres personnages n'en sont que mieux traités et sacrément bien campés. On est ici moins dans l'angoisse et la tension mais l'atmosphère horrifique est palpable dès les premières lignes. Là, c'est le roman d'horreur pur et dur. L'auteur ne fait pas dans la dentelle. Il prend certes son temps, comme d'habitude, pour tout implanter (personnages et décors) mais je l'ai trouvé plus cru. Ce n'est pas l'angoisse qui monte crescendo, ni cette sensation d'oppression, mais les horreurs tout simplement. On passe d'un massacre à un autre, d'une mort violente à une autre. Il n'en oublie pas pour autant son fil conducteur, l'intrigue reste bien menée, bien que plus simplifiée que dans "
Désolation", mais c'est... comment dire ? moins subtile, non pas trop violent (enfin si quand même un peu) ni trop dégueu, trop lourd ou trop gros peut-être ?
Quoiqu'il en soit, je n'ai pas été prise par l'angoisse et la tension, je n'ai pas ressenti l'étau qui se resserre sur les personnages, ni l'urgence de la situation. L'horreur est bien là, le glauque aussi, la sensation de huis clos (ou de vase clos ?) sans aucun doute, mais il m'a manqué ce petit quelque chose qui noue les tripes et que j'attends quand j'ouvre un livre d'épouvante.
Côté écriture, rien à y redire. L'auteur est toujours aussi minutieux pour dépeindre les différents événements et réactions. On imagine tout très bien, tout comme on voit tout ce qu'il ne veut pas décrire. le ton est peut-être plus mordant ici, plus spontané. Il jongle entre passé (journal intime, lettres et articles de journaux) et présent, ce qui rend la lecture très dynamique.
Pas de "bondieuseries" dans
Les Régulateurs, mais j'ai quand même préféré
Désolation, que je trouve plus approfondi au niveau de l'intrigue, plus angoissant et moins cru. Je n'ai pas détesté, au contraire, mais il ne figurera pas parmi mes préférés de l'auteur.