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4,34

sur 1269 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Leemet est le dernier Estonien à pratiquer la langue des serpents, un idiome autrefois connu par tous les habitants mais que la modernité apportée par les invasions successives a fait tomber dans l'oubli.
La langue des serpents est le pouvoir de communiquer avec les animaux, de les appeler, les faire obéir et converser avec eux.

Leemet nous raconte son enfance, dans la forêt, son apprentissage de la langue des serpents auprès de son oncle, lui-même un des rares vivants à la connaître.
Son peuple a en effet renoncé à ce langage au profit du confort en s'installant progressivement dans le village construit par les envahisseurs étrangers.

Un conte moderne à la narration puissante inspiré par la mythologie nordique. Une ode au mystique et à la préservation des cultures indigènes.
L'auteur fait preuve d'humour, teinté d'ironie et d'une bonne dose de cynisme pour nous parler de la solitude, de l'anticléricalisme.
Il dépeint un monde qui change et comment s'y adapter et surtout, les conséquences si on ne s'y adapte pas.
Un récit ambigu mais très intéressant.
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Étonnant et très rafraîchissant, ce sont les premiers mots qui me viennent quand je pense à ce roman que j'ai lu début janvier. Cela faisait plusieurs années que j'avais ce roman dans ma PAL repéré grâce à plusieurs avis d'entre vous.

C'est finalement sous forme audio que j'ai découvert cette oeuvre et dès les premières minutes, j'ai compris qu'effectivement ce livre allait être bien différent de mes lectures habituelles. Non seulement je ne connais rien de la culture Estonienne et de son Histoire donc autant dire que niveau légende c'était pareil. Ce livre fut l'occasion d'en découvrir certaines.

On suit la vie d'un homme de son enfance jusqu'à la fin de sa vie. Une vie en marge de la société en développement, la vie d'un homme en retard sur son temps et qui n'arrive pas à se mettre à la page, à s'adapter à l'évolution de la société en restant coincé dans le passé. Ainsi Emmet vit dans la forêt et parle la langue des serpents. Une langue lui permettant de se faire obéir des animaux de la forêt. Une faculté bien utile pour se nourrir notamment, il suffit en effet d'ordonner à un chevreuil de venir à vous et se laisser faire afin de pouvoir l'égorger en toute tranquillité et sans effort. Les habitants, en revanche, quittent la forêt, oublient la langue des serpents et adoptent un mode de vie rurale agricole vivant de leur récoltes. de la même manière, ils abandonnent les croyances païennes de la forêt pour se convertir au christianisme.

On suit donc Emmett et ses évolutions au cours du temps, au début du roman la forêt est déjà bien vide et cela sera de pire en pire tout au long de la lecture. On voit l'incompréhension de l'enfant mêlé de fascination pour ce nouveau mode de vie, puis de l'adolescent et de l'adulte qui ne parvient pas à trouver sa place hors de la forêt et à ce qui lui semble être une régression plutôt qu'une évolution.

Le sujet du roman ne brille donc pas par son optimisme, au contraire au fil des pages c'est même un récit assez sombre que nous présente ici l'auteur. Si la première partie pose lentement mais sûrement ce cadre, la seconde moitié du roman offre un récit plus rythmé avec davantage d'action et des évènements assez tragiques. Cependant et c'est peut-être là l'un des plus grands tour de force de ce roman, ce n'est jamais lourd, l'auteur arrivant à mêlant passage comique, presque parfois même absurde avec pourtant un propos de fond assez sombre.

Du fait de la culture Estonienne, du ton très singulier de ce roman mêlant un fond assez sombre mais avec des passages assez drôles, ce conte fantastique s'avère très singulier et très différent de la fantasy que je lis habituellement. Par ailleurs est c'est là encore assez fort, l'auteur parvient à accrocher un large lectorat et notamment ceux qui ne connaissent pas l'Histoire de l'Estonie. La postface du récit dans ce cadre est très intéressante expliquant le caractère pastiche de ce récit mais qui ne peut être perçu qu'avec des connaissances relatives à l'Estonie. Cependant, même sans percevoir forcément cette double lecture possible, les thématiques abordées restent assez universelles et le tout suffisamment singulier pour accrocher le lecteur.

Hyper original et bien écrit, j'ai vraiment beaucoup apprécié l'écoute de ce roman aussi divertissant qu'il est intéressant. Si ce n'est pas encore fait et même si vous n'êtes pas particulièrement féru de SFFF, je ne peux que vous recommander de découvrir ce roman qui ne devrait pas vous laisser indifférent.

