Comme une fleur sur l'eau bercée
à la chanson des dames du lac,
c'est ma frêle fiancée
qui se berce au joli tic-tac
des rainettes rieuses du lac.
Les rainettes l'ont faite reine
du royaume enchanté du lac
et lui ont mis une traîne
d'iris et de marjolaine
pour la marier au roi du lac.
Et maintenant, toi qui passes sous les saules,
ne viens pas regarder au fond du lac,
mais va-t-en sans ouïr les rainettes folles
en corsets verts babiller sous les saules,
pour t'enjôler et te faire prendre aux lacs
de la maligne dame du lac.
Cueille la rose et le fuseau
de la lèvre ou du doigt ;
j'ai vu passer au bois ton damoiseau
cueille la rose et le fuseau
que voici fleuris pour toi.
La rose est blanche
et le fuseau de verte soie ;
ta main joliment se penche
vers la rose blanche
et ta lèvre sourit de joie.
Celui qui fredonnait au matin léger,
ah ! n'était-ce ton damoiseau ?
Et depuis n'es-tu pas à songer
de l'enfant jaseur au pas léger ?...
Cueille la rose et le fuseau.
POÉSIE 16e – La Naissance du sonnet en France (Chaîne Nationale, 1959)
Un extrait de l’émission « Heure de Culture française », par Tristan Klingsor, diffusée le 10 juillet 1959 sur la Chaîne Nationale. Lecture : Renée Garcia et Bernard Dhéran.
Mise en ligne par Arthur Yasmine, poète vivant, dans l’unique objet de perpétuer la Poésie française.