AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,34

sur 1276 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roman foisonnant, fantastique, picaresque, pamphlétaire, drôle et d'une infinie tristesse. Un style qui trompe par sa simplicité, des anachronismes qui font sursauter au début de la lecture, mais dont on s'aperçoit qu'ils sont posés là à dessein. Une construction logique, un ton qui passe progressivement mais inexorablement de la légèreté au tragique au fur et à mesure de la disparition du monde du « peuple de la forêt », soit attiré par le Monde Nouveau, ses merveilles technologiques et ses nouvelles modes, soit décimé par les catastrophes engendrées par l'oubli des significations réelles des traditions.

Relire le début du premier chapitre après avoir tourné la dernière page, et c'est la boucle qui est bouclée. le fond du propos tient en une phrase : « C'est la sottise qui est humiliante, pas la sagesse. ». Et la sottise se déploie dans ces pages sous toutes ses formes, qu'il s'agisse de la fascination pour les nouveautés technologiques, de l'admiration idiote pour des colonisateurs hautains et méprisants, de la joie à se courber sous le joug de travaux inutiles, des traditions dévoyées et outrées jusqu'au non-sens et au dégoût.

Andrus Kiviräkh est impitoyable pour ceux qui font preuve de sottise, signée par l'incapacité à se comprendre, à se parler, la préférence pour les préjugés et l'irrationnel, la peur de l'autre. Pour autant, il ne fait pas l'apologie non plus d'un retour en arrière vers un passé idéalisé, pas plus qu'il n'épargne ses propres personnages, eux-mêmes victimes d'une forme d'aveuglement, d'une fureur vaine, ou d'un découragement et d'un enfermement dans la solitude. La tristesse du roman, c'est que les mondes passent, ce qui est éternel est endormi sous terre, il n'y a pas de solution ni de remède à la finitude.
Commenter  J’apprécie          271
Liste de choses à dire et à demander aux serpents et autres animaux :
- Bonjour ! Comment allez-vous aujourd'hui ?
- Quel effet ça fait de ne pas avoir de pattes ? Est-ce agréable de ramper ?
- Avez-vous besoin d'aide pour traverser la route ou le jardin ?
- Comment ça marche la reproduction chez vous ?
- Est-ce que vous détestez les humains lorsqu'ils mangent de la viande ou les aimez-vous encore plus forts ?
- Êtes-vous perdu ? Avez-vous besoin d'aide ?
- Vous devez avoir un tel sentiment de liberté lorsque vous volez. Avez-vous peur parfois ?
- Comment vous appelez-vous ? le nom que votre maître utilise est-il le nom que vous vous donnez ?
- Avez-vous une histoire à me raconter ? Ou une bonne blague ?
- Je suis désolée de manger des membres de votre espèce. En tout cas, sachez que vous êtes très bons.
- Appréciez-vous la musique ?
- Vous aussi, vous trouvez que la mer est belle ?
- Est-ce que ça fait mal de muer ?
- Est-ce que ça vous dérange si je vous fais un câlin ? Vous avez l'air très doux.
- Est-ce que vous avez parfois de la pitié pour les gazelles que vous chassez ?
- Êtes-vous un mâle ou une femelle ? Je n'ose vérifier par moi-même.
- Est-ce que vous percevez les couleurs ? Si oui, lesquelles ?
- Combien d'heures par jour philosophez-vous ?
- Quel effet ça fait de savoir que vous venez de vous adonner au cannibalisme ? Il n'y a rien de tabou chez vous ?
- Pourquoi, alors que vos congénères s'entraident pour porter les aliments, venez-vous de voler le morceau d'autrui ?
- Que pensez-vous du fait que j'extermine votre peuple depuis quelques jours ?
- Est-ce que vous regardez souvent le ciel ?
- Si vous pouviez arrêter de m'embêter, je vous en serais fort reconnaissante. Merci.
- Aimez-vous les humains ? Aimez-vous vos congénères ?
- Est-ce que vous savez nagez ?
- Est-ce que vous vous ennuyez parfois ? Comment percevez-vous le temps qui passe ?
- Je pensais que vous étiez un végétal ou un minéral. Quelles sensations avez-vous exactement ?
- Sauriez-vous m'indiquer le chemin à suivre ? Je crois que je suis perdue.
- Que pensez-vous de Dieu ?
- Est-ce que vous pouvez communiquer avec d'autres espèces que la vôtre ?