J'ai pour ma part très envie maintenant de découvrir Les groseilles de novembre du même auteur.
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« L'homme qui savait la langue des serpents » raconte l'histoire de Leemet.
Vivant dans une forêt estonienne à une époque médiévale imaginaire, il se nourrit principalement des animaux de la forêt et est un des derniers à maîtriser la langue des serpents. Ce savoir très utile lui permet de contrôler les animaux ou de communiquer avec eux et plus particulièrement avec les serpents dont il est l'ami.
Beaucoup d'habitants ont en effet quitté la forêt pour s'installer dans des villages, sont devenus agriculteurs et se sont tournés vers la religion.
Dans cette époque en perte de traditions, le sens commun se perd également, laissant la place à l'obscurantisme.
Originale, cette fable présente beaucoup de qualités et est truffée de symboles qui font écho à notre époque : perte des traditions et des dialectes, intégrisme …
Non seulement Andrus Kivirähk écrit avec une belle plume mais également avec beaucoup d'humour. Certains passages sont d'ailleurs très drôles.
Malgré ces qualités, la magie ne s'est pas produite. Je n'ai pas connu l'envie irrépressible de tourner les pages pour connaître la suite, probablement parce que je n'ai pas réussi à m'investir réellement dans cette histoire.
Je suis quand même contente d'avoir lu ce roman atypique et le recommande, sachant qu'il a déjà rencontré ses lecteurs et en ravira de nouveaux.
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L'Homme qui savait la langue des serpents est un roman surprenant, et ma première incursion dans la littérature estonienne. On y suit Leemet, un habitant de la forêt et dernier locuteur de la langue des serpents, langue qui permet aux humain·es d'échanger avec n'importe quel animal. Dès son jeune âge, Leemet voit d'un mauvais oeil ses contemporain·es quitter la forêt au profit des villages où iels s'en vont cultiver la terre et adorer un nouveau dieu. Mais loin de glorifier la vie dans la forêt, Leemet est aussi critique des pratiques de certains de ses comparses, qu'il n'hésite pas à tourner en ridicule.
C'est un roman qui m'a beaucoup plu pour son humour et son cynisme, mais aussi pour son inventivité. Entre des personnages humains truculents, on y rencontre des vipères royales, des amants-ours et des créatures légendaires qui m'ont donné envie d'en découvrir plus sur le folklore estonien. La lecture de la note du traducteur est également très éclairante sur les intentions et la portée du roman.
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Le Livre du Mois de Décembre 2023
A cette époque, en Estonie, quelques rares personnes connaissent encore la langue des serpents, elles vivent dans la forêt et refusent d'aller habiter au village. Village où les humains sédentaires cultivent la terre, fabriquent et utilisent des outils, se nourrissent de pain et croient en Dieu tout puissant. Ils ont oublié toutes leurs traditions, toutes leurs croyances ancestrales et la langue des serpents.
Parmi les quelques rares familles attachées à la forêt, le jeune Leemet seul fervent apprenti du langage des serpents, ami ce ceux-ci, s'interrogent : rester en forêt ou partir au village ?
Belle réflexion sur le progrès : est-ce un bien ou un mal ? Qui a raison, qui a tort ? Celui qui s'accroche aux traditions ou celui qui se tourne vers la modernité.
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Un roman hors des cases, aux images qui marquent : la langue des serpents, maîtrisée par des hommes et femmes des forêts et qui peut assujettir presque tous les animaux, les élevages de louves dont on boit le lait, la mère qui étouffe ses enfants sous une montagne de viande grillée, la lubricité des ours, le pou à la taille de chèvre, le sac à vents, et tellement d'autres trésors d'imagination font que L'Homme qui savait la langue des serpent nous emmène dans un univers très peu familier, un peu loufoque, poisseux et cruel.

Toute cette magie que l'on trouve au creux de la forêt estonienne est pourtant peu à peu délaissée par ses habitants qui, dans ce roman prenant place dans une époque médiévale, préfèrent se tourner vers la modernité offerte par des puissances étrangères. Que voulez-vous, la faux, le pain, Jésus, les chants des moines sont à la mode, et la langue des serpents disparaît en même temps que les habitants de la forêt rejoignent les villages. Alors, le récit fantastique rejoint la réflexion philosophique sur modernité, la différence, la bêtise des croyances sans fondement (qu'elles soient païennes ou chrétiennes) et des revendications nationalistes (merci à la postface pour son éclairage supplémentaire à ce sujet !). le tout en fait un roman aussi absurde que caustique, plein de complexité et de finesse.