PS : Cette liste est susceptible d'être modifiée avec le temps. D'ailleurs, si vous avez des suggestions de questions, je prends. Si vous avez des réponses à mes questions ( des fois que vous soyez un lézard ou que sais-je encore), je prends aussi. Merci.
Commenter  J’apprécie          225
J'ai adoré ! Je vous jure que j'ai adoré !
Quel plaisir pour moi d'avoir profité de cette lecture audio et d'avoir découvert ainsi un bijou de la littérature de l'imaginaire !
Tout y est : d'abord la voix qui raconte l'histoire. Elle m'a vraiment convenue. En aucun moment la concentration ne m'a laissé tomber, contrairement à d'autres fois.
Et puis l'histoire est passionnante, même si elle se déroule au Moyen-Age. D'ailleurs c'est cela qui donne du charme au récit. On y trouve des personnages intéressants et attachants, des événements crédibles et moins crédibles, parfois l'ironie nous fait rire et d'autres fois les événements sont tristes, mais la tristesse ne s'installe pas longtemps.
Un roman intéressant et inoubliable.
Commenter  J’apprécie          215
Roman qui réussit à être passionnant, profond, émouvant et subtil. Passionnant par le rythme du récit, l'écriture, l'immersion dans ce monde lointain, profond par les sujets qu'il aborde qui amènent le lecteur à une lecture à plusieurs niveaux, émouvant car on passe du drôle, au joyeux, au triste, au révoltant, au désespérant et enfin subtil car la galerie de personnages & leur évolution est un riche nuancier de l'âme humaine.
Commenter  J’apprécie          10
Qu'il m'est difficile de trouver les mots justes pour décrire mon ressenti à la lecture de ce roman unique, cet ovni littéraire, ce conte qui me marquera bien après avoir tourné toutes les pages…

De la culture estonienne en général et de ce roman en particulier, je ne connaissais pas grand-chose…mais dès la première phrase, j'ai été embarquée dans cette histoire qui ne laisse pas indemne, aux côtés de son héros, Leemet, le dernier homme qui savait la langue des serpents et qui a vu le monde de ses ancêtres s'écrouler pour laisser place à une société dite moderne, où religion, obscurantisme, travail et guerre font loi.

Leemet est un Homme, au même titre que sa maman, sa soeur Salme et ses amis Paërte et Hiie. Il vit en forêt, au plus près de la nature et des animaux qui y habitent et avec lesquels il entretient d'étroites relations, grâce à la langue des serpents, don transmis de génération en génération, mais que Leemet est le dernier à recevoir. En effet, sous l'influence du Pape et par le biais des évangélistes, le christianisme est arrivé en Estonie ; les seigneurs ont construit des châteaux et règnent sur les villageois ; la forêt a été abandonnée, les us et coutumes et anciennes croyances ont été méprisés, la langue des serpents a été oubliée…

Ce roman m'a profondément bouleversée, par la puissance de son intrigue, qui n'épargne pas son héros (ni son lecteur), au travers de scènes particulièrement difficiles, où injustice, séparation, traumatisme, violence, brutalité sont au rendez-vous ; par la beauté de sa narration ; par la claque sensorielle qu'il procure (j'ai été aussi stupéfaite d'assister à l'hibernation douce, chaleureuse et réconfortante de serpents qu'à la puanteur émanant d'un cadavre ; à la description d'une morsure de serpent ou le départ d'un foyer d'incendie) ; malgré ces évènements bien peu reluisants, j'ai été hypnotisée, envoûtée par ce récit universel qui est avant tout une ode à la nature et une dénonciation de la condition humaine tout simplement, l'Homme étant incapable de réfléchir par lui-même, n'acceptant pas le changement à l'instar du vieux Sage fou Ülgas, mais n'apprenant pas non plus les leçons du passé, au même titre que l'ignorant Johannes…

Pour conclure, L'Homme qui savait la langue des serpents est l'un de ces romans difficiles à oublier, laissant une empreinte dans l'esprit et le coeur de son lecteur, un conte philosophique que je garderai en tête et dans lequel je replongerai de temps en temps, ne serait-ce que pour ne jamais oublier celui qui fût le dernier homme à savoir la langue des serpents !

A lire !
Commenter  J’apprécie          302
Fable estonienne, pour adultes ayant conservé leur âme d'enfant.. Les êtres ne peuvent bientôt plus communiquer entre eux et l'homme, personnage central va rester isolé dans la nature mais, contrairement à la vouivre de Marcel Aimé ne va pas être immuable. La suite n'est elle pas "Purge" de Sofi Oksanen? Autre livre estonien d'une redoutable actualité (pour ses liens avec les violences actuelles:Russie... Finlande...)
Commenter  J’apprécie          50
Un livre drôle et triste. de l'humour et du drame tour à tour se côtoie. Une histoire invraisemblable, magique, des personnages attachants une saga familial truculente, une histoire comme je n'en avais jamais entendu ni lu. Une belle découverte, et derrière ce conte philosophique un pan de l'histoire de l'Estonie dument bien expliqué dans les notes à la fin du livre. Un super moment de lecture à qui sait lire entre les lignes. Bravo à l'auteur Andrus Kivirähk et son imagination délirante.
Commenter  J’apprécie          50
Merci mon fils pour ce beau cadeau de Noel. Il est resté trop longtemps sur ma bibliothèque après que j'ai lu les premières pages. Il me paraissait difficile d'accès...et pourtant, quel roman.
Un livre addictif qui est le fruit du croisement entre Bilbo le Hobbit et une analyse sociologique sur le "c'était mieux avant" . Dis comme ça, ce n'est pas très vendeur, mais ce qui est sûr c'est qu'une fois rentré dans l'histoire, à la recherche de la Salamandre, difficile de poser l'ouvrage. Que de rebondissements, que d'aventures, que de charme et de magie.
impatient de lire un autre roman du même auteur.
Commenter  J’apprécie          40
Gros coup de coeur pour ce roman estonien qui m'a envoûté de la première à la dernière page.
L'auteur place l'action au Moyen - âge, où l'homme commence petit à petit à s'éloigner de la vie de la forêt pour s'intéresser à la vie de la campagne.

On y trouve des situations drôles, de l'humour, des personnages intéressants, une écriture imagée.
Même si des événements tristes se produisent de temps en temps, la tristesse ne s'installe pas longtemps.
Une très belle découverte que je me dépêche à mettre sur la liste des livres que je prendrais bien sur une île déserte.
Commenter  J’apprécie          236
C'est un savoureux roman qui se lit comme une légende, un conte, une fable.
Un récit qui vous mène vers des terres étranges et lointaines (le moyen-âge et l'Estonie).
C'est aussi un rappel, une sorte de morale qui nous incite à ne pas oublier d'où on vient.
Le modernisme a détruit de bien belles coutumes et de vieilles traditions que nous ne retrouverons pas.
J'ai aimé cet humour siglant, et je fus transporté dans la langue des serpents que j'aurais bien aimé apprendre.
La fin est prévisible, MAIS elle est dite dès le début du roman.

Un auteur que je vais continuer à lire !

Extrait :

(note à la fin du livre, tout est dit)
Le roman est surtout une réflexion sur ce que c'est qu'être « le dernier des Mohicans », être en retard sur son temps, être en décalage avec le reste du monde ; réflexion menée, de manière très centre-européenne, par le biais de l'identité, du mode de vie, de la culture, de la langue. 

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
Commenter  J’apprécie          333




Lecteurs (2718) Voir plus



Quiz Voir plus

Oyez le parler médiéval !

Un destrier...

une catapulte
un cheval de bataille
un étendard

10 questions
1576 lecteurs ont répondu
Thèmes : moyen-âge , vocabulaire , littérature , culture générale , challenge , définitions , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}