(Ce qu'on pourra moins aimer : personnages féminins pas dingues, rythme irrégulier. Il faut accepter de se perde un peu en chemin et de vivre quelques retournements de situation abrupts).
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J'ai adoré ce conte de fée moderne lugubre et absurde!

Avec une plume à la fois subtile et très humoristique, l'auteur parvient à nous faire voyager dans un monde loufoque et saugrenu où l'événement le plus aléatoire et improbable relève de la banalité pour notre protagoniste et son entourage; c'est un pur plaisir de découvrir les légendes et les croyances farfelues des feus habitants des forêts Estoniennes ainsi que de suivre Leemet dans ses péripéties originales, où religion et incroyance se livrent un dur combat au reflet de celui de la nouveauté contre la tradition. Sans doute que le véritable objet de ce livre m'échappe, mais il reste tout de même une très bonne lecture.

Dans cette absurdité amusante assumée, l'auteur nous affirme que la bêtise mène le monde… à réfléchir…
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Sssshhhshhhiiiifffff Ssssffff Shhhiiiiffffiiiiissshhh
ffffssshhh ffiifffffssshhhshhh sshhhh.
Je répète pour les mal-lunés : Sssshhhshhhiiiifffff Ssssffff Shhhiiiiffffiiiiissshhh
ffffssshhh ffiifffffssshhhshhh sshhhh.

J'espère que vous avez compris.
Sinon, on est foutu.
...
On est foutu.
Faisons alors le moins de mal possible.
Car tout s'effondrera tôt ou tard. Les mondes s'effondrent, les civilisations, les cultures, les langues, les pays, tout s'effondre. Ce n'est pas grave. C'est comme ça.
Alors, on danse disait un Belge à peu près la même année que Kiviräkh dans ce livre. Alors, pour ce que ça vaut, faisons le moins de dégâts possibles autour de soi.

J'aimerais dire que ce livre est un joli livre, amusant, bien pensé, bien construit, mais il est terrible à sa façon. Ou il est terrible par ce côté douce naïveté dans la violence dont il est rempli.

Sssshhhhuuut. Et les serpents s'endorment. Et les loups s'endorment. Et les villageois s'endorment. Et le monde s'endort. Doucement.


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Une fable fantastique la fois burlesque, satirique et tragique, empreinte d'humour désenchanté avec des passages d'une violence exacerbée confinant parfois au gore. le texte en post-face donne des éléments de contexte qui auraient mieux été en intro.
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J'ai coeur à dire que j'aime les récits un peu perchés. Il y a différentes catégories dans ce genre, mais il y en a une que j'aime particulièrement, c'est le roman perché qui rend le truc réaliste 🙃.

L'homme qui savait la langue des serpents fait partie de cette catégorie ! On oscille entre le conte, le(s) mythe(s) et légende(s), la satire, voire même le pamphlet. L'auteur réussi à nous rendre crédible nombreuses situations improbables, comme par exemple un couple humain-ours 😅. Et là vous vous dites, non mais c'est quoi encore que ce texte du Tripode. Comme souvent, la ME et OVNI littéraire vont de paire 😆. Au cours de cette lecture, j'ai pensé à l'univers de Berengère Cournut, mélangé à celui de la saga Blackwater.

Nous sommes dans l'Estonie médiévale, Leemet, devient à la mort de son oncle, le dernier homme à parler la langue des serpents. Une langue qui permet par différents sifflements, de communiquer avec les reptiles donc, mais avec bon nombre d'animaux de la forêt tels que les ours, les loups, ou ceux que l'on veut chasser. Ils ne sont plus qu'une dizaine d'hommes à vivre au coeur de la forêt. Parmi eux, vous retrouverez entre autres, un couple d'anthropopithèques qui élèvent des poux ou alors Le Sage complètement dément, qui ne rêve que de sacrifices. Les autres ont quant à eux délaissé cette vie archaïque pour les villages, les cultures, le vin et surtout le pain. Au revoir, les croyances d'autrefois, et bonjour la chrétienté prônée par l'envahisseur germanique d'alors.

Plus loin qu'un roman d'initiation concernant Leemet, l'auteur nous livre sur près de 500 pages, la disparition d'un pays et d'une culture. Il y a sans cesse cette opposition du monde d'avant et du monde nouveau, sans que pour autant l'auteur prenne position pour l'un ou l'autre, critiquant à parts égales les différentes religions par exemple.

J'ai aimé le ton, plein d'humour, les situations totalement burlesques, et ce rapport à la nature même si tout n'était pas rose. Il y a certes quelques longueurs, mais elles ne m'auront pas gâché ma lecture pour autant.
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